29/01/2024
Jakob Frank, le faux messie (Charles Novak)
Qui fut vraiment Jacob Frank, l’initiateur du mouvement frankiste ? L’historien Heinrich Graetz (1817-1891) le qualifie de menteur, d’imposteur et de traitre et son mouvement de plus « nauséabond de toute l’histoire juive ». Le frankisme aurait fait du tort aux Juifs et même empêché leur émancipation. Gershom Sholem considère ses disciples comme des hérétiques qui ne s’intéressent qu’au côté obscur du judaïsme, la Kabbale. « C’est en violant la Torah qu’on l’accomplit », proclamait en effet Frank. Né en 1726 à Korolowka en Podolie, Frank voyage beaucoup. Sa famille s’installe d’abord en Bucovine, puis à Bucarest, à Smyrne et à Salonique. Frank a une vision de Sabbataï Svi, son grand inspirateur, Juif converti à l’Islam et fondateur des Dönmehs turcs, qui lui donne son prénom de Jacob. Il a ensuite une seconde vision, celle d’Elie et de Jésus qui lui ordonne de rentrer en Pologne. Il se déclare alors « Messie », commence à prêcher et à être suivi par de nombreux disciples. On dit qu’il aurait fait des miracles. Il annonce être venu pour « abolir toutes les lois et les religions et apporter la vie au monde et ainsi faire arriver la fin des temps, lorsque la société sera totalement dépravée. » La rédemption devra passer par le péché, le chaos et la destruction d'Edom. (Rome) « Je ne suis pas venu pour élever, je suis venu pour tout détruire », proclame-t-il.
« Jacob Frank, le faux Messie », se situe aux limites de l’essai historique et de la biographie. Ce volet de l’ouvrage laisse d’ailleurs assez à désirer. Le lecteur aurait aimé en apprendre nettement plus sur ce personnage vraiment hors du commun qui, pour mieux assumer son judaïsme, rejette toutes les obligations de la Torah, applique certains aspects sombres de la Kabbale au pied de la lettre, se convertit à l’Islam et organise des orgies sexuelles pour sauver les âmes. Ses adeptes se convertiront en masse au christianisme pour mieux accomplir une judéité intégrale. Ils seront protégés par les dignitaires religieux et les puissants et très souvent anoblis avant de s’enrichir assez rapidement et atteindre des postes clés. Toute la première partie du livre développe toutes sortes de thèses sur la déviance de la Kabbale et sur les théories du complot qui accompagnent ce mouvement, sans trancher dans un sens ou un autre, même si l’auteur semble assez compréhensif envers le frankisme. Le versant historique également aurait mérité de plus amples développements. Le lecteur reste sur sa faim en ce qui concerne la participation des Frankistes à la Révolution française, des diverses tentatives de sauver la famille royale, du rôle des Francs-Maçons et des Illuminatis et également de celui de Meyer Amshel Rothschild qui est présenté comme franc-maçon et financier de la secte. Juste deux phrases sur ce personnage-clé, difficile d’être plus discret. On aurait aussi aimé en apprendre plus sur les répercussions actuelles du mouvement. Mais là, rien. Au total, un ouvrage assez décevant, l’auteur ayant sans doute voulu trop étreindre sans choquer personne. Dommage.
2,5/5
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23/01/2024
La mafia d'Etat (Vincent Jauvert)
« L’État a ses chasses gardées, ses réseaux occultes qui évoquent facilement une mafia », écrivait il y a près d’un demi-siècle Pierre Viansson-Ponté. On peut à juste titre se demander si cette situation de copinage et d’entre soi particulièrement malsaine ne serait pas pire aujourd’hui qu’hier. Cette mafia de grands commis de l’Etat, de hauts fonctionnaires et d’hommes politiques de haut niveau représente une caste de dignitaires hors sol qui ne songe qu’à défendre ses intérêts particuliers en se cooptant et en s’entraidant dans le but d’accroître pouvoir et revenus. Au fil de cet ouvrage, le lecteur découvrira nombre de grands commis de l’Etat qui bénéficient de retraites-chapeaux dépassant parfois le million d’euros par an… Des personnalités politiques qui jouissent de jetons de présence dans de grands groupes pouvant atteindre jusqu’à 250 000 € par an ; Des conseillers d’Etat, des inspecteurs des finances, des membres de la Cour des Comptes qui peuvent profiter d’émoluments pouvant atteindre 30 000 € par mois. Un seul exemple : Jean-Dominique Comolli privatise la Seita, ferme de nombreuses usines, fait perdre plus de 3000 emplois, fusionne ensuite avec les Tabaccaleras espagnoles tout en restant à son poste de président. Et quand le consortium est racheté par les Anglais, Comolli est recyclé chez Engie en dépit de sa gestion catastrophique contre l’avis d’Arnaud Montebourg alors ministre, puis chez Air France par la grâce d’Emmanuel Macron…
« La mafia d’État », troisième volet d’une trilogie (après « Les Intouchables », et « Les Voraces ») est une enquête d’investigation journalistique basée sur les témoignages de nombreuses personnalités et sur les chiffres officiels qui ne sont d’ailleurs disponibles que depuis peu (présidence Hollande) et ne concernent que le patrimoine des politiques, mais pas encore celui des hauts fonctionnaires. Le lecteur y découvrira tout un petit monde sélectionné dès les grandes écoles (ENA, Polytechnique, Sciences Po, Mines, Ponts et chaussées, etc.) qui investit les grands corps de l’Etat avec des salaires déjà très conséquents, se lance ensuite dans la carrière politique sans jamais démissionner, se recycle dans le monde des affaires et ne cesse de pratiquer nombre d’aller et retour entre ces trois univers. Ainsi a-t-on vu récemment un ancien premier ministre, Edouard Philippe, immédiatement recyclé chez Atos et son successeur Jean Castex en faire de même à la direction de la RATP. La liste est longue de ces profiteurs et pantouflards émargeant la plupart du temps dans la fourchette des 200 000 € par an. Quelques noms rencontrés au fil des pages de cet ouvrage : Guillaume Pépy, Florence Parly, Louis Schweitzer, Anne-Marie Idrac, Nicolas Bazire, Jean-Pierre Jouyet, Muriel Pénicaud, parmi des dizaines d’autres. En lisant cet ouvrage salutaire mais un peu déprimant quand même, on comprend pourquoi tous ces gens se retrouvent si loin du peuple, du réel et des difficultés quotidiennes des gens. Ces privilégiés, ces petits marquis de la République en rappellent étrangement d’autres. Subiront-ils le même sort ? On peut en douter. L’auteur conclut d’ailleurs par cette phrase quelque peu désabusée : « La mafia d’Etat, peut-être affaiblie par ces réformes, a donc encore de beaux jours devant elle. »
4/5
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18/01/2024
De la société pharmaco-punitive au crédit social (Alexis Haupt)
Un pays où la population se méfie de ses médias et redoute la police n’est plus vraiment une démocratie. Les journalistes devraient avoir pour mission d’informer objectivement le peuple et non d’être de simples vecteurs d’une pensée unique virant à la propagande gouvernementale. La police devrait servir et protéger la population et certainement pas se comporter en garde prétorienne du pouvoir. Certains objecteront que nous sommes quand même en démocratie, car nous glissons de temps en temps un bulletin dans une urne. L’ennui, c’est que nous votons pour désigner des représentants, mais que nous n’avons aucun moyen de contrôle sur leurs décisions. Si celles-ci sont mauvaises et même contraires aux souhaits ou intérêts de la majorité comme on a pu s’en rendre compte tout au long de ces dernières années, elles passent quand même quitte à abuser d’un certain article dispensant le pouvoir de l’aval du parlement. Ainsi de reculs de la représentativité en grignotages des libertés fondamentales, glisse-t-on insensiblement dans une pure et simple tyrannie. Et le pire, c’est que beaucoup de gens n’en ont même pas conscience. « Elire des représentants sans pouvoir les révoquer revient à avoir le simple droit d’élire des maîtres », note Haupt.
« De la société pharmaco-punitive au crédit social » est un essai philosophique, politique et social de belle qualité, bien écrit sous forme de courtes démonstrations ou articles bien écrits qui peuvent se lire en diagonale. Et comme ce qui se conçoit bien s’énonce clairement, tous plutôt convaincants les uns que les autres. Pour étayer ses démonstrations, Alexis Haupt se réfère entre autres à la sinistre expérience de Milgram sur la soumission à l’autorité ainsi qu’à l’œuvre de La Boétie qui avait déjà démonté le mécanisme de la servitude volontaire au temps de la Renaissance. Il est remarquable de constater qu’à plusieurs siècles de distance, les réactions des gens n’ont guère évolué sur ce plan. La tyrannie, sans doute plus « soft » (l’auteur la qualifie de « rose »), plus pernicieuse et encore plus efficace grâce au matraquage des médias, est toujours présente et l’esclave ne veut toujours pas reconnaître son état de servitude. Il la nie, il la réclame, il s’y complait parfois. Le lecteur remarquera qu’Alexis Haupt reprend aussi à son compte la brillante démonstration d’Etienne Chouard qui prouve la réalité du simulacre de démocratie dans lequel nous nous trouvons et promeut le référendum d’initiative citoyenne ainsi que les assemblées constituantes. Espérons que cet essai qui se lit comme un roman permettra à Alexis Haupt de toucher un plus grand public que celui de X Twitter où il diffuse des analyses nettement plus pertinentes que celles de nos pseudo-philosophes et vrais propagandistes plastronnant sur les plateaux télé pour diffuser leur pensée unique…
4,5/5
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14/01/2024
La contre-histoire de Michel Onfray (Jonathan Sturel)
Personnage incontournable de la scène médiatique, auteur prolifique d’une bonne soixantaine d’ouvrages de compilations philosophiques plus ou moins digestes, qui est réellement Michel Onfray, ex-prof de lycée technique à Argentan, aujourd’hui philosophe de plateaux, penseur de gauche reconnu avant de dériver vers la droite voire une certaine forme de populisme ? Est-il vraiment le rebelle anti-système, le révolutionnaire qu’il s’imagine ? Avec ses convictions fluctuantes, ses prises de positions contradictoires et son athéisme rabique, il est pourtant un très bon client des médias qui se servent de lui comme représentant d’une opposition contrôlée pour ne pas dire instrumentalisée voire muselée. En retour, ceux-ci assurent la promotion de ses livres qui se vendent bien grâce à cette exposition exceptionnelle et lui assurent des revenus conséquents. Ne serait-il en fait qu’un simple rouage d’un mécanisme de propagande parfaitement au point. Il n’y a sans doute que lui et les naïfs pour s’imaginer qu’il puisse représenter la moindre menace pour l’ordre établi…
« La contre-histoire de Michel Onfray » est un essai critique qui parvient très aisément à démontrer l’imposture que représente ce genre de personnage qui sous des apparences trompeuses du rebelle n’est qu’un des plus efficaces gardiens du temple de la pensée unique tout autant que ses collègues Enthoven, Glucksman ou BHL. Onfray est un athée hédoniste combattant la religion dans un monde où celle-ci est à terre et où l’hédonisme et le « jouir et faire jouir » triomphe comme jamais dans l’Histoire. Pour étayer son discours si peu coruscant, il n’hésite pas à détruire ce qu’il a mis sur un piédestal en fonction de la tendance du moment. Ainsi après avoir porté aux nues le « divin » marquis de Sade, le voue-t-il aux gémonies pour complaire aux féministes. Même chose pour Freud mis à mal suite aux dernières découvertes des neurosciences et aux révélations sur des mœurs peu compatibles avec le mouvement MeToo. Dans sa préface servant de mise à jour de son texte, l’auteur se réjouit de la dérive droitière du grand penseur. Sans doute un peu trop vite, les dernières prises de positions très covidistes lors de la dernière « crise sanitaire » l’ayant définitivement classé comme opposant en carton bouilli de la pensée unique.
4/5
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11/01/2024
La preuve par l'âme (François de Witt)
La clé de compréhension de notre univers, c’est l’information. (« Au début, était le Verbe ») Elle circule partout, entre nous, entre le vivant et nous, mais également entre ici-bas et là-haut. Et ce qui nous rattache, nous relie, nous permet de communiquer, est une entité immatérielle, impalpable et indescriptible, nichée au plus intime de tout être humain et qu’on peut appeler « âme ». Au-delà de l’inné et de l’acquis se pose d’ailleurs la question de l’intuition, potentialité des plus mystérieuses. « Nous devons être reconnaissants au ciel de posséder une fonction qui nous octroie quelques lumières sur ce qui est par-delà des choses », disait Jung. Et « il n’est d’autre conscience qu’intuitive », ajoutait Sartre. Mais d’où nous vient cette intuition ? « L’intuition est la voix de votre Soi profond, le murmure de votre âme », concluait Krishnamurti. Même si la science moderne montre quelques réticences avec ce genre de concepts, des chercheurs matérialistes se sont risqués à certaines expériences dont la principale consistait à vouloir la peser. Elle accuserait seulement 21 grammes sur la balance…
« La preuve par l’âme » est un essai dans lequel, François de Witt, un polytechnicien sérieux, donc a-priori ni un farfelu ni un illuminé, a voulu démontrer notre immortalité par le biais de l’existence de l'âme, de l’au-delà et d’une autre vie après la mort. Pour mieux explorer ces frontières floues de la connaissance, de Witt fait appel à la psychanalyse, au paranormal, aux neurosciences, à l’astrophysique, à la mécanique quantique, mais aussi aux intuitions des philosophes et même aux fulgurances des mystiques. Le chapitre sur les expériences de mort imminente (NDE) est particulièrement intéressant et même assez troublant. Discrètement, notre âme nous accompagne tout au long de notre vie terrestre. À notre mort physique qui n’est pas une fin, elle passe dans une autre dimension d’où parfois elle peut encore communiquer avec les vivants (dans certaines circonstances bien particulières). L’essentiel, c’est qu’elle n’a qu’un seul et unique message, celui de l’Amour universel. En lisant ce livre très bien écrit et d’abord facile, le lecteur fera de nombreuses découvertes dont certaines peuvent prêter à caution. En effet l’auteur ne croit ni au jugement dernier ni à l’enfer, tels que l’enseignent les religions. Confrontées à cet autre monde, les âmes « mauvaises » pourraient rejeter un certain temps le divin salut et s’exclure d’elles-mêmes avant de changer d’avis. De plus, si Dieu est infiniment bon, il ne peut se placer en juge et condamner à perpétuité une âme corrompue. Donc, si on en croit de Witt, un jour où l’autre, Hitler, Mao, Staline, voire Landru se retrouveront tous un jour au Paradis ! Ouvrage passionnant néanmoins qui devrait tous nous intéresser que nous soyons croyants ou athées.
4,5/5
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08/01/2024
Le sang du temps (Maxime Chattam)
En 2005, Marion, 40 ans, se retrouve embarquée par trois agents de la DST qui la mettent en sécurité au Mont Saint Michel pour une durée indéterminée. Elle y est accueillie par sœur Anne, une religieuse de la communauté qui a l’habitude de rendre ce genre de service aux autorités. Elle a néanmoins l’impression d’être encore en danger et à tout le moins espionnée en permanence. Secrétaire à l’Institut médico-légal de Paris, elle aurait vu ou fait quelque chose qui l’aurait mise dans cette situation. Et au matin, elle découvre sur son lit une enveloppe contenant un message chiffré en forme d’énigme à résoudre. Puis, emmenée par un frère aux archives de la ville d'Avranches, elle tombe par hasard sur le journal intime d’un détective privé anglais, Jeremy Matheson basé au Caire. Il y relate une enquête assez étrange remontant au mois de mars 1928. Tout avait commencé avec la découverte des cadavres de trois enfants issus des quartiers pauvres atrocement mutilés, « martyrisés à mort, griffés, mordus jusqu’à amputation de morceaux de chair. » Il se raconte dans la ville que le célèbre monstre des Mille et une nuits, la Goule, serait réapparu et aurait à nouveau frappé…
« Le sang du temps » est un thriller assez bien mené et comportant les habituels ingrédients du genre, barbarie, sadisme, meurtres en série. Cependant l’intrigue est menée de façon assez surprenante. Le lecteur croit au départ que le personnage principal est Marion. Il se fourvoie et doit d’ailleurs attendre la page 269 pour enfin savoir la raison de sa mise à l’isolement. À part des descriptions de parties plus ou moins fermées au public, des allées et venues furtives et pas mal de courant d’air, il ne se passe pas grand-chose pendant les deux tiers de la narration. L’intérêt se tourne alors vers l’histoire de Jeremy. Et là encore, le lecteur va se retrouver avec toutes sortes de fausses pistes et surtout une fin complètement surprenante, paradoxale, voire invraisemblable, avec rien moins que trois hypothèses possibles qu’on ne révèlera pas pour ne pas trop gâcher le plaisir d’un éventuel lecteur. L’impression générale que donne la lecture cet ouvrage de divertissement est celle d’une narration un brin poussive, tirant parfois un peu trop à la ligne. Cet opus est loin d’être le meilleur de maître Chattam…
3/5
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04/01/2024
Sites sacrés secrets (Martin Gray)
Avez-vous déjà entendu parler du Grand Zimbabwe, ruine archéologique datant de la fin de l’âge du fer qui servait sans doute de lieu de culte et d’observatoire astronomique ? Connaissez-vous le temple penché d’Huma, dans l’Odisha (Inde) dédié à la déesse Shiva ? Ou le mausolée de Hasan al-Basri dans le centre-ville de Bassora (Irak) ? Ou le site d’El Infiernito, étonnant ensemble constitué de deux lignes de 36 pierres levées et orientées selon leur position par rapport aux astres et au soleil et de 30 hautes colonnes de pierres en forme de phallus situées non loin de Villa de Leyva (Colombie) ? Ou encore le sanctuaire shinto Futami Okitama-jinja, deux rochers sacrés situés en mer à environ 15 kilomètres à l’est du grand temple d'Ise (Japon). Reliés par une grosse corde, ils symbolisent Izanami et Izanagi, le couple divin à l’origine du monde ? Et 130 autres lieux tout aussi étranges, imposants monuments, modestes édifices, grottes secrètes voire humbles tombeaux, peu connus des masses touristiques et souvent uniquement fréquentés par les autochtones ?
« Sites sacrés secrets » est un beau livre doté d’une couverture de très belle qualité, d’un joli papier et de magnifiques photos. Passionné de voyages, de photo et d’archéologie, l’auteur a choisi ces lieux de cultes particuliers voire étonnants pour leur originalité et leur confidentialité en évitant bien sûr tous les grands classiques du tourisme religieux. Pas de cathédrale de Reims dans ce livre, mais le sanctuaire de Notre-Dame de La Salette, nettement moins connu que celui de Lourdes, où la Vierge Marie apparut également en 1864. Pas d’alignements de Carnac ni de site de Stonehenge, mais les cercles de pierres du tumulus d'Anund (Suède) en forme de bateau, dédiés au dieu nordique Freyr. Pas de Taj Mahal, mais le site sacré de Ramkund à Nashik, dans le Maharashtra (Inde)… Chacun est présenté sur deux pages avec une courte explication en plus des photos. Toutes les religions, tous les continents sont représentés. On notera aussi une très intéressante introduction. De quoi donner envie à plus d’un d’aller découvrir un ou plusieurs de tous ces sites humbles ou imposants, témoins de la foi millénaire de toute l’humanité. Le lecteur y découvrira toutes sortes de similitudes plus ou moins étranges entre les religions et mysticismes divers et variés. Un magnifique ouvrage qui ravira les amateurs d’archéologie, de lieux secrets et de voyages.
4,5/5
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03/01/2024
L'occultisme dans la politique (Gérard & Sophie de Sède)
À Crotone, Pythagore fonda une société secrète limitée à 300 membres. Elle comportait trois niveaux d’initiation : au sommet, on y trouvait les mathématiciens-philosophes, au centre, les nomothèques, chargés d’enseigner la doctrine et à la base, les politiques responsables de sa mise en pratique. Et le tout, uniquement sur cooptation… À Jérusalem, l’ordre des Templiers, appelés également « les pauvres chevaliers du Temple » qui se rendirent indispensables lors de la conquête de la Terre Sainte, sut s’y maintenir en profitant des rivalités entre Arabes et Turcs et même en s’alliant avec les Ismaéliens du « Vieux de la Montagne » en lutte contre les mêmes. Ne dépendant que du Pape et établis dans toute l’Europe, ils devinrent rapidement de grands propriétaires terriens et même les plus importants banquiers de l'époque (grâce à la mise en place des lettres de change) au point de faire de l’ombre aux rois eux-mêmes, ce qui précipitera leur chute… Et que sait-on vraiment du royaume chrétien secret des Nestoriens, établi quelque part aux confins de l’Iran et de l’Inde, et de leur fondateur le prêtre Jean ? Légende ou réalité historique ?
« L’occultisme dans la politique » est un essai historique sur un thème qui ne peut que laisser songeur. Secrets, conjurations, complots, pratiques occultes, magie blanche ou noire n’ont en effet cessé de marquer de leur sceau un grand nombre de séquences historiques. Le couple de Sède en a sélectionné quelques-unes depuis la plus lointaine antiquité grecque jusqu’à nos jours. Le lecteur y croisera nombre de personnages célèbres comme Saint Louis, Jeanne d’Arc, Louis XIV, le comte de Saint-Germain, Cagliostro (Joseph Balsamo), le baron Ungern, etc. Il découvrira plusieurs évènements peu connus ou présentés différemment par l’Histoire « officielle », comme cette improbable alliance ratée entre Saint Louis et les Mongols pour une reprise de Jérusalem et des révélations un peu sujettes à caution comme l’origine royale de Jeanne d’Arc qui aurait été une demi-sœur bâtarde de Charles VII ou comme celle de Louis XIV, l’enfant du « miracle », qui serait en fait celui de Mazarin et d’Anne d’Autriche. L’ouvrage est intéressant, mais on peut lui reprocher de ne pas avoir suffisamment approfondi le chapitre sur l’occultisme nazi. La société de Thulé, la secte du Vril, l’Aggartha ne sont évoquées qu’assez superficiellement. Quant à celui qui clôture le livre en traitant de notre époque où il y aurait tant à dire, il ne fait qu’évoquer encore plus superficiellement la secte Moon, la loge P2, l’affaire Gladio et l’Opus Déi. Conclusion : on se trouve plus dans la vulgarisation et l’ouvrage de divertissement que dans la recherche historique approfondie. Utile juste comme première approche de ce phénomène.
4/5
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01/01/2024
L'autre côté de la vie (Philippe Ragueneau)
La très chère épouse de Philippe Ragueneau, Catherine Anglade, ancienne actrice et productrice d’émissions télévisées, subit une première très lourde intervention chirurgicale avec ablation d’une partie de l’œsophage et de la totalité de l’estomac. Elle espère avoir ainsi vaincu son cancer, mais il n’en est rien. Elle souffre encore de divers symptômes. Quelque temps plus tard, elle doit repasser sur le billard, car le foie est lui aussi atteint. Et quand le chirurgien découvre qu’il est perdu et qu’il y a des métastases partout, il referme sans intervenir et annonce à Philippe que Catherine est condamnée… Il dira à sa patiente que l’opération a réussi pour qu’elle ne se laisse pas aller et poursuive sa lutte. Mais celle-ci ne se fait pas d’illusions. Elle sait qu’elle va mourir. Mais avant de partir, elle promet qu’elle continuera à communiquer avec Philippe même depuis l’au-delà… Et quelques mois après son décès, c’est ce qu’il se produit. Philippe commence à ressentir sa présence immatérielle à ses côtés et même ses interventions alors qu’il séjourne dans sa résidence secondaire dans le Luberon. Il parvient peu à peu à esquisser un incroyable dialogue.
« L’autre côté de la vie » est un témoignage troublant et réconfortant sur une expérience extraordinaire de contact avec l’au-delà. Le style de Philippe Ragueneau est très fluide et très agréable à lire. Le lecteur sent qu’il a affaire à un honnête homme ressentant un amour éternel pour sa femme. Il note avec précision tous les dialogues, toutes les interventions et tous les faits étranges qui émaillent sa vie de veuf inconsolable. Il n’est d’ailleurs pas le seul à sentir la présence de Catherine. La femme de ménage en est aussi témoin. Et même les chats qui ont des comportements bizarres. Pourtant Philippe reste un homme rationnel avec les pieds « bien sur la terre », pas du tout un mystique enflammé, ni un illuminé. Même s’il peut rester un doute raisonnable, (Ne s’agit-il pas d’auto-suggestion ? Ces conversations ne sortent-elles pas de son imagination ? Ne fait-il pas les questions et les réponses), le lecteur a envie de le croire. La mort n’est pas une fin, mais le début d’autre chose, un passage dans une dimension merveilleuse que les religions appellent « paradis », n’en déplaise aux matérialistes. « Un merveilleux message d’espoir pour tous ceux qui ont perdu un proche », lit-on en couverture. On ne peut qu’approuver…
4,5/5
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29/12/2023
Le livre des secrets d'Enoch (André Vaillant)
Enoch nous propulse dans le monde si lointain de Sumer, celui de la toute première écriture de l’humanité. Faisant partie de la race des Patriarches de la Bible, il vécut 365 ans et son fils, Mathusalem 965. La légende raconte qu’il fut emporté au ciel par deux anges qui lui refroidirent le visage pour qu’il puisse supporter la splendeur rayonnante du Très Haut, lequel reconnut sa sainteté et lui ordonna de revenir sur Terre achever sa mission en écrivant le livre qu’Il lui inspirerait. Ce livre fut écrit entre 3000 et 1200 ans avant J.C., donc bien avant l’Ancien Testament, sur des tablettes en écriture cunéiforme sumérienne. Même si l’on trouve des pans de cet ouvrage dans la Bible, il disparut totalement pendant plus de 1400 ans avant de reparaître sous deux formes (sumérienne et slavonique). Mais aucune de ces deux versions (très proches d’ailleurs) ne fut acceptée par l’Eglise et intégrée à la Bible. Certains exégètes parlèrent même de l’œuvre d’un faussaire. Mais la découverte et l’étude des manuscrits de la Mer morte au début de l’autre siècle changèrent totalement la donne. Le texte était bien authentique.
« Le livre des secrets d’Enoch » se présente comme un texte d’inspiration biblique. L’auteur nous en présente une traduction avec assez peu de commentaires et même un moment avec les deux versions en parallèle. Il se lit sans difficulté particulière et se caractérise par l’impression étrange de « déjà-lu quelque part ». Une sorte de version proto-historique de la Génèse avec une création du monde assez poétique, un Dieu presque plus proche des hommes et moins vengeur que Yahvé, avec autour de lui toute une cour d’anges et d’archanges dont certains se rebellent contre son pouvoir et d’autres arrivent même à épouser les filles les plus charmantes de la Terre pour engendrer une race de géants. Le lecteur qui se retrouve donc en pleine mythologie, découvrira que les mythes ont la vie dure, vu qu’ils se retrouvent au fil des millénaires dans les récits de Gilgamesh, puis dans la Bible et finalement dans le Coran sous des formes assez voisines. Donc pas mal de découvertes en perspective pour les esprits curieux. Un seul exemple : il n’y aurait pas eu un seul et unique déluge comme le dit la Bible avec Noé comme personnage central, mais au moins quatre majeurs en – 9000, – 5600, – 3000 et – 2100 et les rescapés n’auraient pas gardé dans l’arche des paires d’animaux, mais des douzaines ! Au-delà de l’aspect religieux voire mystique, on peut toujours en conclure que la sagesse est éternelle.
4/5
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