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28/01/2025

System Universe (SunriseCV)

System universe.jpgPassant au travers d'un portail ouvert malencontreusement par son amie Silvi, Derek Hunt se retrouve dans un autre monde où il doit se battre comme un beau diable pour sauver une certaine Allison qu'il doit prendre à bras le corps pour la balancer de l'autre côté avant que le portail ne se referme et que lui-même ne se retrouve à combattre dans l'obscurité. Après de dures échauffourées contre des entités, il réussit encore à sauver Gérard, un vieux guerrier, prêt à succomber sous les coups de plusieurs envahisseurs. Et quand lui-même tente de repasser le fameux portail, il constate qu'il est prisonnier des ténèbres, sans échappatoire possible. Il reste bloqué là pendant ce qui lui semble une éternité. Il garde cependant son arme favorite une hallebarde d'acier noir. Il finit par se creuser une brèche dans les parois, ce qui l'amène à se retrouver face à une entité de plus de trois mètres de haut qui est tout sauf amicale. Il lui fausse vite compagnie avant de se retrouver dans une autre dimension, dans une immense forêt où il rencontre Thomas un jeune garçon de douze ans qui est terrorisé en le voyant. À cet instant, Derek ressent une terrible douleur à l'arrière du crâne. Immédiatement, il s'effondre sur lui-même et tombe, inconscient, à la grande stupéfaction de Thomas…

« System Universe » se présente comme un roman de fantaisie d'un genre encore inédit en France, la « LitRPG » (contraction de littérature et de « Role Playing Game ». D'après l'éditeur, il s'agirait « d'allier les codes de l'imaginaire avec ceux de la science-fiction, du fantastique ou de la fantasy ». En effet, en lisant cet ouvrage, on a bien l'impression de se voir raconter un jeu video. L'intrigue en a toute la simplicité primaire avec son héros chevaleresque et omnipotent qui progresse de combats en combats en allant de paliers en paliers tout en vérifiant à chaque fois son statut, ses points de vie, ses statistiques de force, dextérité, endurance, vitalité et autres, ses compétences et ses trophées. Le style enlevé, vivant est fortement basé sur les dialogues et ne s'encombre ni de descriptions de paysages ni de finesses psychologiques ou sentimentales. Derek ne fait que se battre pour sa survie dans un monde hostile. Son but ultime est de devenir l'un des guerriers les plus puissants de la planète. On est donc plus près des bandes dessinées de super héros de la maison Marvel que des textes de Balzac, Dumas, Verne ou même de ceux de Lovecraft, Vance ou Tolkien. Même si le héros est une sorte de chevalier sans peur et sans reproche 2.0, ses aventures restent un simple divertissement manquant un peu de variété, d'originalité et de finesse. L'intention avouée d'amener les ados accros aux jeux vidéos à oublier un temps les écrans pour passer à l'écrit donne un peu l'impression d'une mission impossible. Une image vaudra toujours plus que cent mots…

3/5

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23/01/2025

Mémoricide (Philippe de Villiers)

Mémoricide.jpgPhilippe de Villiers ne reconnaît plus sa France, celle de son enfance heureuse dans le bocage vendéen, lui qui se présente comme boomer (quel horrible néologisme !), comme bocain et beur, car à la fois lorrain et normand du côté de son père, héros de la Résistance, et vendéen de celui de sa mère. Il vient donc d'un monde disparu aujourd'hui. Le pays en moins d'un demi-siècle a été ébranlé jusque dans ses fondations. Il dit l'avoir vu « partir par le fond ». Deux de ses murs porteurs, le pouvoir et l'entraide se sont effondrés. Même le maire ne décide plus de rien vu qu'il dépend de la communauté de communes. Le véritable pouvoir qui devrait se situer au sommet de l'Etat a été délégué aux technocrates de Bruxelles qui décident de tout, même de la taille des courgettes. La traditionnelle entraide de voisin à voisin a disparu, remplacée par la prestation anonyme de l'Etat-Providence. Et cette socialisation du risque a finalement tout désocialisé. On a déchu l'autorité paternelle et dévalué le cercle de famille. On a fabriqué une sorte d'homme nouveau, le solidaire-solitaire, un être interchangeable, un zombie sans attaches ni racines. Un ilote taillable et corvéable à merci. Pour Villiers, il faudrait remettre partout du voisinage, du local et de l'autonomie. En un mot de la souveraineté. Ne plus rien déléguer à une lointaine Commission…

« Mémoricide » est un essai magnifiquement écrit, plein d'intelligence et de lucidité. Cela aurait pu être un pamphlet, c'est un hymne à la France éternelle, à ses véritables valeurs, à son passé glorieux,un hommage à tous ses grands personnages. On retrouve d'ailleurs au fil des pages, Clovis, Saint Louis, Jeanne d'Arc et tant d'autres qui, dans des moments dramatiques de notre Histoire de France ont illustré à leur manière le constat de Bouvines : « Tout est perdu… Tout est sauf ! » En effet, le tableau de notre réalité actuelle est assez calamiteux. Le réquisitoire brossé avec intelligence et humour est sans appel. Il va de la mémoire pénitentielle avec cet alchimiste, ce Mozart de la finance, ce petit banquier fabriqué de toutes pièces par la grâce de médias enamourés qui a complètement plombé son mandat, à la journée ordinaire du « citoyen décarboné » en passant par la grande infiltration où se distinguent déjà toutes sortes de signaux de la partition naissante. Il constate avec tristesse que le serment d'Hippocrate qui avait tenu vingt-cinq siècles a été abrogé d'un coup de seringue par Big Pharma, que la corruption a détruit nos campagnes, que le sens du travail bien fait s'est perdu, que le pape s'est mué en président de l'ONG « Cathos sans frontières », que la république des juges a subrepticement pris le pouvoir et que toute l'Europe est lentement mais surement en train de sortir de l'Histoire des peuples. Le réquisitoire est terrible et difficile à contester à moins de tordre le cou à la réalité. Le lecteur parvenu au trois quart de sa lecture espère que le sage vendéen le gratifiera d'une potion magique qui nous permettrait de sortir de ce marasme. Villiers ne lui en offrira aucune. Il a mieux dans sa besace : une troisième partie d'une centaine de pages où il décrit toute une série d'évènements historiques calamiteux de l'Histoire de France où l'on crut que tout était perdu et où notre vieux et vaillant pays est parvenu à trouver l'énergie suffisante pour repartir d'un meilleur pied. Mieux qu'un espoir, une espérance… Magnifique ouvrage à lire, relire et méditer.

4,5/5

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18/01/2025

Rebarbe à Campagnol (Christian Combaz)

Rebarbe à Campagnol.jpgDans le village imaginaire de Campagnol, quelque part dans le Sud-Ouest profond, on rencontre une belle brochette de personnages hauts en couleurs comme Bernard l'ancien moine guérisseur par imposition des mains et sa gouvernante Suzanne, pianiste autodidacte surdouée et soupçonnée à tort d'être lesbienne, l'abonné au « Monde », aussi conformiste que prétentieux, tellement du côté du manche qu'il est assis dessus, Hervé le programmeur génial, capable de bloquer tout le grand bazar mondial en quelques clics, Gustave le bouquiniste anarchiste, Léon le devin-médium qui calcule les racines carrées en trois secondes et a des fulgurances sur l'avenir, Vladimir, le jeune Ukrainien arrivé au village à six ans avec sa mère, Christiane, la psychiatre, chassée de l'hôpital pour avoir refusé l'injection, Maud, la tenancière de boîte de nuit sur la côte Languedoc, près des lieux où la pseudo-élite vient s'encanailler, Francesca, la silencieuse, le baron de Rainart, ancien des services spéciaux et habitué des conseils d'administration et des cabinets de secret « défense » et son neveu Martial, polytechnicien ivrogne, tous ayant déjà leur rond de serviette dans la célèbre saga video hebdomadaire qui débuta sur TVL, se poursuivit sur YouTube et perdure malgré la censure sur Odyssée. De « nouveaux personnages » viennent s'y ajouter, dont un certain Herbert Héry, ancien légionnaire, violent, limité mentalement, drogué, obsédé par le mal et les robots, qui d'abord pour son bonheur, puis pour sa finale déchéance, ressemble trait pour trait à un très jeune président qui voulait « emmerder les non-vax ». Car toute cette histoire se déroule au cours de l'épisode grotesque et néanmoins tragique de la crise sanitaire…

« Rebarbe à Campagnol » se présente comme une charmante, truculente et roborative chronique villageoise. Le style est tellement vif, enlevé et de qualité que le livre ne se lit pas, il se dévore en une seule journée ! Campagnol est un microcosme grouillant de vie, que Christian Combaz étudie à la manière d'un ethnologue philosophe et moraliste. Il tire de ce petit monde en proie à toutes les folies de notre actualité, une fable, une parabole amusante tout en restant en demi-teintes. Cela l'amène à toutes sortes de conclusions et d'enseignements sur les réalités de notre pays, de notre monde et même sur des enjeux planétaires, eschatologiques voire apocalyptiques d'une tout autre échelle. Ainsi va-t-il du plus petit au plus grand et du particulier au général avec une dextérité, une clairvoyance et une intuition remarquable. Tous les personnages de ce petit monde méritent le détour. Si Herbert fait plus pitié qu'envie, l'arriviste Elsa Picq, aux dents rayant le parquet, ancienne employée de banque devenue en un rien de temps attachée parlementaire et dans la foulée députée du parti présidentiel par la grâce de la promotion canapé, relève de la caricature la plus grinçante et la plus réjouissante vu qu'elle est le parfait prototype de petites péronnelles parfaitement nulles, qui furent propulsées aux plus hautes responsabilité par le caprice du monarque républicain. L'auteur parle d'ailleurs de « réseaux de pouvoir assis sur des pratiques sexuelles ». Dans ce livre à la fois tragique et optimiste, lit-on en quatrième de couverture, « on tutoie la légende de Rennes-le-Château, on effleure le thème du Grand Monarque, on évoque Louis XVII. » Tout un programme. Les habitués de « Campagnol » apprécieront à sa juste valeur cet ouvrage brillant et sympathique et les autres ne devraient pas rater ce petit bijou d'intelligence et d'humour. Seuls les adeptes de la pensée unique, les « abonnés au « Monde », pourront faire un détour…

4,5/5

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13/01/2025

L'homme dont toutes les dents étaient exactement semblables (Philip K. Dick)

Lhomme-dont-les-dents-etaient-toutes-exactement-s_5894.jpgDans la petite ville de Carquinez en Californie, la vie est plus que calme dans les années soixante. Il y a la ferme des Mc Rae, les plus gros propriétaires terriens du coin et une compagnie des eaux tellement en faillite que toute la tuyauterie est pleine de fuite. Le réparateur ne sait plus où donner de la tête. On trouve aussi une école primaire tenue par M. Wharton qui a la passion de la recherche archéologique. Il possède même une jolie collection privée de pointes de flèches ou de sagaies indiennes. Sans oublier le docteur Terence, l'agent immobilier Leo Runcible marié à une épouse alcoolique et le peintre Dombrosio, marié à Sherry, jolie jeune femme issue d'un milieu nettement plus favorisé que son mari. Dombrosio se rend chaque jour à Los Angeles pour y travailler avec une Alfa-Roméo, dont il est très fier, mais qui détonne un peu dans le décor. Tout ce petit monde va se retrouver dans les turbulences quand Runcible ratera une importante vente immobilière, quand son acheteur lui demandera s'il y a des personnes de couleur dans le quartier. Léo rétorquera qu'il n'y en a jamais eu et qu'il n'y en aura jamais. L'autre lui répond qu'il en a vu un entrer chez les Dombrosio. Léo n'aura de cesse de vouloir se venger de Dombrosio en le dénonçant à la police quand celui-ci roulera non loin de chez lui en état d'ivresse. Il y perdra son permis de conduire et son travail en ville… Et cela n'en restera pas là…

« L'homme dont toutes les dents étaient exactement semblables » n'est absolument pas un roman de science-fiction, même pas un roman étrange et fantastique. En effet, dans l'œuvre prolifique de Philip K Dick, il est possible de trouver d'autres registres. Pour celui-ci, on serait plutôt dans le roman social, de mœurs avec un côté psychologique et sentimental non négligeable. L'intrigue est bâtie un peu bizarrement. Il faut plus de la moitié du livre pour simplement présenter les personnages, tous assez peu sympathiques, en particulier les deux couples, fort mal assortis, qui se déchirent, se chamaillent à longueur de pages et de dialogues d'une assez lassante banalité. L'histoire proprement dite ne démarre qu'au deux tiers de la narration avec la découverte d'un crâne bizarre qui s'avère vite n'être qu'un faux et non la découverte archéologique du siècle. Du coup, l'intérêt déjà assez peu titillé, retombe immédiatement. Et cela ne s'améliore pas avec la fin quelconque et qui tombe complètement à plat. Le lecteur est presque soulagé d'en avoir fini avec ce pensum. Ce titre, déjà loin d'être un des plus marquants, est surtout un des moins réussis de l'auteur, toutes catégories confondues. Bien que très fan de cet auteur, on est obligé de conseiller de faire un détour pour éviter celui-ci.

2/5

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08/01/2025

Aventures de trois Russes et de trois Anglais dans l'Afrique australe (Jules Verne)

Aventures de trois russes et de trois anglais.jpgEn janvier 1854, sur le fleuve Orange, à la hauteur des chutes de Morgheda, l'astronome britannique William Emery accompagné de Mokoum, bushman métis qui doit lui servir de guide, attendent le reste d'une expédition. Celle-ci finit par arriver à bord d'un petit bateau à vapeur. Elle comprend le colonel Everest et Sir John Murray, plus chasseur que scientifique, ainsi que trois savants russes, Mathieu Strux de l'observatoire de Poulkowa, Nicolas Palander de celui d'Helsingfors et Michel Zorn de celui de Kiev, tous les six en mission pour le compte de la reine d'Angleterre et pour celui du Tsar de toutes les Russies. Le but de l'expédition consistera à mesurer l'arc de méridien de l'Afrique australe. Il leur faudra donc s'enfoncer toujours plus loin dans des contrées sauvages, quasi désertes et fort mal connues car à peine découvertes par le docteur Livingstone. La première difficulté consistera à passer le site des cascades. Avec la dizaine de matelots et les nombreux bushmen qui les accompagnent, ils devront démonter entièrement la chaloupe, mettre le moteur, l'hélice et toutes les pièces sur des chariots tirés par six buffles, amener le tout sur le cours supérieur du fleuve, reconstituer le puzzle avant de remettre la chaloupe à l'eau et poursuivre la navigation. Ils commencent des prises de mesures qu'ils souhaitent plus précises encore que celles des Français entre Paris et les Baléares. Mais un jour, quand ils découvrent à la lecture d'un journal que la guerre a été déclarée entre l'Angleterre et la Russie, ils décident de se séparer. Et ce n'est que le début des difficultés de cette équipée scientifique plutôt originale…

Comme son titre l'indique, cet ouvrage est un récit d'aventures, sans doute inspiré de faits réels. Les descriptions de paysages sont nombreuses, minutieuses aussi bien pour la faune que pour la flore. De nombreuses pages sont consacrées aux explications techniques du travail de ces géomètres un peu particuliers. Les notions de trigonométrie, de triangulation, de points géodésiques et autres peuvent facilement lasser un lecteur même de bonne volonté tant le niveau technique et mathématique semble élevé pour le béotien moyen. Les « aventures » de ces six savants sont émaillés d'incidents et de rebondissements auxquels on s'attend quelque peu. Palander, le savant Cosinus de la bande, se perd dans le bush, tellement son esprit est occupé par ses calculs. Il se fait même voler tous ses calculs par une bande de singes macaques. Sans oublier la classique attaque des affreux Makololo, tribu aussi sauvage que pillarde, dont les Anglais viennent à bout à plus de dix contre un et surtout à l'aide de généreuses rafales de mitrailleuse ! Nous sommes au temps de la colonisation fraîche et joyeuse, où on ne craint pas de chasser le gibier abondant, d'allumer des incendies pour se frayer un passage et de liquider tout opposant ou ennemi sans le moindre état d'âme. Pas le plus connu des ouvrages de l'immense Jules Verne et pas le meilleur non plus…

3/5

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03/01/2025

Empire colonial et capitalisme français (Jacques Marseille)

Empire-colonial-et-capitalisme-francais--Histoire_6716.jpgPendant des années, Jacques Marseille a travaillé sur la question de savoir si l'empire colonial français a plus rapporté d'argent à la métropole qu'il ne lui en a coûté. Se fiant au départ aux analyses de Lénine qui considérait le colonialisme comme la suite logique en forme de fuite en avant du capitalisme, Marseille a d'abord considéré que celle-ci avait été favorable au colonisateur au détriment du colonisé. Mais au fil de ses fort longues études, il en arriva à la conclusion inverse. La colonisation a coûté nettement plus qu'elle n'a rapporté. De 1900 à 1970, les crédits offerts par la France à ses colonies pour compenser leurs déficits se sont élevés à plus de quatre fois le montant des emprunts russes et à plus de trois fois celui des aides américaines à le France de 1945 à 1955. Outre ce qu'elles ont coûté, on peut se demander à quoi elles ont servi, quelle fonction elle ont assumée dans la croissance et les transformation structurelles du capitalisme français. Elément moteur ou frein de cette dynamique ?

« Empire colonial et capitalisme français » est un essai économique et historique majeur sur une question qui fait controverse, certains restant focalisés sur le prétendu pillage des ressources du tiers monde. Cet ouvrage est une somme, un gros pavé de 682 pages, de lecture souvent laborieuse, largement pourvu en graphiques et autres statistiques. Le lecteur croule sous les chiffres et les citations. Le lecteur y apprendra que le marché colonial qu'il fallut souvent soutenir face à la concurrence internationale fut inutile et même encombrant dans la mesure où il contribuait à freiner la modernisation de l'appareil productif français. Pour que cette colonisation fut vraiment bénéficiaire à la métropole il eut fallu se contenter de comptoirs commerciaux, sans véritable mise en place d'infrastructures lourdes et coûteuses, telles les routes, chemins de fer, hôpitaux, écoles, etc. Dans l'AOF (20 millions d'habitants à l'époque), la France employait beaucoup plus de fonctionnaires européens qu'il n'y en avait dans les Indes britanniques dix fois plus peuplées. Il faut dire que l'esprit socialiste du colonialisme des années 1880 à 1930, celui de Jules Ferry et autres se voulait généreux et émancipateur. Les Britanniques, eux, parlaient du « fardeau de l'homme blanc » (Kipling). Bouquin un peu aride, mais intéressant quand même.

3,5/5

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29/12/2024

Le livre noir de l'industrie rose (Laurent Guyénot)

Le livre noir de l'industrie rose.jpgLa délinquance sexuelle n'est pas réservée aux seules couches défavorisées de la population. Elle englobe toutes les classes sociales et tous les niveaux culturels. Cette criminalité sexuelle, récemment venue au premier plan de l'actualité avec la sordide affaire Pélicot, est en constante progression depuis des années. Elle est en rapport direct avec l'explosion des contenus pornographiques de plus en plus disponibles sur le net et un peu partout (publicités, cinéma mainstream, télévision, littérature). Aux débuts de cette expansion, à l'époque du film « Emmanuelle » en France et de « Deep Throat » aux Etats-Unis, nombreux étaient ceux qui faisaient une subtile distinction entre érotisme et pornographie. Mais au fil du temps et à mesure que la pornographie « soft » est devenue de plus en plus « hard », c'est-à-dire plus violente et plus suggestive, il devint de plus en plus difficile de faire la différence entre les deux. Le premier contient toujours un élément plus ou moins important de transgression. Il semblait même acceptable au milieu de l'autre siècle qui découvrait une certaine forme de « libération sexuelle ». La pornographie, elle, n'est que transgression contre la morale et contre la personne humaine, niée dans son intégrité et réduite à ses seuls organes sexuels. Et dans le même temps, on a pu constater une recrudescence des agressions sexuelles, des viols en réunion ou non et de la pédo-criminalité. Difficile de ne pas faire le lien entre les deux…

« Le livre noir de l'industrie rose » est une étude sociologique bien menée mais qui date un peu (années 2000). Pourtant, il reste totalement d'actualité. La situation actuelle a juste encore empiré par rapport à ce que décrit Guyenot. Il s'agit d'ouvrir les yeux sur la puissance de conditionnement des images de violence sexuelle et sur l'immense danger de leur banalisation. Dans sa conclusion, il appelle à faire le lien entre pornographie et criminalité, ce que d'aucuns récusent encore aujourd'hui. Même certaines féministes qui restent encore bien timides sur le sujet. Dans cet ouvrage bien écrit et facile à lire, le lecteur découvrira bien des aspects de cette triste affaire comme la réalité sordide des tournages de films X, la valorisation progressive des écrits de Sade ou le fait que le tourisme sexuel rapporte la bagatelle de 3 milliards de dollars par an à la Thaïlande, soit 60% de ses recettes touristiques. Dans ce pays, 20 000 enfants sont enlevés sous divers prétextes à leurs parents ou même kidnappés chaque année. Ils sont séquestrés, battus et violés avant d'être mis à la disposition des touristes dans les hôtels de Bangkok et Pattaya. Et bien d'autres pays sont touchés par ce fléau comme les Philippines, la Tunisie, le Maroc et maints pays d'Afrique noire. Un dossier toujours aussi brûlant…

4,5/5

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26/12/2024

La diététique du Tao (Philippe Sionneau & Richard Zagorski)

La diététique du Tao.jpgSelon les théories de la diététique chinoise, tous les aliments ont des vertus particulières susceptibles d'avoir une action sur l'organisme et d'agir en cas de maladie. Ainsi le Tao rejoint-il la célèbre prescription d'Hippocrate : « Que l'aliment soit ton seul médicament ! ». La diététique représente donc un des piliers essentiels de la médecine chinoise tout autant que la phytothérapie, l'acupuncture, les moxibustions ou les massages. « Celui qui ne sait pas manger, ne sait pas vivre », disait, il y a fort longtemps, Sun Si Mao. Notre alimentation doit reposer principalement sur les légumes et les céréales accompagnées d'un peu de viande et/ou de poisson. Il faut éviter toute nourriture industrielle, tout produit raffiné, transformé, bricolé à grands coups de colorants, gélifiants, et autres édulcorants. Ne manger ni sucre (sous quelque forme que ce soit, vu que celui-ci est présent un peu partout), ni laitages (le lait de vache, destiné à la croissance du veau, contient des hormones qui peuvent être nocives à l'homme). Il ne faudrait aussi ni manger ni boire froid car cela perturberait le métabolisme de la rate…

« La diététique du Tao » se présente à la fois comme un essai et comme un guide d'information et d'initiation. La partie théorique est un peu laborieuse à lire. La partie « pratique » est plus intéressante. Le lecteur y découvrira que bien des principes de santé prônés depuis l'Antiquité en Occident se retrouvent dans cette sagesse orientale millénaire et réciproquement. Pour nous maintenir en bonne santé, il nous faut éviter le « déséquilibre des saveurs » (nourriture trop salée, trop sucrée alors qu'il y a 5 saveurs), les excès d'aliments froids, ceux de graisses animales et végétales saturées, les excès de viandes en général, ceux de produits raffinés et ceux d'aliments dévitalisés (conserves, surgelés, passage au four à micro-ondes). La cuisson doit être douce et courte, plutôt à la vapeur ou au woke, le court-bouillon faisant passer les vitamines et les nutriments dans l'eau de cuisson. Livre intéressant à titre d'initiation ou d'introduction. Il faudra en lire d'autres pour mieux creuser la question. Une bonne bibliographie en fin de volume y aidera.

4/5

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21/12/2024

Philip Kindred Dick et le grand reset (Tetyana Popova-Bonnal)

 Philip Kindred Dick.jpgL'œuvre du prolifique auteur américain de science-fiction n'en finit pas d'étonner ses lecteurs. Ses 44 romans et ses 121 nouvelles, écrites entre les années 50 et 80 de l'autre siècles regorgent de visions d'un avenir totalitaire, dystopique et inquiétant. Cet immense écrivain y explore diverses questions philosophiques et sociales telles que la nature de la réalité, la perception, la nature humaine et l'identité, et y met généralement en scène des personnages luttant contre des éléments hostiles tels que les réalités alternatives, les environnements illusoires, les sociétés monopolistiques, l'abus de substances, les gouvernements autoritaires, sans oublier l'altération des états de conscience. Il est considéré comme l'une des figures les plus importantes de la science-fiction du 20e siècle. Avec le recul dont ils disposent aujourd'hui, ses lecteurs découvrent qu'il fut une sorte de visionnaire, un Jules Verne américain désabusé qui imagina, un demi-siècle en avance, un grand nombre d'artefacts, d'engins ou de situations qui n'existaient pas à son époque et qui sont la réalité de la nôtre. D'où l'intérêt de ce genre d'ouvrage de recension exploratoire.

Il s'agit en fait d'une étude purement littéraire de l'œuvre de Philip K. Dick. L'auteure procède par thèmes : le simulacre, les médias, la crise du logement, les univers personnels, la crise des couples, les élites devenues folles, la police, bras armé de celles-ci, le fantôme de la guerre, les animaux, les réalités parallèles, l'importance de l'atmosphère musicale, etc. Elle met beaucoup l'accent sur la recherche de la foi, les influences mystiques et les visions christiques de l'auteur. Il y a en effet un aspect eschatologique et apocalyptique dans de nombreux textes. (Apocalypse signifiant aussi bien « fin du monde » que « révélation »). Même si l'auteure fait montre d'une excellente connaissance de l'œuvre étudiée, même si son écriture est fluide et agréable, on reste quand même avec une impression d'inachevé et même d'insuffisamment développé. Ainsi en est-il du « Grand Reset » (promis dans le titre mais à peine esquissé), de la vie amoureuse de l'auteur, de ses addictions et de sa psychologie très particulière. Mais sans doute aurait-il fallu plus que les 120 pages en question pour aller au fond des choses. À noter, une courte et fort intéressante présentation des principaux romans et des plus importantes nouvelles, ce qui peut inciter certains à aller plus loin dans les lectures. Un regret cependant : trop de fautes d'orthographe ou de français et trop de coquilles gâchent un peu le plaisir du lecteur.

3,5/5

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18/12/2024

La diplomatie par le mensonge (John Coleman)

La diplomatie par le mensonge.jpgDepuis plusieurs siècles, les banquiers de la City de Londres et leurs homologues de New-York, nommés par l'auteur « Club des 300 », n'ont eu de cesse de vouloir accaparer toutes les richesses du monde en provoquant des guerres un peu partout, des révolutions, des renversements de gouvernements et des assassinats de personnages gênants. Ainsi en fut-il de toutes les guerres et révolutions du Mexique pour parvenir au contrôle du pétrole et de la sanglante guerre des Boers pour s'assurer la mainmise sur l'or et les diamants du Transvaal. À cette occasion, les Britanniques inaugurèrent la pratique du camp de concentration où ils internèrent des dizaines de milliers de femmes et enfants boers et les y laissèrent mourir de faim et de maladies. Ils avaient inventé le camp d'extermination et surent en refiler la paternité aux nazis. Puis en 1914, Lord Kitchener, après avoir liquidé les dernières poches de résistance boers d'Afrique du Sud, a poursuivi sa mission en Palestine cette fois. Avec son agent, Lawrence d'Arabie, il a pour but de débarrasser la péninsule arabique et le Moyen-Orient de la présence turque. Pour pouvoir se servir de la puissance des armées arabes, il leur promet solennellement de ne plus autoriser la moindre immigration juive en Palestine. Il sait pertinemment qu'il ne tiendra pas parole. Quand Lawrence d'Arabie s'aperçoit de la supercherie, il menace de faire un scandale. Peu après, il est victime d'un accident de la route « providentiel » pour le Cartel. Et les exemples de cette diplomatie par le mensonge et la perfidie sont nombreux à découvrir dans ce livre.

« La diplomatie par le mensonge » est un recueil, une compilation d'articles racontant toute une série de coups tordus, de traitrises, d'assassinats (Martin Luther King, les frères Kennedy, le pape Jean-Paul Ier et bien d'autres), de coups d'états, de révolutions et de guerres (les deux guerres mondiales, celles d'Iran-Irak, Guerre du Golfe, Serbie, Kossovo, etc.) Il s'agit toujours d'affaiblir l'adversaire, de le saigner à blanc pour mieux s'emparer ensuite des richesses de son sous-sol ou autre. Le développement des « Sept Soeurs », le cartel anglo-saxon des pétroliers mené par les Rockefeller est particulièrement bien étudié. Tout ce qui s'est passé en Arabie Saoudite, la liquidation du Docteur Mossadegh puis du Shah en Iran, tout comme celle de Saddam Hussein en Irak n'ont aucune autre raison. Le format en une série d'articles amène quelques redites qui ne sont pas trop gênantes. Seul reproche : le livre date un peu car il n'aborde pas les derniers développements comme la liquidation de Kadhafi en Libye, les printemps arabes, les révolutions de couleur ou la guerre en Syrie. L'éditeur qui a marqué 2022 comme date de parution aurait pu avoir l'honnêteté de préciser qu'il s'agissait en fait d'une réédition. Cependant l'ouvrage reste intéressant d'un point de vue historique pour les révélations qu'il propose.

4/5

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