11/08/2022
Les chemins de Katmandou (René Barjavel)
1968 : toute une jeunesse occidentale se dresse un peu partout contre l’ordre ancien… Un soir, dans le brouillard londonien, Jane, violée par un inconnu, tente de se suicider. Sven, jeune suédois en rupture de ban, la repêche dans la Tamise avant d’essayer de lui redonner goût à la vie. Jane accepte de faire équipe avec lui ainsi qu’avec Harold, italo-irlando-américain barbu et chevelu qu’elle prend pour amant. Tous trois décident de partir s’installer à Katmandou, Eldorado des routards. Pendant ce temps, à Paris, Olivier, très impliqué dans le mouvement estudiantin, est recherché par la police suite à une bagarre ayant mal tourné. Il envisage de quitter au plus vite Paris pour aller à Katmandou retrouver son père qui l’a abandonné à sa naissance et auquel il veut rappeler ses devoirs, surtout pécuniaires. Il abuse d’une association humanitaire pour se faire offrir le billet d’avion. Et c’est en terminant son périple à pied qu’il rencontre le trio de hippies. Pour Jane et Olivier, c’est l’amour au premier regard. Malheureusement Jane est un peu beaucoup accro à toutes sortes de produits illicites. Elle ne se contente pas de fumer des joints, elle passe vite à la cocaïne puis à l’héroïne. Olivier n’aura de cesse de se procurer de l’argent pour essayer de la tirer de là…
« Les chemins de Katmandou » sont un roman tiré du scénario du film éponyme que Barjavel écrivit en collaboration avec Cayatte. À l’époque, il ne convainquit pas vraiment le public qui pouvait comparer avec « More » de Barbet-Schroder disposant de la bande musicale aussi planante de magnifique signée Pink Floyd ou de « Panique à Needle Park », œuvre magistrale et criante de vérité et de réalisme. L’équivalent français semblait bien fade et bien inférieur avec son côté carton-pâte, ses acteurs peu crédibles (Renaud Verley inexpressif, Gainsbourg jouant faux et Birkin, jolie et solaire, mais incapable de rendre la déchéance de sa fin) sans parler des décors trop léchés, des prises de vues d’un Népal de carte postale et d’une bande-son quelconque. Le livre de Barjavel est bien meilleur. Il évite tous les écueils qui firent sombrer le film, explique nettement mieux les tenants et aboutissants de cette histoire, est beaucoup plus noir et beaucoup plus explicatif (en particulier sur le destin de Jane et les raisons de sa dérive, certains événements ayant été sans doute volontairement édulcorés par crainte de la censure). Au total, un bon Barjavel, pas le meilleur bien entendu, mais toujours agréable à lire car fort bien écrit et donnant beaucoup à réfléchir sur la génération « Peace and Love » et sur l’atroce réalité du monde de la drogue.
4,5/5
08:42 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0)
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