04/11/2025
Le quatrième mur (Sorj Chalendon)
En janvier 1974, Georges, 24 ans et Aurore, 22 ans, sa future compagne, font connaissance de Samuel Akounis, metteur en scène venu d'Athènes pour témoigner de la triste réalité de la dictature des colonels grecs devant un parterre d'étudiants de la faculté de Jussieu. Grec d'origine juive, Samuel a choisi la France comme refuge et terre d'accueil. Au théâtre Rébético d'Athènes, il a tenté de monter « Le père Ubu » d'Alfred Jarry, en faisant remplacer le nom de « Ubu » par celui de « Georgios », fine allusion au prénom du chef militaire de la junte, ce qui a fortement déplu au pouvoir et a valu à Samuel arrestation, tortures et déportation au camp d'Oropos. En 1983, Georges se retrouve avec lui à Tripoli, au nord du Liban, en plein conflit. En effet, Samuel a un projet fou : monter « Antigone » de Jean Anouilh sur la ligne de front et la faire jouer par des acteurs issus des différentes communautés en guerre les unes contre les autres. Antigone sera Palestinienne, Créon chrétien. Ils joueront avec des Druzes, des Sunnites, des Chiites, histoire de montrer au monde qu'une paix est possible…
« Le quatrième mur » est un roman d'une violence inouïe et dont la lecture ne laissera personne indemne. Les personnages sont tous très humains, très bien décrits avec leur présent, leur passé, les pesanteurs et préjugés de leurs différentes communautés. Tous finissent par faire face à des destins tragiques. Le Liban, état multi-ethnique, est multi-conflictuel. La haine est partout. Les milices se livrent une guerre sans merci. Et pour ne rien arranger, Tsahal écrase Beyrouth sous les bombes. Et la Syrie envoie ses chars d'assaut. Rarement lu un ouvrage aussi violent et aussi désespérant. La haine suinte de partout. Depuis le Quartier Latin où les groupuscules d'extrémistes de gauche et de droite règlent leurs comptes à coups de batte de base-ball ou de manches de pioche jusqu'au malheureux Liban où on égorge et on massacre allègrement hommes, femmes, vieillards et enfants. On savait que l'homme était un loup pour l'homme. Mais là, l'auteur semble nettement se complaire dans l'horreur et la barbarie. L'ouvrage est à déconseiller aux âmes sensibles et à tous ceux qui ont encore quelques illusions sur la nature humaine. Il laisse une impression amère et même écœurante. Pourtant, il a été couvert de récompenses et a même été adapté au cinéma.
2,5/5
08:36 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0)















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