04/09/2023
Les douze mensonges du GIEC (Christian Gérondeau)
Comme autant d’apôtres de la nouvelle religion climatique, les mensonges du GIEC sont au nombre de douze : 1- Le GIEC agit pour le bien de l’humanité. (Pourtant moins un pays émet de CO2, plus il est pauvre et plus il compte de morts…)
2- Les énergies renouvelables peuvent et doivent remplacer le pétrole et toutes les autres énergies fossiles. (Pourtant elles ne représentent au mieux que 2% de la production mondiale d’énergie…)
3- Le pétrole va bientôt manquer. (Pourtant le monde dispose toujours de 100 ans de consommation à minima et peut-être nettement plus… En 1973, la fin du pétrole était déjà prévue pour l’an 2000.)
4- Les océans et les mers vont monter au point de submerger les Maldives voire Manhattan. (En fait, elle n’a été observée que pour moins de 2 mm par an aux endroits les plus sensibles.
5- Les températures vont s’élever dramatiquement. (En fait d’environ 0,6° sur un siècle !)
6- Les réfugiés climatiques vont déferler par millions. (La misère et les guerres y pourvoient déjà.)
7- Le changement climatique est responsable de toutes les catastrophes. (À toutes les époques même les pré-industrielles, on a aussi constaté quantité de cataclysmes.)
8- Les ours blancs sont en danger. (Faux, ils sont plus nombreux qu’au milieu du siècle dernier avant les mesures de protection de l’espèce.)
9- Le CO2 pollue. (Faux, il est bénéfique pour la végétation, les cultures et les récoltes.)
10- L’écologie favorise l’emploi et la croissance. (Elle commence par en détruire beaucoup, génère des taxes et impôts nouveaux et crée donc de la pauvreté.)
11- Le GIEC est un groupe d’experts scientifiques. (Faux. Il a été créé par trois militants verts allemands sans qualification particulière. C’est une instance politique tenue par les gouvernements.)
12- Les scientifiques sont unanimes. (Un grand nombre de savants de premier plan qui ont contesté les affirmations du GIEC se sont vus interdits de parole. Une pétition de 30 000 scientifiques aux USA et d’autres en représentant 500 venus de divers pays ont été signées pour proclamer que le climat avait toujours varié, que le réchauffement était beaucoup plus lent qu’annoncé, qu’il n’avait pas accru les désastres naturels et que la politique devait respecter les réalités scientifiques et économiques.
« Les douze mensonges du GIEC » est un essai scientifique court, bien écrit et solidement étayé qui représente le deuxième volet de « La religion écologique » et qui peut être lu indépendamment. L’auteur part d’un événement majeur datant du 21 novembre 2021, à la séance de clôture de la COP 26 à Glasgow, où l’Inde et la Chine ont clairement déclaré qu’elles n’appliqueraient pas la résolution de décarbonation totale de la planète pour 2050 et que leurs deux pays, poids lourds démographiques avec leurs 3 milliards de ressortissants, iraient à leur vitesse et refuseraient de sacrifier leurs populations sur l’autel de l’écologie. Et c’est là, l’argument massue de l’auteur. Il est techniquement impossible d’arriver au moindre développement économique sans un recours important aux énergies fossiles. Celles-ci répondent encore aujourd’hui à plus de 80% des besoins de l’humanité. Elles permettent à des pans entiers de la population de sortir de la pauvreté, ce qui a des répercussions directes sur la vie et la mort des humains. Entre autres exemples, il cite d’ailleurs la fin du « dirty cooking » (cuisson très polluante des aliments sur des feux de branchages, déchets et autres bouses de vaches) responsable de millions de morts dans les pays du Tiers-Monde. Un ouvrage de raison et de bon sens à lire et à faire lire à nos dirigeants pour sortir un peu du narratif anxiogène des médias stipendiés, du catastrophisme échevelé des écolo-bobos style Greta Thunberg et de l’obscurantisme quasi religieux d’une écologie dévoyée qui ne se rend même pas compte qu’elle roule pour une oligarchie délétère et égoïste qui rêve d’une planète débarrassée d’êtres « inutiles ». Une démonstration magistrale.
4,5/5
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01/09/2023
Le négrier de Zanzibar (Louis Garneray)
En 1802, Napoléon ayant signé un traité de paix à Amiens avec l’Angleterre, c’en est fini de la vie de corsaire pour le jeune Louis Garneray, 20 ans. Comme il ne souhaite pas rentrer en France, il s’engage en qualité de lieutenant sous les ordres du capitaine Lafitte sur le brick « La petite Caroline », navire de commerce qui opère sur les côtes de l’Inde. Ils embarquent à leur bord une famille de Portugais qui voyagent avec une très grosse somme d’argent. Mais bientôt les voilà attaqués par un praw de pirates indiens. La bataille navale qui s’engage est des plus rudes et des plus sauvages. Les Français se battent avec l’énergie du désespoir, car ils savent que s’ils sont pris, aucune torture ne leur sera épargnée avant leur exécution. Les pirates tentent de monter à l’abordage. L’équipage parvient à les repousser au prix de très lourdes pertes. Le praw finit par couler. Mais « La petite Caroline » a tellement été endommagée qu’elle tarde pas à l’imiter. Les survivants doivent se réfugier sur une île et même s’y retrancher, car ils se retrouvent très vite aux prises avec d’autres pirates. Ils ne devront leur salut qu’à l'intervention d’un brick britannique qui leur prêtera main forte en y perdant d’ailleurs une partie de son équipage avant de les amener en Inde. Ruiné dans cette affaire, Louis devra s’enrôler comme simple matelot sur un cargo qui lui permettra de rentrer à l’île Bourbon où bien d’autres aventures l’attendront…
« Le négrier de Zanzibar » est le second tome d’une trilogie de récits d’aventures vécues dans les mers du sud. Tout aussi passionnant et agréable à lire que « Corsaire de la République », ce second opus ne se lit pas. Il se dévore, tant les combats, péripéties et rebondissements sont nombreux. Cette fois encore, la réalité dépasse la fiction. Aucun auteur de romans n’aurait pu imaginer pareille succession de naufrages, batailles, et catastrophes en tous genres. En plus de l’agrément apporté par ce récit d’aventures incroyables, le lecteur trouvera un intérêt plus historique sur la vie des équipages au tout début du XIXè siècle et surtout sur la réalité de la traite négrière du côté de Zanzibar. Celle-ci n’a pas grand-chose à voir avec ce que l’on peut s’imaginer aujourd’hui et même à l’époque (Garneray le souligne lui-même). Et comme son témoignage est de première main, il est difficile de ne pas lui faire confiance quand il explique que cette pratique faisait partie intégrante des us et coutumes africains et ne concernait pas que les prisonniers de guerres tribales. N’importe qui, s’il perdait un procès, pouvait se retrouver du jour au lendemain esclave d’un roitelet africain. Les marchands juifs et arabes n’étaient que des intermédiaires profitant de l’aubaine. Et les Européens ne s’y greffèrent qu’en dernier, en trafiquant avec les « revendeurs » principalement pour peupler leurs nouvelles colonies et les fournir en main d’œuvre. Les chapitres sur la traite du « bois d’ébène » sont les plus émouvants, les plus dramatiques et les plus tragiques quand le navire négrier marqué par une poisse incroyable doit essuyer une révolte des esclaves qui s’imaginent que les Blancs vont les tuer pour boire leur sang ! Ouvrage tellement passionnant que le lecteur se demande pourquoi ces aventures n’ont toujours pas été adaptées au cinéma.
4,5/5
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28/08/2023
Le voleur (Georges Darien)
Au tout début de l’autre siècle, George Randal, jeune homme de bonne famille et orphelin ruiné par un oncle indélicat, décide de devenir voleur professionnel. Dès sa première tentative, il réussit un coup énorme en dérobant 400 000 francs de bijoux et de valeurs diverses en forçant le secrétaire de Madame de Montareuil, sans la moindre effraction grâce à la complicité d’une servante. Son oncle, qui avait organisé le mariage de sa fille Charlotte avec le fils Montareuil, débauché notoire, annule sa promesse à cause de la ruine de la famille. Bientôt, Georges séduit Charlotte qui se retrouve vite enceinte. Conséquence immédiate : l’oncle la chasse de chez lui. Un ami de notre voleur, Issacar, homme d’affaires israélite un peu louche, emprunte 20 000 francs à Georges pour les placer dans une affaire au Congo avant de lui faire rencontrer un industriel belge qui se vante sottement de garder toute sa fortune chez lui dans un coffre-fort scellé dans un mur de son bureau. Avec l’aide de son premier complice, un jeune voyou blond appelé « Roger-la-honte », le cambriolage de l’homme d’affaire imprudent ne sera qu’un jeu d’enfant pour Georges…
« Le voleur » est un roman à thème ou à « message » datant de 1898. Le lecteur peut à juste titre se poser la question de l’intérêt de le lire encore à notre époque, plus d’un siècle plus tard. Certains considèrent cet opus comme un « classique », autant dire un livre qui peut se lire avec plaisir ou intérêt à n’importe quelle époque. Il semblerait que ce ne soit que très partiellement le cas. L’intrigue basée sur une suite de vols et de cambriolages divers n’est pas d’une grande originalité. Elle ne sert d’ailleurs que de prétexte à l’auteur pour exposer ses théories. Le style de l’écrivain n’est ni particulièrement fluide ni extrêmement vivant en dépit de fort nombreux dialogues. En effet, tout est ralenti dans ce pavé de plus de 500 pages par de longs développements politico-sociaux plus ou moins indigestes, même s’ils reposent sur des observations souvent fort pertinentes des réalités sociales. De ce point de vue, l’ouvrage est profondément ancré dans une époque marquée par l’anarchisme et l’anarcho-syndicalisme. Toute la société repose sur le vol. Et les voleurs en col blanc, les escrocs boursicotiers et autres politiciens corrompus ne restent pas moins redoutables que les apaches à casquettes et rouflaquettes. L’ennui, c’est que tout cela implique le recours aux « actions » violentes de type « Ravachol » ou « Bande à Bonnot » qui a discrédité toutes ces théories pour longtemps. Darien se pose en moraliste et en censeur d’une société à la dérive, pétrie d’hypocrisie, de faux semblants, de fausses valeurs et de fausse démocratie. Sur ces points, l’avenir lui a malheureusement donné raison. On ne partagera pas forcément toutes ses positions violemment anti-cléricales, anti-capitalistes et anti-sociales de l’auteur (médecins, juges, flics, politiciens ou bourgeois en prennent tous pour leur grade). Le côté « Don Juan » irrésistible du jeune héros, avatar de l’auteur, est aussi agaçant que peu vraisemblable. Sans parler des idées un brin machistes sur la sottise et la vénalité de la gent féminine, elles datent tellement qu’elles en sont devenues inaudibles. D’où cette impression mitigée…
3/5
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24/08/2023
De la bête humaine au TGV (Guy Roques)
Un voyage en TGV qui démarre de la gare Saint-Lazare avec l’évocation d’un Emile Zola amoureux fou de sa jeune et accorte lingère, Jeanne, jolie bourguignonne qui lui donnera deux enfants alors qu’il termine son roman « La bête humaine » avec ses deux héros Lantier, le forçat du rail et sa locomotive à vapeur, la Lison. Puis, nous voilà arrivés gare de Lyon avec sa tour asymétrique, et l’évocation des travaux titanesques descendant jusqu’à vingt mètres en dessous du bassin alluvial de la Seine pour pouvoir mettre en place la nouvelle gare TGV et la plate-forme du réseau urbain. Le train prendra ensuite un peu de vitesse pour gagner Sens, l'Auxerrois, la Bourgogne viticole, Dijon, Mâcon, puis, passé Lyon, ce sera la descente tout le long de la vallée du Rhône afin de pouvoir arriver à destination à Marseille…
« De la bête humaine au TGV » ne se présente ni comme un essai, ni comme un roman, mais comme une sorte d’OLNI (Objet littéraire non identifié), une invitation au voyage, une rêverie, pleine de digressions le long de la ligne PLM (Paris-Lyon-Marseille) sur le thème de l’épopée ferroviaire de notre fameux train à grande vitesse, voulu par De Gaulle, mis en place sous Pompidou et Giscard et inauguré en grandes pompes à l’époque par Mitterrand. Le lecteur trouvera de tout un peu dans cet ouvrage. Bien entendu pas mal de considérations techniques (très abordables) sur l’implantation des voies et des infrastructures, les avantages et les inconvénients des différents substrats, calcaire, argile et autres, les techniques particulières avec ces rails de 288 m de long soudés sur place et ces traverses en béton très particulières. L’auteur nous gratifie également de descriptions type guide touristique sur différents sites comme la petite ville de Noyers sur Serin, la cathédrale de Sens ou l’abbaye de Cluny qui faisait en son temps de l’ombre à Rome. Les anecdotes historiques ne manquent pas (Chevalier d'Eon, Vauban, l’épopée d’Alexandre le Grand ou la saga de la famille Schneider au Creusot). Les références littéraires sont fort nombreuses allant de Zola à Kessel en passant par Larbaud, Madame de Sévigné, Lamartine et Vincenot. Sans oublier les détours par le cinéma et en particulier par un film à la gloire de TGV réalisé par Daniel Vigne et ceux par la poésie ou la chanson (« Les roses blanches »). L’ouvrage s’achève par quelques chapitres évoquant une mission préparatoire d’implantation du TGV en Afghanistan qui en resta là. Projet qui, sans nul doute sera repris un jour par les Chinois, promus aujourd’hui grands maîtres mondiaux d’une technique pourtant inventée par nous. Un glossaire des sigles administratifs et ferroviaires en toute fin peut être d’une certaine utilité pour le lecteur. Au total, un ensemble un peu brouillon mais intéressant néanmoins pour certains aspects peu connus comme la découverte du site archéologique de la ville de Bactries perdue dans l’immensité afghane, immense et splendide bastion avancé de la conquête d’Alexandre le Grand.
4/5
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21/08/2023
Docteur Bloodmoney (Philip K. Dick)
Sur la rue principale d’une petite ville de l’Amérique profonde, Fergesson, revendeur de postes de télé, remonte les bretelles à Stuart McConchie, son employé black, à qui il reproche de trop rêvasser, appuyé sur son balai. Il vient aussi d’embaucher un nouveau réparateur, un certain Hoppy Harrington dépourvu de bras et de jambes et se déplaçant dans une caisse à roulettes, mais pourvu de prothèses électroniques lui permettant de très bien se débrouiller. De l’autre côté de la rue, le docteur Stockstill, psychiatre, est en pleine consultation avec un patient qui se présente sous le nom de monsieur Tree et ne supporte plus les regards et les commentaires des gens sur les imperfections de son visage irradié ni sur l’impression qu’ils lisent dans ses pensées. En réalité, il s’appelle Bloodmoney ou Bluthgeld et traine derrière lui l’insupportable culpabilité d’avoir à lui seul déclenché quelques années plus tôt une catastrophe nucléaire qui a renvoyé l’humanité des années en arrière, donné des pouvoirs bizarres à certains individus et fait muter des animaux au point d’en faire parler certains. Si les rescapés mangent parfois du rat et n’ont plus d’électricité, ils arrivent quand même à capter les émissions radios diffusées depuis un satellite bloqué en orbite au-dessus de la terre alors qu’il devait emporter un couple d’astronautes sur Mars pour y établir une colonie.
« Docteur Bloodmoney » est un roman de science-fiction post-apocalytique qui a malheureusement assez mal vieilli. Le lecteur se retrouve à suivre quelques personnages improbables comme cette petite fille qui croit avoir son frère à l’intérieur de son ventre, ce handicapé, victime du drame de la Thalidomide sans aucun doute, qui, d’homme à tout faire bienveillant, se transforme peu à peu en démiurge de plus en plus inquiétant, sans parler de Tree qui croit avoir déclenché la catastrophe finale. Tous ont plus ou moins un grain, mais cela n’est pas le plus gênant. Dès le début, l’histoire est assez longue à se mettre en place. Et après un démarrage plutôt poussif et quelques incidents et tribulations diverses comme la liquidation à distance de Bloodmoney par Hoppy, on se retrouve avec une fin ouverte, sans développement d’une véritable intrigue bien construite, sans retournement, sans chute surprenante, juste avec la vie qui continue presque comme avant dans cette petite rue d’une petite ville pleine de petites gens qui mènent leur petite vie presque comme si rien ne s’était passé. En dehors de quelques trouvailles amusantes ou fulgurances abracadabrantesques de-ci de-là, vraiment pas le meilleur opus du génial Philip K. Dick.
3/5
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18/08/2023
Dans l'œil du cyclone (Ouvrage collectif)
Un chêne tricentenaire se retrouve jeté à terre au fond d’un jardin suite à une tempête particulièrement violente… Un volcan qui se réveille soudainement raye de la carte la petite ville de Varnesbürgh… D’où viendra la fin du monde ? Sera-t-elle causée par l’inversion des pôles ou par la collusion avec un astéroïde géant venu du fond de l’espace ou par autre chose ?… En 7953, les robots ont remplacé les humains. Ils se sont réfugiés sur la lune et autres planètes, mais ne sont pas à l’abri de tempêtes solaires… La tempête de 1999 a ravagé de nombreux arbres du parc du château de Versailles, lesquels avaient sans doute vu passer la reine Marie-Antoinette quelque temps avant qu’elle-même ne soit décapitée… Sur une terre ravagée, le tout dernier homme rencontre la dernière femme… Deux randonneurs sont surpris par une violente tempête de neige en haut des pistes d’une station de ski. Arriveront-ils à regagner leur hôtel ?
« Dans l’œil du cyclone » est un recueil de 27 textes variés produits par une vingtaine d’auteurs sur le thème des catastrophes naturelles, tempêtes, typhons, tornades, séismes, éruptions volcaniques, etc. Le lecteur y trouvera un peu de tout, descriptions, poèmes, nouvelles et même quelques photos de cyclones prises depuis l’espace et illustrant la puissance phénoménale des forces de la nature. Comme toujours dans ce genre d’ouvrage, l’ensemble reste très inégal. Il y a de l’excellent, du bon et du nettement moins bon pour ne pas dire plus. Un certain nombre d’auteurs restent cantonnés dans le descriptif sans grand intérêt et même dans la logorrhée ou le verbiage type « small talk ». On pourra oublier pour mieux s’intéresser à ce qui ressort du lot comme les jolis poèmes de Bruno Kroll et trois nouvelles qui méritent le détour : « 21/12/2012 » de Jean-Baptiste Foucau pour son humour un brin sarcastique, « Tremblement de terre » de Nicolas Gramain pour son style familier et goguenard et « Alerte au géocroiseur » de Maxime Ukronus, nouvelle de science-fiction d’excellente qualité. J’entends par là, bien construite, avec une vraie intrigue, un développement logique et une chute si possible surprenante, ce qui malheureusement devient de plus en plus rare dans les productions actuelles. Le bon Maupassant doit s’en retourner dans sa tombe…
3/5
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13/08/2023
Corsaire de la République (Louis Garneray)
En 1796, le jeune Louis Garneray, âgé de 13 ans et demi, fils d’un peintre et graveur parisien, quitte sa famille pour aller embarquer à Rochefort sur la frégate « La Flotte ». Sa vocation maritime lui est venue de son admiration envers son cousin Beaulieu-Leloup qui le présente au capitaine du navire. Pour faire son apprentissage, il sera confié à Kernau, solide matelot breton qui le quittera pour des raisons sentimentales quand ils feront escale à l’île de France alors que l’escadre fait route vers les Indes. Mais à l’époque, la maîtrise des mers est de plus en plus difficile du fait de l’omniprésence de la marine britannique. Très rapidement, Louis se retrouve au cœur de combats navals aussi violents que terrifiants. Les équipages, composés en majorité de « frères la Côte », se battent comme des lions, parfois à un contre trois, et font preuve d’un courage extraordinaire. Il faut dire qu’ils sont menés par des chefs prestigieux comme L’Hermite, de Sercey et Surcouf. Parallèlement, comme il est doté d’un très bon coup de crayon, Louis commence une carrière de peintre de marine en dessinant sur tout ce qu’il trouve, bouts de bois ou morceaux de voiles. Ce n’est que longtemps après toutes ses aventures en mer et à terre, lors de son retour définitif en France, qu’il prendra la plume pour en faire ce récit.
« Corsaire de la République » est un témoignage vivant et très agréable à lire sur les conditions de vie dans la marine à voile de la fin du XVIIIè siècle. La réalité y dépasse très largement la fiction. Que d’aventures arrivent à ce jeune garçon ! Que d’épreuves doivent subir les matelots ! Les combats navals avec canonnades, explosions, incendies et abordages tournant en terribles boucheries, sans oublier le scorbut, les fièvres et le manque d’eau douce lors des épisodes de calme plat. On ne s’ennuie pas un instant en lisant ce récit plein d’anecdotes authentiques toutes croquées sur le vif d’une plume alerte. Les épisodes en compagnie Surcouf, ses coups de génie et l’équipée au nord de Madagascar à titre d’ambassade auprès de la reine de Bombetoc méritent à eux seuls le détour. Sans parler de la description de personnages hauts en couleur, de capitaines courageux, fiers et loyaux, mais aussi de marins comme on n’en fait plus, gens de sac et de cordes, corsaires prêts à tous les sacrifices pour une part de butin, sortes de pirates légalisés qui vont oublier leur souffrance dans chaque port en la noyant dans l’alcool et en cherchant un peu de tendresse dans les bras de filles faciles. On quitte cet ouvrage passionnant également d’un point de vue historique, pressé de dévorer la suite de ses aventures avec « Le négrier de Zanzibar » et « Un corsaire au bagne ». Louis Garneray mériterait d’être aussi connu et autant lu que Dumas.
4,5/5
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04/08/2023
Remèdes mortels et crime organisé (Peter Gotzsche)
Comment est-il possible qu’aux Etats-Unis et en Europe, les médicaments constituent la troisième cause de mortalité après les maladies cardio-vasculaires et les cancers ? Les sociétés pharmaceutiques feraient-elles passer leurs profits avant la santé des patients et ne se préoccupent-elles guère du fait que leurs actions puissent augmenter les décès et tous les effets secondaires handicapants ? Une chose est sûre : le marketing de Big Pharma consiste à arroser généreusement tous ceux qui peuvent l’aider à placer ses produits, les médecins, les agences du médicament, les hommes politiques, les revues médicales et les journalistes. Les multinationales se font quelquefois prendre la main dans le sac. Ainsi Pfizer a dû verser 2,3 milliards de dollars en 2009 pour marketing illégal de produits dangereux. Sanofi-Novartis a dû payer plus de 95 millions de dollars pour fraude en 2009. Glaxo-Smith-Kline en a été de 3 milliards de dollars en 2011 pour la même raison. Astra-Zénéca de 520 millions en 2010, Johnson et Johnson d’un milliard d’amende en 2012, Merck de 670 millions en 2007, Eli Lily de 1,4 milliards en 2009 et Abbott de 1,5 milliards en 2012. Des sommes énormes, mais finalement peu de choses en comparaison des bénéfices himalayens réalisés. La liste est longue des médicaments qui se révélèrent inutiles voire dangereux pour la santé humaine : Vioxx, Tamiflu, Oxycontin, Prozac (qualifié par l’auteur de « médicament abominable » en raison du nombre incroyable de suicides générés par sa prise), sans oublier le scandale de la Thalidomide avec ses bébés naissant sans bras ni jambes !
Cet ouvrage qui n’est pas un pamphlet, mais une enquête sérieuse et solidement établie sur des faits et rien d’autre (une masse impressionnante de notes et de références à la fin de chaque chapitre permet au lecteur d’aller vérifier tout ce qui est avancé) est aussi un des réquisitoires les plus sévères que l’on puisse lire sur une profession qui se comporte comme une véritable mafia avec la complicité de quasiment toutes les strates des états et des instances mondiales (OMS). Tous les profits pour Big Pharma qui n’hésite pas à retirer du marché un vieux médicament efficace et peu cher pour le remplacer par un nouveau bien pire, mais surtout beaucoup plus cher et tous les risques pour les patients. Lire cet ouvrage fait aller le lecteur de scandales en scandales au point d’en avoir le cœur au bord des lèvres. Bien que l’auteur reconnaisse que Big Pharma puisse se targuer d’un nombre de morts plus importants que la mafia, il annonce quand même que les choses évoluent dans le bon sens, mais trop lentement et beaucoup trop peu à son goût. Nous qui bénéficions de plus de recul, avec la poignée d’années depuis la parution de cet ouvrage, nous avons pu constater qu’avec l’horreur de la crise sanitaire que nous avons traversée, il se trompait sur ce point précis. Non seulement cela ne s’améliore pas, mais cela s’aggrave de façon dramatique. La corruption des élites n’a fait que s’étendre, la malfaisance de Big Pharma également.
4,5/5
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28/07/2023
Pilleurs d'Etat (Philippe Pascot)
Peut-on vivre confortablement et fort longtemps de sa fonction d’élu de la nation ? Les fonctions de député, sénateur, conseiller départemental ou régional, maire d'une ville importante ne représentent-elles pas de plus ou moins grasses sinécures si recherchées et si intéressantes que nombre de nos politiciens s’y accrochent au point de faire de charges qui devraient relever du service dû à la population un pré carré jusqu’à devenir des professionnels toujours prêts à défendre leurs avantages acquis tant ils sont nombreux : grasses indemnités de fonction, exonération d’impôts, gratuité des trains et des avions, 13 semaines de congés payés au lieu de 5, retraites douillettes et cumulables (jusqu’à cinq !), faibles cotisations pour gain maximum, privilèges divers et variés, cumuls de mandats, reconversion simplifiée en avocat ou en préfet « hors classe », retour automatique dans la fonction publique, sans oublier les conflits d’intérêts, les activités plus ou moins bidons et nombre de petits arrangements entre amis. La liste des avantages est presque interminable et si l’on tente de faire le total de leurs gains réels, on peut en arriver à des rentrées mensuelles allant de 6000 jusqu’à 20 000 euros et parfois plus !
« Pilleurs d’Etat » est une enquête sans concession sur les avantages et privilèges de la classe politique française menée par Philippe Pascot, l’homme au petit chapeau, ancien assistant de Manuel Valls qu’il présente d’ailleurs comme une sorte de petit marquis très imbu de sa personne. La France peut se vanter d’avoir le plus grand nombre d’hommes politiques par rapport au nombre d’habitants, beaucoup plus que les Etats-Unis, la Grande-Bretagne ou l’Allemagne. Est-elle mieux gérée ? Que nenni. Lois prises à la va-vite, sous le coup de l’émotion, absentéisme généralisé sur les bancs de l’assemblée, commissions « Théodule », etc. De plus, ces gens nous coûtent « un pognon de dingue » ! Et même si ces politiciens ne sont pas tous pourris (ce qui n’est d’ailleurs pas le sujet du livre, les affaires Cahuzac, Thevenoud et autres n’étant qu’évoquées au passage), tous profitent largement de leur statut, tous s’exonèrent de tout contrôle et veillent jalousement sur leurs avantages et leurs privilèges. Ils peuvent parfaitement être élus sans avoir besoin de présenter un casier judiciaire vierge et ne déclarer qu’une infime partie de leur patrimoine sans être inquiétés le moins du monde. Même si cette recension honnête et sans pitié date un peu (elle s’arrête en 2015), la lire aujourd’hui révolte toujours, d’autant plus que la situation est loin de s’être améliorée aujourd’hui. Euphémisme…
4,5/5
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23/07/2023
Ces plantes que l'on mange (Jean-Marie Pelt)
Aux temps préhistoriques, quelques tribus de chasseurs cueilleurs découvrirent un jour que l’on pouvait récupérer les graines de céréales arrivées à maturité et les semer l’année suivante. L’agriculture était née. Puis les hommes commencèrent à stocker les graines récoltées, ce qui initia la fin du nomadisme et celle de la précarité alimentaire. Mais aussi amena l’édification des premiers hameaux, des premiers villages avec les premiers échanges des excédents de grains ou de plantes, ce qui permit d’améliorer la vie en diversifiant l’alimentation. Le commerce était né. Toute cette évolution entraina une explosion de la démographie, la population se multipliant très vite par un facteur mille… Le christianisme favorisa la culture du blé et de la vigne pour le pain et le vin nécessaires à la pratique du culte religieux. L’élevage relevant plus du paganisme (sacrifices d’animaux). Mais paradoxalement, les éleveurs s’enrichirent plus vite et plus facilement que les cultivateurs de céréales, car le blé fut toujours considéré comme une culture essentielle au maintien de la vie, au point de réglementer son prix de vente et même de faire procéder à des distributions gratuites en période de disette. Le régime des petites gens du Moyen-Âge consistait surtout en bouillies de céréales et en herbes sauvages et légumes au pot (chou principalement). Nombre de fruits et de légumes ne parvinrent chez nous qu’au fil de leurs découvertes en Orient ou dans le Nouveau Monde. Les légumes avaient d’autant plus de valeur et de qualités qu’ils étaient loin du sol. Les fruits étaient en haut de la hiérarchie vu qu’ils poussent sur des arbres. Idem pour les volatiles. Le canard et l’oie étant moins appréciés que le poulet et les rapaces qui pouvaient aider à la chasse tenaient donc le haut du panier…
« Ces plantes que l’on mange » est un essai de vulgarisation botanique comme sait si bien les produire Jean-Marie Pelt. Sans doute un peu moins fouillé que d’autres livres de l’auteur. Plus basique, plus généraliste. Il se veut exhaustif en abordant tout ce qui se mange de végétal aussi bien les fruits et les légumes que les céréales, les légumineuses, les huiles et les matières grasses, les épices et les aromates, le café, le thé, le chocolat et les sucres, sans oublier les plantes sauvages. Le tout aussi bien sous leur aspect historique, botanique, que nutritif et même diététique. Le lecteur éclairé n’apprendra pas grand-chose de nouveau sur ces sujets, mais appréciera les anecdotes amusantes ou non comme la saga de la pomme de terre qui eut quelques peines à s’imposer en Europe et surtout en France ou celle du chocolat, petite fève amère que les Indiens additionnaient d’épices et que les Européens marièrent au sucre et à bien d’autres choses pour en faire la denrée que nous connaissons. La plus étonnante est sans doute celle de ces trois condamnés à mort britanniques à qui l’on proposa la vie sauve à condition qu’ils ne se nourrissent plus que de chocolat, de café ou de thé. Celui qui choisit le chocolat ne survécut qu’un an, celui qui opta pour le café deux et celui qui prit le thé trois ! À noter aussi une profusion d’illustrations anciennes et beaucoup (trop?) de photos se voulant artistiques de Rob White.
4/5
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