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28/11/2024

La santé confisquée (Monique & Mirko Beljanski)

La santé confisquée.jpgMonique et Mirko Beljanski, ingénieur de recherche et docteur es sciences en biologie moléculaire, ont travaillé conjointement pendant 25 ans pour l'institut Pasteur. Leur travaux et découvertes sur le cancer et le sida leur ont attiré la vindicte de leur directeur Jacques Monod tout comme celle de Big Pharma quand ils découvrirent des remèdes palliatifs. Privés de crédits et de services, ils ont dû travailler par eux-mêmes pour mettre au point des traitements qui finirent par être interdits par les autorités sanitaires. Dans cet ouvrage, ils dénoncent la mainmise des multinationales pharmaceutiques sur les organismes étatiques de santé, les conflits d'intérêts et les méthodes ubuesques ou kafkaïennes mises en œuvre par les ministres de la Santé, de l'Intérieur et de la Justice pour faire taire à jamais deux chercheurs honnêtes, détruire tout leur travail et empêcher les malades de profiter de leur découvertes. Et pourtant combien ont pu être sauvés de ces maladies grâce à leurs produits…

« La santé confisquée » est un plaidoyer en faveur de la recherche médicale libre et indépendante des laboratoires du business de la santé qui privilégie systématiquement le médicament couteux même inefficace voire dangereux au détriment du médicament peu onéreux même s'il est efficace et inoffensif. L'ouvrage publié en 1989 pourrait dater un peu, mais il n'en est rien, tant la problématique est toujours la même et sans aucun doute aggravée de nos jours comme on a pu s'en rendre compte avec la dernière crise sanitaire. La présentation des travaux et de la démarche bien qu'un peu technique reste une vulgarisation assez compréhensible pour les béotiens que nous sommes. On y aborde l'ADN, la transcriptase inverse, le problème de l'AZT ou Retrovir contre le sida (coûteux, toxique, peu de patients arrivent à le supporter et au bout du compte inefficace). La seconde partie de l'ouvrage retrace brièvement le chemin de croix que durent subir les deux chercheurs qui furent interdits de toute expression (écrits, conférences, radio, télé) qui virent leur laboratoire détruit par les gendarmes accompagné du GIGN, leur matériel et leurs produits confisqués. Le pouvoir alla jusqu'à perquisitionner chez les malades pour s'emparer de leurs médicaments et même mettre certains en garde à vue. Et pourtant, après un premier procès perdu, l'appel fut gagné, Beljanski fut reconnu comme « grand savant » et le verdict écarta toute notion de tromperie concernant les molécules. Le président Mitterrand, atteint d'un cancer très avancé en prit ce qui lui permit de terminer son second septennat, alors qu'il était à l'article de la mort. De nombreux malades pouvaient témoigner des résultats, mais cela ne suffit pas. Big Pharma eut le dernier mot et Beljanski en mourut. Heureusement, il eut la bonne idée de faire breveter et fabriquer ses produits aux Etats-Unis. Le dernier chapitre, sans doute le plus émouvant, est le dernier qui présente divers témoignages de patients guéris et reconnaissants. « Des chercheurs qui cherchent on en trouve, mais des chercheurs qui trouvent, on en cherche », disait De Gaulle. L'ennui, c'est quand on en a un, on le persécute !

4,5/5

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26/11/2024

Le temps désarticulé (Philip K. Dick)

Le temps désarticulé.jpgDans les années 50, Victor Nielson travaille dans le supermarché de sa petite ville américaine comme responsable du rayon fruits et légumes. Son épouse Margo vient le chercher en voiture en compagnie de son fils Sammy quand il a terminé sa journée de travail. De retour à la maison, ils retrouvent l’oncle Ragle Gumm qui gagne chichement sa vie grâce à ses réponses aux énigmes d’un jeu-concours proposé par un journal local. Leurs voisins, le couple Black, sonnent à leur porte et leur proposent de partager un plat de lasagnes. Ils finiront la soirée par une partie de poker. Le lendemain, Ragle invite Junie Black à venir se baigner avec lui. Elle accepte et semble même être attirée par Ragle qui sait bien que le couple bat de l’aile mais craint la réaction du mari s’il découvrait la liaison pour l’instant platonique. Mais quand il va pour s’approcher de la buvette de la plage, celle-ci disparaît soudain à ses yeux. Première étrangeté. Et un jour, Ragle apprend que s’il est toujours en tête de ses concours de devinettes, donc toujours gagnant au point qu’on en parle partout, c’est en raison d’une sorte de tricherie. Il serait le seul à bénéficier de plusieurs réponses. Deuxième étrangeté. Ragle se pose nombre de questions existentielles. Il songe à arrêter et même à partir de la maison. Serait-il en train de commencer une dépression nerveuse ?

« Le temps désarticulé » est un roman à tendance fantastique et même un peu science-fiction ou anticipation sur la fin. L’intrigue est conçue de telle façon qu’elle s'attarde beaucoup sur la vie quotidienne plutôt banale des personnages et ne bascule que vers la fin dans l’étrange, le fantastique et la science-fiction. On a même droit à une très court allusion à des voyages interplanétaires ! Le résultat final est un peu décevant. Le lecteur balance entre une forme de paranoïa possible du héros qui naviguerait sur les eaux troubles de la folie et la manipulation, voire le complot avant de plonger dans le véritable voyage temporel, lequel n’est que partiellement et insuffisamment exploité (à notre goût). Encore plus décevante est la fin qu’on ne déflorera pas pour ne pas « spoiler ». On peut quand même la qualifier d’invraisemblable avec tous ces gens qui ne sont pas ce que l’on croyait. L’ennui, c’est que quasiment rien dans ces révélations ne tient la route. On ressort d’autant plus déçu de cette lecture que le thème en était infiniment prometteur. En conclusion, cet ouvrage des débuts est loin d’être le meilleur du maître bien qu’on puisse y trouver en germes nombre des sujets de son œuvre : l’illusion, la paranoïa, la manipulation mentale, la menace atomique, le totalitarisme et les voyages dans l’espace.

3/5

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23/11/2024

Le sol, la terre et les champs (Claude Bourguignon)

Le sol, la terre et les champs.jpgMaltraités par l’agriculture classique depuis des années, nos sols ne sont plus aussi fertiles qu’avant 1918, période où les usines de munitions militaires se reconvertirent en production d’engrais chimiques. L’utilisation abusive de tous les pesticides et autres engrais détruit la microflore et toute la faune des sols dont les précieux vers de terre qui l’aèrent et toutes les autres bestioles qui l’enrichissent de mille manières. De plus, l’utilisation d’engins agricoles de plus en plus lourds compacte la terre. Les labours profonds qui exposent la terre à la pluie et au soleil sont aussi une cause de la disparition de la matière organique et de la stérilisation des sols cultivables. Il est grand temps de comprendre l’importance de la faune, de la micro-faune, des champignons et de tous les micro-organismes qui participent à la fertilité naturelle des champs. Le couple Bourguignon, ingénieurs agronomes, en appelle donc logiquement à un abandon de ces méthodes de culture sans avenir et à passer à une nouvelle gestion des sols, plus respectueuse du milieu, sans labour profond et avec semis direct sous couvert végétal, ce qui représente une véritable révolution mentale, une prise de conscience douloureuse pour un monde paysan très obnubilé par les rendements car ne parvenant plus à vivre décemment du fruit de son labeur…

« Le sol, la terre et les champs » est un essai en forme de plaidoyer pour une agriculture plus douce, plus respectueuse de l’environnement et plus qualitative. Les auteurs ne se cantonnent pas à une étude de l’érosion des sols et de leur stérilisation. Ils élargissent leur propos à tous les aspects de la ruralité. Ils déplorent que le paysan, mal conseillé, se soit transformé en « exploitant agricole », qu’il ait cédé aux sirènes de la productivité et qu’il finisse par ne produire que des aliments insipides et sans grande valeur nutritive. Une pomme sélectionnée pour sa facilité de transport et de conservation, vingt ou trente fois traitée en une saison, contient 50 fois moins d’oligo-éléments et nutriments qu’une pomme non traitée d’avant-guerre. Le consommateur a perdu en nombre de variétés (elles furent des milliers alors qu’on n’en trouve plus que quelques-unes de disponibles aujourd’hui) et surtout gagné en milliers d’additifs et polluants ingérés par la même occasion. En fin d’ouvrage, on trouve d’ailleurs un petit encart sur la recette exacte de la tarte aux cerises sous blister de supermarché. Le nombre d’additifs (E335, 243, etc.), de manipulations et de bricolages divers et variés pour arriver à fabriquer industriellement ce pauvre dessert est hallucinant ! Un livre indispensable à qui veut comprendre comment et pourquoi notre santé se dégrade autant, et pourquoi la nature souffre et finira par se venger de tous ces abus qui ne profitent qu’à une infime minorité. Il faut lire ce livre et le faire lire pour que ça change un peu dans nos champs et dans nos assiettes…

4,5/5

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18/11/2024

Les secrets d'une bonne immunité (Valérie & Denys Coester)

Les secrets d'une bonne immunité.jpgNotre immunité naturelle dépend d’un ensemble de mécanismes biologiques complexes qui permettent à notre organisme de repérer puis de combattre et rejeter les substances étrangères et les agents infectieux (microbes, virus, etc.) Notre corps peut ainsi réguler lui-même l’inflammation, ou prévenir le développement de maladies graves comme le cancer. Notre immunité est une sorte de sentinelle, de vigile qui veille en permanence pour maintenir l’intégrité et la santé de notre corps. Lequel dispose de plusieurs barrières de protection comme autant de murailles. La première est la peau, la deuxième, les muqueuses et la troisième, les cellules immunitaires avec les globules blancs dans le rôle des forces de l’ordre… Que faut-il faire pour conserver une bonne immunité ? S’alimenter correctement (« Que la nourriture soit ton seul médicament », prônait déjà Hippocrate) en réduisant drastiquement la consommation de sucre et de produits ultra-transformés. En privilégiant les bonnes graisses (noix, noisettes, amandes). En ne négligeant pas les protéines animales (viandes, poissons, œufs) et végétales (légumineuses, soja). Il faut aussi éviter les carences en minéraux, oligo-éléments et vitamines. Faire régulièrement de l’exercice, garder un bon moral, un bon sommeil et de bonnes relations sociales…

« Les secrets d’une bonne immunité » est un essai de vulgarisation médicale très complet et très aisément abordable sur un sujet qui fut négligé et même malmené lors d’une récente crise sanitaire. Le couple de médecins auteurs de cet ouvrage a voulu enrichir sa pratique avec toutes sortes de techniques douces (rejetées ou moquées par certaines autorités) comme l’homéopathie, la phytothérapie, les huiles essentielles, le yoga, la respiration consciente, les massages, la pression de points d’acupuncture, etc. Le lecteur remarquera que pour chacune de ces techniques, les auteurs donnent de nombreux conseils, « des recettes », des modes d’emplois, mais toujours précédés ou suivis de la mention de précaution obligatoire, sans doute pour éviter de passer sous les fourches caudines du terrible conseil de l’Ordre, « ne pas pratiquer sans avoir auparavant demandé conseil à votre médecin traitant ». Que ne faut-il pas faire pour bien rester sur la ligne autorisée ? C’est un peu paradoxal pour un livre qui ne parle que de prise en charge personnelle de sa santé en restant à l’écoute de son propre corps. Intéressant comme première approche.

4,5/5

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14/11/2024

Le massacre des innocents (Bernard Clavel)

Le massacre des innocents.jpgDe tout temps, les guerres ont apporté leur lot de mort, de souffrance et de destruction un peu partout sur notre planète. Si les hommes qui se battent y trouvent la mort ou la blessure, les enfants qui n’y sont pour rien, ne sont pas épargnés. Ils en pâtissent autant sinon plus. Un homme de cœur et de caractère, Edmond Kaiser, a voulu prendre ce problème à bras le corps. En 1962, il fait appel à Paul Veillon pour lui proposer de sauver un premier groupe d’orphelins abandonnés dans un camp de regroupement en Algérie. Ils seront soignés en Suisse, non loin de Lausanne, avant d’être proposés à l’adoption. Ainsi naquit l’association « Terre des Hommes ». Après les fillettes algériennes rejetées comme « enfants du péché », ce sera le tour des enfants vietnamiens brûlés au napalm en 1965, puis celui de ceux du Biafra victimes de la famine organisée, puis ceux du Bangladesh, de la Palestine, du Liban, du Cambodge martyrisé par les Khmers rouges et tant d’autres. Ce livre est le fruit de la rencontre de l’auteur avec le fondateur qui avait lui-même perdu un enfant, noyé par accident. S’il voulait « en sauver mille, c’était mille fois un, mille fois le sien », explique Clavel qui met ainsi sa plume au service d’une très belle cause.

« Le massacre des innocents » n’est ni un témoignage, ni un reportage, ni un récit, mais un peu de tout cela. À la demande expresse du fondateur, l’auteur ne peut même pas divulguer son nom, sans doute par modestie, ni raconter vraiment toute la saga de l’association. Son plaidoyer, son appel au secours en faveur de ces enfants martyrs, est présenté sous la forme d’un échange de courrier entre Kaiser et lui, le premier arpentant le terrain, dénichant les diverses horreurs des guerres, le second tentant de relayer cette action par sa plume alerte. Mais parfois les mots sont faibles aussi bien à faire partager la grandeur d’âme des médecins qui soignent bénévolement ces malheureux ou celle des parents adoptant qui redonnent le sourire et l’envie de vivre à des enfants récupérés aux portes de la mort que pour montrer certaines souffrances comme celles des brûlés au napalm américain, des lépreux rejetés de partout, ou celles de ce petit Africain pendu par les mains à un arbre qu’il fallut amputer à cause de la gangrène. L’ouvrage se termine par une compilation de courriers d’enfants ou de parents, appelant au secours ou remerciant « Terre des hommes ». Un véritable cri du cœur qui ne laissera personne insensible.

4/5

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11/11/2024

Le monde comme il me parle (Olivier de Kersauson)

Le-monde-comme-il-me-parle.jpgEquipier puis second d’Eric Tabarly sur plusieurs de ses Pen-Duick dans les années 60/70, Olivier de Kersauson est devenu ensuite capitaine sur ses propres bateaux, les ketchs Kriter II puis Kriter IV (1978) avec lequel il participe à sa première Course du rhum en solitaire. Il enchainera ensuite les courses au large, les tours du monde en solitaire et les records jusqu’en 2007/2008. Il arrête la course en mer alors qu’il est âgé de 64 ans. Il reconnaît humblement que de toutes ces années, ce qu’il a appris peut tenir sur une seule feuille de papier (et encore sur le seul recto). Après avoir été un temps chroniqueur ou plutôt participant à la télévision, il se reconvertit dans la littérature. Dans ce livre, il nous livre ses idées sur le monde, la vie, son rapport à la mer et aux autres.

« Le monde comme il me parle » est un compilation de diverses idées ou considérations personnelles à l’auteur. Il reconnaît aimer la solitude, toujours chercher à ne pas communiquer avec autrui de peur de donner des verges pour se faire battre. Il préfère l’agir au parler, se complait dans la solitude et se plait à séjourner dans le Pacifique, du côté de Tahiti plutôt que de celui de Limoges ou de Romorantin. L’ouvrage est court (150 pages), facile à lire, mais ne va pas très loin dans les confidences. Kersauson reste pudique et passionné. Il se déclare à la fois solitaire silencieux et janséniste « déconneur ». Un personnage sympathique bien qu’un tantinet égotiste qui nous propose « une formidable ode à la mer et à la vie » dixit la quatrième de couverture. Nous y mettrons juste un petit bémol : la « philosophie » de Kersauson est quand même assez proche des brèves de comptoir… À lire quand même pour quelques petits éclairs de sagsse ou perles de lucidité, semés ici ou là.

4/5

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08/11/2024

Devenir immortel et puis mourir (Eric Faye)

Devenir immortel et puis mourir.jpgUn écrivain en panne d’inspiration et toujours à la recherche de la formulation la plus limpide est dérangé par des coups frappés dans le mur de son appartement à chaque fois qu’il essaie de se mettre à l’ouvrage. Bizarrement, le logement mitoyen d’où doit venir le bruit est inoccupé… L’écrivain Franz Kafka n’arrive plus à écrire que dans le silence complet de la nuit, quand toute sa famille dort et qu’enfin rien ne le dérange plus… Vers 215 avant J-C, le premier empereur de Chine Huangdi rêve de devenir immortel. Selon une rumeur colportée par des marchands, dans une île lointaine, certains hommes y seraient parvenus en consommant un champignon introuvable ailleurs. Il envoie une grande expédition maritime dans cette direction. Mais les années passent et pas un seul bateau ne revient… De nos jours, un physicien spécialiste de l’infiniment petit est invité au Japon pour un congrès. Il cherche en vain à apercevoir le Mont Fuji-Yama, perpétuellement caché dans les brumes et les nuages. Il en est même à se demander si le site le plus célèbre du pays n’est pas un simple mythe…

« Devenir immortel et puis mourir » est un recueil de quatre nouvelles d’intérêt, de registres et de style variés. La première, intitulée « L’inachèvement » relève plutôt de l’étrange du quotidien. Elle est particulièrement réussie autant sur le fond que sur la forme avec une construction solide et une fin surprenante. « La nuit du Verdict » qui met en scène Kafka est de loin la moins réussie à notre goût. Même thème que la première, mais intrigue inconsistante. La troisième, au titre éponyme, est un petit bijou. Elle domine les trois autres. Le fantastique est amené à son meilleur avec cet empereur devenu quasi immortel de devoir attendre le retour d’une expédition devant lui apporter la fameuse potion d’immortalité. La rencontre et le dialogue avec Mao mérite le détour. La dernière, « Le mur de Planck », est plutôt une sorte de conte philosophique sur la solitude et l’éternelle quête d’un absolu inaccessible à l’homme. Au total, trois nouvelles réussies sur quatre. Donc un opus à conseiller aux amateurs du genre.

4/5

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04/11/2024

Le roi des fougères (Jean Anglade)

Le roi des fougères.jpgLe jeune Zébédée, dix ans, est l’un des six enfants de Noélise et Pamphile Lhasard, un couple de Martiniquais installés depuis peu en Auvergne. Conducteur de tramways sur la ligne Montferrand-Royat, le père, si admiré par Zébédée, a un faible assez prononcé pour le rhum blanc. Il en a toujours une bouteille dans sa cabine pour se donner du cœur à l’ouvrage. Mais un jour, un inspecteur de la compagnie de transport lui en fait le reproche et le menace de renvoi devant son fils. Voir son père humilié bouleverse Zébédée au point de le faire partir à l’aventure, droit devant lui et sans espoir de retour. Bien décidé à ne plus jamais retourner à l’école, il jette son cartable dans la rivière avant de prendre la direction du Puy de Dôme. Alors qu’il s’est assoupi en chemin, un homme barbu et vêtu de guenilles le réveille et se présente à lui sous le nom de « Roi des fougères ». Il invite l’enfant à séjourner dans son « palais »…

« Le roi des fougères » est un court roman de moins d’une centaine de pages, une « novella » très agréable à lire. Ce n’est pas vraiment un roman de terroir, même si l’histoire se situe en Auvergne dans les années 50 ou 60, mais plutôt une sorte de fable ou de conte philosophe dans lequel Jean Anglade a voulu illustrer diverses problématiques : le déracinement d’une famille où la mère se lamente d’avoir quitté son île bien-aimée et où le père s’oublie dans l’alcool et surtout la quête impossible d’une liberté totale du vagabond qui vit dans un monde imaginaire et semble même y avoir trouvé un bonheur paradoxal. Ce personnage est certainement le plus attachant et le plus intéressant de cette histoire qui finit tristement, vu que malgré sa générosité, il se retrouvera victime des apparences. Encore un bon titre du prolifique Jean Anglade !

4,5/5

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31/10/2024

Elles attigent (James Hadley Chase)

Elles attigent.jpgÀ Londres, un brave garçon, George Fraser, ancien employé de banque et maintenant placier en bouquins, a été un enfant introverti et solitaire car abandonné en bas âge par ses parents artistes itinérants. Pour échapper à un destin médiocre, il s’imagine être Bulldog Drummond, puis Jack Dempsey, le célèbre boxeur, et finalement il se voit bien dans la peau d’un tout puissant chef de gang de Chicago, amassant les dollars par millions et terrorisant jusqu’aux lieutenants du terrible Al Capone. Il se voit aussi l’idole de beautés blondes éblouissantes et magnifiquement vêtues. Il raconte ses exploits imaginaires à Ella, la femme de chambre de la minable pension de famille où il habite. En réalité, George n’est qu’un loser renvoyé de sa banque suite à des paris perdus et à des dettes non remboursées qui en est réduit à essayer péniblement de placer au porte à porte une méthode d’éducation pour un éditeur, Robinson, qui l’arnaque sur le taux de commission alors qu’il le croyait honnête et quasiment son seul ami. C’est son nouveau partenaire de travail, un certain Sydney, un affranchi plus malin que lui, qui lui ouvre les yeux. Et tout finit par basculer dans la vie monotone de Georges quand Sydney lui présente comme sa sœur une jeune et jolie personne…

« Elles attigent » se présente plus comme un roman noir ou un roman psychologique que comme un classique roman policier. Tout tourne autour du personnage de George Fraser, un prototype de gogo, de naïf, de benêt qui voudrait bien avoir l’air d’un voyou alors qu’il n’est qu’un cave, un blaireau, en dépit de sa puissante musculature, de ses histoires de gangsters sorties de films américains et même d’un Lüger qu’il n’ose pas charger de peur d’un accident. Comme il tombe amoureux au premier regard de Cora, la prétendue sœur de Sydney, celle-ci peut faire de ce pigeon son joujou et lui demander n’importe quoi. Et peu à peu, notre nigaud se laisse enferrer de plus en plus dans une histoire rocambolesque qui ne manque pas de piment tout en le menant à la catastrophe finale. Si on y ajoute le style fluide et agréable du grand romancier américain et une galerie de personnages haut en couleurs, on ne boude pas son plaisir avec cet opus qui n’a pas pris la moindre ride. Du divertissement de grande qualité.

4,5/5

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23/10/2024

L'envol des anges (Michael Connelly)

L'envol des anges.jpgÀ Los Angeles, l’inspecteur Bosch reçoit l’ordre de rassembler son équipe et de se rendre au plus vite à Grand Street, en haut de l’Angels Flight (Envol des Anges). Dans une des deux cabines de ce vénérable funiculaire, il découvre deux morts, une femme assise sur une banquette et un homme noir, couché à plat ventre sur le sol dans une mare de sang. Tous deux ont été tués par balle. La femme, technicienne de surface, s’appelle Catalina Perez. Elle se serait trouvée au mauvais endroit au mauvais moment, seule dans la cabine, en compagnie du célèbre avocat Howard Elias, grand défenseur des droits civiques et de la communauté afro-américaine, s’étant taillé une réputation de spécialiste de la poursuite en justice de flics ayant dépassé la ligne rouge. À chaque procès gagné, il obtenait de la municipalité une rétribution conséquente. Ainsi a-t-il déjà pu présenter une note d’honoraires de 340 000 dollars dans un procès engagé par un cambrioleur mordu par un chien policier et en obtenir la moitié. Il y a donc de fortes chances que assassin de cet avocat soit un des collègues de Bosch…

« L’envol des anges » est un roman policier à l’américaine, aux frontières du roman noir et du roman social. Michaël Connolly s’attaque à la fois aux violences inadmissibles de flics aussi racistes que ripoux, mais également à la pédo-criminalité en ne se contentant pas d’aller dans le sens de la pensée unique, mais en montrant également les dérives et travers de la défense des droits civiques avec cet avocat idolâtré par sa communauté, mais parfait profiteur du système d’une certaine façon. Le lecteur pourra découvrir à quel point la pourriture, la déliquescence morale et la corruption sont répandues dans une société californienne en pleine décadence. Au fil de la narration, le suspense monte d’abord lentement, puis crescendo. Les cadavres s’accumulent, les scandales aussi et tout finit en apothéose quand le lecteur découvre avec horreur toutes les turpitudes d’un « Roi de l’automobile » local. C’est bien amené, plein de détails bien ancrés dans une sombre réalité. Peut-être un peu trop lent et descriptif à notre goût, surtout dans les débuts. Un ouvrage quand même intéressant, pour se divertir, mais de façon intelligente…

4/5

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