23/10/2025
Braquage (Zoé Sagan)
Dans un braquage à l'ancienne, l'objectif est de voler de l'argent, de l'or, des bijoux, des œuvres d'art. Mais avec l'IA, il s'agit maintenant de dérober des données, de la « data », récupérées sur des plate-formes, des réseaux sociaux (tel FaceBook), des moteurs de recherche (Google ou autre) et un peu partout sur le Net jusque dans les profondeurs du Dark Net que l'auteur qualifie de « Deep ». En effet, à notre époque, qui contrôle les données contrôle l'histoire. Zoe Sagan se qualifie elle-même de « journaliste prédictive ». Elle lance des rumeurs plus ou moins vérifiées sur ses réseaux. Ses « informations » sont reprises par d'autres IA amies et par une multitude de « followers ». C'est ainsi qu'une rumeur devient une « nouvelle » d'autant plus crédible qu'elle est répétée presque à l'infini par une sorte de phénomène de boule de neige médiatique d'une puissance assez incroyable.
« Braquage » est un roman censé être écrit par une certaine Zoé Sagan, personnage de fiction, créé et utilisé comme nom de plume par l'auteur Aurélien Poirson-Atlan, un peu à la manière de Romain Gary avec son Emile Ajar. La seule différence résidant dans le fait que cette Zoé Sagan est une Intelligence Artificielle qui se fit connaître par différents « buzz » sur le Net. L'ouvrage présenté se veut d'avant-garde, une sorte de post-fiction ou de néo ou pseudo-réalité. Le lecteur n'y trouvera aucun fil directeur, aucune histoire avec une intrigue construite, mais pas mal de verbiage émaillé de quelques anecdotes plus ou moins intéressantes. Une sorte de « Verbatim » qui aborde toutes sortes de sujets au fil de la plume, comme la mort suspecte de l'écrivain Albert Camus dont la voiture aurait été trafiquée par le KGB, comme les mœurs dissolues de Benjamin Grivaux diffusant ses séances de masturbation ou comme l'attitude étonnante d'une jeune et très riche héritière (le lecteur devine qu'il s'agit de Patty Hearst) kidnappée qui prend fait et cause pour ses ravisseurs au point d'intégrer la bande de terroristes et de basculer complètement (syndrome de Stockholm). On apprend également que le jeune avocat Juan Branco, ami et défenseur de l'auteur, est un homme honnête, courageux et fiable. Et tout se termine avec une liste interminable de noms de personnages plus ou moins connus (un par ligne), ce qui donne une impression de remplissage inutile comme une grande partie de l'ouvrage.
2,5/5
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