01/10/2025
Le capitalisme de la séduction (Michel Clouscard)
« Quelle est la tenue de rigueur du rigorisme libéral et permissif ? Comment l'animation machinale devient-elle le destin des animaux-machines ? Comment établir que le caché s'étale au grand jour et que l'anodin est révélateur de l'essentiel ? » S'interroge le sociologue marxiste bien en peine de définir l'état réel du capitalisme. « L'objet de notre livre est d'exhausser une intuition et un concept. Nous voulons dire le mondain », précise-t-il. Mais n'est-il pas trop tard ? Le clerc n'a-t-il pas définitivement trahi ? L'intellectuel de gauche, de libidinalité en lucidité, de marginalité en convivialité, n'est-il pas définitivement intégré dans le système, dans le mondain, dans la social-démocratie libertaire ? Pour lui, le capitalisme est protéiforme, évolutif. Il se renouvelle en permanence, se recrée en se contestant lui-même. Nouvelle Hydre de Lerne, il est en auto-destruction et en auto-recréation permanente. D'où la difficulté de le dépeindre et de l'analyser avant même de pouvoir imaginer lutter contre.
« Le capitalisme de la séduction » est un essai de sociologie et de philosophie politique qui n'est pas inintéressant, mais qui semble avoir déjà énormément vieilli. Il sent son atmosphère post-soixante-huitarde, ses années Pompidou-Giscard-Mitterrand. Avec le recul dont nous disposons, il est facile de s'apercevoir que les descriptions à base de poster, flipper, moto et juke-box, les archétypes jeans, cheveux longs, guitares électriques, les ambiances contestation, consumérisme exacerbé et débuts de la libération des corps (pilule, hasch, etc.) sont très largement dépassées et semblent même un brin folkloriques voire gentillettes par rapport aux dérives actuelles, parfaitement logiques d'ailleurs. Le style de l'auteur est assez lourd, répétitif, voire redondant. C'est verbeux, filandreux, ça sent fort sa logorrhée universitaire. On est très loin de « ce qui se conçoit bien s'énonce clairement et les mots pour le dire en viennent aisément ». Le lecteur a même l'impression que l'auteur se paie de mots, n'a pas vraiment une conception claire de ce qu'il observe et est même déjà dépassé par un phénomène qui bouscule ses certitudes. Il est donc logique qu'il n'ait pas eu plus de clairvoyance sur l'évolution sinistre du capitalisme vers l'ultra-gauchisme, le wokisme, le lgbtisme et le mondialisme. (« Vous ne posséderez plus rien, mais vous serez heureux »). La social-démocratie libérale-libertaire poussivement décrite par Clouscard a évolué en totalitarisme de moins en moins soft, fait de propagande, de pensée unique et de restrictions de plus en plus importantes de la liberté d'expression. Nous sommes passé subrepticement de « Consomme, jouis sans entrave et cause toujours » à « Fais comme tout le monde et surtout ferme-la ! ». Mais cela notre sociologue ne l'avait pas vraiment vu venir…
2,5/5
08:22 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0)