16/05/2021
Le monde du fleuve (Philip José Farmer)
Après leur mort, des millions d’humains de toutes générations et de toutes provenances se réveillent complètement nus sur les rives d’un fleuve immense serpentant sur une planète inconnue. Il y a là Richard Burton, célèbre explorateur britannique du XIXè siècle, Peter Frigate, son ami, Lev Ruach, rescapé de l’Holocauste, Mrs Alice Heargraves, jolie lady de l’époque victorienne, Loghu, la primitive, un Néanderthalien doté d’une force hors norme et d’une fidélité à toutes épreuves et beaucoup d’autres, tous circoncis, tous sans poils ni barbe ni cheveux et tous miraculeusement revenus dans l’intégrité physique de leurs jeunes années. De gros champignons percés de trous distribuent de la nourriture quand on leur présente un récipient appelé « graal », mais aussi du tabac, de l’alcool et même des chewing-gums contenant une puissante drogue. La nuit venue, son effet aphrodisiaque exacerbe l’instinct sexuel de celles et ceux qui l’ont mâchée. Hommes et femmes se ruent les uns sur les autres pour des accouplements aussi violents qu’orgiaques. Les passions déchaînées amènent meurtres et règlements de comptes. Tous ces gens sont-ils arrivés au paradis ou en enfer ? Qui a organisé cette étrange résurrection ? Comment Burton et ses amis vont-ils pouvoir survivre dans un monde aussi étrange ?
« Le monde du fleuve » est le premier tome d’une saga de science-fiction à succès qui en compte cinq. L’originalité de l’intrigue tient beaucoup à cette description d’une vie après la mort qui ressemble souvent en pire à celle d’avant. En bon explorateur, Burton n’a qu’une obsession, remonter aux sources du fleuve pour découvrir le fin mot de toute cette histoire. Il ne le trouvera pas, bien évidemment, vu que le suspens doit être maintenu sur toute la durée de la narration. Entre autres péripéties, il croisera plusieurs fois la route d’un certain Hermann Gœring, avatar du célèbre maréchal d’aviation et dignitaire du régime nazi, qui s’évertue à se recréer un petit royaume totalitaire avec esclaves et liquidation des Juifs. Ce monde est dangereux, on y meurt facilement, mais c’est pour très vite revenir dans le circuit. Bien que répertorié dans le registre humoristique, cet ouvrage nous semble surtout philosophique et assez influencé par les idées libertaires de mai 68 (amour libre). La suite qui devrait mettre en scène toutes sortes d’autres personnages historiques méritera toute notre attention. Sans crier au « chef-d’œuvre », il s’agit bien de science-fiction intelligente et de très belle qualité à conseiller aux amateurs du genre.
4,5/5
09:06 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0)
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