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08/09/2024

Le Vatican des espions (Mark Riebling)

Le vatican des espions.jpgLe 2 mars 1939, à Rome, les cardinaux réunis en conclave élisent pape Eugenio Pacelli. Dès sa première bénédiction, celui-ci sait que le poids des responsabilités qui lui incombent va être écrasant. Il est germanophile. Il a une excellente connaissance du pays et de la langue. La politique de l’Eglise catholique va l’amener à en découdre systématiquement avec le nazisme. En 1933, il avait obtenu un concordat avantageux pour l’Eglise d’Allemagne. Il permettait de la financer par des recettes fiscales à hauteur de 500 millions de marks. Et quatre années plus tard, le voilà qui condamne officiellement le nazisme, lui reprochant de vouloir anéantir l’Eglise. Il lui reproche son antisémitisme et prône l’égalité raciale. Pour lui, la chrétienté doit rassembler toutes les races dans une seule et unique famille, celle des enfants de Dieu. En effet, peu à peu, la situation des Catholiques empire en Allemagne. Hitler menace de nationaliser le culte et de créer un schisme tout comme le fit Henry VIII en son temps en Angleterre. Les Catholiques commencent à être persécutés. Leurs organisations sont interdites, les écoles et les séminaires sont fermés, leurs biens saisis. Certains opposants, dont 487 Jésuites tchèques, sont envoyés en camp de concentration, d’autres sont assassinés. Pie XII qui a commencé par condamner fermement le nazisme dans une encyclique célèbre se demande comment faire plus. Les évêques et cardinaux allemands le supplient de garder prudence et circonspection pour ne pas aggraver les choses. Il décide donc de se taire et d’agir en secret. Il organise ou participe à l’organisation d’un certain nombre de tentatives d’attentats contre Hitler.

« Le Vatican des espions », sous-titré « La guerre secrète de Pie XII contre Hitler » est un essai historique de belle facture, bien sourcé (un nombre impressionnant de notes et références est disponible en fin d’ouvrage) qui se lit comme un roman d’espionnage. Il aborde un aspect fort peu connu de la seconde guerre mondiale, celui de l’opposition allemande au régime nazi. Minimisée par certains historiens, elle n’en fut pas moins réelle, importante et constante. Les conspirations et complots contre Hitler furent beaucoup plus nombreux que l’on s’imagine. L’Eglise catholique, inspirée par Pie XII, en eut la plus grosse part. Hitler lui-même ne se faisait aucune illusion sur Pie XII. Il le considérait comme un ennemi à abattre. Outre l’ultime et célèbre attentat des généraux, inspiré et perpétré par von Stauffenberg, catholique fervent, dont a échappé miraculeusement Hitler, il y en eut bien d’autres qui sont racontés dans ce livre. Toutes sortes d’agents secrets jésuites ou dominicains y furent à la manœuvre. En vain, car le monstre semblait disposer de protections surnaturelles hors normes. Le lecteur découvrira beaucoup de choses sur Pie XII dont la mémoire mérite d’être réhabilitée et sur d’autres personnages comme l’amiral Canaris. Le plus émouvant et le plus attachant est sans doute l’envoyé spécial du pape, le Bavarois Joseph Müller, personnage haut en couleur, agent secret aux exploits dignes d’un James Bond, qui fut capturé, longuement torturé, envoyé en camp et qui a réussi quand même à sauver sa peau in extremis. La réalité dépasse souvent la fiction. À lire.

4,5/5

08:12 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0)

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