09/11/2022
Dépossession (Liliane Held-Khawam)
Comment l’hyperpuissance d’une petite élite financière arrive-t-elle à mettre États et citoyens à genoux ? Par quel tour de passe-passe le montant global de la dette mondiale qui s’élevait à 87 000 milliards de dollars en l’an 2000 a-t-il pu passer à 230 000 milliards de dollars en 2018 (triple du PIB mondial) et ne cesser d’enfler de manière exponentielle ? Autant dire qu’elle sera impossible à rembourser à court, moyen ou long terme. Mais ne nous réjouissons pas trop vite. Un jour ou l’autre, il faudra payer. Les Etats seront réduits peu à peu à un statut d’entreprises, tous les services publics seront privatisés, tout comme les biens immobiliers nationaux, les œuvres d’art ou les infrastructures (ports, aéroports, autoroutes, ponts, etc.). Quant aux citoyens, ils ne seront plus propriétaires de rien, n’auront sans doute plus d’emploi et devront être heureux de leur statut d’assistés (revenu universel) pour ne pas dire de serfs. En effet, plus les états s’affaiblissent, moins les droits et les libertés des citoyens sont défendus. Avec la complicité des politiques, les banques font toujours mutualiser, c’est-à-dire payer par le contribuable, leurs pertes tout en privatisant leurs gains. Ce qui a été flagrant lors de la crise dite des « subprimes » de 2008.
« Dépossession » est un essai de grande qualité, sourcé, documenté, illustré de nombreux schémas et graphiques, tout en restant facile d’accès et agréable à lire. C’est un peu le « Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur le pouvoir toxique de Big Money », ou « L’économie capitaliste de prédation pour les Nuls. » Un homme averti doit s’intéresser à l’économie car celle-ci détermine son avenir. « La main qui prête est toujours au-dessus de la main qui reçoit », dit un adage célèbre. Et « il est tout aussi dangereux d’être gouverné par l’argent organisé que par le crime organisé », ajoutait Roosevelt. Mais quand les deux se donnent la main, on est très mal barré. Le mal remonte à loin avec la création de la Banque d’Angleterre, puis avec celle de la Banque de France par Napoléon qui en donna la gestion à une poignée de banquiers privés. Plus tard, la réserve fédérale américaine procédera de la même manière. On va de découvertes déplaisantes en indignations horrifiantes dans ce livre, comme la fin de l’étalon-or (1971) qui garantissait la parité du dollar, l’obligation pour les états d’emprunter à des banques privées et au taux du marché, donc la perte du privilège de battre monnaie avec le résultat qu’on sait, une explosion de la dette (20 trillions de dollars rien que pour les Etats-Unis) et avec une bulle spéculative de 1 500 000 milliards de dollars de produits dérivés alors que le PIB mondial ne s’élève qu’à 73 500 milliards de dollars. Le tout entre les mains de Black Rock, Vanguard, Fidelity et State Street, gestionnaires d’une énorme partie des actifs de la planète, et tous américains. Ouvrage à lire absolument avant qu’il ne soit trop tard…
4,5/5
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08/11/2022
Mougeons, moutruches et muselières (212)
08:15 Publié dans Blog | Lien permanent | Commentaires (0)
07/11/2022
Poèmes pour petits et grands (202)
Vieillir en beauté
Vieillir en beauté, c’est vieillir avec son corps,
Le garder sain en dedans, beau au-dehors,
Ne jamais abdiquer devant un effort,
L’âge n’a rien à voir avec la mort.
Vieillir en beauté, c’est donner un coup de pouce
À ceux qui se sentent perdus dans la brousse
Qui ne croient plus que la vie peut être douce
Et qu’il y a toujours quelqu’un à la rescousse.
Vieillir en beauté, c’est vieillir positivement,
Ne pas pleurer sur ses souvenirs d’antan.
Être fier d’avoir des cheveux blancs,
Pour être heureux, on a encore le temps.
Vieillir en beauté, c’est vieillir avec amour,
Savoir donner sans rien attendre en retour,
Car, où que l’on soit, à l’aube du jour,
Il y a toujours quelqu’un à qui dire bonjour.
Vieillir en beauté, c’est vieillir avec espoir,
Être content de soi en se couchant le soir.
Et lorsque viendra le point de non-recevoir,
Se dire qu’au fond, ce n’est qu’un au-revoir.
(Anonyme contemporain)
08:58 Publié dans Concept | Lien permanent | Commentaires (0)
06/11/2022
Le hold-up planétaire (Roberto Di Cosmo & Dominique Nora)
Bill Gates est-il une sorte de nouveau Big Brother qui chercherait à avoir le contrôle total sur toute forme de transmission et de contrôle de l’information, à avoir la main mise sur l’ensemble des transactions bancaires, sur les médias et même sur tous les pans les plus secrets de nos vies privées ?
On est bien obligé de reconnaître que sa société Microsoft se retrouve en situation de quasi-monopole pour les systèmes d’exploitation. Son système Windows équipe 85% des micro-ordinateurs de la planète. Cette position de force ne représente-t-elle pas un véritable danger pour la liberté et la démocratie dans la mesure où elle peut contrôler la quasi-totalité de la chaine de l’information et de la communication ? Dès 1993, le département américain de la justice s’en étant inquiété avait ouvert une procédure anti trust à l’encontre de Microsoft. Mais la montagne n'avait accouché que d’une souris. À peine un rappel à la loi, assorti d’une promesse de ne pas recommencer !
En fait, le but de cette multinationale américaine n’a jamais été de produire de bons logiciels, mais de faire le maximum de bénéfices et de régner sur tous les marchés dans lequel il entre et éliminant la concurrence par tous les moyens…
« Le coup d’état planétaire » est un essai sur les dérives d’une société devenue incontournable alors qu’elle n’aurait jamais du l'être. Un succès phénoménal basé sur le mensonge, la tricherie et des méthodes de gangsters. Deux exemples pour illustrer le propos : le fameux MSDOS, dérivé du DOS et point de départ de l’aventure n’est même pas sorti du cerveau génial de Gates, mais fut simplement racheté à son inventeur. Windows est bourré de failles, d’ouvertures et de… « fenêtres » permettant de laisser passer les virus, trojans et autres malwares. Faiblesse voulue qui permet de vendre des antivirus et d’organiser une obsolescence programmée avec toutes les versions se succédant très vite dans le temps. Présenté sous la forme d’une longue interview avec Di Cosmo dans le rôle du spécialiste et Nora dans celui de la journaliste un brin candide, cet ouvrage reste très intéressant bien qu’un peu daté (2006, tout va tellement vite dans ce domaine) surtout pour bien comprendre la genèse de cet empire de l’information, la naissance et le développement un brin malsain d’un des monstres de Big Tech. Un espoir cependant : les logiciels « libres » (Linux et autres)…
4/5
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05/11/2022
Pensées plus ou moins correctes (282)
ABORIGENE
« Créatures méprisables qui encombrent le sol d’un pays récemment découvert. Elles cessent bientôt de l’encombrer pour le fertiliser. »
(Ambrose Bierce)
« Les Blancs changent sans arrêt le monde pour l’adapter à la vision fluctuante qu’ils ont de l’avenir. Les Aborigènes mobilisent toute leur énergie mentale pour laisser le monde dans l’état où il était. En quoi cette conception est-elle inférieure ? »
(Bruce Chatwin)
ABSENCE
« L’absence diminue les médiocres passions et augmente les grandes, comme le vent éteint les bougies et allume le feu. »
(La Rochefoucauld)
« Les absents sont assassinés à coups de langue. »
(Scarron)
« Si tu veux être apprécié, meurs ou voyage. »
(Proverbe Persan)
« Rien ne console de l’absence des parents et jamais ne vient l’âge de s’en remettre. »
(Fatou Diome)
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04/11/2022
Mougeons, moutruches et muselières (211)
09:10 Publié dans Blog | Lien permanent | Commentaires (0)
03/11/2022
Maléfices (Maxime Chattam)
Un employé des services de protection de l’environnement est retrouvé mort dans une clairière de l’Oregon. Il s’agit de Fleitscher Salhindro, frère de Larry, le gros flic ami de Joshua Brolin lequel se repose dans son chalet posé devant un lac situé en pleine nature à une demi-heure de Portand. Lors de l’autopsie du cadavre de Fleitscher, le médecin légiste lui découvre sur le cou une sorte de grosseur occasionnée peut-être par une morsure de serpent ou d’insecte. Les analyses montrent qu’elle fut occasionnée par du venin d’araignée, mais dans une concentration tout à fait anormale. Bizarrement, on constate également neuf morsures d’araignée dans le secteur en une seule semaine. Puis l’appel téléphonique d’un jeune homme amène Joshua Brolin et Annabel, venue de New-York pour le seconder, à découvrir le cadavre d’une femme enrobée dans un cocon constitué de fil de toile d’araignée accroché à un arbre, non loin d’une cascade, dans un endroit perdu de la forêt…
« Maléfices », dernier tome de la « Trilogie du mal » est un thriller qui peut se lire indépendamment des deux autres. Maxime Chattam a su y renouveler son inspiration autant du côté du profil du psychopathe (« la Chose ») que du motus operandi qui repose sur les mygales, les veuves noires et autres arachnides peu sympathiques et sources de phobie pour bien des gens. L’intrigue est alambiquée à souhait. Le lecteur se retrouve baladé de fausses pistes en cul de sac, ce qui est un des ressorts et des plaisirs du genre si tout cela est mené de main de maitre, c’est-à-dire avec rythme et humour, ce qui est loin d’être le cas. L’ensemble est un peu poussif, lambin, et donne même l’impression de tirer à la ligne. Sur les 640 pages de ce pavé, une bonne centaine aurait pu être élaguée. Trop de descriptions sans grand intérêt, trop de détails scientifiques sur les techniques de médecine légale, d’analyses diverses, de biologie animale ou de psychiatrie criminelle. Nul doute que l’auteur s’est grandement documenté pour cette étrange histoire. Il s’est basé sur des faits réels comme la production de soie d’araignée grâce au lait de vache ou comme les effets de la tétrodotoxine sur les humains. L’ennui, c’est que tous ces éléments accumulés donnent malgré tout une impression d’invraisemblance, d’improbabilité et même d’irréalité. Une histoire capillotractée ? Pourquoi pas ? Pour moi, quand même le meilleur des trois opus.
3,5/5
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02/11/2022
La pandémie (Roman)
Ouvrage disponible version papier et e-book
08:59 Publié dans Concept | Lien permanent | Commentaires (0)