03/02/2021
L'évolution, la révolution et l'idéal anarchique (Elisée Reclus)
L’évolution et la révolution sont deux aspects d’une même réalité historique et politique. L’une précède généralement l’autre. Ce sont les deux faces successives d’un même phénomène, toujours en alternance sur la voie de l’histoire de l’humanité. Toutes deux sont indispensables l’une à l’autre. Il faut qu’une idée germe avant qu’elle s’inscrive dans la réalité. La révolution n’étant que la conséquence logique de l’évolution. Cependant toutes les révolutions ne sont pas nécessairement un progrès, de même que toutes les évolutions ne sont pas toujours orientées vers la justice. Il y a des évolutions qui ne sont que des marches vers la décadence et des révolutions qui apportent le malheur et la mort. Les capitalistes établissent de puissants monopoles qui rétablissent sous une forme nouvelle l’esclavage d’autrefois en certainement pire car plus insidieux et plus totalitaire. Et l’ironie de tout cela c’est de voir des captifs qui brisent leurs chaînes pour mieux s’en charger de nouvelles…
Ce texte est la retranscription d’un long discours prononcé en 1902 à Genève par Reclus, ensuite publié dans de nombreuses langues et resté depuis dans les annales. L’analyse de la situation économique et politique, une trentaine d’années après l’évènement majeur que fut la Commune de Paris pour l’auteur, est d’une précision, d’une qualité et d’une intelligence remarquable. La critique du capitalisme qui monopolise les moyens de productions et spolie le travailleur du fruit de son travail est peu discutable. Avec le recul du temps, le lecteur remarquera même que notre réalité est pire que la sienne, les oligarques milliardaires étant en passe de faire main basse sur la totalité de l’économie mondiale. Sur ce point, Reclus le visionnaire a fait erreur. L’internationalisme dont il rêvait n’est toujours pas celui des travailleurs, mais celui des banquiers ! On ne s’étendra pas non plus sur son anticléricalisme assumé. Ni Dieu, ni maître : si l’Eglise a perdu tout pouvoir, les « maîtres » n’ont jamais été aussi puissants. Très intéressante demeure cette utopie idéaliste et généreuse qu’aurait pu être l’anarchisme s’il n’avait été discrédité par les actes terroristes qui se produisirent peu après. Texte encore intéressant de nos jours du point de vue historique (pour la description de certains aspects de la Commune de Paris à laquelle Reclus participa activement), politique (tous les principes doctrinaux du véritable idéal anarchique y sont développés) économique (condamnation sans appel du malthusianisme) et également comme point de comparaison avec notre époque.
4/5
08:41 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0)
02/02/2021
Assoual (Roman)
08:21 Publié dans Concept | Lien permanent | Commentaires (0)
01/02/2021
Mougeons, moutruches et muselières (29)
08:43 Publié dans Blog | Lien permanent | Commentaires (0)
31/01/2021
Eloge de la force (Laurent Obertone)
L’homme moderne est-il vraiment libre ? Ne serait-il pas plus esclave que le serf du Moyen-Âge ne l’était ? Prenons-nous la télé et les médias en général comme des sources d’information honnêtes et objectives ou au contraire pour de formidables machines de propagande au service de Big Brother ? « Tout ce que l’Etat sait faire, c’est dépenser, promettre et parler. Créer des commissions et des numéros verts », nous dit Obertone. Et pour que « civilisé » ne rime pas avec « désarmé, domestiqué et conditionné », il nous propose dix lois : connaître notre faiblesse, détrôner notre peur, déclarer notre indépendance, reprendre le pouvoir, nous enraciner dans la vie, connaître l’ennemi, vaincre le silence, être stratège, occuper le terrain et imposer nos lois.
« Éloge de la force » se présente comme un pamphlet en forme de coup de gueule particulièrement punchy, mais pas forcément aussi efficace que l’auteur l’a sans nul doute espéré. Le fond est difficilement discutable. Le tableau esquissé de nos faiblesses, de la puissance de la pensée unique, de la tyrannie qui s’installe et de l’avenir sombre qui nous attend est d'une cruelle vérité. Mais à cette excellente analyse qui n’étonne pas car venant d’un essayiste de la trempe d'Obertone qui a déjà fait ses preuves avec « La France Big Brother », « La France interdite » et « La France Orange mécanique », l’auteur a voulu proposer des solutions. Son évangile du dissident, ses dix commandements du prophète anti-mondialiste sont une sorte d’ordonnance alignant dix remèdes de cheval. L’ennui, c’est qu’on reste dans le vague, le flou et assez peu dans le concret. Obertone se maintient presque toujours sur le plan théorique, philosophique et moral et pas suffisamment à mon goût sur celui du pragmatisme politique. Il manque une véritable définition de « Big Brother ». Ce ne serait pas le conglomérat de ploutocrates mondialistes du genre Soros, Gates, Schwab, Rockfeller et autres Rothschild, mais nous-mêmes, les gens de rien, les sans-dents qui, par notre passivité et même notre complaisance leur donnerions tout ce pouvoir. Ce tableau très noir et très pessimiste de notre monde peut être contre-productif pour certains, car il peut induire culpabilisation et démobilisation, un comble pour un « éloge » de la force. De plus, l’emploi systématique du tutoiement et le ton accusateur et même virulent de ce texte peut en agacer un certain nombre. Il n’en demeure pas moins que cet opus a le rare mérite de dépeindre avec honnêteté une réalité qui dérange. Il ne peut donc que donner à réfléchir et c’est déjà énorme à notre époque de mensonge triomphant.
4/5
08:38 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0)
30/01/2021
SOS Machos (Nouvelle)
Nouvelle extraite du recueil "Dorian Evergreen"
version papier
http://www.thebookedition.com/fr/dorian-evergreen-p-16900...
version ebook
https://www.amazon.fr/DORIAN-EVERGREEN-Bernard-VIALLET-eb...
08:55 Publié dans Concept | Lien permanent | Commentaires (0)
29/01/2021
Philippe de Lyon, médecin, thaumaturge et conseiller du tsar (Renée-Paule Guillot)
Né le 25 avril 1849 dans un village de Savoie, Nizier Anthelme Philippe, fils de paysans, y séjourne jusqu’à l'âge de 14 ans. Particulièrement intelligent et déjà doté d’un étrange pouvoir de guérison dès 13 ans, il part à pied étudier à Lyon où il sera hébergé par son oncle boucher qui le charge également de livrer ses clients à domicile. Très vite, il se met à soigner gratuitement les habitants de son quartier, les canuts lyonnais. À 17 ans, il ramène à la vie un enfant que les médecins avaient déclaré mort. En 1870, alors qu’il doit être mobilisé et partir pour la guerre, ce qui désole tous ses patients, un accident l’amène à être réformé. De 1874 à 1875, il commence à suivre des cours de médecine. Mais, comme il continue à multiplier les guérisons les plus impossibles et les plus incroyables car obtenues par la seule force de la prière, les malades sont de plus en plus nombreux à vouloir le consulter et les médecins de plus en plus hostiles à son égard, au point de l’empêcher de poursuivre ses études. En 1877, il épouse Jeanne-Julie Landar, riche héritière qu’il a soignée et dont la fortune va lui permettre de poursuivre sa mission sans jamais devoir se faire payer…
« Philippe de Lyon » est la biographie d’un personnage vraiment hors norme, un thaumaturge d’une absolue humilité, n’usant d’aucune médicament, d’aucune potion. Posant un diagnostic au premier regard. Capable de deviner toutes les souffrances d’un être sans que celui-ci n’en ai rien dit. Ne soignant que par la prière. Obtenant des guérisons immédiates, sans la moindre convalescence. Et ne réclamant d’autre paiement qu’une simple promesse de rejet de la médisance et de la calomnie de la part du malade. Son voyage en Russie à l’appel du Tsar qu’il conseilla bien avant Raspoutine (sans que le monarque ne suivit aucune de ses recommandations) et de la tsarine à qui il prédit la venue du tsarévitch est particulièrement éclairante sur certains aspects occultes de l’effondrement de la dynastie Romanov. Ouvrage passionnant, parfaitement écrit et documenté, qui se lit comme un roman sur un thaumaturge assez peu connu aujourd’hui alors qu’il fut admiré en son temps et qu’il eut de fidèles disciples comme Gérard Encausse (Papus), Lalande et surtout Jean Chapas qui hérita des dons du maître.
4,5/5
08:59 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0)
28/01/2021
Mougeons, moutruches et muselières (28)
08:55 Publié dans Blog | Lien permanent | Commentaires (0)
27/01/2021
Poèmes pour petits et grands (137)
Je rêve qu’un jour l’école…
« Je rêve qu’un jour l’école soit un lieu sans grille, sans note, sans contrôle des absences, sans ces couloirs de wagons qui donnent sur des compartiments de maths, de français, de techno ou d’anglais. »
« Je rêve qu’un jour l’école soit un lieu où l’on se jette sur la maquette d’une maison ronde à demi-ébauchée, sur un livre que l’on avale avec délice, sur un schéma technique que l’on déchiffre avec minutie pour les dernières mises au point d’un automate jouant Mozart à chaque heure du jour. »
« Je rêve qu’un jour l’école soit un lieu où, sous les premiers rayons du soleil, une bande d’individus hétéroclites descende les marches d’une maison de bois qu’ils auraient construite pour semer, planter, sarcler et offrir à toute cette ruche les saveurs et les couleurs des légumes du jardin, au repas de midi. »
« Je rêve qu’un jour l’école soit un lieu où l’érudit dispense son savoir, en aidant les amoureux du goût à mitonner leurs petits plats. »
« Je rêve qu’un jour l’école soit un lieu où le citadin apprenne à l’horticulteur à jouer avec l’ordinateur, en échange d’une séance d’écussonnage de Reinettes du Mans sur les porte-greffes du verger expérimental. »
« Je rêve qu’un jour l’école soit un lieu où vingt personnes exposent librement leurs divergences et, s’écoutant vraiment, dénouent leurs désaccords pour se quitter en s’embrassant. »
« Je rêve qu’un jour l’école soit un lieu où la digne et délicate recherche de son emploi du temps remplace la pesante et avilissante recherche d’un emploi. »
« Je rêve qu’un jour l’école soit un centre d’envol vers mille lieux de découverte, de travail et d’accomplissement, et une piste d’atterrissage pour apprendre à enseigner ce que l’on a appris. »
« Je rêve qu’un jour l’école soit un lieu où la discipline nécessaire à tout fonctionnement social, se fonde sur l’autonomie de penser, la responsabilité et l’explication, et que son efficacité remplace la crainte ou la comparaison. »
(Patrick Baronnet)
08:32 Publié dans Concept | Lien permanent | Commentaires (0)
26/01/2021
L'annihilatrice à couettes (Guilhem)
Quelque part sur la mer, le jeune Lupin se réveille, flottant très loin des côtes. Et c’est sous lla forme d’une truite-garou qu’il est repêché par un vieil homme nommé Le Pêcheur. Lupin était le chevalier à la canne à pêche de l’épisode précédent. Il était redevenu simple apprenti boulanger de 16 ans. Alors que l’Archange s’apprête à partir à l’assaut d’Asia, mollement défendue par le Stratomancien, Sélène, petite rouquine de 12 ans, pleure la disparition de son ami Lupin. Et voilà que Pierre, la pierre qui parle, lui ordonne de quitter au plus vite son refuge. Sans oublier d’emporter la canne à pêche magique de Lupin, elle se met en route avec ses compagnons, la gorgone Sthéna, l’ours Nandi, Geungshi, Anorin et At-Coum, pour aller à la rencontre du Grand Monolithe.
« L'annihilatrice à couettes » se présente comme le deuxième tome d’une saga de fantaisie humoristique fort agréable à lire. Un style vivant, agréable. Une intrigue fort bien menée, pleine de rebondissements. Le tout dans une ambiance délirante avec des personnages totalement improbables comme ces pierres qui parlent et qui craignent pour leur vie, un Grand Monolithe pas plus gros qu’un grain de sable et un Dieu, lecteur compulsif, qui, ayant toujours peur de déranger les gens, est d’un tel laisser-aller qu’il désespère son premier ministre. Ceci pour n’en présenter que quelques-uns et éviter de spoiler. Une ambiance rabelaisienne, un brin picaresque et joyeusement paillarde. Un des personnages use même d’un langage carrément ordurier tout à fait réjouissant. Le lecteur a l’impression que l’auteur a pris beaucoup de plaisir à écrire cette histoire déjantée. Et c’est contagieux ! Il se permet tout, même d’utiliser des termes un brin désuets voire exotiques comme « conneau », « niaiseux » et quelques autres. À noter une bataille finale un brin longuette, très proche de l’univers BD. Frustration : la fin reste ouverte. Donc, il va falloir attendre avec impatience le tome suivant : « Le retour du revenant ».
4,5/5
08:52 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0)
25/01/2021
Pensées plus ou moins correctes (218)
SOCIALISME
« Le socialisme, c’est une attaque tantôt directe, tantôt indirecte mais toujours continue aux principes mêmes de la propriété individuelle ; c’est une défiance profonde de la liberté, de la raison humaine ; c’est un profond mépris pour l’individu pris en lui-même, à l’état d’homme ; ce qui caractérise le système socialiste, c’est une tentative continue, variée, incessante, pour mutiler, pour écourter, pour gêner la liberté humaine de toutes les manières ; c’est l’idée que l’État ne doit pas seulement être le directeur de la société, mais doit être, pour ainsi dire, le maître de chaque homme – que dis-je ! Son maître, son précepteur, son pédagogue ; que de peur de le laisser faillir, il doit se placer sans cesse à côté de lui, au-dessus de lui, autour de lui, pour le guider, le garantir, le retenir, le maintenir ; en un mot, c’est la confiscation de la liberté humaine. À ce point que si en définitive j’avais à trouver une formule générale pour exprimer ce que m’apparaît être le socialisme dans son ensemble, je dirais que c’est une nouvelle formule de la servitude. »
(Alexis de Tocqueville)
08:12 Publié dans Concept | Lien permanent | Commentaires (0)