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24/02/2025

L'art de la fausse générosité, la fondation Bill et Mélinda Gates (Lionel Astruc)

L'art de la fausse.jpgEtudiant brillant et passionné d'informatique, le jeune Bill Gates se sert des ordinateurs de son université et surtout des travaux d'autres chercheurs qui tous fonctionnent selon le principe du logiciel libre et gratuit. Lui ne rêve que de breveter et de privatiser tout cela. Avec son ami Paul Allen, il crée sa société, Microsoft en juillet 1975, puis réussit à imposer un premier monopole avec le MS-DOS qui représente déjà 84% du marché des logiciels informatiques en 1984. Sans la moindre vergogne, il copie les innovations d'Apple très en avance sur lui et les intègre dans son Windows. En 1986, le voilà milliardaire et dix ans plus tard, il se retrouve l'homme le plus riche du monde. Quand il manque de rater le virage Internet, il se rattrape en phagocytant Netscape. Comme sa position de monopole devient un peu trop criante, le voilà face à la justice américaine dans un procès anti-trust retentissant qui aurait dû amener au démantèlement de Microsoft. Pour redorer une image de marque plutôt dégradée et surtout pour faire échapper une fisc une grande partie de ses immenses bénéfices, il crée sa propre fondation philanthropique. Mais qu'est-ce réellement que ce « Charity business », ce « philanthro-capitalisme » qui se mêle de tout, santé (financement de l'OMS), agriculture (il est actuellement le plus important propriétaire terrien des Etats-Unis), éducation, médias et écologie ?

« L'art de la fausse générosité » est un essai honnête et intéressant qui démontre, faits à l'appui, que cette philanthropie est plus une sorte d'escroquerie qu'autre chose. La fondation Gates soutient en fait de grosses multinationales américaines style Cargill ou Monsanto et ne distribue que les dividendes de ses investissements. Elle ne promeut que des solutions technologiques genre céréales OGM, engrais chimiques, semences hybrides et autres et n'encourage jamais les initiatives locales style agriculture paysanne, relocalisation et semences naturelles reproductibles. Le but de tout cela étant de s'enrichir toujours plus par tous les moyens comme celui de priver chaque année le trésor US de 4,5 milliards d'impôts et taxes qui pourraient également aider au développement. En fait, cette philanthropie-là fait plus de mal que de bien. Elle devrait être soumise à un droit de regard des Etats et des citoyens tant son pouvoir est grand et sa menace lourde pour la démocratie. Nous venons d'en avoir une nouvelle démonstration avec son implication calamiteuse dans la crise sanitaire. Mais le livre, paru juste avant, en 2019, n'en parle bien sûr pas. Il reste néanmoins fort intéressant ne serait-ce que pour la genèse d'un empire fondé sur le mensonge, la prédation et la corruption.

4,5/5

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21/02/2025

Point de fuite (Thomas Gayet)

Point de fuite.jpgAlix Rodin est bien décidée à devenir la première femme à atteindre le Pôle nord géographique à pied, en solitaire et en trainant une sorte de luge contenant 80 kg de matériel et de vivres. Elle sait qu'elle peut compter sur le soutien financier et logistique de Richard, patron de la société Pôle Unlimited. Son ami Sébastien, qui est un véritable aventurier, qui a gravi l'Everest, et qui a atteint les Pôles nord et sud, a de sérieux doutes sur ses capacités et sur sa préparation. Mais tant qu'elle dispose de sponsors et qu'elle garde la farouche volonté d'y parvenir, il reste à sa disposition pour l'aider dans son entreprise. La première tentative d'Alix lui permet d'ailleurs d'atteindre le pôle magnétique beaucoup plus proche. Elle y reste dix jours. Mais elle est victime d'un accident. Elle tombe dans une eau glacée, ne parvient pas à se réchauffer et tarde à activer sa balise de détresse. Résultat : elle se retrouve avec les orteils gelés. On doit l'amputer. Mais cela ne l'empêchera pas de se lancer dans une nouvelle tentative quelque temps plus tard.

« Point de fuite » est un roman basé sur une histoire vraie, celle de Dominick Arduin, authentique exploratrice polaire. Même si le lecteur reste admiratif devant le courage et la ténacité du personnage créé par Thomas Gayet, il n'appréciera pas forcément son côté mythomane relativement agaçant. Tout semble faux chez Alix depuis son nom (elle s'appellerait Rodan et non Rodin), jusqu'à ses précédents exploits (elle n'aurait jamais vaincu l'Everest ni remporté les courses dont elle se vante) en passant par sa famille soi-disant toute disparue dans un accident de voiture. Alix ment en permanence. Alix fuit vers son destin tragique en donnant l'impression de ne s'intéresser à rien ni à personne. Difficile d'entrer en empathie avec un tel personnage. La fiche Wikipedia de Dominick Arduin n'éclaire nullement sur cet aspect d'ailleurs. L'histoire reste cependant intéressante et fort bien écrite, mais presque sans dialogues. Comme la narration ne respecte pas la chronologie, elle oblige le lecteur à une certaine gymnastique intellectuelle pour reconstituer le déroulement des péripéties de cette aventure dans ces grands espaces blancs si inhospitaliers. Ce procédé faussement moderne pourrait en rebuter plus d'un.

4/5

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18/02/2025

J'ai réveillé le tigre (Sarah Marquis)

J'ai réveillé le tigre.jpgLa nouvelle expédition de Sarah Marquis a pour cadre la Tasmanie, une île située au sud de l'Australie et aux confins de l'Antarctique. Elle officie sous la houlette du très prestigieux « National Geographic » et aussi pour le compte d'un laboratoire de recherche biologique. Dans une nature hostile, elle se propose de faire des mesures et prélèvements tout au long d'un parcours qui la mènera de la pointe la plus au sud, à Cockle Creek pour rejoindre son opposé le plus au nord, Stony Point, après trois mois d'une marche à pied particulièrement difficile avec un sac de plus de 30 kg sur le dos. Cette fois, elle ne devra pas affronter des températures extrêmes, le désert, la chaleur et la soif comme en Australie, mais les pluies ininterrompues, les herbes coupantes comme des rasoirs, les buissons de plantes inextricables, une sorte de jungle sans la moindre implantation humaine. En plus de ce défi très particulier, elle part à la recherche d'un animal mythique, le tigre de Tasmanie, animal exterminé au siècle dernier. Elle ne retrouvera que la cabane près de laquelle le tout dernier représentant a été abattu. Une amie, Sandrine, comédienne de stand-up, musicienne et artiste s'est proposée pour assurer son routage, sa logistique et la gestion de tous les points de ravitaillement, car il n'y a rien à pêcher ou chasser dans ces étendues sauvages totalement inhospitalières…

« J'ai réveillé le tigre » est un ouvrage sur le thème de l'exploration et de l'aventure. Ce n'est pas un simple récit d'expédition classique et encore moins un journal de bord. Toute la première partie du livre ne raconte que les préparatifs, les motivations, les idées et considérations de l'auteur. Il faut attendre la centième page pour que l'aventure commence enfin. Et quand elle devient vraiment dramatique, vers la fin, quand Sarah Marquis fait une chute assez terrible pour s'occasionner une fracture de la tête de l'humérus et un déboitement de l'épaule, tout n'est développé qu'en quelques très courtes pages tout comme la fin de l'aventure quand elle repart avec un bras immobilisé et une poussette pour acheminer son matériel. Le lecteur reste un peu sur sa faim, même s'il demeure admiratif devant le courage de cette femme qui ose aller où personne ne va, pas même les derniers aborigènes ! L'ouvrage comporte de jolies illustrations sous forme de petits dessins jalonnant tout le texte ainsi qu'un cahier de photos couleur de très belle qualité prises par un photographe professionnel venu quelques jours la rejoindre sur le parcours.

4/5

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14/02/2025

Discordance des temps (Fabien Pesty)

Discordance des temps.jpgQuand il pleut dix jours sans discontinuer alors qu'on est en vacances à Vesoul, que faire d'autre qu'une partie de scrabble qui se termine par une rupture complètement atypique ?… Dans une famille un peu particulière, on aime organiser des procès intimes autour du repas dominical. Cette fois, celui-ci met en accusation le père, considéré comme « un gros naze ». Et comme il est à la fois juge et partie, il finit par se condamner lui-même à plusieurs jours de TIF (travaux d'intérêt familiaux)… Jocelyne Bachelot, infirmière scolaire de l'école Jacques Crozemarie, convoque une mère d'élève pour l'informer que son fils Régis, 13 ans et n'étant qu'au CM1, est atteint d'un virus particulièrement contagieux, celui de la connerie. Elle ajoute qu'il faudrait d'urgence le confiner à domicile et que toute la famille se fasse dépister car il ne serait pas impossible que l'on trouve d'autres personnes atteintes… Une société d'autoroute engage un poète pour rédiger des messages variables pour ses panneaux lumineux proposant des conseils ou recommandations du genre « Boire ou conduire, il faut choisir. » Toute la difficulté de ce travail se nichant surtout dans la rime, notre poète se lâche un peu, ce qui n'est pas trop du goût de ses employeurs…

« Discordance des temps » se compose de dix textes relativement courts et fort bien écrits, même si le discours est souvent surprenant, voire coruscant. Les quatre premiers sont de véritables nouvelles, amusantes, facétieuses et surtout bien construites car respectant les normes de cet art si difficile. Il s'agit d'en dire beaucoup en peu de pages, de proposer une véritable histoire avec un développement dramatique et surtout une fin surprenante. Fabien Pesty y parvient avec panache. Il y ajoute même une certaine poésie et un brin de folie parfois. Les six autres textes nous ont semblé moins travaillés, de simples présentations de situations ou de personnages comme dans « Et tout serait à recommencer », texte où nous voilà gratifiés de descriptions de Macron en Jupiter grandiloquent, de Poutine en tsar autocrate inquiétant et de Biden en momie endormie pas loin de la liquéfaction. Dommage que l'auteur n'ait pas développé plus. Le lecteur reste sur sa faim. Il imagine tout ce qu'on aurait pu raconter de plus sur ces trois personnages. Toutes sortes de thèmes sont abordés dans tous ces textes (les rapports humains ou amoureux ambigus, le réchauffement climatique refroidissant, le féminisme triomphant, la pandémie de connerie contagieuse, les fauteurs de guerre psychopathes), mais toujours avec l'humour vachard, féroce, grinçant de celui à qui on ne la fait pas. Un régal pour l'esprit.

4,5/5

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11/02/2025

On n'a jamais marché sur la lune, l'imposture Apollo (Aldo Sterone)

On n'a jamais marché sur la lune.jpgPourquoi depuis les missions Apollo des années 1968/70, aucun humain n'est-il jamais retourné sur la lune alors que l'informatique et la technologie ont fait des bonds de géants depuis ce demi-siècle ? Comment se fait-il que tous les échantillons de roches ramenés de là-bas se sont révélés d'origine terrestre après des analyses sérieuses alors que les Chinois et les Hindous ont pu ramener ensuite grâce à des robots envoyés sur notre satellite des roches présentant des molécules vraiment inconnues ? Et quid des ceintures de Van Allen composées de nuages de particules d'énergie nucléaire capables de percer les meilleurs blindages et donc parfaitement infranchissables pour des organismes humains ? Comment des moteurs de fusée tout justes capables d'atteindre une station spatiale en orbite basse donc située à 250 ou 300 kilomètres de la terre ont-ils pu franchir aussi facilement les 300 000 kilomètres nous séparant de la lune et surtout en revenir et grâce à quelle quantité d'énergie ? Pourquoi des analyses poussées des photos et videos de ces exploits montrent des ombres peu vraisemblables, une ligne d'horizon trop proche, une absence d'étoiles dans le ciel lunaire et toutes sortes de perspectives faussées comme si ces scènes avaient été tournées en studio par un Stanley Kubrick du pauvre tant les images sont de mauvaise qualité ? Et comment les astronautes ont-ils pu communiquer avec leur base depuis notre satellite ?

« On n'a jamais marché sur la lune » est un essai technique où l'auteur s'est donné pour but de prouver que la Nasa, pour complaire au président Kennedy lancé dans une compétition spatiale avec l'URSS, a été obligée de tromper le monde entier avec un exploit qu'elle n'était pas techniquement capable de réaliser. Toute cette affaire est calmement et efficacement démontée. Les arguments tiennent la route. Au fil des pages, le lecteur va de découvertes en découvertes. Comment cela a-t-il été possible ? Comment avons-nous été assez naïfs à l'époque pour croire à ce narratif basé sur de simples images ? Il y a de quoi ébranler bien des convictions, se poser bien des questions. Nous aurait-on menti ? Il semblerait que les Russes avec le premier vol de Gagarine dans son Spoutnick qui faisait bip-bip auraient eux aussi bidonné un peu l'exploit. Stérone en voit la preuve dans l'utilisation d'un simple parachute pour son retour sur terre. Une autre chose étrange fut l'attitude des trois premiers marcheurs sur la lune, ceux qui ont fait « ce petit pas pour l'homme et ce pas de géant pour l'humanité », Armstrong, Aldrin et Collins, lors de leur conférence de presse devant les journalistes du monde entier. On les sent gênés, évasifs et ne répondant que des banalités. Sans parler de certains aveux non présentés d'ailleurs dans ce livre intéressant et documenté qui fera sans doute bondir au plafond les adeptes de la pensée unique, les moutruches et les mougeons qui gobent tout ce que la télé leur raconte… Vivement une commission d'enquête honnête pour qu'enfin la vérité éclate…

4,5/5

08:50 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0)

08/02/2025

Quinze histoires d'expéditions inédites qui ont changé ma vie (Sarah Marquis)

15 histoires.jpgDans le bush australien, Sarah Marquis affamée mange des baies qu'elle ne connait pas. Elle les trouve un peu acres. Mais très vite sa vue devient floue, puis elle se retrouve complètement aveugle. Il lui faudra attendre des heures avant de retrouver une vision à peu près normale… Un jour, elle oublie son passeport dans une cabine téléphonique et repart dans le désert sans s'en rendre compte. Plusieurs jours plus tard, à des centaines de kilomètres de là, un routier arrête son convoi de bétail près d'elle et le lui rend. Il a passé des jours à la rechercher dans l'outback australien en la suivant à la trace grâce à diverses informations glanées auprès du « bush telegraph », sorte de « téléphone arabe »… En s'approchant un peu trop du bord d'une gorge, le sol se dérobe sous son poids et Sarah est entrainée dans une très mauvaise chute. Elle se déboite l'épaule et se fracture l'humérus gauche. Elle est rapatriée en hélicoptère. Arrivée à l'hôpital, le médecin qui l'examine ne comprend pas comment elle a pu supporter pareille douleur… En plein désert de Gobi, elle se retrouve affligée d'une grave infection dentaire. Elle doit être évacuée, mais le pays le plus proche ne nécessitant pas de visa et capable de gérer correctement le problème est… le Japon !

« Quinze histoires d'expéditions inédites » est plus un témoignage sur la vie d'aventurière et d'exploratrice de Sarah Marquis qu'un recueil d'histoires vraies et encore moins de nouvelles. Les petites anecdotes racontées ne sont là que pour illustrer le propos. Il s'agit d'expliquer au lecteur pourquoi on se lance dans pareilles aventures et pourquoi on relève des défis aussi fou. Et aussi comment on arrive à maitriser sa peur, à faire confiance à son intuition, à prendre des risques, à ouvrir son esprit pour mieux comprendre la nature, les animaux et les gens. Elle évoque le Kimberley infesté de crocodiles, le bush australien manquant terriblement d'eau sans oublier toutes ses rencontres avec les gens. Depuis les Mongols saouls qui la pourchassent à cheval mais qu'elle fait fuir en profitant d'une tornade de sable jusqu'à vieille Chinoise et sa bande de malfrats qui tentent de la kidnapper dans l'idée de lui faire exercer une profession tarifée en passant par les femmes Aborigènes qui la comprennent et la protègent et les Thaïs si accueillants, si serviables et si gentils… Cet ouvrage très bien écrit et joliment illustré de dessins permet d'en apprendre plus sur quelques aspects de l'exploration et peut même pousser certains à partir sur ses traces…

4,5/5

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04/02/2025

L'aventurière des sables (Sarah Marquis)

L'aventurière des sables.jpgPartie le 20 juin 2002 d'Alice Springs, Sarah Marquis s'est lancée dans un périple de rien moins que 14 000 kilomètres à pied tout autour de l'Australie en portant un sac de 30 kg. Il lui faut en effet emporter suffisamment d'eau pour pouvoir survivre dans un environnement désertique particulièrement hostile. Cette incroyable marche, véritable exploit de survie, durera 17 mois. Le bush australien fait partie de ces territoires qui ne sont pas particulièrement propices à la vie humaine. Il cache les dix espèces de serpents les plus dangereux du monde, des crocodiles qui remontent les rares rivières ainsi que des dingos qui lui ravageront sa tente en quête de nourriture. Les températures y sont extrêmes. Il peut y faire jusqu'à 50° au soleil en plein jour et – 5° la nuit. Végétarienne depuis l'enfance, pour survivre, Sarah devra chasser et se nourrir de tout ce qu'elle trouvera comme ces « witchetty grubs », gros vers blancs, parasites des rares arbres. À l'aide de sa sarbacane, elle devra également chasser tout ce qu'elle pourra (perroquets, dindes sauvages et même serpents). Sa plus grande difficulté sera de trouver des points d'eau, souvent saumâtre où s'abreuvent les troupeaux. Elle aura même recours à la récupération de rosée ou de transpiration des arbres en les couvrant d'une bâche plastique. Son frère Joël viendra également la ravitailler à cinq reprises et même la précéder en 4X4 pour lui déposer des jerrycans d'eau aux emplacements des puits à sec dans certains déserts impossibles à traverser sans cela…

« L'aventurière des sables » est le récit passionnant d'un exploit qui classe Sarah Marquis, la petite marcheuse suisse, au niveau des plus grands explorateurs comme le nettement plus médiatisé Mike Horn. Personne ne croyait à la possibilité de réussite d'un pareil défi. Seule sa famille l'encouragea. Sa mère fit même le voyage pour la retrouver sur le parcours. Son frère assura toute la logistique. Les camionneurs australiens la suivaient de loin en se demandant quel était le fou qui marchait ainsi dans cet enfer ? Ils n'imaginaient même pas que cela pouvait être une femme. Son courage exceptionnel, sa détermination sans faille fit autant l'admiration des rudes habitants du bush que des aborigènes dont elle apprécia la gentillesse. Sa plus belle rencontre fut celle d'un chien bâtard de dingo, qu'elle recueillit, qui la suivit partout, qu'elle prénomma D'Jo et qu'elle ramena non sans difficultés en Suisse. Cet ouvrage très agréable à lire, car fort bien écrit, permet au lecteur bien calé dans son fauteuil de s'évader dans de grands espaces, de partager les efforts insensés d'une aventurière partie relever un défi impossible juste pour mieux se sentir vivante (nous dit-elle). Il ne peut qu'en rester admiratif. Un joli cahier de photos en couleurs complète agréablement l'expérience de lecture.

4,5/5

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01/02/2025

Gens de Campagnol (Christian Combaz)

Gens de Campagnol.jpgLe petit monde de Campagnol, c'est la France périphérique, celle des campagnes profondes, celles des braves gens, celle de l'enfance de l'auteur, la « survivante d'un univers social où les pauvres avaient de la vertu, mais qui était en train de basculer dans un double fond historique » sous la pression des Abonnés à Canal+ ou au Monde qui occupent le terrain. Le personnage le plus emblématique en est d'ailleurs une certaine Salomé, progressiste ricanante, d'un arrivisme indécent qui s'empare de responsabilités locales pour influer sur le cours des choses, instiller écologisme, wokisme et autres coccigrues modernistes aussi inutiles que ruineuses pour les modestes finances de Campagnol. Son fils Rémi, élevé en dehors de toute religion, veut devenir prêtre. Mais sa vocation s'évanouit quand il tombe amoureux d'une jolie fille du coin. Un monastère bouddhiste établi non loin de là prospère doucement. Et il se murmure de plus en plus que le Dalaï-Lama devrait venir lui rendre visite. Tout le village est en émoi…

« Gens de Campagnol » est la première chronique villageoise parue en 2012 chez Flammarion et rééditée récemment. Les personnages sont différents de ceux des vidéos de YouTube. Ainsi, n'y trouve-t-on pas d'Abonné du « Monde », ni de Christiane, ni de Bernard et autres Léon, Gustave ou Vladimir qui apparaitront plus tard, mais un curé vivant tranquillement avec une femme depuis des années, Salomé, l'Abonnée à Canal aussi peu sympathique que son successeur, l'Abonné au « Monde », Florimond, le paysan solitaire et silencieux, qui finira tragiquement, Mounir et sa compagne, marginaux qui survivent dans une yourte en compagne d'un âne et d'une chèvre et quelques autres, tous soigneusement observés et magnifiquement décrits par la plume d'excellente qualité de Christian Combaz. Les personnages sont des archétypes, fruits de l'imagination de l'auteur qui s'est installé en 1984 dans un petit village du sud de la France et qui a pu tout à loisir observer un microcosme décrié, moqué et parfois envié par les gens des villes et les bobos ricaneurs. L'ambiance générale est assez nostalgique car ce monde est en voie de disparition sous les coups de butoir de la « modernité » triomphante. Plusieurs passages sont dramatiques comme la fin par suicide d'un couple de peintres écrasés injustement d'impôts, comme la mort d'un petit garçon atteint d'une tumeur au cerveau, sans oublier le suicide de Florimond, triste réalité du monde agricole poussé au désespoir par un pouvoir qui n'a cessé de démanteler l'agriculture depuis le temps de Pisani. On notera également une allusion aux effets du DMT, un hallucinogène de synthèse qui peut induire une EMI (expérience de mort imminente), sorte de voyage psychédélique vers l'au-delà.

4,5/5

08:54 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0)

28/01/2025

System Universe (SunriseCV)

System universe.jpgPassant au travers d'un portail ouvert malencontreusement par son amie Silvi, Derek Hunt se retrouve dans un autre monde où il doit se battre comme un beau diable pour sauver une certaine Allison qu'il doit prendre à bras le corps pour la balancer de l'autre côté avant que le portail ne se referme et que lui-même ne se retrouve à combattre dans l'obscurité. Après de dures échauffourées contre des entités, il réussit encore à sauver Gérard, un vieux guerrier, prêt à succomber sous les coups de plusieurs envahisseurs. Et quand lui-même tente de repasser le fameux portail, il constate qu'il est prisonnier des ténèbres, sans échappatoire possible. Il reste bloqué là pendant ce qui lui semble une éternité. Il garde cependant son arme favorite une hallebarde d'acier noir. Il finit par se creuser une brèche dans les parois, ce qui l'amène à se retrouver face à une entité de plus de trois mètres de haut qui est tout sauf amicale. Il lui fausse vite compagnie avant de se retrouver dans une autre dimension, dans une immense forêt où il rencontre Thomas un jeune garçon de douze ans qui est terrorisé en le voyant. À cet instant, Derek ressent une terrible douleur à l'arrière du crâne. Immédiatement, il s'effondre sur lui-même et tombe, inconscient, à la grande stupéfaction de Thomas…

« System Universe » se présente comme un roman de fantaisie d'un genre encore inédit en France, la « LitRPG » (contraction de littérature et de « Role Playing Game ». D'après l'éditeur, il s'agirait « d'allier les codes de l'imaginaire avec ceux de la science-fiction, du fantastique ou de la fantasy ». En effet, en lisant cet ouvrage, on a bien l'impression de se voir raconter un jeu video. L'intrigue en a toute la simplicité primaire avec son héros chevaleresque et omnipotent qui progresse de combats en combats en allant de paliers en paliers tout en vérifiant à chaque fois son statut, ses points de vie, ses statistiques de force, dextérité, endurance, vitalité et autres, ses compétences et ses trophées. Le style enlevé, vivant est fortement basé sur les dialogues et ne s'encombre ni de descriptions de paysages ni de finesses psychologiques ou sentimentales. Derek ne fait que se battre pour sa survie dans un monde hostile. Son but ultime est de devenir l'un des guerriers les plus puissants de la planète. On est donc plus près des bandes dessinées de super héros de la maison Marvel que des textes de Balzac, Dumas, Verne ou même de ceux de Lovecraft, Vance ou Tolkien. Même si le héros est une sorte de chevalier sans peur et sans reproche 2.0, ses aventures restent un simple divertissement manquant un peu de variété, d'originalité et de finesse. L'intention avouée d'amener les ados accros aux jeux vidéos à oublier un temps les écrans pour passer à l'écrit donne un peu l'impression d'une mission impossible. Une image vaudra toujours plus que cent mots…

3/5

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23/01/2025

Mémoricide (Philippe de Villiers)

Mémoricide.jpgPhilippe de Villiers ne reconnaît plus sa France, celle de son enfance heureuse dans le bocage vendéen, lui qui se présente comme boomer (quel horrible néologisme !), comme bocain et beur, car à la fois lorrain et normand du côté de son père, héros de la Résistance, et vendéen de celui de sa mère. Il vient donc d'un monde disparu aujourd'hui. Le pays en moins d'un demi-siècle a été ébranlé jusque dans ses fondations. Il dit l'avoir vu « partir par le fond ». Deux de ses murs porteurs, le pouvoir et l'entraide se sont effondrés. Même le maire ne décide plus de rien vu qu'il dépend de la communauté de communes. Le véritable pouvoir qui devrait se situer au sommet de l'Etat a été délégué aux technocrates de Bruxelles qui décident de tout, même de la taille des courgettes. La traditionnelle entraide de voisin à voisin a disparu, remplacée par la prestation anonyme de l'Etat-Providence. Et cette socialisation du risque a finalement tout désocialisé. On a déchu l'autorité paternelle et dévalué le cercle de famille. On a fabriqué une sorte d'homme nouveau, le solidaire-solitaire, un être interchangeable, un zombie sans attaches ni racines. Un ilote taillable et corvéable à merci. Pour Villiers, il faudrait remettre partout du voisinage, du local et de l'autonomie. En un mot de la souveraineté. Ne plus rien déléguer à une lointaine Commission…

« Mémoricide » est un essai magnifiquement écrit, plein d'intelligence et de lucidité. Cela aurait pu être un pamphlet, c'est un hymne à la France éternelle, à ses véritables valeurs, à son passé glorieux,un hommage à tous ses grands personnages. On retrouve d'ailleurs au fil des pages, Clovis, Saint Louis, Jeanne d'Arc et tant d'autres qui, dans des moments dramatiques de notre Histoire de France ont illustré à leur manière le constat de Bouvines : « Tout est perdu… Tout est sauf ! » En effet, le tableau de notre réalité actuelle est assez calamiteux. Le réquisitoire brossé avec intelligence et humour est sans appel. Il va de la mémoire pénitentielle avec cet alchimiste, ce Mozart de la finance, ce petit banquier fabriqué de toutes pièces par la grâce de médias enamourés qui a complètement plombé son mandat, à la journée ordinaire du « citoyen décarboné » en passant par la grande infiltration où se distinguent déjà toutes sortes de signaux de la partition naissante. Il constate avec tristesse que le serment d'Hippocrate qui avait tenu vingt-cinq siècles a été abrogé d'un coup de seringue par Big Pharma, que la corruption a détruit nos campagnes, que le sens du travail bien fait s'est perdu, que le pape s'est mué en président de l'ONG « Cathos sans frontières », que la république des juges a subrepticement pris le pouvoir et que toute l'Europe est lentement mais surement en train de sortir de l'Histoire des peuples. Le réquisitoire est terrible et difficile à contester à moins de tordre le cou à la réalité. Le lecteur parvenu au trois quart de sa lecture espère que le sage vendéen le gratifiera d'une potion magique qui nous permettrait de sortir de ce marasme. Villiers ne lui en offrira aucune. Il a mieux dans sa besace : une troisième partie d'une centaine de pages où il décrit toute une série d'évènements historiques calamiteux de l'Histoire de France où l'on crut que tout était perdu et où notre vieux et vaillant pays est parvenu à trouver l'énergie suffisante pour repartir d'un meilleur pied. Mieux qu'un espoir, une espérance… Magnifique ouvrage à lire, relire et méditer.

4,5/5

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