13/06/2024
Dictionnaire des emmerdeuses (Patrick Gofman)
Ce dictionnaire est un catalogue « raisonné » (précise l’auteur) des vies plus ou moins remarquables de toutes sortes de femmes. On passe de Laure Adler à Clara Zetkin, de la première représentante du beau sexe, Eve et son fruit défendu à l’une des dernières en date à la une des tabloïds, Paris Hilton, célèbre non pour son intelligence ou ses engagements sociaux ou politiques, mais pour ses frasques et caprices de fille gâtée de milliardaire dans l’hôtellerie, en passant par Eva Joly, Louise Michel, Françoise Sagan, Lady Di, Caroline Rousseau, Messaline et de nombreuses autres. En fait, le lecteur a l’impression d’un vaste fourre-tout de 681 pages où se côtoient illustres inconnues et authentiques célébrités, simples auditrices de la célèbre Macha et femmes politiques importantes comme Madeleine Albright ou Hillary Clinton ou célébrités de périodes plus reculées comme Olympe de Gouges ou Frédégonde…
Cet ouvrage assez original présente chacune de ces femmes dans une assez courte notice retraçant brièvement sa vie, ses exploits ou ses turpitudes avec un certain humour et même parfois une certaine « vacherie » (« qui aime bien châtie bien »). Ainsi apprend-on que « sainte » Clotilde, épouse de Clovis et responsable de la conversion de ce chef un brin « barbare » n’était sans doute pas aussi « séraphique » que ce que raconte sa légende. Elle n’aurait pas manqué d’une certaine cruauté. On pourra regretter que l’auteur ait ajouté à son inventaire à la Prévert des êtres légendaires ou mythique (fée Morgane), des personnages de bande dessinée (la Castafiore), des biographies d’actrices porno (Linda Lovelace et Tracy Lord) et même des associations aux financements troubles comme « Ni putes, ni soumises ». Dans cet ouvrage finalement assez polémique (toutes ces femmes sont à classer dans les « emmerdeuses, emmerdantes ou emmerderesses », selon Paul Valéry et Georges Brassens), on apprend entre autres choses qu’il y a en France 14 millions de célibataires ou veufs, plus 4 millions d’individus en couples non co-habitants pour 27 millions d’actifs et que 80% des divorces sont demandés par les femmes. Ouvrage intéressant, agréable à lire pour son ton décalé et un brin désabusé, mais qui ne plaira sans doute pas à tout le monde…
4,5/5
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09/06/2024
Rentre avant la nuit (Lisa Jewell)
Dans la petite ville d'Upfield Common (Grande-Bretagne), un jeune couple, Tallulah et Zack (19 ans), s’offre une soirée de détente au pub du coin pendant que Kim, la mère de Tallulah, garde Noah, leur nourrisson. Assez tard dans la nuit, Kim reçoit un message lui annonçant qu’ils ne rentrent pas tout de suite, car ils veulent continuer la soirée chez des amis. Kim répond que tout va bien et qu’ils peuvent y rester le temps qu’ils souhaitent. Mais le lendemain matin, les deux jeunes ne sont toujours pas rentrés à la maison. Très inquiète, Kim essaie de les appeler au téléphone. Aucun ne répond. Elle se rend alors chez Meg, la mère de Zack, dans l’espoir qu’ils soient chez elle. Mais il n’en est rien. Le barman du pub où ils ont commencé la soirée lui apprend qu’ils sont partis finir la fête dans la belle propriété des parents de Scarlett. Celle-ci lui confirme que la bande de jeunes est bien venue chez elle et que Tallulah et Zack sont restés parmi les derniers. Elle précise même qu’ils sont repartis en disant qu’ils avaient appelé un taxi. L’ennui, c’est qu’aucune des compagnies de taxis de la région n’a chargé de couple à cet endroit cette nuit-là…
« Rentre avant la nuit » n’est pas vraiment un roman policier classique, ni un thriller, ni même un roman noir. Ce serait plutôt un drame sentimental. L’intérêt ne vient pas vraiment de l’enquête en elle-même. Elle piétine tout au long des 454 pages de ce bouquin par ailleurs assez facile à lire grâce à de nombreux dialogues, un style léger et surtout de continuels allers et retours entre l’avant et l’après pour une affaire qui traine sur presque deux années. Pas non plus de fausses pistes, pas de fin surprenante et pas d’accumulation de cadavres si l’on oublie un troisième meurtre en toute fin, bâclé quelques pages, voire un brin invraisemblable d’ailleurs. Madame Jewell a préféré privilégier la psychologie, la description de sentiments, d’états d’âme de personnages assez stéréotypés et s’est complu dans une affaire de romance entre filles aussi paumées chez les riches que chez les pauvres, avec en prime des relations sexuelles saphiques qui tournent mal. Elle qualifie elle-même son style de « cosy ». On pourrait même dire « softly » voire « girly », de sorte qu’on n’est plus très loin de la fameuse « chicklit » qui a un important public dont nous ne faisons pas partie. Les amateurs de « punchy » et de « close to the bone » pourront éviter ce « jewel » (« joyau »). Clinquant pseudo qui peut agacer…
3/5
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04/06/2024
L'eau rouge (Jurica Pavicic)
Le 23 septembre 1989, dans la petite ville de Misto (Croatie), une jeune fille de 17 ans, Silva, disparaît sans laisser la moindre trace. La dernière fois que quelqu’un l’a vue ce fut lors d’une fête de village. Elle dansait avec un jeune homme qui n’était pas son petit ami habituel. Quand elle apprend la disparition de sa fille, Vesna, sa mère est effondrée. Elle reste à pleurer des heures entières dans sa chambre. Yakov, le père et surtout son frère jumeau Mate se lancent à sa recherche. La police est prévenue. Des battues sont organisées dans toute la région. En vain. Tout le monde s’interroge : A-t-elle été kidnappée ? L’a-t-on assassinée ? A-t-elle simplement fait une fugue ? Le fiancé est arrêté puis relâché sans être inquiété. Il a un alibi et a résisté au détecteur de mensonges. La famille couvre la région d’affichettes dans l’espoir que quelqu’un quelque part sait quelque chose. Et voilà qu’une jeune femme nommée Elda déclare l’avoir rencontrée le dimanche suivant alors qu’elle-même achetait un billet au guichet de la gare routière. Ainsi débute une très longue recherche qui durera la bagatelle de 26 longues années.
« L’eau rouge » est un roman policier assez particulier. Il ne se passe pas grand-chose pendant plus des trois quarts du récit d’une recherche aussi décevante qu’interminable qui amènera Mate à aller enquêter à Trieste, Graz, Barcelone, Gênes, Ljubljana et même jusqu’à Göteborg pour rien du tout. Dans cette partie de l’ouvrage, l’auteur semble s’intéresser surtout au délitement de la Yougoslavie après la mort de Tito et la fin du communisme dans les pays de l’Est et à celui de la famille de la disparue (divorces, adultère). Ce n’est que dans les tout derniers chapitres que le lecteur aura droit à la clé de l’énigme avec un double rebondissement pas particulièrement crédible qu’il ne faut bien évidemment pas révéler. Pas de plaisir particulier dans cette lecture un peu laborieuse. Pourtant cet ouvrage sans originalité particulière, sans style flamboyant ni humour ravageur, s’est vu décerner rien moins que cinq prix littéraires, ce qui interroge quand même sur la validité de ces récompenses trompeuses qui n’existent peut-être que pour soutenir le marketing.
3,5/5
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31/05/2024
Faux frère (Paul C. Doherty)
À Londres, à l’époque du roi Edouard 1er, Ragwort, ancien soldat devenu cul-de-jatte et mendiant, dort dans la rue, non loin des potences. Il est témoin de l’égorgement d’une femme en pleine nuit. Puis c’est au tour d’Isabeau la Flamande, ribaude patentée, d’être assassinée chez elle de la même manière, tout comme quatorze de ses consœurs avant elle. L’opinion publique est en émoi. Pour calmer les craintes des bourgeois de Londres, le roi Edouard charge Master Hugh Corbett de mener l’enquête, de très vite retrouver l’assassin et de le faire pendre sans attendre. Il en profitera pour surveiller les agissements de deux agents du roi de France Philippe le bel, de Craon et de Nevers, récemment débarqués dans la capitale. Aidé de son serviteur Ranulf, il découvre que les meurtres ont toujours lieu le treize de chaque mois et que les femmes ont leurs organes génitaux découpés au couteau à l’exception de Lady Somerville. Autre cas particulier : la mort louche du père Bénédict, brûlé vif dans sa chapelle, avec la clé de la porte à la main. Peu de temps auparavant, le religieux avait envoyé une courte lettre au shérif pour l’informer qu’un sacrilège allait être commis prochainement. L’enquête s’annonce difficile. S’agit-il d’une affaire de sorcellerie et de magie noire ? Le tueur est-il un psychopathe haïssant les femmes en général et les prostituées en particulier ? N’y en a-t-il pas plusieurs à retrouver ?
« Faux frère » se présente comme un roman policier médiéval comme en produit la très bonne collection « Grands détectives » de 10/18. Tout comme d’autres auteurs nous plongent dans la Chine ancienne ou d’autres civilisations exotiques, Paul C. Doherty nous propose ainsi un voyage dans l’Angleterre médiévale avec sa sauvagerie, sa cruauté, ses moines paillards, ses ribaudes et autres traine-savates. Des bas-fonds de Londres, le lecteur se retrouvera aussi à la cour d’Edouard Ier et à celle de Philippe le Bel, avec leurs ambitions, leurs rivalités et les intrigues de l’époque (conquête des Pays-Bas). C’est certainement l’aspect le plus intéressant d’un ouvrage bien écrit et très agréable à lire. Plus faible demeure le côté policier. Il ne se passe pas grand-chose avant les deux tiers du texte. L’enquête semble piétiner avant que la clé de l’énigme n'arrive sans tarder. On est loin des finesses d’une Agatha Christie ou d’un Conan Doyle. Doherty a surtout produit un travail d’historien de grande qualité, à l’exception d’un petit bémol de plus d’un siècle sur l’usage du sucre de canne en Angleterre. Et finalement, en note de fin d’ouvrage, le lecteur apprend que toute cette histoire est un fait historique authentique et que même le personnage de Corbett a réellement existé : il s’appelait John de Droxford. Étonnant non ?
4/5
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28/05/2024
Bushcraft, le guide du bovouac pour cuisiner en pleine nature (Dave Canterbury)
Vivre au plus près de la nature procure souvent un sentiment de bien-être. Pour le citadin pris entre béton et goudron, c’est toujours un plaisir et un certain dépaysement de randonner, de bivouaquer et de cuisiner quelque temps à l’extérieur. Et même de se sustenter de ce qu’il peut éventuellement trouver à disposition. Selon les saisons, quelques cueillettes sont possibles (châtaignes, glands, baies sauvages, champignons, ail des ours), mais chasse et pêche peuvent se révéler aussi réglementées qu’aléatoires. Se déplaçant à pied et ne disposant que d’un sac à dos, notre chasseur-cueilleur 2.0 se retrouve également limité par le poids qu’il peut transporter. D’où la nécessité de fabriquer, avec ce qu’il trouve sur le terrain, le matériel ou les ustensiles nécessaires à son projet. Mais quels sont ceux qu’il doit impérativement emporter, ces cinq objets de survie indispensables au bushcrafteur ? Quels habits emporter ? Quel sac à dos ? Quel matériel de couchage, de cuisine, de chasse, de pêche, etc ?
Relativement bien illustré de dessins et croquis, cet ouvrage peut être d’une certaine aide pour qui veut se lancer dans cette aventure en milieu naturel, en autonomie et en toute saison. Il fait suite à un autre titre éponyme, plus général, celui-ci s’attachant plus à la cuisine en plein air, mais présentant aussi d’autres aspects de cette discipline assez récemment venue d’outre Atlantique. Selon la définition de Wikipédia, « le bushcraft, plus rarement woodcraft, ou art des bois, est une activité de loisir qui consiste à mettre en pratique des compétences et connaissances permettant de vivre de manière agréable dans la nature, en la perturbant de façon minimale et de la manière la plus autonome possible. ». Un certain nombre de notions et de réalités restent cependant très américaines (animaux, plantes, environnement, réglementations). L’éditeur aurait pu proposer, ne serait-ce qu’en notes de bas de pages, des « adaptations » ou explications pour le public et l’environnement européen, en ne se contentant pas de simplement traduire un texte intéressant, bien écrit et sans doute très utile à qui voudra se lancer à vivre ainsi quelques jours ou plus dans la nature. À noter également la présence de nombreux « Trucs et astuces du Bushcrafteur » parfois peu connus comme ce thé d’aiguilles de pin obtenu en plongeant de jeunes pousses d’épicéa, pin, sapin ou mélèze, mais non de thuya (toxique) dans le l’eau bouillante ou comme ce filtre à eau monté avec les moyens du bord (herbes sèches, charbon de bois, cailloux et sable fin avec éventuelle adjonction d’un filtre à café en papier).
4/5
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26/05/2024
Le chemin des écoliers (Marcel Aymé)
À Paris, pendant l’occupation allemande, Michaud, et toute sa famille subissent avec patience les restrictions alimentaires. Pourtant, un matin, au petit déjeuner, lui et ses deux fils mangent sans le faire exprès, une tartine beurrée de plus que leur part. Du coup, son épouse souffrante et sa fille s’en retrouvent privées d’autant. Avec son associé Lolivier, Michaud s’occupe d’un cabinet de gestion immobilière, affaire devenue nettement moins rentable qu’avant-guerre, en raison des loyers impayés et des appartements inoccupés des Juifs enfuis à l’étranger ou déportés en Allemagne, sans oublier le million de prisonniers de guerre retenus dans des camps. Un des fils, Antoine, à quelques semaines de passer son bac, est devenu l’amant d’Yvette, femme mariée dont le conjoint est détenu en Allemagne. Trafiquant sur le marché noir de tout et de n’importe quoi comme d’une quantité phénoménale de cercueils, le jeune homme gagne déjà fort bien sa vie. Tout comme le fils de Lolivier qui lui, fait déjà partie de la pègre. Michaud a des doutes sur les fréquentations de son fils, alors que Lolivier ne se doute de rien…
« Le chemin des écoliers » est un roman social, basée sur une galerie de portraits de gens plus ou moins modestes, plus ou moins compromis avec l’occupant et plus souvent collaborateurs que résistants. Le regard malicieux de Marcel Aymé sur ses personnages est toujours détaché, mais non sans une certaine et juste sévérité. « Qui aime bien châtie bien », dit-on. Il raconte, mais ne juge pas. Le lecteur trouvera dans cet ouvrage des femmes de prisonniers qui trompent leur ennui et leur frustration entre les bras de petits jeunes ou de blonds guerriers teutons, des fortunes obtenues en un temps record grâce à des affaires louches et de petites gens en être réduits quasiment à la misère à cause des privations. Une période particulièrement difficile de notre histoire décrite avec intelligence, finesse et humanité. Le style est toujours parfait et agréable à lire avec une originalité : des notes de bas de page (parfois assez longues) pour décrire le destin, la plupart du temps tragique, de personnages complètement secondaires. Les amateurs d’Histoire, d’humour et de beau langage ne pourront qu’aimer ce charmant opus du grand Marcel !
4,5/5
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23/05/2024
Uranus (Marcel Aymé)
À Blémond, petite ville normande partiellement détruites par les bombardements anglo-américains, Archambault, ingénieur de profession, écoute sa fille Marie Anne jouer un air d’Edith Piaf au piano. Il est si fier de sa fille qu’il s’imagine que c’est du Chopin. Celle-ci s’est amourachée du fils Monglat issu d’une famille enrichie dans les trafics et le marché noir, mais résistante de la onzième heure. L’ingénieur a été contraint par la mairie d’héberger René et Maria Gagneux, couple d’ouvriers communistes et leurs quatre enfants. La cohabitation est déjà difficile, les deux femmes se disputant souvent au sujet de la cuisine. Et comme si cela ne suffisait pas, dans l’appartement déjà bien occupé, s’est ajouté un autre réfugié, Watrin, prof de maths sentencieux et un brin philosophe qui avait vu sa maison détruite dans un bombardement. C’est le temps de l’Epuration, de la chasse aux collabos. Il s’en trouve d’ailleurs un qu’Archambault, très imprudemment, autorise pour un temps à se cacher chez lui…
« Uranus » est un roman social se déroulant à une époque assez terrible, où les Français ne s’aiment plus, où l’on dénonce à tout-va, où les femmes sont tondues pour avoir eu une faiblesse avec un soldat allemand, où un milicien se retrouve sauvagement torturé en public, les yeux crevés par une petite frappe laquelle s’en prend ensuite à Léopold, brave cafetier du coin, ancien lutteur de foire et grande gueule, outrée de se retrouver, sans la moindre raison, derrière les barreaux. Le lecteur devine dès le début que toute cette histoire ne pourra finir que par un drame. Les personnages sont fort bien campés, tous pleins d’humanité. Il n’y a pas vraiment de héros, rien que de petites gens avec leurs qualités et leurs défauts. Aymé montre parfaitement que dans les périodes difficiles, ce n’est pas le courage et encore moins l’altruisme qui règnent en maîtres, mais plutôt la lâcheté, les petits calculs, l'égoïsme et le conformisme moutonnier. Très agréable à lire (même et surtout à notre époque…) ne serait-ce que pour l’intérêt historique et pour le style inimitable de l’auteur, un des très grands de la littérature française du XXè siècle.
4,5/5
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19/05/2024
Comprendre le monde actuel et le nouvel ordre mondial (Clément Moussie)
Certains croient encore qu’en France le gouvernement décide et dirige vraiment le pays. Il n’en est rien. 80% des lois de chaque pays européen sont décrétées par Bruxelles, le FMI ou la Banque Centrale de Francfort. 30 000 lobbyistes influencent en permanence les décisions du Parlement européen, du Conseil et de la Commission européenne. En France, il a été prouvé que même le Conseil Constitutionnel se trouve souvent sous leur influence. De plus, les médias de masse sont tous entre les mains d’un tout petit nombre de milliardaires (1% seulement des élites de l’Occident). Ils manipulent l’opinion à leur guise et répercutent largement le « narratif » gouvernemental. On y cherche en vain un véritable débat sur la plupart des sujets essentiels. La liberté d’expression est ainsi battue en brèche et les principes démocratiques sont menacés.
« Comprendre le monde actuel et le nouvel ordre mondial » est un petit opuscule de lecture assez facile, disponible en libre téléchargement, qui balaie un large spectre des réalités politiques et sociales de notre époque. Il s’adresse à toutes celles et tous ceux qui se posent des questions ou qui ont déjà pris conscience que le monde dans lequel nous vivons est assez différent de ce que la propagande oligarchique à jet continu impose aux opinions publiques. Le principal intérêt de cet ouvrage d’investigation réside dans les très nombreuses références qui étayent le discours et dans tous les renvois vers des sources officielles ou des sites de ré-information, des vidéos de débunkage, de révélations historiques (comme l’opération « Paperclip » qui permit aux Etats-Unis de récupérer environ 1600 savants nazis dont le célèbre Werner von Braun à la fin de la seconde guerre mondiale par exemple), d’informations politiques ou autres permettant de poursuivre les recherches et d’approfondir les sujets abordés. Un petit bémol cependant : trop de fautes d’orthographe et autres coquilles regrettables gâchent un peu le plaisir de lecture.
4/5
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16/05/2024
La chute du temple de Jérusalem (Lucien Poznanski)
En avril 70, suite à diverses révoltes du peuple juif (principalement due aux Zélotes et aux Sicaires), Titus organise le siège de la ville de Jérusalem. Le 25 mai, les Romains parviennent à s’emparer du premier rempart, puis du second quelques jours après. Ce n’est que le 24 juillet que la forteresse Antonia est enlevée. Les révoltés se retranchent dans le Temple, lieu le plus sacré de la ville. Et ce n’est que le 30 août qu’il est investi puis brûlé et finalement totalement détruit. En 135, l’insurrection de Bar Kokhba, dernier soubresaut de la révolte des Juifs contre l’Empire romain, s’achève par la soumission totale de toute la région. Les Juifs sont alors définitivement vaincus. L’empereur Hadrien transforme Jérusalem en « Aelia Capitolina ».
« La chute du temple de Jérusalem » est un essai historique facile à lire tout en restant de grande qualité. L’auteur, s’appuyant sur les textes de Flavius Josèphe, donne une très bonne présentation des évènements historiques. Il montre combien cette destruction fut cruciale pour les peuples juifs puis chrétiens. Les premiers considérèrent que Dieu les avaient abandonnés et se rabattirent sur les synagogues en pensant que le Temple ne serait reconstruit qu’à la venue du Messie. Les seconds y virent une preuve de la nouvelle alliance divine. Actuellement une mosquée s’élève à son emplacement exact et les Juifs se recueillent devant le mur des Lamentations qui n’est qu’un vestige des remparts et non du Temple lui-même. Ouvrage intéressant, même si les conséquences sociales, politiques et religieuses de cet événement auraient méritées de plus amples développements. À noter un intéressant chapitre sur l’historien juif très romanisé Flavius Josèphe, une très importante bibliographie (une vingtaine de pages d’ouvrages de référence permettant d’approfondir la recherche sur le sujet) et une chronologie bien utile également.
4/5
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08/05/2024
L'Europe buissonnière (Antoine Blondin)
Sorte d’ado un brin attardé, Muguet fut élevé et déniaisé par une jeune athlète polonaise qui lui servit de nourrice dans ses jeunes années. Un soir de beuverie, son ami Benjamin l’entraine dans un bordel, rue Chauchat, qui tient « du sous-marin, de la fumerie d’opium et du musée Gévin ». Il y rencontre une prostituée dont le visage ne lui est pas inconnu. Il s’agit de Maria Broudic, une des nounous qui l’a connu tout bébé. Cela calme immédiatement ses ardeurs… En pleine débâcle, le commandant Baptiston, dépouillé de ses bottes et de son uniforme par un rôdeur, se retrouve contraint de s’accoutrer avec les vêtements pris sur le cadavre d’une vieille femme. Ceux-ci lui semblent étonnamment lourds. En effet, ils cachent tout un trésor cousu dans les poches, les plis et les ourlets. Ce qui va permettre à Baptiston d’acheter la voiture du ministre de la météo et de filer jusqu’à Dax avec l'armée allemande sur les talons…
« L’Europe buissonnière » est un roman picaresque traitant d’une période douloureuse de notre Histoire, la seconde guerre mondiale, la débâcle, le STO et la vie dans les camps en Autriche. Le roman repose sur les aventures désopilantes de trois personnages, Muguet (sans doute un avatar de l’auteur qui se retrouva lui-même assujetti au Service du Travail Obligatoire), Baptiston et Superniel. Au hasard des chapitres, ils se croisent, se perdent de vue, se retrouvent dans des lieux improbables, au fil d’une intrigue pas très construite, mais plutôt faite d’impressions fugaces. Tout l’intérêt de ce livre, en plus du fait que c’est un document historique de première main, repose sur le style inimitable de Blondin. C’est léger, pétillant, humoristique, à la limite du déjanté, de la parodie avec pas mal d’ironie gentille. « L’esprit » français, dans toute sa singularité, dans toute sa finesse et son intelligence, n’avait rien à voir avec le « non-sense » britannique, ni avec l’humour absurde juif ou lourdingue américain. Il était unique, il était différent ; il a malheureusement disparu. Dans ce récit qui part un peu dans tous les sens, l’auteur a accumulé pour notre plus grand plaisir les situations rocambolesques et paradoxales tout en nous gratifiant de traits d’humour, de fulgurances ou de jeux de mots amusants (« Le baron Aycard de Langage » par exemple). L’ouvrage, paru en 1949 n’a pas pris une ride. C’est un véritable régal. Il faut lire ou relire Blondin !
4,5/5
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