18/07/2023
Mougeons, moutruches et muselières (282)
09:07 Publié dans Blog | Lien permanent | Commentaires (0)
17/07/2023
Poèmes pour petits et grands (227)
Le chant de l’eau
L’entendez-vous, l’entendez-vous
Le menu flot sur les cailloux ?
Il passe et court et glisse
Et doucement dédie aux branches,
Qui sur son cours se penchent,
Sa chanson lisse.
Là-bas,
Le petit bois de cornouillers
Où l'on disait que Mélusine
Jadis, sur un tapis de perles fines,
Au clair de lune, en blancs souliers,
Dansa ;
Le petit bois de cornouillers
Et tous ses hôtes familiers
Et les putois et les fouines
Et les souris et les mulots
Ecoutent
Loin des sentes et loin des routes
Le bruit de l’eau.
Aubes voilées,
Vous étendez en vain,
Dans les vallées,
Vos tissus blêmes,
La rivière,
Sous vos duvets épais, dès le prime matin,
Coule de pierre en pierre
Et murmure quand même.
Si quelquefois, pendant l’été,
Elle tarit sa volupté
D’être sonore et frémissante et fraîche,
C’est que le dur juillet
La hait
Et l’accable et l’assèche.
Mais néanmoins, oui, même alors
En ses anses, sous les broussailles
Elle tressaille
Et se ranime encor,
Quand la belle gardeuse d’oies
Lui livre ingénument la joie
Brusque et rouge de tout son corps.
Oh ! les belles épousailles
De l’eau lucide et de la chair,
Dans le vent et dans l’air,
Sur un lit transparent de mousse et de rocailles ;
Et les baisers multipliés du flot
Sur la nuque et le dos,
Et les courbes et les anneaux
De l’onduleuse chevelure
Ornant les deux seins triomphaux
D’une ample et flexible parure ;
Et les vagues violettes ou roses
Qui se brisent ou tout à coup se juxtaposent
Autour des flancs, autour des reins ;
Et tout là-haut le ciel divin
Qui rit à la santé lumineuse des choses !
La belle fille aux cheveux roux
Pose un pied clair sur les cailloux.
Elle allonge le bras et la hanche et s’inclina
Pour recueillir au bord,
Parmi les lotiers d’or,
La menthe fine ;
Ou bien encor
S’amuse à soulever les pierres
Et provoque la fuite
Droite et subite
Des truites
Au fil luisant de la rivière.
Avec des fleurs de pourpre aux deux coins de sa bouche,
Elle s’étend ensuite et rit et se recouche,
Les pieds dans l’eau, mais le torse au soleil ;
Et les oiseaux vifs et vermeils
Volent et volent,
Et l’ombre de leurs ailes
Passe sur elle.
Ainsi fait-elle encor
À l’entour de son corps
Même aux mois chauds
Chanter les flots.
Et ce n’est qu’en septembre
Que sous les branches d’or et d’ambre,
Sa nudité
Ne mire plus dans l’eau sa mobile clarté,
Mais c’est qu’alors sont revenues
Vers notre ciel les lourdes nues
Avec l'averse entre leurs plis
Et que déjà la brume
Du fond des prés et des taillis
S’exhume.
Pluie aux gouttes rondes et claires,
Bulles de joie et de lumière,
Le sinueux ruisseau gaiement vous fait accueil,
Car tout l’automne en deuil
Le jonche en vain de mousse et de feuilles tombées.
Son flot rechante au long des berges recourbées,
Parmi les prés, parmi les bois ;
Chaque caillou que le courant remue
Fait entendre sa voix menue
Comme autrefois ;
Et peut-être que Mélusine,
Quand la lune, à minuit, répand comme à foison
Sur les gazons
Ses perles fines,
S’éveille et lentement décroise ses pieds d’or,
Et, suivant que le flot anime sa cadence,
Danse encor
Et danse.
(Emile Verhaeren)
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16/07/2023
La marche rouge (Marion Sigaut)
À Paris, sous le règne de Louis XV, éclate un scandale particulièrement horrible. Des enfants d’artisans, d’ouvriers et de gens du peuple se mettent à disparaître mystérieusement. La rumeur court que des exempts (équivalents de nos « forces de l’ordre ») les enlèveraient en pleine rue pour en faire de petits esclaves sexuels pour de grands seigneurs dépravés style Marquis de Sade. Il se dit même que ces enfants seraient torturés avant d’être tués. Certains récupéreraient leur sang pour des soins voire une régénération. Des émeutes très violentes se multiplient. Des parents fous de douleur pourchassent des voleurs d’enfants ou présumés tels dans les rues pour les tabasser. Ces manifestations sont dispersées dans le sang et les meneurs pendus haut et court. Pour calmer les esprits, une enquête est menée. Quelques lampistes écopent de très légères amendes. De sorte que ces histoires d’enlèvements ne feront que croitre et proliférer jusqu’à la Révolution et bien au-delà. Parallèlement à ce scandale s’ajoute celui de « l’hôpital général », organisme créé par Louis XIV pour régler une bonne fois pour toutes, pensait-il, celui de la misère et de la mendicité. Il s’agissait d’une structure qui devait recueillir mendiants, miséreux, enfants abandonnés, filles de joie en allant les rafler dans la rue. Ils étaient nourris et logés dans des conditions déplorables et soumis au travail forcé, ce que refusa l’Eglise. Louis XIV en donna la gestion à des laïcs jansénistes, la « Compagnie du Saint Sacrement », elle-même sous la responsabilité du Parlement de Paris, lequel était un organisme qui se voulait indépendant du pouvoir royal. Il passera d’ailleurs des simples « remontrances » au roi à l’opposition complète. L’hôpital général, ancêtre de nos services sociaux, fonctionnera longtemps hors contrôle, ce qui permettra toutes les dérives, les détournements de fonds, les maltraitances diverses et variées, les trafics d’enfants, etc.
« La marche rouge » est un essai historique de très grande qualité traitant d’un scandale plutôt méconnu de l’Ancien régime. Marion Sigaut a mené l’enquête en épluchant les registres de l’époque et est arrivée à des découvertes troublantes. Les enfants au nombre de plusieurs centaines par an disparaissaient bien de la circulation quasi-officiellement pour aller servir au peuplement de la Louisiane, pour une faible part d’entre eux, mais surtout pour servir de chair fraîche pour les pédophiles de l’époque, déjà forts nombreux chez les aristocrates, mais aussi parmi les bourgeois aisés. Louis XIV fut le premier à découvrir le pot aux roses. Il préféra laisser courir pour ne pas effaroucher le petit peuple qui ne pouvait même pas imaginer pareilles horreurs. Louis XV tenta de régler le problème en envoyant un évêque intègre remettre de l’ordre dans l’hôpital général et en obligeant les magistrats du Parlement à rentrer dans le rang en assumant vraiment leur rôle de juges. Mais étant lui-même impliqué de par ses mœurs dissolues, cela ne fut pas d’une grande efficacité. Quant à Louis XVI, il accumula les bévues en renvoyant son garde des sceaux, Maupéou, et en rétablissant par faiblesse et sottise les pouvoirs exorbitants du Parlement de Paris. Les révolutionnaires ne résolurent rien. Ils pratiquèrent même l’inversion accusatoire en incriminant l’Eglise et en blanchissant les juges pourtant complices voire bénéficiaires de ces trafics. Ce scandale rampant fut une des causes profondes de la Révolution. N’a-ton pas dit que le poisson pourrissait toujours par la tête et qu’il fallait toujours agiter le peuple avant de s’en servir ?
4,5/5
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15/07/2023
Pensées plus ou moins correctes (307)
ASSURANCE
« S’aimer soi-même c’est l’assurance d’une longue histoire d’amour. »
(Oscar Wilde)
ATTENDRE
« Attendre d’être malade pour se soigner, c’est attendre d’avoir soif pour creuser un puits. »
(Proverbe chinois)
« Il ne faut pas attendre d’être parfait pour commencer quelque chose de bien. »
(Abbé Pierre)
ATTENTAT
« Les interprètes autorisés de notre opinion ne se soucient — après chaque attentat — que de savoir s’il a été revendiqué. Tout rentre dans l’ordre une fois l’envoyeur identifié comme si le droit à la bombe faisait partie désormais des lois fondamentales… Plus généralement, c’est le tourmenteur, le violeur, l’assassin qui est à plaindre et revendique la commisération générale. Le coupable fait figure de victime. Nous sommes tous des assassins, sauf ceux qui tuent leurs semblables. Tout le monde est fou sauf les malades mentaux. Croit-on que cela peut durer ? »
(Pierre Gaxotte)
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13/07/2023
Mougeons, moutruches et muselières (281)
ACCUEILLIR TOUTE L'AFRIQUE…
08:29 Publié dans Blog | Lien permanent | Commentaires (0)
12/07/2023
Le Mammouth m'a tuer (Témoignage)
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10/07/2023
Filiation (Nouvelle)
Nouvelle extraite du recueil LOLLYBLOG
Ouvrage disponible version papier et e-book
https://www.amazon.fr/Lollyblog-Nouvelles-Bernard-Viallet...
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09/07/2023
Mougeons, moutruches et muselières (280)
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08/07/2023
Le roman de Jeanne d'Arc (Philippe de Villiers)
Qui ignore aujourd’hui le destin extraordinaire de Jeanne d’Arc, la petite bergère lorraine si joyeuse et si pieuse qui entendit un jour des voix divines lui ordonnant d’aller rencontrer le Dauphin Charles réfugié dans son château de Chinon alors qu’il voit son royaume écartelé entre Anglais, Armagnacs et Bourguignons et de l’accompagner pour le faire sacrer roi dans la cathédrale de Reims ? Qui a oublié la libération de la ville d’Orléans assiégée par les Anglais, toutes les batailles menées et gagnées avec l’aide de sacrés soudards comme La Hire ou le peu recommandable Gilles de Rais, puis son lâchage par le velléitaire Charles VII, son échec devant la ville de Paris restée fidèle aux Bourguignons et aux Anglais, sa capture non loin de Compiègne, son procès en sorcellerie et son martyre quand elle fut brûlée vive sur la place du marché de Rouen ? Les jeunes générations sans doute privés d’Histoire évènementielle par une Education Nationale à la dérive…
« Le roman de Jeanne d’Arc » est un ouvrage de vulgarisation historique dans la même veine que les autres (Saint Louis, Charrette). L’auteur a tenu à donner une image plus humaine à une icône assez vite réhabilitée par l’Eglise (1456), beaucoup plus lentement canonisée (1920) et récupérée par les politiques de tous bords à chaque fois qu’on appelait le bon peuple à bouter un envahisseur hors de France ! L’auteur fait parler son héroïne à la première personne du singulier, ce qui donne au récit une impression de témoignage direct et rend donc le texte d’autant plus vivant et agréable à lire. Lequel est parsemé de mots d’époque, mais en moins grand nombre que dans le « Roman de Saint Louis », ce qui n’est pas plus mal pour la compréhension. Le lecteur découvrira le « portrait d’une Jeanne loin des stéréotypes, celui d’une âme simple et portée par la grâce, toute entière vouée à la sincérité de son combat, à l’amour de son pays, la France. » Pour une fois qu’une quatrième de couverture rend justice au contenu d’un livre, il convient de la citer. Ouvrage fortement conseillé comme une bouffée d’espoir et de fraîcheur en ces temps difficiles.
4,5/5
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07/07/2023
Poèmes pour petits et grands (226)
L’arbre
Tout seul,
Que le berce l’été, que l’agite l’hiver,
Que son tronc soit givré ou son branchage vert,
Toujours, au long des jours de tendresse ou de haine,
Il impose sa vie énorme et souveraine
Aux plaines.
Il voit les mêmes champs depuis cent et cent ans
Et les mêmes labours et les mêmes semailles ;
Les yeux aujourd’hui morts, les yeux
Des aïeules et des aïeux
Ont regardé, maille après maille,
Se nouer son écorce et ses rudes rameaux.
Il présidait tranquille et fort à leurs travaux ;
Son pied velu leur ménageait un lit de mousse ;
Il abritait leur sieste à l’heure de midi
Et son ombre fut douce
À ceux de leurs enfants qui s’aimèrent jadis.
Dès le matin, dans les villages,
D’après qu’il chante ou pleure, on augure du temps ;
Il est dans le secret des violents nuages
Et du soleil qui boude aux horizons latents ;
Il est tout le passé debout sur les champs tristes,
Mais quels que soient les souvenirs
Qui, dans son bois, persistent,
Dès que janvier vient de finir
Et que la sève, en son vieux tronc, s’épanche,
Avec tous ses bourgeons, avec toutes ses branches,
— Lèvres folles et bras tordus —
Il jette un cri immensément tendu
Vers l’avenir.
(Emile Verhaeren)
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