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11/03/2023

Sarnia (Gerald B. Edwards)

Sarnia.jpgEbenezer Le Page a passé toute son existence sur l’île anglo-normande de Guernesey. Il ne s’est jamais marié et n’a eu aucun enfant, à sa connaissance. Un peu trop âgé et faisant déjà partie de la milice de l’île, il n’est pas parti faire la guerre de 14-18 en France alors que nombre de ses camarades n’en sont pas revenus comme Jim, son meilleur ami et presque son frère. Arrivé au soir de sa vie, il entreprend de raconter ce que furent environ 80 années d’une toute petite communauté vivant sur elle-même dans une tranquillité relative. Tout le monde y est plus ou moins cousin ou cousine de près ou de loin. Ebenezer évoque entre autres la vie de ses parents, de ses deux tantes Hetty et Prissy, de leurs époux et de sa sœur Tabitha avec laquelle il vivra assez longtemps, une fois ses parents décédés. En 39-45, l’île subira une occupation allemande assez rude. Puis, après la libération, l’île évoluera assez rapidement à cause du tourisme. Les gens partiront un peu partout. D’autres arriveront. Ebenezer, lui, ne quittera jamais sa petite maison, sa serre et son carré de tomates. Il n’ira jamais plus loin que la ville pour toucher sa pension, faire quelques courses, boire une bière au pub et pêcher en mer sur son petit bateau. Toute une vie de calme un peu égoïste avant l’arrivée de la télé qu’il exècre et de toutes les nouveautés technologiques ou sociétales qui firent de son petit univers un monde disparu.

« Sarnia » n’est ni un journal, ni un roman, ni un témoignage, mais un peu des trois. N’en déplaise à Maurice Nadeau qui avance dans son introduction qu’Ebenezer n’est en aucun cas G.B.Edwards, la sincérité, l’authenticité et la naïveté avec lesquelles toute cette saga ilienne est racontée laisse à penser qu’il y a au moins 90%, si ce n’est plus, d'Ewards chez Ebenezer. Il faut être de Guernesay, avoir vécu toute cette période, avoir connu tous les gens qui sont décrits pour pouvoir produire cet ouvrage un peu bizarre, mais tellement touchant. Il ne fut pas publié du vivant de l’auteur car refusé par tous les éditeurs de l’époque. Le temps a rendu justice à Edwards/Ebenezer qui savait si bien décrire ses contemporains. Il faut lire ce livre un peu long, mais jamais lassant ne serait-ce que pour les pages décrivant son amitié avec Jim, ses amours contrariés avec Liza (les deux s’aimaient sincèrement, mais n’arrivaient jamais à être en phase) et sa recherche éperdue d’un héritier à qui léguer sa maison, sa serre et le petit pécule en souverains d’or économisés sou à sou qu’il cachait dans coffre enterré dans son jardin. Les anciens pourront y retrouver la vie d’avant et les jeunes la découvrir.

4,5/5

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08/03/2023

Glacé (Bernard Minier)

Glacé.jpgAu sortir du téléphérique privé les amenant à leur centrale hydroélectrique juchée à plus de 2000 mètres d’altitude dans les Pyrénées, quelques ouvriers découvrent horrifiés le cadavre d’un cheval décapité et dépecé accroché à un portique… Diane Berg, jeune psychologue suisse, vient prendre son premier poste à l’Institut Wargnier, centre psychiatrique de très haute sécurité, spécialisé dans la détention de tous les pires sociopathes et psychopathes d’Europe, dont la direction est assurée par un certain docteur Xavier, psychiatre venu de Montréal, qui l’accueille tout à fait froidement… Le pur-sang sacrifié était la propriété d’Eric Lombard, PDG fort influent d’une multinationale, lequel exige qu’une enquête approfondie soit immédiatement diligentée. Et l’affaire se complique lorsqu’un randonneur découvre un homme complètement nu pendu par les bras et par le cou sous la voûte d’un pont tout proche… Si on y ajoute une vieille affaire de suicide collectif inexplicable d’ados âgés de 15 à 18 ans, on se retrouve devant une enquête bien délicate que devront conjointement mener Martin Servaz, flic divorcé, trouillard et hypocondriaque, et Irène Ziegler, capitaine de gendarmerie, dynamique, casse-cou et lesbienne…

« Glacé » est un thriller à la française s’étirant sur plus de 730 pages qui se lisent assez rapidement, mais pas non plus à une vitesse folle. On n’est pas vraiment dans le page-turner yankee. Le suspens n’est pas très haletant. L’histoire, écrite d’une manière plus punchy et plus « close to the bone » aurait pu aisément tenir sur 300 pages ! L’intrigue démarre sur des chapeaux de roues aussi improbables qu’invraisemblables. Imagine-t-on un milliardaire sacrifier son yearling préféré, un animal lui ayant coûté une fortune, juste pour éloigner les soupçons de la police ? Après une enquête un peu poussive suivie de la découverte capillotractée d’une première coupable fort peu crédible, le lecteur en arrive à une fin logique mais nullement surprenante. Cet ouvrage reste dans le style polar de divertissement comme nos bons éditeurs français nous en produisent à la pelle. Seule originalité de son auteur : sa propension à nous gratifier d’un nombre impressionnant de proverbes en latin !

3/5

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04/03/2023

L'obsolescence de l'homme (Günther Anders)

L'obsolescence de l'homme.jpgSommes-nous de taille à nous mesurer à la perfection de nos produits ? Ce que nous fabriquons ne dépasse-t-il pas notre responsabilité et notre capacité de représentation ? Ne croyons-nous que ce qu’on nous autorise à croire ? Ne vivons-nous pas dans un narratif permanent, une réalité truquée, tronquée, pré-digérée, fantomatique ? Quel est le rôle des mass-médias dans la crétinisation et la passivité généralisée ? La télévision, en particulier, ne rend-elle pas l’homme passif et ne lui apprend-elle pas à confondre systématiquement l’être et l’apparence ? N’empêche-t-elle pas toute réflexion en privilégiant toujours l’émotion au détriment de la réflexion ? En un mot n’est-elle qu’un outil de propagande au service du pouvoir et des puissants ? Pour Anders, l’homme post-nucléaire est plus petit que l’homme lui-même. Il ressent de la honte vis-à-vis de la machine qui dispose de plus de mémoire, calcule plus vite et beaucoup mieux que lui. Paradoxalement, devenu omnipotent puisque capable, grâce à l’arsenal nucléaire, de faire disparaître sa planète, l’homme est devenu passif, indifférent, nihiliste et même « annihiliste » (néologisme de l’auteur). Il ne réagit plus, se contente d’obéir aux ordres sans réfléchir, devenant ainsi lui-même partie de la machine et donc à la racine du problème…

« L’obsolescence de l'homme » est un essai philosophique et moral, sous-titré « Sur l’âme à l’époque de la 2ᵉ révolution industrielle ». Il est suivi de deux autres textes : « Etre sans temps », une analyse très fouillée de la pièce de théâtre bien connue « En attendant Godot » et « Sur la bombe et les causes de notre aveuglement face à l’Apocalypse », étude des conséquences psychologiques, philosophiques et morales sur l’humain et sur la société en général de l’arrivée de cette arme de destruction absolue. Cet ouvrage publié en 1956 ne fut traduit en français qu’en 2002. Il n’en demeure pas moins d’une actualité encore plus frappante aujourd’hui. Même si sa lecture peut être parfois un peu laborieuse tant l’auteur a cherché à atteindre une précision presque scientifique de sa pensée et de ses concepts, le lecteur ne pourra qu’admirer la lucidité, l’intelligence et la perspicacité dont l’auteur a pu faire preuve. Plus qu’un visionnaire, Anders fut un analyste rigoureux, plein de fulgurances paradoxales, un des premiers à dénoncer les dérives du modernisme et en particulier la réification de l’homme ainsi que son aveuglement devant l’apocalypse. Il faut faire l’effort de lire Anders pour mieux comprendre notre étrange époque.

3,5/5

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01/03/2023

Histoire des guerres de Vendée (Emile Gabory)

Histoire des guerres de Vendée.jpgLe 12 juillet 1790, l’Assemblée constituante, se montrant plus antireligieuse qu’anti-monarchique, vote la « Constitution civile du clergé ». Evêques et prêtres seront élus par le peuple et devront prêter serment de fidélité à la République. Le clergé se retrouve aussitôt partagé entre « jureurs » et « réfractaires ». Bien qu’au départ très favorable à la Révolution, le petit peuple vendéen rejette « les jureurs » et à l’automne 1790, les premiers troubles éclatent dans le bocage vendéen. Des pétitions pleuvent, réclamant le retour de la liberté de culte. En vain. En août 1791, un décret permet de fondre les cloches des églises pour en faire des pièces de monnaie. Bientôt les paysans refusent de payer l’octroi, déplorant que la révolution qui avait promis de réduire les impôts n’ait fait que les augmenter. Les processions et les pèlerinages sont interdits. Des chapelles sont détruites. Et le 27 mai 1792, le pouvoir décrète la déportation de tous les prêtres réfractaires qui sont embarqués en Espagne ou en Angleterre. Les premières tentatives de révolte sont des échecs noyés dans le sang (500 morts à Bressuire). Et finalement, c’est la conscription et la levée en masse de 300 000 hommes qui mettra vraiment le feu aux poudres. Les Vendéens s’arment de fourches et de faux retournées et vont chercher dans leurs châteaux les quelques nobles un peu versés dans l’art militaire pour les mettre à leur tête. Ainsi Charette de la Contrie parvient-il à s’emparer pour un temps de Pornic. Puis ce sont d'Elbée, Bonchamps, les Sapinaud, La Rochejaquelein et tant d’autres qui se retrouvent contraints de suivre le mouvement. Ainsi débutèrent les guerres de Vendée qui s’achevèrent par le fer et par le feu sous les coups des terribles colonnes infernales de Turreau qui avait l’ordre écrit de la Convention de ravager le pays, de détruire les récoltes et les habitations et de trucider ceux qu’ils appelaient des « bandits », mais aussi les vieillards, les femmes, pour qu’elles ne produisent plus de rebelles, et les enfants, pour qu’ils n’aient jamais l’idée de venger leurs parents…

« Histoire des guerres de Vendée » est un essai historique d’une très grande qualité, précis, parfaitement documenté, antérieur aux travaux de Reynald Secher, l’historien contemporain qui fit le plus pour ramener à la surface l’histoire d’un génocide longtemps mis sous le boisseau. En effet, le « populicide » programmé, organisé, planifié par le comité de salut public et la Convention, fut doublé d’un « mémoricide ». Mais la vérité, même bien cachée au fond de son puits, finit un jour ou l’autre par revenir à la surface. Dans cet ouvrage qui est le condensé d’une œuvre monumentale de sept tomes, Emile Gabory ne fait qu’énumérer des faits tous indiscutables. Tout comme les Etats-Unis se sont construits sur le sang des Indiens, la République Française s’est établie sur celui des peuples de l’ouest qui avaient osé revendiquer la liberté de culte et donc s’opposer aux révolutionnaires. Il ne cache pas les nombreuses erreurs stratégiques que firent les Vendéens manquant de vigilance, d’organisation et de coordination. Il montre également le peu d’efficacité de l’aide des émigrés et du soutien de l’Angleterre (catastrophes de Quiberon et de l’île d’Yeu), la veulerie des princes, sans oublier le fatal franchissement de la Loire dans l’espoir fallacieux de faire alliance avec les Chouans de Bretagne et de Normandie et d’atteindre un port pour pouvoir continuer la lutte. Une « Virée de Galerne » qui sera aussi sanglante que fatale. Gabory termine cette tragédie avec la folle initiative de la duchesse de Berry en 1832 qui s’achèvera aussi dans le sang et enterrera pour toujours toute velléité de révolte dans l’Ouest. Entre temps, Napoléon avait ramené la paix religieuse en promulguant le Concordat. Un ouvrage majeur sur le sujet.

4,5/5

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24/02/2023

La face cachée du 11 septembre (Eric Laurent)

La face cachée du onze septembre.jpgPour commencer son enquête, Eric Laurent se lance sur les traces d’Oussama Ben Laden dans les montagnes de Tora-Bora. Il aimerait bien y découvrir la fameuse base souterraine secrète d’Al Qaeda, hyper-équipée, avec des kilomètres de galeries, des salles de contrôle, de vastes entrepôts d’armes et de munitions et des entrées assez larges pour laisser passer des chars d’assaut. Mais les talibans ne lui montrent que quelques petites caches ou grottes où une poignée d’hommes peut trouver place en se serrant bien les uns contre les autres. Quant au « palais » de Ben Laden ce n’est qu’une pauvre maisonnette en pisé qui n’a même plus de toit ! Pas d’électricité. Pas de route. Aucun moyen de communication moderne. Comment une opération aussi sophistiquée que celle des attentats du 11 septembre aurait-elle pu être organisée depuis ces montagnes perdues ? Un premier doute s’empare du journaliste. Puis, quand il remonte une autre filière, celle de l’argent et des capitaux, il découvre un incroyable délit d’initiés couvert par la SEC, le gendarme de la bourse américaine. Quelques jours avant l’attentat et jusqu’aux dernières heures, des spéculateurs avaient pris des milliers de « putt open » (actions jouées à la baisse) sur « United Airlines » et « American Airlines » et empoché des millions de dollars. Comment avaient-ils été informés ? Pourquoi la SEC n’a pas réagi ? Et les doutes continuent de s’accumuler avec les listes des pirates de l’air données par le FBI et même celles des passagers des avions, toutes fausses. Les kamikazes auraient été entrainés sur des bases de l’armée de l’air américaine, ce que celle-ci rejette parlant, d’identités dérobées. En mai 2001, le MI6 britannique et les services secrets allemands avaient prévenu la CIA que des détournements d’avions étaient en préparation. Aucune réaction. Et quelques mois avant les faits, les Américains avaient organisés des exercices de simulation avec détournement d’avions et attaque du Pentagone et des tours du WTC. Bizarre, vous avez dit « bizarre » ?

« La face cachée du 11 septembre » est le résultat décevant de l’enquête d’un journaliste d’investigation qui est allé frapper à toutes les portes possibles des Etats-Unis à l’Arabie Saoudite en passant par l’Afghanistan, le Pakistan et le Qatar pour essayer de faire la lumière sur un drame qui coûta la vie à plus de 3000 personnes et détermina toute une suite d’évènements aux conséquences terribles (guerres, lois liberticides, reculs démocratiques, etc.) Il a interrogé des chefs d’État, des responsables de toutes sortes et nombre d’honorables correspondants de services secrets et n’a jamais obtenu de réponses satisfaisantes à toutes ses questions. Le NORAD était ce jour-là en alerte maximum en raison d’un exercice. Les avions de chasse pouvaient aisément intercepter et abattre les avions détournés. Aucune réaction non plus. Pourquoi l’ordre n’a-t-il pas été donné ? Idem pour le rôle particulièrement trouble de l’ISI pakistanais, des services secrets américains, CIA et autres. Le lecteur ressort de ce livre passionnant avec encore plus de doutes sur la version officielle qu’il n’en avait avant. Rien ne tient la route dans le narratif que les médias nous ont servi. Et encore l’auteur a-t-il laissé de côté tous les aspects techniques abracadabrantesques de cette sombre affaire ! Il termine d’ailleurs son enquête sur un aveu d’impuissance total, comparant ce drame à l’assassinat du président Kennedy : « L’assassinat du président américain en 1963 demeure un mystère entouré de mensonges ; le 11 septembre, lui, reste un ensemble de mensonges, entouré de mystères. » Saura-t-on un jour la vérité ? On peut raisonnablement avoir des doutes…

4/5

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21/02/2023

L'effroyable imposture du rap (Mathias Cardet)

L'effroyable imposture du rap.jpgNé au milieu des années 70 dans les ghettos noirs new-yorkais, le rap (signifiant entre autres « Rage against the police ») va rapidement s’imposer outre Atlantique comme le courant musical principal de la contestation. Dès les années 80, il envahit l’ensemble du territoire des Etats-Unis puis peu à peu celui de l’Europe en commençant par les banlieues défavorisées. Il devient le porte-parole des « sans-voix » qui peuvent enfin exprimer leur mal-être, leurs frustrations et leur rejet du système. Dans les années 90, il évolue en « gangsta rap », glorifiant les bienfaits des drogues, le bling-bling avec les grosses chaînes en or, les pétasses court-vêtues et les tueurs de flics. En ce qui concerne la France, ce sont quelques personnes branchées comme Bernard Zakri, correspondant à New-York du magazine « Actuel », Laurence Touitou, architecte et Sophie Bramly, photographe, qui l'importèrent et en firent la promotion. Ils passèrent le relais à Alain Maneval (Europe 1, émission « Pogo » et TF1 « Mégahertz ») qui commença à en diffuser sur les ondes croyant voir dans ce style musical un prolongement du mouvement « punk ». Une première tournée « Zulu Nation » fut un échec, le public préférant à l'époque le « rock steady ». Le succès finit par arriver en 1984 avec l’émission de télé « Hip-hop », NTM, IAM et autres Ministère Amer. Le rôle de Jack Lang, Jean-Paul Gaultier, SOS Racisme et Malek Boutih ne fut pas négligeable non plus…

« L’effroyable imposture du rap » est un essai sur un courant musical qui prédomina pendant plus de quarante années. Une incroyable longévité pour de la pseudo-poésie accompagnée de quelques riffs et scratchs de synthés, « rap » signifiant également « bavarder sur un fond rythmique » en argot noir américain. Si l’auteur, qui en fut grand fan avant de s’en éloigner, démonte bien le mécanisme de lancement d’un produit de consommation courante comme n’importe quelle lessive, s’il prouve que le but de l’opération était surtout de « calmer » les ghettos et ici les « banlieues » en y adjoignant une bonne dose de shit et qu’au bout du bout, que cette fausse « révolte » s’est terminée en consommation à outrance (basket, fringues, etc.) et donc en profits énormes pour ceux qui ont su en faire un bon filon (la fortune de Booba est évaluée à 40 à 60 millions de dollars), on se demande en quoi c’est plus une imposture que tout le reste et en quoi elle est effroyable, la récupération tout comme la marchandisation de tout et de n’importe quoi étant le principe même du capitalisme. Ouvrage intéressant si l’on veut s’informer sur les dessous de cette affaire, mais qui laisse un peu sur sa faim en raison de son titre racoleur.

3/5

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18/02/2023

Contes de la viille France (Max Jasinski)

Contes de la vieille France.jpgAu moment de passer un pont et de s’acquitter de son droit de passage comme tout un chacun, le roi Louis IX fait la connaissance d’un troubadour qui se plaint de ne pas pouvoir payer le péage. Le bon roi trouve une solution inattendue… À Pont de Briques, non loin de Boulogne, quelques moines vivent dans la solitude et la paix. Mais l’un d’eux se demande si, après une très longue période de béatitude, les élus ne finissent pas par s’en lasser quand même… L’acariâtre femme d’un pauvre paysan se plaint sans cesse de son sort. Et quand celui-ci rencontre un ânier qui fait obéir à coups de badine son animal rétif, il lui vient une idée… En enfer, Satan accueille l’âme pitoyable d’un pauvre poète. Il lui donne à pousser le feu de la chaudière où rôtissent les hôteliers qui le jetaient autrefois dehors… À Douai, Mme Elodie, épouse d’un riche drapier s’ennuie à mourir. Pour se distraire, elle invite à dîner trois bossus, tous très amusants, mais tous véritables fripouilles… Parti chasser, le jeune duc Désiré rencontre une jeune fée particulièrement jolie. Il en tombe amoureux et l’épouse aussitôt. Mais leur amour doit rester caché aux yeux des hommes… La mère Martin est si pauvre qu’elle finit par se faire saisir son unique bien, sa vache. Une voisine lui reproche de n’avoir pas su « graisser la patte » de son créancier. Cela lui donne une idée…

« Contes de la vieille France » est un recueil en comportant vingt-cinq, tous assez peu connus dans l’ensemble, quoi que de facture classique et comme inspirés des « Contes de Perrault » ou de « ma mère l'Oye ». Un conteur pourrait en régaler petits et grands au coin de la cheminée, devant une belle flambée un long soir d’hiver. Avec un égal bonheur, ils mettent en scène seigneurs et paysans, belles dames et bergères, tout comme bourgeois retors et avares et troubadours impécunieux. De temps à autres, apparaissent même de grands personnages ayant existé comme Charlemagne, Roland ou Saint Louis ou mythiques comme Merlin l’enchanteur ou la fée Viviane. Les textes sont courts, simples, efficaces et bien écrits donc tous très agréables à lire. Bien que publiés en 1920, ces contes n’ont pas pris une ride et peuvent parfaitement être lus et appréciés aujourd’hui, autant par les parents que par les enfants. Aucune mièvrerie, mais de la finesse et des histoires qui donnent à réfléchir sur les faiblesses et les vilenies humaines. À découvrir ou redécouvrir.

4/5

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14/02/2023

Je suis Pilgrim (Terry Hayes)

Je-suis-Pilgrim.jpgPlongé dans une baignoire remplie d’acide type Destop, le cadavre de femme défigurée et avec toutes les dents arrachées est découvert par Pilgrim et son ami du FBI plongé dans une chambre de motel minable de la côte ouest. Pilgrim, qui cumule un nombre impressionnant d’identités différentes, fait partie de « La Division », une sorte de police des polices créée par le président Kennedy pour surveiller les multiples services secrets américains. Il en fut un des héros majeurs avant que celle-ci fut dissoute. Son ami, lui s’est distingué pendant les évènements du 11 septembre en sauvant un handicapé moteur bloqué dans les étages. À Djeddah (Arabie Saoudite) la décapitation au sabre de son père opposant au régime est à l’origine de la vocation de djihadiste du « Sarrazin » qui fut un héros de la guerre d’Afghanistan avant de diriger sa vengeance contre les Etats-Unis, meilleur soutien des Saoud. Il commence par énucléer le directeur adjoint d’un institut médical syrien, ce qui lui permet de voler des doses de vaccin contre la variole, maladie disparue depuis plus de trente ans mais qu’il veut répandre là-bas sous une forme nettement plus virulente…

« Je suis Pilgrim » est un roman d’espionnage à tiroirs dans lequel l’intrigue (une tentative de contamination par un virus « à gain de forme » se mêle à deux enquêtes policières adjacentes. Cet opus, premier roman de Terry Hayes, scénariste hollywoodien (« From hell », « Mad Max 2 ») spécialisé dans le spectaculaire et les effets spéciaux, se présente sous la forme d’un pavé de plus de 900 pages qui se lit relativement rapidement, mais sans être un véritable « page-turner », vu que le rythme s’essouffle parfois par manque de péripéties ou par des retours en arrière importants et même des histoires dans l’histoire. L’auteur a sans doute voulu trop en faire en privilégiant le gore et le spectaculaire au risque de tomber dans l’invraisemblance et le manichéisme. Le lecteur n’échappera pas au mythe du super-héros de chez Marvel qui sauve le monde à lui tout seul, qui se fait torturer à mort, mais arrive encore à se battre et à vaincre. Sans oublier le méchant qui arrive à bricoler un super virus dans un coin de garage avec quelques appareils d’occasion achetés sur internet et des tutos de même provenance. On y croit. Amateurs de vraisemblance, de nuance et de finesse, pourront s’éviter le pensum et en rester à John Le Carré et autres auteurs plus « sérieux ». Les autres apprécieront peut-être l’ouvrage pour son côté violent voire sadique, son spectaculaire et ses effets aussi faciles que clinquants.

3/5

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11/02/2023

L'homme aux gants de toile (Jean de La Varende)

L'homme aux gants de toile.jpgSous Napoléon III, au fin fond de la Normandie, un homme dans la force de l’âge vit caché dans les bois où il bûcheronne rageusement. Bien qu’il ait des allures aristocratiques, il se fait appeler Monsieur Louis. Il semble vouloir expier quelque chose ou chercher à échapper à la police du régime. La plus jolie jeune fille de la région nommée Jacqueline, fille non reconnue d’un noble et d’une paysanne, s’attache à lui au point de venir chaque jour s’occuper de sa modeste demeure. Le hobereau du coin, le duc de Loigny, la tient plus ou moins sous sa protection. Il avait été page du comte d’Artois, puis aide de camp de Charrette et avait fini général d’Empire sous Napoléon Ier. Un soir, Monsieur Louis assiste par hasard à un coup de filet des gabelous contre des contrebandiers tentant de débarquer du tabac sur une plage. L’affaire tourne mal. Un homme grièvement blessé est récupéré par Monsieur Louis et ramené à sa famille. Il mourra le lendemain. Et quand les prisonniers devront être transférés au bagne, c’est un groupe de paysans qui viendra le solliciter de bien vouloir prendre leur tête comme au meilleur temps de la chouannerie pour organiser le coup de main qui devrait libérer leurs amis. Le faux bucheron accepte mais à la condition que les gueux ne se munissent ni d’armes à feu, ni d’armes blanches, mais juste de bâtons et de gourdins…

« L’homme aux gants de toile » est un roman que l’on pourrait classer dans le rayon « terroir » aujourd’hui. Publié en 1943, c’est surtout un livre nostalgique sur la fin de la petite aristocratie terrienne à peine plus riche que les paysans qui la servaient encore. Le style très travaillé et pas mal daté avec ses longues descriptions d’une méticulosité complètement inconnue de nos jours peut sembler un brin rébarbatif. D’autant plus que La Varende s’éternise un peu beaucoup dans la présentation de ses personnages qui ne sont que quatre pour les principaux si l’on inclut un certain Flammèche, colporteur trainant dans les campagnes, mais en réalité voyou parisien sans foi ni loi et surtout celui par qui le malheur arrive. À noter également quelques apparitions fugaces de Barbey d’Aurevilly que l’auteur a certainement dû fréquenter. Il le présente d’ailleurs comme nobliau de fraîche date, particulièrement attiré pour ne pas dire obsédé par l’étrange, le fantastique voire le « gore » comme on dirait aujourd’hui. Au total, un roman qui peut encore se lire surtout pour le dernier tiers où l’intrigue se déploie enfin, mais qu’on ne classera quand même pas dans les meilleurs du maître normand.

3/5

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08/02/2023

La treizième tribu (Arthur Koestler)

La treizième tribu.jpgAu temps de Charlemagne, la partie de l’extrême est de l’Europe allant du Caucase à la Volga était dominée par un puissant état appelé l’empire Khazar, suzerain d’une vingtaine de petits royaumes bulgares, polonais, magyars ou rhus qui lui versaient tribu. À cette époque, les armées du califat, qui étaient parvenues à franchir les montagnes du Caucase, furent stoppées net par les armées khazars. Il s’ensuivit un conflit qui dura plus de cent ans. Ils permirent ainsi un certain répit à l’empire romain d’Orient en bloquant cette avancée à l’est pendant qu’à peu près à la même époque, Charles Martel en faisait autant à l’ouest du côté de Poitiers. Les Khazars étaient un peuple nomade. Ils avaient la réputation de ne jamais se laver, de porter les cheveux longs (blonds aux yeux bleus pour les « Khazars blancs » et bruns aux yeux sombres pour les « Khazars noirs ») et de pratiquer des sacrifices humains. Pris entre l’autorité de l’empereur byzantin chrétien et le calife musulman de Bagdad, la Khazarie finit par adopter la religion juive, histoire de conserver son indépendance. Mais la montée en puissance du peuple russe et surtout les grandes invasions mongoles signèrent la disparition de leur empire et leur éparpillement en Pologne et en pays magyar principalement.

« La treizième tribu » est un essai historique qui, s’il apprend pas mal de choses sur une des véritables origines du peuple juif, n’en demeure pas moins basé sur des sources peu fiables voire contradictoires (lettres de voyageurs, de diplomates, voire témoignages de seconde main…). Il reste certainement beaucoup à découvrir sur le sujet. Le lecteur y découvrira combien ces temps pouvaient être barbares. Ainsi les Khazars se débarrassaient-ils des gens qu’ils jugeaient trop intelligents. « Si tu en sais trop, on te pendra. Si tu es trop modeste, on te marchera dessus », disaient-ils. Il pourra revoir également pas mal d’idées reçues. À cette époque, le prosélytisme religieux était courant, la mixité aussi, tout comme les viols de captives. Résultat plus de peuple élu ni de race pure, mais une immense majorité de gens métissés. Koestler prouve ainsi que l’idée d’une « race » juive issue uniquement de Palestine est un leurre. Si les Séfarades (juifs d’Espagne puis du Maghreb peuvent se prétendre d’une lointaine origine moyen-orientale), les Ashkénazes (descendants directs des Khazars éparpillés en Europe de l’Est) sont d’ascendance turco-mongole, voire aryenne d’Inde. Rien n’est simple en ethnologie historique. Ouvrage intéressant pour une première approche du sujet.

4/5

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