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27/02/2022

Poèmes pour petits et grands (176)

Contre les bûcherons de la forêt de Gastine



Ecoute, bûcheron, arrête un peu le bras !

Ce ne sont point des bois que tu jettes à bas ;

Ne vois-tu pas le sang, lequel dégoutte à force,

Des nymphes qui vivaient dessous la dure écorce ?

Forêt, haute maison des oiseaux bocagers

Plus le cerf solitaire et les chevreuils légers

Ne paîtront sous ton ombre, et ta verte crinière

Plus du soleil d’été ne rompra la lumière.

 

Tout deviendra muet, Echo sera sans voix,

Tu deviendras campagne, et au lieu de tes bois

Dont l’ombrage incertain lentement se remue,

Tu sentiras le soc, le coutre et la charrue ;

Tu perdras ton silence, et haletants d’effroi,

Ni Satyres, ni Pans ne viendront plus chez toi.

 

(Ronsard)

08:43 Publié dans Concept | Lien permanent | Commentaires (0)

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