23/08/2022
Vincent Tout-puissant (Vescovacci & Canet)
Avec 7, 7 milliards d’euros de capital, Vincent Bolloré est la douzième fortune de France. Il règne sur un empire évalué à une vingtaine de milliards d’euros de chiffre d’affaires, déployé sur plusieurs continents. Sa multinationale gère des ports dans toute l'Afrique, des compagnies de chemin de fer, produit de l’huile de palme, fabrique des batteries électriques, contrôle de nombreuses chaines de télévision en France, en Pologne et au Vietnam, dispose d’une banque et d’une compagnie de téléphone en Italie, etc. Comme un boa, il a gobé Havas, Canal+, D8 (Cnews) et s’est emparé de Vivendi qui lui a apporté un groupe de médias complet avec télés, cinéma, musique et jeux vidéos. L’arrivée fracassante de cet oligarque grand ami des présidents (Sarkozy, Hollande et surtout Macron qu’il peut se vanter, à l’instar d'Attali, de l’avoir créé de toutes pièces avec la poignée d’oligarques qui tiennent tous les médias du pays) dans le petit monde de Canal+ a été marqué par la plus longue grève de journalistes de l’audiovisuel, des départs volontaires et des licenciements en masse ainsi que la disparition de toutes sortes d’émissions jugées trop « impertinentes » comme les « Guignols » ou trop déplaisantes pour lui-même ou pour ses amis sponsors comme certaines enquêtes d’investigation un peu trop poussées. Alors qui est Bolloré ? D’où sort-il ? Que veut-il ? Quel est son but ?
Cet ouvrage écrit à quatre mains par deux journalistes d'« Envoyé Spécial », « Cash Investigation » et « Canal+ » se présente comme une enquête à charge sur un milliardaire assez antipathique, breton né à Paris, catho tradi qui ne ferait rien sans les conseils de son éminence grise, en l’occurence son confesseur, qui ne serait parti de rien (reprise pour un euro de l’affaire familiale de papier cigarette OCB en quasi faillite et envol vers les sommets du capitalisme d’affaires avec cet empire obtenu par nombre de manœuvres s’apparentant à des coups financiers tordus, voire carrément à de la piraterie économique. Bolloré fut toujours épaulé par un certain Antoine Bernheim de la banque Lazard qui se vante d’ailleurs de l’avoir fait ! Tout cela tient un peu trop du conte de fée pour être vrai. Il y a du Tapie et du Macron dans toute cette histoire. Le lecteur aurait aimé en apprendre plus sur les coulisses. Comment passe-t-on d’un euro à 20 milliards en quelques années ? Certainement pas en traversant la rue ! Les deux auteurs restent d’une discrétion de violette sur cet aspect de l’affaire, préférant de très longs développements sur les guéguerres à Canal+ et à D8 et sur la censure de leur reportage sur le Crédit Mutuel/ CIC. À leur décharge, il faut préciser que ni Bolloré, ni aucun de ses collaborateurs n’ont accepté de les recevoir. L’un d’eux s’est même vu infliger une plainte en diffamation avec dommages et intérêts de 700 000 € pour sept questions envoyées par mail ! Résultat : le lecteur reste sur sa faim…
3/5
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22/08/2022
Expresso Love (Roman)
Ouvrage disponible version papier
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version ebook
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21/08/2022
Nègres blancs d'Amérique (Pierre Vallières)
D’octobre 1966 à février 1967, Pierre Vallières et Charles Gagnon se retrouvèrent dans une prison américaine pour avoir manifesté devant le siège des Nations-Unies à New York avant d’être extradés au Canada et de se voir infliger une peine de prison à perpétuité pour des écrits incitant à la violence et au terrorisme. Membres du Front de Libération du Québec, ils estimaient que les conditions de vie des Canadiens français avait tout à voir avec celle des esclaves noirs. C’est la raison pour laquelle ils se considéraient comme des « nègres blancs d’Amérique ». Leurs conditions de détention sont particulièrement sévères. Ils entament une grève de la faim qu’ils tiendront 29 jours. L’histoire réelle du Québec fut loin de suivre le cours d’un long fleuve tranquille. La France commença par y envoyer tous ses miséreux, ses traine-savates, ses filles perdues et y abandonner ses soldats démobilisés. Elle accorda des concessions sur des terres ingrates voire quasiment inexploitables. Le résultat en fut une misère généralisée. Après la conquête anglaise, ce fut encore pire pour les Québécois largement exploités, déportés en Louisiane pour certains ou obligés d’émigrer aux Etats-Unis ou dans des provinces un peu moins pauvres du Canada pour ne pas mourir de faim. Le capitalisme prédateur américain prit le relais dans l’exploitation de cette perpétuelle colonie (bois, charbon, minerais…) sans aucun profit pour la population…
« Nègres blancs d’Amérique » est un essai-manifeste écrit en détention qui aborde toutes sortes de sujets. Une grande partie aborde dans le détail l’histoire sociale du Québec. C’est la plus intéressante, car la plus intemporelle. Une autre consiste en un témoignage émouvant sur la vie du jeune Pierre Vallières, jeune prolétaire idéaliste, éperdu de justice qui commence sa vie dans un appartement misérable d’un quartier pauvre de Montréal avant que sa famille n’aille s’installer de l’autre côté du Saint Laurent dans une cabane digne d’un bidonville, sans eau courante, sans égoût, sans commodités, le long de rues en terre battue. Une autre assez importante est consacrée aux questions philosophiques et politiques. C’est de loin la moins intéressante, même si le lecteur partage nombre d’indignations et de révoltes de l’auteur. L’ennui, c’est que le style un peu lourd et rébarbatif n’aide pas le message à passer. Pourquoi donc lire un ouvrage militant publié en 1974 ? Ne serait-ce que pour faire le point avec un demi-siècle de recul. La cause du peuple a-t-elle progressé ? L’oligarchie a-t-elle cédé le moindre pouce de terrain ? Ne se serait-elle pas encore renforcée ? La soif de justice et de liberté des peuples a-t-elle été étanchée ?
3,5/5
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20/08/2022
Un enfant sage (Nouvelle)
Nouvelle extraite du recueil "Lollyblog", ouvrage disponible version papier et e-book
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19/08/2022
Mougeons, moutruches et muselières (190)
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18/08/2022
Trois contes (Gustave Flaubert)
Fille de pauvres paysans normands, Félicité après quelques engagements malheureux comme fille de ferme a trouvé un certain équilibre et une certaine sécurité chez Madame Aubain où elle sert de domestique depuis si longtemps qu’elle semble faire partie des meubles. Elle s’attache à la fille de sa patronne, mais après son décès, reporte toute son affection sur un joli perroquet… Fils d’un grand seigneur, Julien est promis à un bel avenir. Mais, à force de chasser et de tuer des animaux, il prend tellement le goût du sang qu’il prend un malin plaisir à pratiquer de véritables carnages avant d’en arriver à tuer père et mère sur un coup de folie. Pour expier son forfait, il part sur les chemins, pieds nus, tout juste revêtu d’une robe de bure. Il finit par s’installer sur la rive d’un fleuve et par se dévouer comme passeur bénévole… En Galilée, le tétrarque Hérode Antipas craignant pour son pouvoir, a fait arrêter et jeter dans un cul de basse fosse Ioakannan, prophète connu sous le nom de Jean le Baptiste. Ce petit potentat local est sous la coupe de son épouse Hérodias qui déteste le prédicateur. Et voilà que se présente le Consul Vitellius qu’il a convié à un grand banquet dont il espère beaucoup…
« Trois contes » est un recueil de textes relativement courts et bien rythmés qui pourraient représenter la quintessence de l’œuvre et des thèmes de Flaubert. On y retrouve son goût de l’histoire ancienne, des légendes, de la mythologie et de la vie des petites gens. Son style inimitable, peut-être un brin trop descriptif et trop attaché au détail et à la précision, mais si plein de charme et d’efficacité narrative. Tout comme Balzac, Maupassant ou Zola, Flaubert transcende les époques, il est intemporel et même au-delà du temps et des modes. Le lecteur pourra toujours trouver un immense plaisir en lisant des nouvelles si bien écrites et en particulier la première « Un cœur simple » pour la personnalité attachante de Félicité, la très dévouée servante…
4,5/5
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17/08/2022
Poèmes pour petits et grands (193)
La révolte
Quand tel l’ouragan soudain déchaîné,
La Révolte entonne un chant d’épouvante,
Quand par ses éclairs le ciel sillonné
Jette dans la nuit sa lueur sanglante,
Pour les remplacer par la vérité,
Quand elle détruit le faux et l’injuste,
Quand elle combat pour la Liberté,
La Révolte est juste !
Quand, tel le torrent soudain furieux,
La Révolte épand ses flots sur la terre,
Quand son bond sublime et victorieux
Couche les Puissants devant sa colère,
Quand, pour mettre fin à l’iniquité,
Elle anéantit, efface et nivelle,
Quand elle combat pour l’Egalité,
La Révolte est belle !
Quand tel l’incendie éclatant soudain,
La Révolte étreint les esprits, les âmes,
Quand elle assainit l’édifice humain
Par les baisers purs de ses nobles flammes,
Quand pour faire entendre un cri de Bonté,
Elle étouffe pleur, sanglot, douleur, plainte,
Quand elle prédit la Fraternité,
La Révolte est sainte !
(Xavier Privas)
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16/08/2022
Mougeons, moutruches et muselières (189)
08:30 Publié dans Blog | Lien permanent | Commentaires (0)
15/08/2022
Pensées plus ou moins correctes (274)
VOIE
« Un disciple demande à un vieux maître :
— Qu’est-ce que la voie ? (le Tao)
— Ton esprit de chaque jour, répond le vieux maître. Quand j’ai faim, je mange ; quand je suis fatigué, je dors.
Surpris, le disciple interroge encore :
— N’est-ce pas là ce que chacun fait ?
— Non : la plupart des êtres ne sont jamais présents dans ce qu’ils font. L’homme vraiment accompli se reconnaît à ce qu’il n’a plus l’esprit divisé. »
(Conte taoïste)
VOIR
« Le peu que nous voyons tient au peu que nous sommes. »
(Chesterton)
« Quand je vois ce que je vois et que j’entends ce que j’entends, je suis bien content de penser ce que je pense. »
(Fernand Raynaud)
« Il faut toujours dire ce que l’on voit. Surtout, il faut toujours, ce qui est plus difficile, voir ce que l’on voit. »
(Charles Péguy)
VOITURE
« Je finirai par croire que les hommes mettent dans leur voiture autant d’amour propre que d’essence. »
(Pierre Daninos)
« Autrement dit, si j’avais la voiture de tout le monde, je n’aurais les ennuis de personne. Mais avec la voiture de personne, j’ai tous les ennuis du monde. »
(Pierre Daninos)
VOIX
« Il faut peser les voix et non les compter. »
(Joseph de Maistre)
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14/08/2022
Le système dette (Eric Toussaint)
De tous temps, la dette a été utilisée comme moyen de domination, d’asservissement et de spoliation des peuples. Récemment, plusieurs pays d’Amérique latine, la Tunisie, l’Egypte et la Grèce en ont été les dernières victimes. Mais cette dictature de la dette n’est pas inéluctable. En deux siècles plusieurs états ont été capables d’annuler la leur avec succès. Le Mexique, les Etats-Unis, Cuba, le Costa Rica et la Russie soviétique ont procédé à cette répudiation. Quand on sait que nous ne remboursons que les intérêts, qu’il faut en permanence reprendre de nouveaux emprunts pour assurer le remboursement des précédents et qu’au fil des ans, les intérêts accumulés représentent plusieurs fois les sommes empruntées, on en arrive à dénoncer tout un système pervers et même à parler de « dette odieuse » dans certains cas…
« Le système dette » est un essai économique très focalisé sur l’histoire économique des deux derniers siècles. C’est un ouvrage captivant donnant au lecteur toutes les clés pour comprendre cette mécanique implacable mise au point par les banquiers centraux ainsi que l’évolution du monde capitaliste à cette époque, sa dérive de capitalisme entrepreneurial en capitalisme de pure spéculation et prédation. L’auteur s’attache particulièrement aux cas de la Grèce, mise sous tutelle, asservie économiquement plusieurs fois au cours de son histoire, de celui du Mexique avec toutes ses difficultés à briser ses chaînes et de celui de l’URSS avec l’interminable affaire des emprunts russes. Autant le lecteur comprendra bien l’alliance entre banquiers centraux et gouvernements des grandes puissances occidentales (Grande-Bretagne, Etats-Unis, France et dans une moindre mesure Allemagne) dans le but d’étendre leur puissance, d’exploiter les ressources du tiers-monde, et de dominer pour à terme coloniser, autant il reste peu explicite sur les raisons pour lesquelles cette dette s’est généralisée peu à peu au monde entier dès la fin de la seconde guerre mondiale et à partir de 1973 en France (Loi Pompidou-Giscard). Qui menait vraiment l’attelage « banquier-politicien » ? L’ouvrage se termine sur un grand tableau récapitulatif de tous les pays ayant rejeté d’une manière ou d’une autre ces dettes « odieuses ». L’auteur, brillant économiste belge favorable à l’effacement total de la dette du tiers-monde, ne va pas jusqu’à envisager l’éventualité d’une répudiation plus générale…
4/5
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