08/08/2025
Ma bible du zéro déchet (Monica Da Silva)
Pour limiter le poids de nos poubelles et préserver un environnement qui n'en peut mais de tous les déchets que nous produisons à longueur d'années, il nous faut revoir le monde qui nous entoure. Cela touche tous les aspects de la vie aussi bien personnelle que professionnelle, individuelle que collective. Etre « zéro déchet » c'est, au mieux, n'en produire aucun (ce que même l'auteure reconnaît quasi impossible à atteindre à 100%), à minima optimiser l'utilisation d'un produit voué à la destruction. Le gaspillage alimentaire représente en France 10 millions de tonnes de nourriture perdue par an soit 32 kg par personne, soit 160€. Chaque habitant produit 568 kg de déchets de toutes sortes par personne. La solution viendrait des achats en vrac systématique, des circuits courts et des achats d'occasion de toutes sortes. Jamais de neuf (jouets, meubles, vêtements) pour donner une seconde vie aux objets. Il faudrait aussi en finir avec la voiture à moteur thermique, ne plus se déplacer qu'à pied ou en vélo ou en transport en commun.
« Ma bible du zéro déchet » est un guide très complet pour une démarche visant à protéger la planète, à réduire notre impact carbone, à polluer moins et à vivre mieux selon les critères du GIEC. Monica Da Silva est une influenceuse qui dit pratiquer ce qu'elle préconise. Son ouvrage est vraiment une Bible qui regroupe toutes les actions concrètes qu'une famille peut mettre en place à la maison (chaque pièce est concernée) comme au jardin (permaculture). Le lecteur y trouvera toutes sortes de recettes pour cuisiner « zéro déchet », pour nettoyer de même et des conseils pour initier tout son entourage. Chaque chapitre est résumé à la fin par une série de petits dessins ou illustrations un peu enfantins sans doute pour celles et ceux qui n'auraient pas lu ou compris ce qui précédait. On comprend surtout que le zéro déchet n'est qu'un point de départ, que la démarche implique tous les aspects de la vie. L'auteure insiste pour dire que cela doit simplifier la vie et non la compliquer. On peut avoir quelques doutes surtout si l'on met en parallèle toute cette sympathique décroissance avec la phrase maintenant célèbre de Klaus Schwab : « Vous ne posséderez rien, mais vous serez heureux… »
4/5
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04/08/2025
Laissez bronzer les cadavres (J.J.Manchette & J.P. Bastid)
Artiste peintre, Luce est propriétaire d'un hameau abandonné dans le Gard, non loin de Pont Saint Esprit. Elle y vit de façon assez rudimentaire, sans eau courante ni électricité en compagnie de Max, écrivain raté et quelque peu alcoolique. Invités par un ami, l'avocat Brisorgueil, quelques personnages assez peu recommandables y séjournent également. Il s'agit du trio Gros, Rhino et Jeannot qui ont plus des allures de voyous que celles d'honnêtes gens. D'ailleurs, les voilà bientôt qui attaquent un fourgon blindé, tuent froidement deux gendarmes ainsi que tous les convoyeurs de fonds avant de s'emparer de 250 kg d'or et de revenir se planquer chez Luce. En chemin, ils récupèrent même deux auto-stoppeuses et un enfant qui leur disent elles aussi vouloir rejoindre le hameau. L'une d'elle, Mélanie, s'avère être l'ex de Max…
« Laissez bronzer les cadavres » est un roman noir qui commence à dater un peu (paru en 1971) surtout par le contexte, les véhicules utilisés, l'absence de téléphone et autres spécificités de l'époque. Il n'en demeure pas moins fort intéressant à lire ne serait-ce que par le style vivant et enlevé et par le thème du champ clos avec unité d'espace et de temps tout comme dans une tragédie classique. Des personnages un brin caricaturaux mais néanmoins hauts en couleurs se retrouvent dans ces ruines cévenoles à se traquer, à tenter de s'allier pour mieux se trucider avec les pandores en prime à leurs basques. Qui va réussir à mettre la main sur le magot ? Qui va pouvoir filer ? Et surtout qui va sauver sa peau ? Tout cela est assez simpliste, brut de décoffrage, mais parfaitement efficace. Manchette et son comparse se sont bien inspirés des romans noirs américains en vogue à l'époque (Dashiell Hammett), eux-mêmes très influencés par le cinéma. Les adeptes du genre apprécieront.
4/5
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31/07/2025
Fermé pour l'hiver (Jorn Lier Horst)
À Gusland (Norvège), Ove Bakkerut découvre son chalet de vacances de bord de mer cambriolé. La porte a été forcée au pied de biche. Tout l'intérieur a été saccagé. Un poste de télé, du matériel stéréo et des bouteilles d'alcool ont été dérobés. Il appelle la police qui promet d'envoyer une patrouille pour le lendemain. De plus, il découvre que le chalet de son voisin, Thomas Renningen, célèbre animateur de télévision, est éclairé alors que celui-ci ne vient jamais à cette époque de l'année. Ove décide de s'en approcher. Là aussi, la porte a été forcée. Il y a même du sang sur les montants… Et un cadavre à l'intérieur. L'inspecteur William Wisting se voit chargé de l'enquête. Il découvre que la victime, la tête cachée sous une cagoule et chaussé de grandes bottes de caoutchouc a eu le crâne défoncé sous doute avec un objet contondant genre pied de biche ou barre à mine. Il semble qu'il s'agisse du cambrioleur. Mais tout se complique quand Wisting est lui-même agressé par un homme qui s'enfuit en lui volant sa voiture, puis quand le cadavre disparaît mystérieusement avant d'atteindre la morgue…
« Fermé pour l'hiver » est un gros roman policier de style classique. Depuis le succès mérité de la série « Millénium » de Stieg Larsson, les éditeurs nous proposent toutes sortes d'autres auteurs venus du froid. Horst, ancien officier de police lui-même avec son personnage récurrent Wisting, fait partie du lot. Malheureusement, il ne nous semble pas qu'il soit du même niveau. Son style est assez lourd, poussif, hyper-descriptif au point que le lecteur se demande s'il n'en est pas à tirer à la ligne, à vouloir pisser de la copie. Il en est à donner le titre du livre d'Agatha Christie que lit un personnage secondaire et même à en raconter partiellement l'intrigue, à préciser combien de Kleenex Wisting utilise pour s'essuyer le front, sans oublier toutes les répétitions aussi nombreuses qu'inutiles. L'intrigue elle-même, qui semble inextricable au début, déçoit beaucoup lors de son dénouement très banal qu'il faut attendre après une lecture relativement laborieuse. Quant aux personnages, ils sont quelconques, sans grande épaisseur ou originalité. Et bien sûr, inutile d'espérer la moindre trace d'humour ou de fantaisie. Nous sommes en Scandinavie ! Une expérience de lecture qui ne donne pas vraiment envie de poursuivre avec cet auteur particulier…
3/5
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29/07/2025
Les bonnes plantes pour ma haie sauvage (François Couplan)
Mettre chez soi une « haie naturelle », s'est faire du bien à soi-même, aux plantes et aux animaux. Profitant de « l'effet de lisière », la biodiversité peut s'y retrouver maximale : ail des ours, anémone Sylvie, parisette, muguet, églantier, prunellier, aubépine, sureau, chèvrefeuille peuvent y prospérer à loisir. Elle peut aussi servir d'abri à de nombreux oiseaux : pigeon ramier, grive musicienne, merle, mésange, rouge-gorge, etc. Elle peut surtout représenter une bonne alternative aux haies classiques de thuyas, lauriers ou troènes trop uniformes, trop rigides. L'auteur les trouve même tristes et étouffantes. La haie naturelle ou sauvage semble ne présenter que des avantages. Elle peut donner quantité de fruits et de baies (prunelles, alises, cynorhodons, amélanche, etc.). Elle ne nécessite pas ou peu de taille. Pourquoi s'en priver ?
Cet ouvrage se présente comme un petit guide pratique bien illustré, utile et fort agréable à lire. Chaque arbre, arbuste, buisson est présenté séparément avec une fiche détaillée. Il est bien évident qu'avant d'implanter ce type de haie, il faut d'abord observer les plantes qui poussent le mieux dans la région et plutôt préférer celles-ci. Ensuite, il est souhaitable de travailler par étage tout en respectant des écartements plus ou moins importants entre chaque sujet. Ceux-ci doivent être proportionnels au futur développement des plantes. En plus de ces bien utiles fiches techniques, le lecteur trouvera un petit test lui permettant d'évaluer ses connaissances sur le sujet, des recettes de cuisine fort originales, un grand récapitulatif sous forme de tableau en fin d'ouvrage ainsi qu'un glossaire des termes techniques utilisés. Très intéressant et fort utile pour qui veut tenter l'aventure de la diversité.
4,5/5
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26/07/2025
Les prophéties de La Faudrais (Pierre Roberdel)
Marie-Julie Jahenny, la stigmatisée de Blain, a reçu assez jeune les cinq stigmates de la Passion du Christ et les a conservés tels de nombreuses années. Ils se sont atténués vers la fin de sa vie, mais la plaie au côté est demeurée jusqu'à son décès à l'âge de 92 ans. Cette très humble mystique bretonne quasi illettrée a vécu des années sans manger ni boire. Elle a été sourde et aveugle pendant plusieurs années et a souffert dans sa chair tous les supplices de la Passion. Elle a annoncé de nombreuses prophéties surtout entre 1875 et 1888. Elle a ensuite toujours maintenu ses prévisions, même si ce que l'on croyait devoir advenir ne se produisait pas (Pie IX ne fut pas le pape concerné et le comte de Chambord pas non plus le roi salvateur), le temps de Dieu n'étant pas du tout celui des hommes…
« Les prophéties de La Fraudais », sont comme leur titre l'indique une compilation d'un grand nombre de prophéties annoncées lors d'extases et recopiées immédiatement par différents scribes. Certaines sont illisibles ou incompréhensibles car copiées à trop grande vitesse. L'auteur, spécialiste de Marie-Julie Jahénny, (c'est le troisième ouvrage qu'il lui consacre) déclare posséder les originaux de ces écrits notés sur le vif. La lecture de cet ouvrage est à la fois effrayante et réconfortante. Les calamités annoncées sont nombreuses et correspondent étrangement au contexte actuel et non pas à la période des deux guerres mondiales. Paris et de nombreuses autres villes dont Rome seront détruites. Une guerre civile est annoncée ainsi qu'une invasion à la fois russe et ottomane. Une grande partie du pays sera ravagée à l'exception de la Bretagne et d'une petite partie de la Vendée. La population pourrait aussi être au trois quart détruite avant le retour du Grand Monarque et du Christ en gloire. Mais rien de tout cela ne pourrait advenir si le peuple se convertissait et revenait avec humilité et sincérité dans la voie de la Vérité et de la Vie. Au total, une lecture assez troublante avec quelques répétitions et bon nombre d'intervenants.
4/5
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24/07/2025
Amarok (Bernard Clavel)
Dans le grand Nord canadien, Raoul, trappeur dans la soixantaine, doit remonter le fleuve Harricana en canoë pour aller porter secours au jeune Timax, un colosse qui est presque de sa famille. Il est accompagné par Amarok, bête croisée entre husky et malamute avec pas mal de sang de loup dans les veines. La veille au soir, chez Clarmont, une rixe a éclaté parmi les buveurs. Timax a balancé un coup de poing de forgeron à un policier qui l'avait provoqué. L'autre est tombé à la renverse et sa tête a porté sur le coin d'une table. Il ne s'est pas relevé. Pensant l'avoir laissé pour mort, Timax s'est immédiatement enfui en direction de la forêt pour ne pas avoir à répondre de son acte. Si le flic est mort, il risque à coup sûr la pendaison. La nuit suivante, Raoul rejoint Timax sur l'île où il se cache. C'est une ancienne mine abandonnée suite à un drame. Mais déjà, une patrouille de police montée se présente en bateau, contourne le lac et redescend le fleuve sans rien trouver. Timax n'est pas loin de paniquer. La période est d'autant plus propice à un acharnement policier que de nombreux jeunes se cachent aussi un peu partout pour échapper à la conscription et pour ne pas aller se faire tuer à la guerre qui se déroule en Europe.
« Amarok » est le quatrième volume de la série romanesque « Le royaume du nord » qui en comporte six, chacun pouvant se lire indépendamment. Les héros en sont les pionniers du grand Nord canadien qui, à force de volonté, de persévérance, de privation et de douleurs, ont réussi peu à peu à s'implanter dans cette région peu hospitalière, l'Abitibi, une de ces immenses étendues situées quelque part entre Ottawa et la Baie James. Marié à la romancière canadienne Josette Pratte, Clavel a séjourné dans ces contrées de 1893 à 1989. L'histoire qu'il nous raconte est tragique. Mal emmanchée dès le début, elle finit lentement en un drame qu'il n'y a pas lieu de déflorer ici. Le style de Clavel est toujours aussi facile, fluide et agréable à lire, même si le lecteur a eu souvent l'impression que cette affaire au demeurant fort simple aurait peut-être été plus percutante dans un format de nouvelle d'une soixantaine de pages plutôt que dans celui d'un roman de 268. Il n'en demeure pas moins qu'on y sent bien souffler le grand vent glacial de ces immensités désertes et sauvages. Les personnages bruts de décoffrage, bourrus et taillés pour un pays qui ne fait pas de cadeaux, sont attachants en dépit de tous leurs défauts. On peut donc encore aujourd'hui lire avec plaisir Clavel ne serait-ce que pour rêver d'aventures dans de grands espaces…
4/5
09:13 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0)
21/07/2025
Le grand horizon (Lola Nicolle)
En 2019, Vincent, jeune père de famille passionné de vélo, s'est inscrit à une épreuve d'ultra-cyclisme prestigieuse, la mythique Transcontinental Race alors qu'il est loin d'être un grand spécialiste de ce genre d'épreuve sur très longue distance. En effet, cette course en totale autonomie et sans assistance, se déroule sur environ 4000 kilomètres à parcourir en une quinzaine de jours. Il doit partir de la ville portuaire de Bourgas en Bulgarie pour tenter de rejoindre Brest en traversant donc tout le continent européen sur son vélo ultra-léger, un Genesis Equilibrium. Il a une totale liberté de s'organiser comme il l'entend, mais ne peut consommer que ce qu'il emporte ou achète en chemin et doit assurer seul ou avec l'aide d'autochtones la maintenance de son engin. Devant gérer au mieux ses temps de repos et de récupération, il a tendance à rouler beaucoup et à dormir fort peu à même le sol dans un sac de couchage. Tiendra-t-il la distance ? Ce défi n'est-il pas trop énorme pour lui.
« Le grand horizon » est un roman ayant pour cadre une épreuve bien réelle qui fut cette année-là gagnée par une femme Fiona Kolbinger, ce que Lola Nicolle signale en fin de volume en oubliant de préciser que ce fut l'exception qui confirma la règle. Toutes les autres éditions virent des victoires masculines. Ce récit est particulièrement vivant avec des souffrances et des ressentis minutieusement décrits. À se demander d'ailleurs si l'auteure n'est pas du milieu du cyclisme. À tout le moins s'est-elle servi de témoignages authentiques. Les personnages secondaires (Anna, organisatrice, veuve du champion fondateur Mike Hall, Pauline, amie d'enfance perdue de vue, mais qui suit encore Vincent sur les réseaux et Marc l'ami devenu gérant de supermarché) sont tous intéressants et sympathiques. Etrangement, Amélie l'épouse du coureur et leur enfant n'ont qu'une part réduite de la narration. Le style de qualité, agréable et enlevé, assez descriptif, mais léger et poétique permet une lecture rapide et fort agréable. Difficile de poser le livre. Reçu le matin et terminé le soir même sur le coup de 18 heures. C'est dire l'intérêt d'un ouvrage qui aborde un thème original avec beaucoup de finesse et d'humanité.
4,5/5
08:20 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0)
16/07/2025
La communale (Jean L'Hôte)
Pendant l'entre deux guerres, à Lunéville, en Lorraine, le petit Jean est élève de l'école communale que dirige son père et où sa mère est institutrice de la classe de cours préparatoire. Etre écolier dans la classe dont le maître est son propre père n'est pas de tout repos. Jean se doit d'être exemplaire. Il a droit à plus de sévérité et à plus de punitions que ses camarades. Il ne faudrait pas qu'il passe pour le chouchou. Il a même droit à des devoirs supplémentaires, des rédactions qu'il doit préparer dans la cuisine et sur lesquelles il sèche désespérément. Bien que très directif et pas mal à l'ancienne, son pédagogue de père aime pratiquer des « leçons de choses » basées sur des observations sur le vif ou sur le terrain, toutes très concrètes et très instructives. Ainsi, quand il est le premier du quartier à s'offrir une automobile, une rutilante Peugeot 201, il en fait le sujet de sa leçon du jour sans imaginer que celle-ci va mener à une catastrophe imprévisible et même à une véritable perte de considération chez les parents d'élèves…
« La communale » est un récit basé sur les souvenirs d'enfance de Jean L'Hôte qui fut, en plus d'un écrivain charmant, un cinéaste, un scénariste et un homme de télévision en son temps. Certains le qualifièrent même de « Pagnol de Lorraine », ce qui est tout à fait justifié tant cet ouvrage est proche par l'esprit des deux chefs d'œuvre que sont « La gloire de mon père » et « Le château de ma mère ». Même esprit, même époque, même description d'un autre monde, solidaire, poétique et tellement différent du nôtre. Et pourtant moins d'un siècle nous en sépare. Le style est fluide et agréable à lire. Les personnages sont attachants et les situations très souvent amusantes et traitées avec humour, en particulier tous les développements sur cette fameuse voiture qui révolutionne tout le quartier et entraine la petite famille dans des aventures picaresques auxquelles elle n'était pas tout à fait prête. Un ouvrage qui mérite le détour ne serait-ce que pour découvrir ou redécouvrir le charme d'un monde disparu…
4,5/5
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13/07/2025
Le veuf joyeux (Pierre Daninos)
Chirurgien-dentiste en retraite, Lucien Jarozeau constate à sa grande stupéfaction qu'au lieu d'être éploré par la perte d'Iris son épouse, il est plutôt satisfait et presque heureux de sa nouvelle condition de veuf. Pourtant sa femme était douce, aimante et compréhensive et n'avait rien de la mégère acariâtre. Dans l'espoir d'obtenir une explication pour cet étrange état d'esprit, il décide de consulter un psychiatre puis de voyager sur le « Queen Elizabeth II », dernier paquebot transatlantique. Aux États-Unis, il retrouve une jeune collègue, Sue, férue de tout ce qui est français, avec laquelle il a partagé ses travaux de recherche sur l'évolution de la troisième molaire à travers les siècles. Il la ramène en France pour un nouveau départ.
« Le veuf joyeux » n'est pas vraiment un roman au sens classique du terme, mais plutôt une suite d'observations, de portraits et de descriptions de comportements divers. Il n'y a pas vraiment d'intrigue, si ce n'est que très vaguement esquissée. Ainsi le lecteur attend-il en vain le récit de la visite chez le psychiatre ou celui de ses retrouvailles avec Sue. Avec son style inimitable fait d'humour, de drôlerie et de légèreté, notre moraliste espiègle passe d'un sujet à un autre, d'un personnage à un autre. Il se moque de nos travers, de nos manies, des modes idiotes et réussit même le tour de force d'accumuler les poncifs et autres termes convenus ou à la mode pour en démontrer la plus complète absurdité. Le lecteur rit et sourit beaucoup en se lisant cet ouvrage un peu ancien (il date de 1981), mais pas si démodé que cela au bout du compte. Le snobisme, les modes idiotes, les sottises ou barbarismes n'ayant fait que croitre et embellir au fil des ans…
4,5/5
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09/07/2025
888 (Pierre Jovanovic)
Luther doutait de la réelle présence de Saint Pierre à Rome. Les rabbins sont persuadés que le Christ n'est en aucun cas le Messie et donc qu'il faut hâter la venue du leur. Ils ont longtemps cru que le rabbin Schneerson était le véritable Mashiah (Messie), celui qu'ils attendaient depuis la nuit des temps. Malheureusement ce saint homme est décédé en 1994 et n'est toujours pas ressorti de sa tombe. Vrai Dieu et vrai homme, Jésus-Christ avait la connaissance totale de l'avenir. Il décida de changer le nom de son principal disciple Simon et non celui de tous les autres. Il le rebaptisa « Pierre » en le gratifiant de cette parole un brin sibylline : « Tu es Pierre et sur cette pierre, je bâtirai mon Eglise ! » Et voilà que vingt siècles plus tard, des fouilles effectuées sous la basilique Saint-Pierre de Rome ont permis de retrouver la toute première nécropole chrétienne et les ossements dûment authentifiés du premier pape (1968). Et il fallut attendre l'année 2013 pour que le pape François les présente aux caméras du monde entier. L'église du Christ a donc bien été bâtie sur la sépulture de l'apôtre Pierre en respectant la tradition juive qui veut que l'on ne place jamais de fleurs sur les tombes, mais une simple pierre, preuve d'un passage recueilli…
« 888 » est un essai tentant de présenter les pouvoirs surnaturels du Christ et même ce que l'auteur qualifie d'humour noir divin. Des noces de Cana, avec l'eau transformée en vin à la marche sur l'eau en passant par la multiplication des pains, les miracles n'ont pas manqué dans la vie de Jésus. Et ils se sont poursuivis tout au long de ces vingt siècles de Christianisme. Pierre Jovanovic en donne un certain nombre d'exemples dans un style journalistique, assez factuel et facile à lire. Cela reste du domaine de la vulgarisation, mais toujours avec les références, les notes, les renvois aux sources indispensables à qui veut creuser un peu plus le sujet. Cela va des hosties consacrées qui entrent en lévitation à Lourdes au moment de la consécration, le tout filmé en direct par FR3 jusqu'aux hosties tombées à terre en Amérique du Sud et en Pologne, mises dans de l'eau et se transformant peu à peu en tissu cardiaque. Les analyses de ces fragments ont trouvé un groupe sanguin AB- (extrêmement rare) et des tissus d'ADN inconnus mais ayant subi un stress traumatique intense. Alerté, l'évêque du lieu, Monseigneur Bergoglio, futur pape François, donna l'ordre de taire ce phénomène largement paranormal. Le rôle de l'Eglise qui freine des quatre fers sur le sujet est également abordé. À notre époque, celle-ci est malheureusement plus connue pour tous ses scandales sexuels que pour son ardeur évangélisatrice. Mais le Christ ayant beaucoup d'humour, il sait se servir de lignes courbes pour écrire droit et de pêcheurs (dans tous les sens du terme) pour son œuvre. Comme chacun sait, c'est le diable qui porte Pierre et non l'inverse. Livre intéressant, voire passionnant dans la mesure où il propose une sorte d'initiation ou de mise en appétit sur un sujet essentiel qui mérite de nombreux développements plus poussés.
4,5/5
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