17/01/2024
Poèmes pour petits et grands (245)
Je connaissais pas Paris le matin
J’ai pris mon réveil de vitesse et ça c’est assez rare,
Je me suis levé sans lui sans stress, pourtant je m’étais couché tard,
J’ai mis Morphée à l’amende en plus dehors y a un pur temps,
Pas question que la vie m’attende, j’ai un rendez-vous important.
Ce matin mon tout petit dej' n’a pas vraiment la même odeur,
Ce matin mon parking tout gris n’a pas vraiment la même couleur,
Je sors pour une occasion spéciale que je ne dois pas rater,
Ce matin j’ai un rencard avec un moment de liberté.
C’est qu’après pas mal d’études et 4 ans de taf à plein temps,
Je me suis permis le luxe de m’offrir un peu de bon temps,
Plus d’horaires à respecter, finies les semaines de 40 heures,
Finies les journées enfermé, adieu la gueule des directeurs.
J’ai rendez-vous avec personne, à aucun endroit précis,
Et c’est bien ça qui cartonne écoute la suite de mon récit,
Aujourd’hui, j’ai rien à faire et pourtant je me suis levé tôt,
À mon ancienne vie d’affaires, j’ai posé un droit de véto.
C’est un parcours fait de virages, de mirages, j'ai pris de l’âge,
Je nage vers d’autres rivages, d’une vie tracée je serai pas un otage,
Un auteur de textes, après un point je tourne la page,
Pour apprécier demain et mettre les habitudes en cage.
Je sais pas où je vais aller je me laisse guider par mon instinct,
Fasciné par cette idée je kiffe tout seul c’est mon instant,
Le soleil me montre la direction, ne crois pas que j’enjolive,
C’est un moment plein d'émotion… Attends j’avale ma salive.
Je veux checker les éboueurs et aux pervenches rouler des pelles,
Y a du bon son dans la voiture quand j’arrive Porte de La Chapelle,
Alors je m’enfonce dans Paris comme si c’était la première fois,
Je découvre des paysages que j’ai pourtant vus 500 fois.
Je crois que mon lieu de rendez-vous sera cette table en terrasse,
Café-croissant-stylo-papier, ça y est tout est en place,
Je vois plein de gens autour de moi qui accélèrent le pas,
Ils sont pressés et je souris car moi je ne le suis pas.
Je connaissais pas Paris le matin et son printemps sur les pavés,
Ma vie redémarre pourtant on peut pas dire que j'en ai bavé,
La route est sinueuse, je veux être l’acteur de ses tournants,
C’est mon moment de liberté, je laisserai pas passer mon tour, non.
C’est un parcours fait de virages, de mirages, j’ai pris de l'âge,
Je nage vers d’autres rivages, d’une vie tracée je serai pas un otage,
Un auteur de textes, après un point je tourne la page,
Pour apprécier demain et mettre les habitudes en cage.
Puis je vois passer une charmante dans un beau petit tailleur,
Elle me regarde comme on regarde un beau petit chômeur,
Quand je la vois elle m'esquive et fait celle qui ne m'a pas calculé,
Je réalise avec plaisir que socialement j’ai basculé.
Il est lundi 10h et j’ai le droit de prendre mon temps,
Mon teint, mon ton sont du matin et y'a personne qui m’attend,
Y a tellement de soleil qu'y a que le ciment qui fleurit pas,
Il est lundi 11h et moi je traîne dans Ris-Pa.
Loin de moi l’envie de faire l’apologie de l’oisiveté,
Mais elle peut aider à se construire, laisse-moi cette naïveté,
Puis de toute façon j’ai mieux à faire que me balader dans Paname,
Dès demain je vois des enfants pour leur apprendre à faire du slam.
Je connaissais pas Paris le matin, voilà une chose de réparée,
Je sais pas trop ce qui m’attend, mais ce sera loin d’une vie carrée,
Moi j’ai choisi une voie chelou, on dirait presque une vie de bohème,
Mais je suis sûr que ça vaut le coup, moi j’ai choisi une vie de poèmes.
(Grand Corps Malade)
08:48 Publié dans Concept | Lien permanent | Commentaires (0)
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