28/11/2025
Du Frankisme au Jacobinisme (Gershom Scholem)
Moses Dobruska naquit le 12 juillet 1753 à Brno en Moravie. Son père Salomon faisait partie du petit nombre de Juifs particulièrement doués pour le commerce qui s'étaient assurés le monopole de la vente du tabac dans l'Empire austro-hongrois. Par son mariage avec Schondl Hirschel, il entra dans le cercle de famille de Jacob Franck, fondateur de la secte frankiste. Son frère aîné, Karl, se convertit au catholicisme en 1769. Il changea de nom, entra dans l'armée autrichienne et devint bientôt officier. Plusieurs de ses frères suivirent son exemple. Moses se convertit également, changea de nom (Franz Thomas von Schönfeld), mais n'entra pas dans la vie militaire. Il préféra se consacrer à la poésie. Il devint franc-maçon, fonda même l'ordre des « Frères Asiatiques » ou « Chevaliers de la vraie Lumière », apparenté aux Rose-Croix. Très fortuné et proche de l'empereur, il se passionne pourtant tellement pour la Révolution Française qu'en 1792 il ne peut s'empêcher de rejoindre les Jacobins d'abord à Strasbourg puis à Paris avec un de ses frères et sa jeune sœur. Un tragique destin l'y attend quelques mois plus tard.
« Du Frankisme au Jacobinisme » est la simple retranscription d'une conférence donnée à l'Ecole des hautes études en sciences sociales le 23 mai 1979 par l'auteur sur le thème de la vie de Moses Dobruska, alias Franz Thomas von Schönfeld, alias Junius Frey. Quel étrange personnage que ce Frey ! Fut-il un écrivain, un poète, homme d'affaires ou un espion ? Quelles furent ses véritables relations avec le pouvoir autrichien ? Comment se retrouva-t-il à la tête d'une fortune considérable qui lui permit de mener grand train à Paris ? Sa conversion au catholicisme fut-elle sincère ou un simple moyen d'ascension sociale ? Cousin de Jacob Franck, quel sorte de Franc-maçon fut-il vraiment et quelle influence eut-il ? Le livre, relativement intéressant, pose plus de questions qu'il ne donne de réponses. Lecteur finit par arriver au bout en ayant parcouru tant de zones d'ombre qu'il n'en sait pas plus qu'à la lecture d'une fiche Wikipédia. Une chose est sûre : Frey finit guillotiné dans la fournée de Danton et de Chabot. Il fut condamné pour espionnage au profit de l'Autriche et prévarication. Sa sœur avait épousé le révolutionnaire Chabot condamné pour corruption et intelligence avec l'ennemi. Qualifiée « d'Autrichienne » comme Marie-Antoinette, elle ne fut pas inquiétée. À noter une importante bibliographie qui devrait permettre de creuser le sujet car avec cet ouvrage on reste vraiment sur sa faim et même des annexes en allemand dans le texte qui auraient pu être traduites en notes, tous les lecteurs ne maîtrisant pas forcément la langue de Goethe !
2,5/5
09:09 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0)















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