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14/03/2025

Le beaujolais nouveau est arrivé (René Fallet)

Le beaujolais nouveau.jpgSur les bord d'une Marne remplie de détritus, Adrien Camadule est occupé à pêcher. Il se désole que rien ne semble vouloir mordre à son hameçon, mais finit quand même par attraper un malheureux goujon qu'il rejette à l'eau. Poulouc, un jeune à cheveux longs accompagné d'une petite meute d'une dizaine de chiens passe par là. Il se présente à Camadule comme « dog sitter ». Il déclare gagner 10 000 anciens francs par jour et par chien. L'autre se dit brocanteur et ne vendre qu'une ou deux bricoles par mois. Tous deux imaginent comment pourrait se présenter la vie en l'an 2000. Nous sommes en 1975. Tous les rêves les plus fous (ou les pires) sont possibles. Captain Beaujol, autre comparse, a participé aux dernières guerres et les a toutes perdues. Il fut caporal à Dien-Bien-Phu, sergent-chef dans les Aurès. Devenu retraité à Villeneuve Saint-Georges, ses amis le gratifient du grade de capitaine. Quant au quatrième mousquetaire, Paul Debedeux, c'est un col blanc qui travaille comme cadre dans une société d'aéronautique. Son épouse lui fait mener une vie d'enfer et sa maîtresse le persécute tout autant. Un jour, il tombe par hasard sur Captain Beaujol qui lui rappelle leurs frasques de jeunesse banlieusarde, ce qui ne le réjouit nullement au début…

« Le beaujolais nouveau » est un charmant roman picaresque ayant pour cadre le petit monde de la grande banlieue et pour personnages des marginaux, pas mal en rupture de ban, que certains pourraient qualifier d'anarchistes un brin alcoolos. En fait, des épicuriens modernes qui laissent le travail leur courir après, préférant cultiver l'amitié devant un verre de beaujolais dans leur repère habituel, le « Café du pauvre », troquet bien accueillant quoique resté dans son jus. Cet ouvrage très agréable à lire est une ode à la liberté et à l'amitié. L'amour y a aussi sa place, même s'il est difficile comme celui de Debedeux, inaccessible tel celui de Captain Beaujol ou un brin bizarre avec la fille handicapée du bistrotier. Tous les personnages sont hauts en couleur et attachants, même les secondaires comme Maman Turlutte, ancienne fille de joie reconvertie en concierge ou comme Chanfrenier, prototype du Français moyen qui travaille, s'est fait construire un petit pavillon, a une petite voiture et vote De Gaulle, Pompidou et Giscard… La langue de Fallet est riche, truculente, gouleyante, c'est celle des titis parisien de l'autre siècle, un brin argotique, un brin humoristique, très proche de celle des Boudard, Blondin, Dard, et Audiard. Personne n'écrit plus ainsi. C'est donc avec un plaisir tout particulier que grâce à ce genre d'ouvrage, ceux qui l'ont connu pourront replonger dans un monde à jamais disparu et ceux qui ne l'ont pas connu pourront le découvrir et comprendre la nostalgie des premiers. Un roman tonique, viril et salutaire, à ne rater sous aucun prétexte !

4,5/5

08:22 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0)

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