28/10/2025
Victor Hugo et les Illuminés de son temps (Auguste Viatte)
À partir du XVIIIe siècle, toutes sortes de courants plus ou moins spiritualistes parcourent la société française. On assiste ainsi au triomphe du mesmérisme, basé sur quelques avancées sur le magnétisme. Puis on passe au somnambulisme. Avec le XIXe siècle, on en vient à vouloir réunir la science et la foi. Un peu plus tard, apparaît le spiritisme inventé aux États-Unis par les demoiselles Fox. On commence à faire tourner les tables et à chercher à dialoguer avec les esprits de l'au-delà en utilisant un langage codé. En 1854, on passe à l'écriture automatique. La mage Allan Kardec annonce : « Laissons là le jargon et les fastes des magnétiseurs spiritualistes, nous sommes les nouveaux venus, les Spirites… » L'époque est pleine de mouvements ésotériques plus ou moins étranges avec les Illuminés socialistes, Saint-Simon, le Père Enfantin, les Fouriéristes, tous voguant entre l'illuminisme révolutionnaire et la dictature théocratique. Et Victor Hugo, dans tout cela ? En 1843, il est en pleine gloire. Maître incontesté des « Romantiques », il est reçu avec tous les honneurs à l'Académie Française. Le roi l'estime et va bientôt en faire un Pair de France. Il court les belles et tout lui sourit… Mais il a perdu la foi et est devenu anti-clérical.
« Victor Hugo et les Illuminés de son temps » est un essai de qualité universitaire sur un aspect très particulier de l'œuvre et du personnage de Victor Hugo. Bien que datant de 1942, il se lit très aisément encore aujourd'hui. Dans une longue première partie, l'auteur présente une sorte de résumé historique assez complet de tous les mouvements spiritualistes de l'époque et même du siècle précédent. C'est à notre sens la partie la plus intéressante de l'ouvrage car la suite représente plus une étude des textes du grand auteur. Ainsi découvre-t-on que le magnétisme, le socialisme mystique et le spiritualisme inspirèrent Hugo. Et lui-même influença son époque en retour. Certains lui décernèrent même le titre de « Mage ». Il n'était pas athée, mais plutôt déiste, un peu dans le style de Robespierre avec son culte de l'Etre Suprême. Écologiste avant l'heure, Hugo voyait Dieu dans la Nature et était en perpétuelle recherche de l'au-delà. Sa spiritualité et ses convictions évoluèrent avec le temps. La mort de sa fille Léopoldine, son double échec politique (d'abord partisan de Louis-Napoléon Bonaparte, puis farouche opposant) et son exil volontaire à Guernesey y contribuèrent beaucoup. Au total, un ouvrage intéressant, mais un peu trop littéraire à notre goût. On aurait aimé trouver quelques anecdotes permettant d'illustrer et d'alléger le propos.
3,5/5
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