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26/07/2025

Les prophéties de La Faudrais (Pierre Roberdel)

Les prophéties de la Fraudais.jpgMarie-Julie Jahenny, la stigmatisée de Blain, a reçu assez jeune les cinq stigmates de la Passion du Christ et les a conservés tels de nombreuses années. Ils se sont atténués vers la fin de sa vie, mais la plaie au côté est demeurée jusqu'à son décès à l'âge de 92 ans. Cette très humble mystique bretonne quasi illettrée a vécu des années sans manger ni boire. Elle a été sourde et aveugle pendant plusieurs années et a souffert dans sa chair tous les supplices de la Passion. Elle a annoncé de nombreuses prophéties surtout entre 1875 et 1888. Elle a ensuite toujours maintenu ses prévisions, même si ce que l'on croyait devoir advenir ne se produisait pas (Pie IX ne fut pas le pape concerné et le comte de Chambord pas non plus le roi salvateur), le temps de Dieu n'étant pas du tout celui des hommes…

« Les prophéties de La Fraudais », sont comme leur titre l'indique une compilation d'un grand nombre de prophéties annoncées lors d'extases et recopiées immédiatement par différents scribes. Certaines sont illisibles ou incompréhensibles car copiées à trop grande vitesse. L'auteur, spécialiste de Marie-Julie Jahénny, (c'est le troisième ouvrage qu'il lui consacre) déclare posséder les originaux de ces écrits notés sur le vif. La lecture de cet ouvrage est à la fois effrayante et réconfortante. Les calamités annoncées sont nombreuses et correspondent étrangement au contexte actuel et non pas à la période des deux guerres mondiales. Paris et de nombreuses autres villes dont Rome seront détruites. Une guerre civile est annoncée ainsi qu'une invasion à la fois russe et ottomane. Une grande partie du pays sera ravagée à l'exception de la Bretagne et d'une petite partie de la Vendée. La population pourrait aussi être au trois quart détruite avant le retour du Grand Monarque et du Christ en gloire. Mais rien de tout cela ne pourrait advenir si le peuple se convertissait et revenait avec humilité et sincérité dans la voie de la Vérité et de la Vie. Au total, une lecture assez troublante avec quelques répétitions et bon nombre d'intervenants.

4/5

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24/07/2025

Amarok (Bernard Clavel)

Amarok.jpgDans le grand Nord canadien, Raoul, trappeur dans la soixantaine, doit remonter le fleuve Harricana en canoë pour aller porter secours au jeune Timax, un colosse qui est presque de sa famille. Il est accompagné par Amarok, bête croisée entre husky et malamute avec pas mal de sang de loup dans les veines. La veille au soir, chez Clarmont, une rixe a éclaté parmi les buveurs. Timax a balancé un coup de poing de forgeron à un policier qui l'avait provoqué. L'autre est tombé à la renverse et sa tête a porté sur le coin d'une table. Il ne s'est pas relevé. Pensant l'avoir laissé pour mort, Timax s'est immédiatement enfui en direction de la forêt pour ne pas avoir à répondre de son acte. Si le flic est mort, il risque à coup sûr la pendaison. La nuit suivante, Raoul rejoint Timax sur l'île où il se cache. C'est une ancienne mine abandonnée suite à un drame. Mais déjà, une patrouille de police montée se présente en bateau, contourne le lac et redescend le fleuve sans rien trouver. Timax n'est pas loin de paniquer. La période est d'autant plus propice à un acharnement policier que de nombreux jeunes se cachent aussi un peu partout pour échapper à la conscription et pour ne pas aller se faire tuer à la guerre qui se déroule en Europe.

« Amarok » est le quatrième volume de la série romanesque « Le royaume du nord » qui en comporte six, chacun pouvant se lire indépendamment. Les héros en sont les pionniers du grand Nord canadien qui, à force de volonté, de persévérance, de privation et de douleurs, ont réussi peu à peu à s'implanter dans cette région peu hospitalière, l'Abitibi, une de ces immenses étendues situées quelque part entre Ottawa et la Baie James. Marié à la romancière canadienne Josette Pratte, Clavel a séjourné dans ces contrées de 1893 à 1989. L'histoire qu'il nous raconte est tragique. Mal emmanchée dès le début, elle finit lentement en un drame qu'il n'y a pas lieu de déflorer ici. Le style de Clavel est toujours aussi facile, fluide et agréable à lire, même si le lecteur a eu souvent l'impression que cette affaire au demeurant fort simple aurait peut-être été plus percutante dans un format de nouvelle d'une soixantaine de pages plutôt que dans celui d'un roman de 268. Il n'en demeure pas moins qu'on y sent bien souffler le grand vent glacial de ces immensités désertes et sauvages. Les personnages bruts de décoffrage, bourrus et taillés pour un pays qui ne fait pas de cadeaux, sont attachants en dépit de tous leurs défauts. On peut donc encore aujourd'hui lire avec plaisir Clavel ne serait-ce que pour rêver d'aventures dans de grands espaces…

4/5

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21/07/2025

Le grand horizon (Lola Nicolle)

Le grand horizon.jpgEn 2019, Vincent, jeune père de famille passionné de vélo, s'est inscrit à une épreuve d'ultra-cyclisme prestigieuse, la mythique Transcontinental Race alors qu'il est loin d'être un grand spécialiste de ce genre d'épreuve sur très longue distance. En effet, cette course en totale autonomie et sans assistance, se déroule sur environ 4000 kilomètres à parcourir en une quinzaine de jours. Il doit partir de la ville portuaire de Bourgas en Bulgarie pour tenter de rejoindre Brest en traversant donc tout le continent européen sur son vélo ultra-léger, un Genesis Equilibrium. Il a une totale liberté de s'organiser comme il l'entend, mais ne peut consommer que ce qu'il emporte ou achète en chemin et doit assurer seul ou avec l'aide d'autochtones la maintenance de son engin. Devant gérer au mieux ses temps de repos et de récupération, il a tendance à rouler beaucoup et à dormir fort peu à même le sol dans un sac de couchage. Tiendra-t-il la distance ? Ce défi n'est-il pas trop énorme pour lui.

« Le grand horizon » est un roman ayant pour cadre une épreuve bien réelle qui fut cette année-là gagnée par une femme Fiona Kolbinger, ce que Lola Nicolle signale en fin de volume en oubliant de préciser que ce fut l'exception qui confirma la règle. Toutes les autres éditions virent des victoires masculines. Ce récit est particulièrement vivant avec des souffrances et des ressentis minutieusement décrits. À se demander d'ailleurs si l'auteure n'est pas du milieu du cyclisme. À tout le moins s'est-elle servi de témoignages authentiques. Les personnages secondaires (Anna, organisatrice, veuve du champion fondateur Mike Hall, Pauline, amie d'enfance perdue de vue, mais qui suit encore Vincent sur les réseaux et Marc l'ami devenu gérant de supermarché) sont tous intéressants et sympathiques. Etrangement, Amélie l'épouse du coureur et leur enfant n'ont qu'une part réduite de la narration. Le style de qualité, agréable et enlevé, assez descriptif, mais léger et poétique permet une lecture rapide et fort agréable. Difficile de poser le livre. Reçu le matin et terminé le soir même sur le coup de 18 heures. C'est dire l'intérêt d'un ouvrage qui aborde un thème original avec beaucoup de finesse et d'humanité.

4,5/5

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16/07/2025

La communale (Jean L'Hôte)

La communale.jpgPendant l'entre deux guerres, à Lunéville, en Lorraine, le petit Jean est élève de l'école communale que dirige son père et où sa mère est institutrice de la classe de cours préparatoire. Etre écolier dans la classe dont le maître est son propre père n'est pas de tout repos. Jean se doit d'être exemplaire. Il a droit à plus de sévérité et à plus de punitions que ses camarades. Il ne faudrait pas qu'il passe pour le chouchou. Il a même droit à des devoirs supplémentaires, des rédactions qu'il doit préparer dans la cuisine et sur lesquelles il sèche désespérément. Bien que très directif et pas mal à l'ancienne, son pédagogue de père aime pratiquer des « leçons de choses » basées sur des observations sur le vif ou sur le terrain, toutes très concrètes et très instructives. Ainsi, quand il est le premier du quartier à s'offrir une automobile, une rutilante Peugeot 201, il en fait le sujet de sa leçon du jour sans imaginer que celle-ci va mener à une catastrophe imprévisible et même à une véritable perte de considération chez les parents d'élèves…

« La communale » est un récit basé sur les souvenirs d'enfance de Jean L'Hôte qui fut, en plus d'un écrivain charmant, un cinéaste, un scénariste et un homme de télévision en son temps. Certains le qualifièrent même de « Pagnol de Lorraine », ce qui est tout à fait justifié tant cet ouvrage est proche par l'esprit des deux chefs d'œuvre que sont « La gloire de mon père » et « Le château de ma mère ». Même esprit, même époque, même description d'un autre monde, solidaire, poétique et tellement différent du nôtre. Et pourtant moins d'un siècle nous en sépare. Le style est fluide et agréable à lire. Les personnages sont attachants et les situations très souvent amusantes et traitées avec humour, en particulier tous les développements sur cette fameuse voiture qui révolutionne tout le quartier et entraine la petite famille dans des aventures picaresques auxquelles elle n'était pas tout à fait prête. Un ouvrage qui mérite le détour ne serait-ce que pour découvrir ou redécouvrir le charme d'un monde disparu…

4,5/5

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13/07/2025

Le veuf joyeux (Pierre Daninos)

Le veuf joyeux.jpgChirurgien-dentiste en retraite, Lucien Jarozeau constate à sa grande stupéfaction qu'au lieu d'être éploré par la perte d'Iris son épouse, il est plutôt satisfait et presque heureux de sa nouvelle condition de veuf. Pourtant sa femme était douce, aimante et compréhensive et n'avait rien de la mégère acariâtre. Dans l'espoir d'obtenir une explication pour cet étrange état d'esprit, il décide de consulter un psychiatre puis de voyager sur le « Queen Elizabeth II », dernier paquebot transatlantique. Aux États-Unis, il retrouve une jeune collègue, Sue, férue de tout ce qui est français, avec laquelle il a partagé ses travaux de recherche sur l'évolution de la troisième molaire à travers les siècles. Il la ramène en France pour un nouveau départ.

« Le veuf joyeux » n'est pas vraiment un roman au sens classique du terme, mais plutôt une suite d'observations, de portraits et de descriptions de comportements divers. Il n'y a pas vraiment d'intrigue, si ce n'est que très vaguement esquissée. Ainsi le lecteur attend-il en vain le récit de la visite chez le psychiatre ou celui de ses retrouvailles avec Sue. Avec son style inimitable fait d'humour, de drôlerie et de légèreté, notre moraliste espiègle passe d'un sujet à un autre, d'un personnage à un autre. Il se moque de nos travers, de nos manies, des modes idiotes et réussit même le tour de force d'accumuler les poncifs et autres termes convenus ou à la mode pour en démontrer la plus complète absurdité. Le lecteur rit et sourit beaucoup en se lisant cet ouvrage un peu ancien (il date de 1981), mais pas si démodé que cela au bout du compte. Le snobisme, les modes idiotes, les sottises ou barbarismes n'ayant fait que croitre et embellir au fil des ans…

4,5/5

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09/07/2025

888 (Pierre Jovanovic)

888.jpgLuther doutait de la réelle présence de Saint Pierre à Rome. Les rabbins sont persuadés que le Christ n'est en aucun cas le Messie et donc qu'il faut hâter la venue du leur. Ils ont longtemps cru que le rabbin Schneerson était le véritable Mashiah (Messie), celui qu'ils attendaient depuis la nuit des temps. Malheureusement ce saint homme est décédé en 1994 et n'est toujours pas ressorti de sa tombe. Vrai Dieu et vrai homme, Jésus-Christ avait la connaissance totale de l'avenir. Il décida de changer le nom de son principal disciple Simon et non celui de tous les autres. Il le rebaptisa « Pierre » en le gratifiant de cette parole un brin sibylline : « Tu es Pierre et sur cette pierre, je bâtirai mon Eglise ! » Et voilà que vingt siècles plus tard, des fouilles effectuées sous la basilique Saint-Pierre de Rome ont permis de retrouver la toute première nécropole chrétienne et les ossements dûment authentifiés du premier pape (1968). Et il fallut attendre l'année 2013 pour que le pape François les présente aux caméras du monde entier. L'église du Christ a donc bien été bâtie sur la sépulture de l'apôtre Pierre en respectant la tradition juive qui veut que l'on ne place jamais de fleurs sur les tombes, mais une simple pierre, preuve d'un passage recueilli…

« 888 » est un essai tentant de présenter les pouvoirs surnaturels du Christ et même ce que l'auteur qualifie d'humour noir divin. Des noces de Cana, avec l'eau transformée en vin à la marche sur l'eau en passant par la multiplication des pains, les miracles n'ont pas manqué dans la vie de Jésus. Et ils se sont poursuivis tout au long de ces vingt siècles de Christianisme. Pierre Jovanovic en donne un certain nombre d'exemples dans un style journalistique, assez factuel et facile à lire. Cela reste du domaine de la vulgarisation, mais toujours avec les références, les notes, les renvois aux sources indispensables à qui veut creuser un peu plus le sujet. Cela va des hosties consacrées qui entrent en lévitation à Lourdes au moment de la consécration, le tout filmé en direct par FR3 jusqu'aux hosties tombées à terre en Amérique du Sud et en Pologne, mises dans de l'eau et se transformant peu à peu en tissu cardiaque. Les analyses de ces fragments ont trouvé un groupe sanguin AB- (extrêmement rare) et des tissus d'ADN inconnus mais ayant subi un stress traumatique intense. Alerté, l'évêque du lieu, Monseigneur Bergoglio, futur pape François, donna l'ordre de taire ce phénomène largement paranormal. Le rôle de l'Eglise qui freine des quatre fers sur le sujet est également abordé. À notre époque, celle-ci est malheureusement plus connue pour tous ses scandales sexuels que pour son ardeur évangélisatrice. Mais le Christ ayant beaucoup d'humour, il sait se servir de lignes courbes pour écrire droit et de pêcheurs (dans tous les sens du terme) pour son œuvre. Comme chacun sait, c'est le diable qui porte Pierre et non l'inverse. Livre intéressant, voire passionnant dans la mesure où il propose une sorte d'initiation ou de mise en appétit sur un sujet essentiel qui mérite de nombreux développements plus poussés.

4,5/5

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28/06/2025

La Vendée de la mémoire (Jean-Clément Martin)

La Vendée de la mémoire.jpgEn 1800, Napoléon est assez perplexe devant les conséquences du génocide vendéen. Il dit lui-même vouloir « faire disparaître les vestiges de la guerre, voir les habitations relevées, l'agriculture prospère et les cœurs réunis par l'oubli du passé. » Il lance la création d'une ville de 10 à 15 000 habitants en lieu et place de La Roche sur Yon qui devra s'appeler « Napoléon ». (28 août 1804) alors que cet endroit n'était plus que ruines. Il tient à être présenté comme le pacificateur de l'Ouest et cherche surtout à ce que ce drame ne se reproduise plus. L'ancien bourg ayant été presque totalement incendié et ne comptant qu'une trentaine de familles, deviendra une véritable préfecture avec casernes, tribunal, théâtre et collège. Il faut également entièrement revoir le réseau routier avec des axes larges et droits pour en finir avec la guerre des chemins creux. Napoléon propose également d'indemniser (partiellement) les survivants sinistrés pour les inciter à reconstruire ou à restaurer les maisons. Quelques premiers textes décrivant les guerres de Vendée commencent à circuler sous le manteau. En 1814, les « Mémoires de Madame la Marquise de La Rochejaquelein » sont interdits de publication par Napoléon. De plus, la conscription forcée recrée un mouvement de résistance avec attaques de gendarmeries et de perceptions. Le sinistre scénario de 1793 va-t-il se rejouer ?

« La Vendée de la mémoire » est un essai historique qui porte sur les suites et conséquences du « populicide » vendéen. Il aborde la période 1800 – 2018, sans aborder le moins du monde la réalité des évènements de la Vendée militaire. Jean-Clément Martin tient à montrer comment la région a gardé le souvenir des massacres, la plupart du temps par tradition orale, de génération en génération. Il fait la recension des monuments, chapelles, calvaires et autres modestes stèles érigées en Vendée pour ne pas oublier. Il explique le rôle des associations, celui du bicentenaire de la Révolution qui célébra 1789 en oubliant les horreurs de la Terreur de 1793. Et c'est là que des historiens contestataires comme Reynald Sécher purent enfin faire entendre une autre voix jusque dans les universités. La vérité longtemps mise sous le boisseau par Michelet et tous les autres historiens « officiels » apparaissait enfin au grand jour. Martin semble presque le regretter, tout comme il fait la fine bouche devant le succès du spectacle du Puy du Fou qui attire les foules depuis des années et commença justement en voulant réhabiliter la mémoire vendéenne. Il conteste aussi l'emploi du terme « génocide ». Et le lecteur se demande bien pourquoi certaines souffrances seraient plus sacrées que d'autres. Il notera aussi que l'évaluation de 600 000 morts serait exagérée et devrait être ramenée à 220 000. Mais est-ce bien important ? Le chiffrage des victimes ne sera sans doute jamais exact. L'important reste la réalité de faits longtemps niés ou minimisés. Les totalitarismes finissent toujours mal.

3/5

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26/06/2025

Le Golem (Gustav Meyrink)

Le golem.jpgLe narrateur, qui croit s'appeler Maître Pernath et pense être tailleur de pierres précieuses et de camées, ne parvient plus du tout à dormir. Il rêve d'une grosse pierre lisse et glissante ressemblant à un morceau de graisse. Il vit à Prague dans une modeste ruelle du ghetto juif. Son voisin du dessous, Aaron Wassertrum est un brocanteur très laid et très curieux qui vit avec sa fille Rosina âgée de 14 ans. Pernath remarque en la croisant dans l'escalier qu'elle est trop jolie pour avoir été conçue par ce bonhomme contrefait, aux yeux globuleux et au teint de cire jaune. Ses autres voisins sont Loisa et son jumeau Jaromir sourd-muet, tous deux âgés de 15 ans. Ils vivent avec une vieille femme qui exerce la profession de laveuse de cadavres. Et voilà que Pernath rencontre Charousek, jeune étudiant en médecin, qui prétend que le brocanteur misérable est en réalité millionnaire et que son fils, le docteur Bassory n'est qu'un vulgaire escroc qui passe son temps à pratiquer des opérations du glaucome (iridectomies) qui n'ont pas lieu d'être mais qui lui permettent de s'enrichir. Mais l'étudiant prétend avoir un plan pour mettre fin à tout cela…

« Le Golem » est un roman fantastique datant de 1915 qui laisse une étrange impression lors de sa lecture. Rien n'y est défini. Tout est fluctuant, fugace, vu à travers le miroir d'une sorte de folie ambiante. Les personnages évoluent dans un monde où les rapports et les relations qui les régissent leur sont incompréhensibles, où ils sont livrés, impuissants, à des forces inconnues, comme dans un cauchemar. La vie est un mystère irrésolu, un labyrinthe dont on ne connaît pas la sortie et ce qui les y attend. Le lecteur nage en fait dans un univers pré-kafkaïen. En lisant toute la partie racontant l'interrogatoire et l'internement du personnage principal, on ne peut que faire le rapprochement avec « Le Procès », publié lui dix années plus tard. Le Golem, ce monstre de la mythologie juive, fait d'un peu de glaise, au visage lisse et au regard fixe, qui apparaît mystérieusement certaines nuits et disparaît de même, laissant derrière lui des morts inexpliqués, est évoqué sans être vraiment le personnage principal de cette histoire. La ville de Prague l'est plus avec une ambiance lourde et une description flottante elle aussi. À la fin de l'ouvrage, le quartier juif étant réhabilité, Pernath ne retrouve plus rien, pas même les personnages du début. Très inspiré de la kabbale, de la théosophie et de l'ésotérisme, ce roman fantastique et symbolique est encore agréable à lire de nos jours même s'il pose plus de questions qu'il n'apporte de réponses.

4/5

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23/06/2025

Le chant des roues (Claude Marthaler)

Le chant des roues.jpgDe 1994 à 2001, le jeune Suisse Claude Marthaler a passé sept années de sa vie dans un long tour du monde à bicyclette. Il est parti de Genève, a traversé toute l'Europe dans le but de rejoindre le Japon en passant par l'Ukraine, le Tibet et la Chine. Il aurait pu arrêter là son périple alors qu'il est arrivé au Pacifique. Mais le voyage l'appelle encore. Il transite en avion jusqu'en Alaska, ce qui lui permet de traverser ensuite les deux Amériques du nord au Sud jusqu'à Ushuaïa en Patagonie avant de remonter jusqu'à Buenos Aires. Il reprend alors l'avion pour rejoindre le Cap en Afrique du Sud. Il se lance alors dans un nouveau périple à travers tout le continent africain du sud au nord avant de revenir à son point de départ et ainsi de boucler la boucle en traversant l'Espagne et le sud de la France. Au total en sept années de voyage, il aura visité pas moins de 60 pays et parcouru la bagatelle de 122 000 km. Un vrai exploit sportif tout à fait remarquable.

« Le chant des roues » est un récit de voyage autour du monde, agréable à lire, illustré de nombreuses photos en couleur qui auraient pu être disposées de manière chronologique et de dessins très réussis de Bertrand Soulié. Ainsi le lecteur peut mieux visualiser une aventure hors norme et mesurer le courage, l'abnégation, la résilience et la ténacité dont le jeune cycliste a dû faire preuve pour arriver à réaliser cet exploit. Il fut attaqué et volé en Ukraine. On lui vola son vélo et tout son matériel en Afrique. Très souvent, il fut importuné par les douaniers et autres policiers véreux toujours à la recherche de bakchichs. De plus, il tomba plusieurs fois malade. On ne compte pas non plus les crevaisons, les pneus éclatés ou les re-soudures du cadre de son engin. Il en utilisa d'ailleurs quatre différents. Il bénéficia de l'aide logistique de sa maman et de celle d'un certain nombre de sponsors qu'il a l'élégance de citer en fin d'ouvrage. Le lecteur découvrira aussi que tous les pays ne pratiquent pas l'accueil de l'étranger de la même manière. Certains lui ouvrirent leur cœur et leur maison alors que d'autres lui lancèrent des pierres ou furent d'une indifférence glaciale. D'une manière générale, Claude Marthaler considère que l'hospitalité est inversement proportionnelle au niveau de vie des peuples. C'est toujours chez les plus pauvres qu'il a été le mieux reçu. Ouvrage intéressant qui permet de rêver un peu et de voyager par procuration, tranquillement installé dans son fauteuil.

4,5/5

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18/06/2025

Le chevalier, la femme et le prêtre (Georges Duby)

Le chevalier, la femme et le prêtre.jpgEn 1099, dans la ville de Clermont-Ferrand, le pape Urbain II vient de lancer la croisade pour délivrer les lieux saints. Il profite de son voyage en France pour réitérer la demande d'excommunication lancée par quelques évêques à l'encontre du roi de France, Philippe Ier coupable d'adultère et de bigamie. En effet, celui-ci avait voulu répudier sa légitime épouse pour s'unir par le mariage avec Bertrade, femme de son vassal, le comte d'Anjou. De plus, celle-ci se trouvait sa cousine assez éloignée, en fait tout juste la femme d'un lointain cousin, ce qui aggravait son cas. La coutume et le rigorisme religieux était très pointilleux à l'époque sur les parentés pour éviter toute consanguinité. Les recherches en ce sens étaient poussées très loin et parfois même jusqu'à l'absurde.

« Le chevalier, la femme et le prêtre » se présente comme un essai historique assez académique voire universitaire, d'une lecture un brin laborieuse. Il traite du sujet très précis des mariages et alliances dans les familles nobles et royales du nord du royaume de France pendant la période allant du Xe au XIIe siècle. L'auteur y étudie surtout les rapports entre l'Eglise et les puissants en matière de rapports amoureux. La coutume et la pratique religieuse ne s'accordent pas forcément. La position de l'Eglise d'abord rigoriste considère que le célibat et la chasteté sont à privilégier et à considérer comme les états les plus favorables à la sanctification. Peu à peu, elle évolue en assouplissant sa position. Les mœurs en font autant, de sorte que la coutume et la pratique en arrivent peu à peu à ce que nous avons connu jusqu'à assez récemment. Monogamie, fidélité des époux et bénédiction donc sacralisation du lien charnel. Cet ouvrage expose très bien les problématiques des fils cadets de famille, celles de la condition féminine, du legs du patrimoine et de tous les tours et détours pour ne pas dilapider ou morceler les biens ou pour arriver à maintenir une descendance à n'importe quel prix aussi bien pour les rois que pour les aristocrates. Ouvrage intéressant néanmoins et surtout pour les passionnés d'histoire sociale.

3,5/5

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