23/11/2025
Rothschild, une banque au pouvoir (Martine Orange)
En 1982, la nationalisation de la banque Rothschild en France par le pouvoir mitterrandien fut paradoxalement une chance pour la famille Rothschild. L'indemnisation de l'Etat ayant été relativement faible, il lui fallut donc repartir de zéro et tout reconstruire. David commença par fonder une petite société de conseil financier qu'il appela PO Gestion. Grâce au soutien de Robert Badinter, il parvint à la faire évoluer en PO Banque, levant ainsi l'interdit posé pour complaire aux communistes du programme commun de la gauche. Finalement, il devra encore batailler pour pouvoir récupérer l'usage de son propre nom. Il bénéficiera de l'aide et du soutien d'Edouard Balladur, très proche de la famille. Quelques années plus tard, il s'agira d'organiser les premières vagues de privatisation. Mais la nouvelle banque est encore toute petite. Elle a peu de fonds propres, une capitalisation réduite et seulement une quarantaine de salariés. Elle gérera pourtant la privatisation de Paribas en lieu et place de la prestigieuse banque Lazard. La hache de guerre sera définitivement enterrée quand Jean-Charles Naouri, ancien chef de cabinet de Pierre Béregovoy, sera embauché chez Rothschild. La banque pourra monter, monter jusqu'à se retrouver au cœur du pouvoir…
« Rothschild, une banque au cœur du pouvoir » est un essai économique sous forme de longue enquête journalistique. L'auteure, qui a bénéficié du soutien de Médiapart, est une spécialiste du monde de la finance. Elle a déjà publié un ouvrage sur la Banque Lazard et un autre intitulé « Une faillite française ». Il ne s'agit en aucun cas d'un pamphlet ou d'un ouvrage à charge, bien au contraire. David de Rothschild, qui y a largement contribué en lui accordant de nombreux entretiens, est dépeint sous son meilleur profil, quelqu'un de posé, de responsable, un médiateur parfait. L'ouvrage nous raconte trente années de la vie d'une banque, toutes ses implications dans un nombre conséquent de fusions, de privatisations, d'acquisitions diverses et variées. On y apprend également que nombre de hauts fonctionnaires ne cessent de faire des aller et retours entre la fonction publique et la banque. Sans oublier la perméabilité entre celle-ci et le monde politique. Pompidou, Balladur, Sarkozy et Macron (dont on a une recension de son accession au pouvoir comme premier secrétaire de la présidence puis ministre des finances de Hollande), ont tous fait partie des « poulains » de la banque Rothschild. Le lecteur apprendra également que David se méfiait un peu de Strauss-Kahn qu'il jugeait difficilement manœuvrable. Un ouvrage bien écrit et intéressant pour qui se passionne pour l'histoire politique et économique du pays, mais que l'on pourra déconseiller à ceux qui recherchent le sensationnel ou la petite anecdote croustillante. Des faits, rien que des faits…
4/5
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