Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

16/01/2023

Kaïken (Jean-Christophe Grangé)

Kaïken.jpgLe commandant Olivier Passan et son adjoint Philippe Delluc dit « Fifi » tentent une intervention coup de poing dans la cité du Clos Saint-Lazare de Stains (Seine Saint-Denis). Ils cherchent à obtenir un « flag », mais arrivent trop tard. Ils ne découvrent dans un hangar qu’une femme étripée avec son fœtus calciné. Guillard, le tueur surnommé « l’accoucheur », a réussi à leur échapper. Il se met à courir à travers champs. Mais Passan arrive à le rattraper, le roue de coups et manque de le jeter sous les roues d’un camion. Pour le juge Calvino du TGI de Bobigny c’est une bavure impardonnable. Non seulement Passan est intervenu sans mandat, mais en plus il n’a aucune preuve valable contre Guillard qui dispose par ailleurs d’alibis en béton. Il va pouvoir porter plainte une nouvelle fois contre le flic, mais cette fois pour agression et tentative de meurtre. Il devra donc être relâché et Passan dessaisi de l’affaire. Mais c’est mal connaître le policier que de croire qu’il va abandonner la traque aussi facilement…

« Kaïken » est un thriller des plus classiques, avec son habituel lot de crimes, de sadisme, de tortures et d’hémoglobine qui ravit tant les amateurs. Le personnage de Passan, flic rebelle et obstiné, n’a pour seule originalité que d’être admiratif du Japon, mari d’une très jolie Japonaise ex-top model et père de deux gentils métis eurasiens. L’intrigue est surprenante dans le sens où le lecteur découvre quasiment deux romans dans le roman. Jusqu’au deux tiers, on court derrière un psychopathe hermaphrodite qui veut se venger de la société en général et des femmes enceintes en particulier. Puis soudain, celui-ci disparaît en s’immolant par le feu. L’histoire aurait pu s’arrêter là. Il n’en est rien. Grangé repart illico sur une seconde affaire, celle d’une mère porteuse en train de devenir folle. Ce pavé (476 pages) de divertissement morbide qui se lit aisément, reste quand même de la littérature de divertissement pour ne pas parler de « roman de gare ». Les amateurs de japonaiseries (avec samouraï, ronins, seppuku, bushido, kenjutsu, kaïken et katana) apprécieront sans doute beaucoup cette plongée dépaysante, les autres peut-être un peu moins.

3/5

08:43 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0)

14/01/2023

Les cavaliers de la pyramide (Serge Brussolo)

Les cavaliers de la pyramide.jpgAntonus Crassus Samsala, vendeur de gladiateurs de profession, a décidé de partir en Egypte pour changer de vie et faire fortune. Et le voilà perdu en plein désert, lancé dans une course au trésor. Il doit d’abord franchir un défilé rocheux battu par des vents de sables si puissants qu’ils peuvent dépecer totalement un homme même couvert d’une peau de rhinocéros ! Puis il lui faudra trouver un obélisque aux faces couvertes de signes mystérieux qui pourraient lui servir pour la suite à condition d’arriver à les faire traduire. C’est un gladiateur mourant qui lui a révélé l’existence d’une pyramide pleine d’or enlisée dans des sables mouvants et toujours inviolée. L’ennui c’est que les premiers indices gravés sur l’obélisque ont été complètement effacés par l’érosion. Mais seule une jeune vierge aveugle appelée Tanita aurait la possibilité de les imaginer en les effleurant de ses doigts hypersensibles…

« Les cavaliers de la pyramide » n’est pas vraiment un « thriller antique » comme l’annonce la quatrième de couverture, mais plutôt un roman de fantaisie ou d’aventures historiques, tant le fantastique l’emporte sur l’historique. Le lecteur devra mettre cartésianisme et amour de la vraisemblance au vestiaire s’il veut vraiment profiter de ce roman bizarre et tout à fait charmant, plein de rebondissements, de situations abracadabrantes et de personnages hauts en couleurs comme cet improbable couple composé d’un cul-de-jatte fort comme un Turc, prénommé Shagan, et une géante ou femme-jument, Junia, qui a la particularité de souffrir du syndrome de la mante religieuse c’est-à-dire de se sentir obligée de dévorer le mâle, histoire de finir en beauté l’acte d’amour ! C’est très bien écrit, très facile à lire, vivant et bien rythmé. Que demander de plus pour des aventures aussi époustouflantes ?

4,5/5

08:38 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0)

11/01/2023

Rock'n roll Circus (Sam Bernett)

Rock'n roll circus.jpgDe juin 1969 à décembre 1972, le « Rock'n roll Circus », night-club fondé par Sam Bernett, fut le phare et la référence des plus folles nuits parisiennes. Au lendemain de mai 68, l’ambiance était à la liberté totale, au « jouir sans entrave » et à « l’interdit d’interdire ». Animateur sur RTL, assistant du célèbre « Président Rosko » de Radio-Caroline, Sam se trouvait aux premières loges pour suivre de près la scène rock en pleine explosion et mutation psychédélique. Il commence par reprendre en main « La Tour de Nesles », boîte à l’ancienne en perte de vitesse. Il y diffuse de la musique que l’on entend nulle part ailleurs, annonce qu’il est complet tous les soirs alors qu’il ne reçoit que ses amis, la bande de Johnny Hallyday, Dutronc et les Holgado. Et très vite, grâce au bouche à oreille, c’est un tabac d’autant plus retentissant quand Joe Cocker, encore inconnu, vient y chanter « With a little help from my friends » un an avant Woodstock. Le local devenant trop exigu, il ouvre le « Rock'n roll Circus » dans l’immeuble de « l’Alcazar » avec un décor de cirque en rouge et jaune. Les plus grands y firent le bœuf : Gene Vincent (à titre de dernier concert avant sa fin tragique et contre une caisse de bière), mais aussi les Beach Boys, Pink Floyd, Jimmy Page et Led Zeppellin, Johnny et Edgar Winter, Rory Gallagher, Eric Clapton, Jimmy Cliff, Soft machine, etc. Un succès fracassant, mais de bien courte durée…

« Rock'n roll Circus » est un livre de témoignage et de souvenirs très agréable à lire. Sam Bernett a cherché à rendre l’ambiance joyeuse, folle et créative de l’époque. Il a côtoyé les plus grands. Dans le cahier central rempli de photos de sa collection personnelle, on le retrouve en compagnie de Brigitte Bardot, Alain Delon, Mireille Darc, Polanski, Salvator Dali, Serge Gainsbourg ou Raymond Poulidor. Et pourtant les amateurs d’anecdotes croustillantes et de potins indiscrets en seront pour leurs frais. C’est tout juste si l’on apprend que l’herbe s’y fumait discrètement et que si l’héroïne et la cocaïne étaient encore assez peu répandues, le LSD et ses hallucinations pas toujours géniales circulait largement. Ces trois années de sexe, drogues et rock'n roll commencées dans la joie et allégresse s’achevèrent assez tristement. Jim Morrison, le leader des « Doors » vint y mourir d’une overdose d’héroïne trop pure et d’alcools trop forts dans les toilettes de l’établissement. Ses deux « amis » dealers embarquèrent le cadavre comme s’il avait été ivre. Sam se retrouva affublé d’un directeur incapable. Son meilleur ami, Dominique Petrolacci, se suicida et son excellent disc-jokey et déserteur américain, Cameron Watson, le quitta. Il était temps d’arrêter l’aventure et d’aller créer d’autres lieux comme le « Malibu » ou le « Bus Palladium ». Un livre que les anciens pourront lire avec nostalgie et les jeunes juste pour découvrir un temps où Paris était vraiment une fête !

4,5/5

09:21 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0)

09/01/2023

La valse de l'adieu (Philippe de Villiers)

La valse de l'adieu.jpg8 août 1808 en Vendée : sept années plus tôt, Napoléon est parvenu à rétablir la paix civile en permettant la paix religieuse grâce au Concordat. La Vendée panse ses plaies et se rassemble, Blancs et Bleus côte à côte, aux Quatre Chemins de l'Oye, pour acclamer l’Empereur venu rendre visite au département meurtri. Il en profite pour demander aux soldats et villageois de quel bord ils étaient pendant la guerre. Et voilà que l’un de leurs maires, Jean Rognonille, frère de « La Hussarde », chouanne renommée, répond qu’il était « neutre » ! Il se fait aussitôt traiter de « Jean-Foutre », insulte et sobriquet qu’il va trainer honteusement bien longtemps. Craignant la mort sociale et manquant de clients dans son échoppe de luthier, il invente un nouvel instrument fait de bois peu chers qu’il baptise « violondaulne ». Il rencontre bientôt l’amour de sa vie, la Pibole, fille de meunier avec qui il souhaite se marier. Mais l’évêque non-concordataire de son village refuse de publier les bans, le trouvant trop « neutre » lui aussi. Puis c’est au tour du préfet de ressortir de vieux dossiers comme la disparition suspecte de registres paroissiaux ainsi que celle d’un arpenteur trop curieux. Jean se retrouve devant ce marché : la prison ou l’armée. Il devra partir un an comme musicien-gagiste en échange de l’immunité. Et le voilà donc intégré à la Grande Armée et embarqué dans la campagne de Russie…

« La valse de l’adieu » est un roman historique de belle facture basé sur des faits réels assez incroyables comme cette rencontre au fin fond de la Pologne entre un « ménestrier » vendéen et de très jeunes virtuoses polonais dont un certain Frédéric Chopin. Dans ce roman-fleuve (592 pages), Philippe de Villiers s’est attaché à faire revivre une période historique assez peu connue celle de l’après-guerre de Vendée avec la période napoléonienne, mais aussi la Restauration et même le retour sur le trône des Orléans et la tentative avortée de coup d’état inspirée par la Duchesse de Berry pour le compte du seul authentique prétendant, son fils, Henri d’Artois, comte de Chambord. Le lecteur découvrira que la Vendée très impliquée n’aura plus le ressort dont elle disposait avant le génocide. Sa description de l’invasion de la Russie, de la mise à sac de Moscou, de son incendie et de la retraite qui suivit avec le passage de la Bérézina qui sera fatal au personnage principal mérite à elle seule le détour. Elle est incroyablement dantesque. Il est difficile de s’imaginer toutes les souffrances que les grognards endurèrent. Cela dépasse l’imagination. Cet ouvrage est un authentique travail d’historien et d’ethnographe. Une bibliographie énorme en atteste. On ne peut que conseiller ce livre à tous les amateurs d’Histoire. Seul petit reproche : le texte est truffé de mots de patois vendéen pas toujours compréhensibles pour le lecteur lambda. Une traduction en note de bas de page aurait été la bienvenue.

4,5/5

08:58 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0)

06/01/2023

Rire pour ne pas mourir (Jean-Marie Bigard & Lionel Duroy)

Rire pour ne pas mourir.jpgNé à Troyes le 17 mai 1954, Jean-Marie Bigard est le benjamin d’une fratrie de quatre enfants. Issu d’un milieu modeste (père charcutier itinérant, mère et sœurs ouvrières), il est assez malheureux à l’école, mais finit par être révélé par un jeune prof qui encourage son jeune talent d’écriture. Mais il rechute assez vite pour se retrouver à 16 ans en lycée technique dont il ressort avec un BEP de mécanique générale. Refusant d’entrer à l’usine, il se lance dans le rafistolage de vieilles Tractions avant avec quatre copains. Il pratique le handball à un très bon niveau en National 2. Il n’a que 20 ans quand sa mère meurt suite à un cancer du pancréas. Il est alors barman à Troyes. Puis son père est assassiné chez lui, d’abord poignardé puis achevé à coup de carabine par un amant jaloux. Jean-Marie passe par le CREPS et devient prof de sport pendant trois ans dans un lycée de filles. Lassé de l’enseignement, il reprend un job de barman de night-club. Parallèlement, il commence à jouer à l’Atelier T, petit théâtre de centre-ville où il fait connaissance d’un premier humoriste, Tex. Son appartement ayant brûlé avec tous ses biens, le voilà filant vers Paris dans l’espoir de se faire engager dans la troupe du « Petit théâtre de Bouvard », qu’il ne pourra pas intégrer. Il devra se contenter de végéter dans la petite salle du « point Virgule » avant d’être accepté dans l’émission de Fabrice « La classe », ce qui enfin le fera connaître du grand public. On connait la suite. Le Splendid, puis l’Olympia, Bercy et l’apothéose au Stade de France…

« Rire pour ne pas mourir » est une autobiographie partielle et à quatre mains d’un humoriste qui fut particulièrement aimé du public. Dommage qu’elle s’arrête en 2007, c’est-à-dire au sommet de sa gloire avec son spectacle joué devant 52 000 spectateurs au Stade de France, prouesse qui lui coûta un million d’euros et que seule la vente de millions de DVD lui permettra de compenser. Le lecteur découvrira dans ce livre bien écrit et très agréable à lire que la vie du comique fut loin d’être un long fleuve tranquille, que les épreuves ne lui furent pas épargnées et même qu’il en accumula un nombre largement supérieur à la moyenne. La mort de ses parents, de ses amis, l’incendie de son appartement, les souffrances de son épouse, la dèche, les difficultés à percer l’ont marqué profondément. Comme tous les clowns, il est triste et a l’élégance de toujours vouloir faire rire ses semblables pour ne pas avoir à pleurer sur son sort ou sur le nôtre. Cette confession honnête, pleine de sensibilité, d’amour et de foi (Bigard n’a de cesse de proclamer sa confiance en Dieu malgré ou à cause de tout ce qu’il a dû subir), permet au lecteur de découvrir un homme bon, honnête, touchant, très loin du personnage un peu vulgaire voire graveleux que certains de ses sketchs pourraient laisser imaginer.

4/5

08:17 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0)

03/01/2023

Chemtrails, les tracés de la mort (Nenki)

Chemtrails, les tracés de la mort.jpgLes chemtrails sont les trainées bizarres en X, en quadrillages et autres, laissées par les avions visibles quand les ciels sont clairs. Observés par tout un chacun depuis quelques années, seraient-ils composés d’autre chose que d’inoffensive vapeur d’eau ? Normalement les « contrails » (sillages de vapeur d’eau) se dissipent en environ 10 minutes. Ce n’est pas du tout le cas des chemtrails (trainées chimiques) qui restent beaucoup plus longtemps en suspension et finissent par former des nuages qui n’ont rien à voir avec les cumulus ou les cirrus. Les résultats d’analyse montrent que ces épandages peuvent contenir des produits chimiques, des minéraux, des sels, du baryum, de l’aluminium, du magnésium, de l’iodure d’argent, des polymères hydrophiles, et même des particules de champignons microscopiques, tous toxiques pour la faune et la flore. L’auteur constate même diverses conséquences sur sa propre santé et celle de sa femme après ces épandages comme des symptômes de grippe en plein été. N’y aurait-il pas un lien de cause à effet entre ces deux phénomènes ? Dans quel but les gouvernements et de grosses multinationales comme Raytheon se livreraient-ils à ce genre de couteux exercice ?

« Chemtrails, les tracés de la mort » est un essai basé sur une importante recherche réalisée principalement grâce à une compilation de documents trouvés sur de nombreux sites internets (tous mentionnés). Bien entendu leurs conclusions n’ont pas grand-chose à voir avec la doxa officielle d’ailleurs difficilement défendable, la vapeur d’eau et les dégazages de kérosène ne tenant pas la route. Les témoignages d’un mécanicien découvrant dissimulées à l’intérieur d’un avion de ligne d’étranges bonbonnes connectées aux évacuations extérieures d’eaux usées et d’un cadre de compagnie aérienne parfaitement informé d’une opération de ce genre (« Cloverleaf », « Redsky » et autres) sont tout à fait troublants. Mais pourquoi ces pulvérisations ? Volonté de modifier le climat à sa convenance (faire tomber la pluie ou non. La Chine s’en est vantée), travailler sur les ondes et les radiations, répandre des virus voire des vaccins (dixit Bill Gates), expérimenter des armes climatiques et chimiques ? (On se souvient des ravages de « l’agent orange » pendant la guerre du Vietnam). Enquête intéressante qui pose plus de questions qu’elle ne propose de réponses d’autant plus quand l’auteur relie ces arrosages aux réseaux du « projet Haarp », aux tours « Gwen », aux OVNI, (avec références bibliques et autres textes anciens), et même aux « petits gris ». On en prend et on en laisse, bien sûr…

4/5

08:33 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0)

29/12/2022

Les Morticoles (Léon Daudet)

Les morticoles.jpgSimple vannier, Félix Canelon ne veut pas rester toute sa vie dans son village, il a envie de découvrir le monde. Il décide d’embarquer comme matelot sur le « Courrier ». Mais après une longue traversée, le capitaine Sanot perd son cap dans la tempête et se retrouve sous la menace des canons d’un vaisseau battant pavillon noir à tête de mort et tibias entrecroisés au large du territoire des « Morticoles », des hypochondriaques étranges qui ont donné tous pouvoirs à une corporation de médecins tous plus tyranniques et déjantés les uns que les autres. Le « Courrier » n’a pas touché terre que déjà l’équipage est mis en quarantaine, douché au détergent et privé de ses vêtements et de ses quelques restes de nourriture. En échange, on lui fournit des biscuits bizarres au goût infâme. S’ensuivra un internement dans un hôpital pour nécessiteux pour Félix qui sera séparé de ses compagnons. Pour essayer d’obtenir un meilleur avenir, il tentera de devenir étudiant en médecine, échouera à un examen humiliant et finira par se retrouver domestique chez plusieurs médecins en rêvant toujours de pouvoir enfin rentrer chez lui, loin de ce territoire de tyrannie sanitaire.

« Les Morticoles » est un roman en forme de fable satirique, un réquisitoire implacable du monde médical dans tous ses états. Il faut préciser que Léon Daudet connaissait très bien ce milieu. Qui aime bien, châtie bien, dit-on. Là, il y va à gros traits, à grands coups de serpe. C’est un brin outré voire caricatural, mais non dépourvu de vérité quand même. Les Morticoles se veulent anticléricaux et athées militants. Ils ne veulent plus croire en Dieu, mais en la Matière. Ils se revendiquent de la science alors que la médecine est plus un art empirique qu’autre chose. Ne dit-on pas que le médecin soigne, mais que la Nature guérit ? On est tout à fait dans la veine humoristique grinçante des Diafoirus et autres fanatiques de la saignée et de la purge du génial Molière. Tous les aspects du problème passent à la moulinette du polémiste : la spécialisation à outrance, l’obsession de l’enrichissement personnel, la peine de mort, la stérilisation des masses (oblation des ovaires pour offrir plus de liberté sexuelle aux femmes riches), les expérimentations loufoques et cruelles sur humains et animaux, les trafics d’organes, les vaccinations bizarres, la justice corrompue, la prostitution, la psychiatrie avec toutes ses outrances et même les déviances sexuelles, mais de manière plus discrète. À noter les patronymes amusants des personnages : Cloaquol, Burnone, Loupugan, Lebide, Clapier, Cudane et autres Ligottin (spécialiste de la camisole de force et du jet d’eau glacée). Datant de 1899, ce texte bien écrit se lit toujours agréablement en se disant qu’avec les derniers exploits de la caste, rien n’a vraiment changé avec le temps !

4,5/5

09:12 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0)

26/12/2022

L'invité du ciel (Isaac Asimov)

L'invité du ciel.jpgÂgé de 12 ans, le jeune Jonathan arrive avec sa mère, inspectrice planétaire, sur Anderson 2, dernière conquête de l’humanité qui est peu à peu couverte de végétation grâce à des graines venues de la Terre. Au cours d’une promenade, il découvre une étrange créature, une sorte d’énorme roue mécanique qui s’approche d’un homme roux armé de cartouches de dynamite, prêt à faire exploser la chose. Jonathan tente de l’en dissuader. La roue se met à briller de mille feux et à lancer des éclairs. Un peu plus tard, Jonathan entre en communication télépathique avec une plus petite roue. Il est persuadé que ces choses sont des êtres vivants à part entière. Il tente de convaincre sa mère qui a le pouvoir d’autoriser ou d’interdire la conquête définitive d’Anderson 2. En effet, si une planète est habitée par des êtres vivants, les Terriens s’interdisent de la coloniser, sans doute pour ne pas perturber l’harmonie des sphères célestes. Le jeune garçon y parviendra-t-il ?

« L’invité du ciel » se présente comme un court roman ou plutôt une « novella » de science-fiction plutôt destinée aux ados, mais pouvant être lue avec plaisir par des adultes. On y trouve, outre le style du maître, beaucoup de poésie et de sagesse. C’est même une sorte de très joli conte de Noël tout à fait touchant de naïveté, de charme et de bons sentiments. Ces roues ne symbolisent-elles pas la nature saccagée par l’homme voire les animaux exploités, en voie de disparition et même les autres hommes génocidés, liquidés comme les Peaux-Rouges de l’Ouest américain, comme les aborigènes d’Australie et autres pour laisser place aux envahisseurs ? À conseiller bien évidemment.

4,5/5

08:42 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0)

21/12/2022

Call-girl du Tout-Paris (Patricia Herszman)

Call girl du tout paris.jpgEn 1975, Patricia, jeune fille de bonne famille âgée de 18 ans, est repérée par une recruteuse de Madame Claude sur le port de Saint Tropez. Motarde et adepte de l’amour libre, elle entre immédiatement dans le monde clos de la prostitution de luxe avec des tarifs de prestation allant de 600 à 1000 francs et nettement plus selon la générosité des clients, tous riches et célèbres. Parmi ceux-ci, on trouve son préféré, le très classieux Giovanni Agnelli, dit « l'Avvocato », cocaïnomane compulsif, qu’elle rejoint en jet privé à de nombreuses reprises à Milan ou à Rome. Elle échappe de peu à la mort quand deux de ses collègues dont sa meilleure amie acceptent une prestation proposée par deux diplomates pour le compte du chef d’état du Yémen. Elles seront retrouvées nues et assassinées dans une voiture abandonnée dans le désert. Patricia aurait dû faire partie du malheureux binôme. Quand Madame Claude est arrêtée pour fraude fiscale et son réseau démantelé, elle officie un temps rue Saint Denis, passant des ors et du marbre à la crasse et à la terre battue, puis continue à son compte, sans maquereau, mais grâce à quelques amis du milieu, autour de la place de l’Etoile. Elle finit par tomber dans la drogue. Héroïnomane, elle met quinze ans à s’en sevrer. Pendant ses heures de gloire, entre 1975 et 1980, elle devient une figure des nuits parisiennes qui côtoie Serge Gainsbourg et Jane Birkin, Alain Delon et Mireille Darc, Catherine Deneuve, Eddy Barclay et tant d’autres…

« Call-girl du Tout-Paris » est un récit de témoignages et de révélations un brin indiscrètes sur un monde assez particulier, celui de la prostitution, terme qu’elle rejette en ce qui concerne sa période chez Madame Claude. En effet, celle-ci avait mis en place un système très protecteur et très rémunérateur pour « ses filles ». L’auteur n’a de cesse de dresser des louanges à son ancienne Pygmalion et l'on comprend aisément pourquoi. Il faut dire qu’elle a pu faire la différence avec d’autres manières de monnayer son corps, plus glauques, plus contraignantes pour ne pas dire plus humiliantes. On est dans le même registre que celui des ouvrages de Gérard Fauré, le « dealer du Tout-Paris », qu’elle a connu et dont elle corrobore les révélations. Oui, la cocaïne coulait à flot depuis des décennies parmi les élites parisiennes. Patricia qui ne buvait pas, refusait la sodomie, finit par devenir quand même accro à l’héroïne. Son récit, facile à lire, sans doute par la grâce de son co-auteur Frédéric Ploquin, nous apprend pas mal de détails indiscrets sur les grands de ce monde qui font appel à ses services comme Samir Traboulsi, Gérard Oury, le shah d’Iran, le frère d’Hassan II, le prince du Qatar Al Thani, Adnaan Khashoogi, Raymond Lévy, Jean-Paul Blum, Pierre Kadji, Jacky Cohen, Claude Lelouch, Bernard Lavilliers (« un radin »), Claude Brasseur (« queutard partouzard ») et tant d’autres. Rien que du beau linge pas si reluisant que cela au bout du compte. Nous voilà donc tombés dans une littérature de « potins », finalement sans grand intérêt, mais qui peut plaire à certain(e)s…

3/5

09:00 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0)

16/12/2022

La fin d'un monde (Patrick Buisson)

La fin d'un monde.jpgDepuis la crise sanitaire, gérée de manière si catastrophique, jamais le mal-être collectif n’a été aussi grand. N’est-il pas lié à la perte de toutes les valeurs du monde d’avant ? On les appelait gratuité, solidarité, entraide, dévouement au bien commun, primat de la vertu publique sur le calcul égoïste, sentiment d’appartenir à une communauté nationale et volonté de la servir, même au mépris de son confort et de ses intérêts particuliers. Tout l’inverse du monde nouveau promu par Schwab, Macron et autres mondialistes pour qui seuls les intérêts et les profits des plus riches et des plus puissants importent. Pour Buisson, tout s’est joué en 1960 et 1975 (fin des Trente Glorieuses) pendant lesquelles, sous nos yeux ébahis, nous avons pu assister à la désertification des campagnes, au démantèlement du catholicisme traditionnel au profit d’un syncrétisme humaniste depuis Vatican II et à la destruction de la paternité ainsi que celle de la famille. La conséquence en fut une victoire du libéralisme, libertaire sociétalement et totalitaire politiquement et économiquement, du consumérisme effréné et de l’hédonisme, cette jouissance sans contrainte.

« La fin d’un monde » est un essai historique et sociopolitique de très grande qualité. Patrick Buisson, surtout connu comme conseiller particulier et éminence grise de Nicolas Sarkozy, est également un authentique intellectuel qui nous propose, dans cet ouvrage bien écrit et particulièrement fouillé, une étude des 15 années qui nous firent basculer lentement d’un monde dans un autre. Un véritable travail de sociologue, d’historien, d’économiste et d’ethnologue. Ses analyses et descriptions de la mort programmée du paysan, du croyant et du père sont d’une belle pertinence et d’une grande finesse. Un vaste attirail de notes et références bibliographiques attestent du sérieux de l’œuvre. L’auteur ayant sous-titré son ouvrage « Histoire de la révolution petite bourgeoise », on pourrait y ajouter celle d’une longue décadence, d’une inversion des valeurs et d’une disparition lente, insidieuse et organisée de toute une société. Autant l’auteur est précis et presque pointilleux sur le démantèlement du monde rural, de la chrétienté et de la paternité, autant il se fait discret sur l’invasion migratoire. Seule lacune de cet ouvrage par ailleurs aussi excellent que… déprimant.

4,5/5

08:21 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0)