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04/01/2022

Un président ne devrais pas dire ça… (Gérard Davet & Fabrice Lhomme)

Un président ne devrait pas….jpgQue reste-t-il du quinquennat de François Hollande ? Fut-il vraiment le président le plus impopulaire, le plus calamiteux et le plus insignifiant de la Ve République ? Frais émoulu de l’ENA, il fut d’abord auditeur à la Cour des Comptes, puis chargé de mission à l’Elysée pour son idole François Mitterrand. Elu député de Corrèze en 1988, il fut battu en 1993. Maire de Tulle puis président du Conseil Général, il s’épanouit comme petit potentat local. Il se plaça d’abord dans le sillage de Jacques Delors puis dans celui de Jospin qui l’imposa comme premier secrétaire du PS. En 2006, Ségolène Royal lui brûla la politesse en se déclarant candidate à l’élection présidentielle. Trop commun, trop mou, trop terne, en mars 2011, il ne rassembla que 3% des votes à la primaire socialiste, alors que DSK caracolait en tête. Survint le scandale du Sofitel de New-York. Hollande se relança alors dans la campagne. Discours du Bourget, (« Mon ennemi, c’est la finance ! »). Victoire contre Sarkozy et accession à la magistrature suprême. « Il ne trouve que je suis président », dit-il comme s’il n’en revenait toujours pas ou comme s’il avait conscience de ses limites et de celles de son pouvoir. Et voilà celui que ses adversaires surnommaient Flanby, Pépère ou Culbuto embarqué dans cinq années de crise économique, d’horreur terroriste, d’avancées sociétales discutables, d’augmentation d’impôts, de recul de la démocratie, d’opérations militaires en Afrique et de déliquescence de la gauche. Mais il aura quand même goûté à « la drogue ultime, le pouvoir suprême ». « J’aurais vécu cinq ans de pouvoir relativement absolu », avoue-t-il, satisfait de son bilan.

Quel pensum, la lecture de ce gros pavé de 720 pages tout rempli de politique politicienne, de politicaillerie, de négociations de boutiquiers, de petites manœuvres sans grand intérêt pour l’Histoire. Le lecteur qui attendait des scoops, des révélations fracassantes, de grands coups de projecteurs dans les coulisses du pouvoir en sera pour ses frais. Il n’apprendra quasiment rien qu’il ne sache déjà si ce n’est que Poutine aurait prévenu Hollande que la Grèce avait demandé à la Russie de lui imprimer des drachmes lors de la crise et qu’Hollande se teignait pas les cheveux. L’affaire du mariage pour tous avec ses manifestations monstres à Paris et dans tout le pays est à peine évoquée et juste pour dire combien Christiane Taubira fut efficace et courageuse. Tous les scandales qui entachèrent le quinquennat sont minimisés : Cahuzac n’a eu qu’un « petit souci fiscal », Aquilino Morelle « s’est pris les pieds dans une boîte de cirage », Thomas Thévenoud « était allergique aux impôts », sans parler de Kader Arif, Faouzi Lamdaoui et de quelques autres indélicats. Les deux journalistes du « Monde » auraient pu en apprendre bien plus lors de ces dizaines d’heures d’entretien, répartis sur quatre années et demi et 61 séances. Ils n’en ressortent qu’une tentative ridicule de donner une absolution et presque un satisfécit à un personnage qui abaissa encore plus que son prédécesseur la fonction présidentielle et ne réalisa même pas qu’avec ses dénis de réalité et son manque de respect de la volonté populaire, il ouvrait la route à toutes les dérives autoritaires de son successeur. Rien à garder de ce bouquin, excepté l’anaphore finale en forme de coup de sabot de l’âne. (À lire dans les citations, pour le reste, on peut faire l’impasse.)

2,5/5

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28/12/2021

Les Indiens d'Amérique du Nord (Georges Catlin)

Les Indiens d'Amérique du nord.jpgDe 1832 à 1839, Georges Catlin sillonna les grands espaces de l’ouest américain, en remontant le Missouri et en allant jusqu’aux Rocheuses, à la recherche des tribus indiennes les moins touchées par la « civilisation » qui se ruait déjà vers eux. À une trentaine d’années de distance, il partit sur les traces des grands explorateurs Lewis et Clarck et, comme Audubon, il fut aussi un peintre de paysages et de portraits de chefs Peaux Rouges. Ses tableaux, rassemblés dans un musée, figurent parmi les rares documents permettant de se faire une idée de la vie des tribus indiennes juste avant l’invasion yankee et la fin de cette civilisation singulière. En effet les Indiens d’Amérique passèrent d’une population de 16 millions d’habitants à seulement 2 en fort peu de temps, victimes du whisky, de la variole et de la guerre. D’abord repoussés au-delà du Mississippi, puis de plus en plus loin vers l’ouest, sur des territoires de plus en plus déserts, tous firent néanmoins un excellent accueil à Catlin.

« Les Indiens d’Amérique du Nord » est un essai anthropologique d’une lecture un peu laborieuse. En effet, cet ouvrage illustré de nombreuses reproductions de tableaux de l’auteur et composé de 58 lettres suivies d’un appendice consacré à un plaidoyer en faveur des Indiens et d’un réquisitoire enflammé à l’encontre des Visages Pâles, ne suit ni un ordre chronologique vu que ce n’est en aucun cas un récit de voyage classique, ni une forme thématique. Le résultat donne une accumulation de redites comme la chasse aux bisons qui est décrite à de multiples reprises. Sans parler des longues descriptions de paysages. Paradoxalement, le lecteur en apprendra moins sur les us et coutumes de ces populations disparues que dans les ouvrages de la collection « Terre Humaine » par exemple. Il découvrira cependant que la viande de chien, les queues de castor et les langues de bisons figurent parmi les plats les plus recherchés de leur gastronomie, que l’Indien est superstitieux et qu’il a un grand sens de l’honneur. Il place autour de sa taille et un peu partout sur ses vêtements les scalps pris sur ses ennemis tués au combat. Plus il peut en exhiber, plus il sera considéré comme un guerrier respecté. Il garde en permanence une bourse à médecine qui contient des gris-gris censés le protéger. Il pratique la polygamie, seule organisation permettant de compenser les pertes en hommes des perpétuelles guerres entre tribus. On passera sur les supplices d’initiation très bien décrits pour ne pas choquer les âmes sensibles. Il ressort de ce témoignage une impression mitigée. Bien sûr, ces pauvres gens furent broyés impitoyablement, comme par un rouleau compresseur. Mais ils eurent une certaine part dans leur destinée. Leur chasse au bison était avec aussi peu respectueuse du maintien de l’espèce que celle des chasseurs yankee (Buffalo Bill). Ils contribuèrent pour une part à la disparition de l’animal qui était garant de leur survie. Ils ne surent pas se fédérer, étant perpétuellement en guerre les uns contre les autres. Très peu parvinrent à passer du statut de chasseur-cueilleur à celui de cultivateur. Ils furent aussi d’une grande naïveté dans les négociations des traités de paix, véritables marchés de dupes. Une tragédie et un génocide dont les Américains resteront éternellement responsables.

3/5

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23/12/2021

Meurtre par injection (Eustace Mullins)

Meurtre par injection.jpgDès 1600 avant J.C., plus de 900 médicaments étaient déjà à la disposition des médecins y compris l’opium. Aujourd’hui, la médecine allopathique est devenue dominante. Elle cherche à discréditer, à déconsidérer, voire à annihiler sa concurrente, la médecine homéopathique à laquelle encore beaucoup de gens dont la reine Elizabeth II continuent à avoir recours. Pourtant, en 1847, aux Etats-Unis, le nombre des homéopathes représentait encore le double de celui des allopathes. Mais en 1892, John D. Rockefeller reçut de Frédérick T. Gates un plan lui permettant de se rendre maître de tout l’ensemble du système américain d’éducation médicale. Sous sa houlette, le nombre d’écoles de médecines passa de 650 à 50 et celui des diplômés fut ramené de 7500 à 2500. Rockefeller avait commencé en vendant des potions, à base de pétrole, censées soigner n’importe quoi mais, en réalité, plus nocives qu’efficaces. À la fin de la première guerre mondiale, les productions de produits chlorés à but militaire (ypérite) furent reconverties en insecticides et pesticides pour l’agriculture et en médicaments pour humains et animaux. Les multinationales de la chimie et de la pharmacie engrangent des profits phénoménaux avec des chiffres d’affaires de plusieurs milliards de dollars. Leurs médicaments sont malheureusement trop souvent surévalués, inefficaces et potentiellement dangereux. En septembre 1980, la FDA fit ainsi retirer du marché plus de 3000 médicaments à l’efficacité douteuse et à la dangerosité certaine. La liste de ces derniers est interminable, celle des scandales sanitaires aussi. (Thalidomide, Aspartame, etc.) Chaque année, 30 000 Américains meurent des effets indésirables des médicaments et des vaccins.

« Meurtre par injection » est un essai sur l’état de tout le système médical américain. Le titre est assez mal choisi. En effet, le problème des vaccins n’est abordé que dans un seul chapitre assez court d’ailleurs. L’auteur prend le problème dans son ensemble en commençant par la partie historique qui montre comment on en est arrivé là. Depuis la création de pseudos instances de contrôle et de régulation comme l’AMA (American Medical Association) dirigée jusqu’en 1949 par deux charlatans, Simmons et Fishbein, jusqu’à la main mise absolue du trio Rockefeller-Rothschild-Gates sur l’ensemble de la filière, OMS incluse. Une guerre sans merci fut livrée contre les médecines douces comme l’homéopathie, la phytothérapie, la chiropractie et autres qu’on accusa de tous les maux pour mieux promouvoir la filière chimique d’un rapport bien plus intéressant. Ainsi apprend-on que les huiles essentielles furent interdites, saisies et détruites comme « substances dangereuses » alors que personne n’était mort ou n’avait été malade suite à leur prise. Que l’on a expérimenté pendant des années des vaccins sur des prisonniers dans les pénitenciers américains sans leur consentement et avec les conséquences tragiques que l’on imagine. Que dans les années 60, Dulles commanda à la société Sandoz basée en Suisse rien moins que 10 kg de LSD soit cent millions de doses qui servirent aux expériences menées dans les universités de la côte ouest (Timothy Leary) sous la houlette de la CIA, laquelle reprit et mena à leur terme toutes sortes d’expérimentations de manipulations mentales et autres lavages de cerveau initiés par les médecins nazis (MK Ultra, MK Delta, etc.) Au total, un réquisitoire implacable et ahurissant qui fait froid dans le dos. À réserver aux courageux qui voudraient en savoir un peu plus sur le sujet.

4/5

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21/12/2021

Le viol des foules par la propagande politique (Serge Tchakhotine)

Le viol des foules par la propagande.jpgQu’est-ce vraiment que la propagande politique ? Comment manipule-t-on l’opinion publique ? Comment certains parviennent à fabriquer le consentement des masses ? La valeur de la propagande de la peur est surtout réelle paradoxalement là où il n’y a pas vraiment de menace extérieure. Tout est donc dans le narratif, dans la façon de présenter les informations. Et le plus inquiétant, c’est que moins de 10% des hommes est capable de résister à cette technique de propagande affective se basant sur les lois des réflexes conditionnés (Pavlov), alors que les 90% restant succombent au viol psychique. Hitler et Mussolini sont ainsi parvenus à leurs fins. Les peuples allemands et italiens les ont suivis passivement ou avec enthousiasme. On sait où cela les a menés. L’ennui, c’est qu’après la guerre, les mêmes causes engendrant les mêmes effets, d’autres ont suivi leurs traces en appliquant de semblables méthodes de manipulation de masse et même en les perfectionnant (Expérience MK Ultra, opération « Paperclip »). En effet, il est naturel pour le peuple de se soumettre à l’autorité, de se conformer à la majorité et de pratiquer la brutalité envers ceux qui sont plus bas que lui. (Boucs émissaires). Les techniques de base reposent sur des appels aux émotions, aux instincts les plus bas, comme le meurtre, la vengeance et la discrimination.

« Le viol des foules par la propagande politique » est un essai de sociologie politique paru en 1952 qui fut d’abord censuré en France en 1939, puis confisqué et détruit en Allemagne en 1940. Que révèle-t-il de si dangereux pour avoir subi pareil sort ? Rien que nous ne sachions aujourd’hui, tant la propagande s’est améliorée, affinée et est devenue omniprésente au point d’envahir et de diriger nos vies. Serge Tchakhotine, qui s’est surtout attaché à étudier les propagandes fascistes et nazies, reste très discret voire favorable aux équivalents communistes russes, chinois et autres. Il faut dire qu’il se présente comme socialiste et qu’il fit partie du « Front d’Airain », structure politique qui tenta avec un certain succès de contrer le nazisme en l’attaquant sur les symboles : triples flèches pour contrer les croix gammées, énormes manifestations, parades avec flambeaux, musiques de percussion, uniformes, et rouge des drapeaux et oriflammes, couleur la plus appropriée pour exciter l’agressivité. Mais la passivité des caciques socialistes de l’époque, le jusqu’au-boutisme des bolcheviques ainsi que le double jeu de Von Papen finirent par faire basculer le peuple du côté d’Hitler, mais il s’en fallut de très peu. Cette séquence historique méconnue est la partie la plus intéressante de l’ouvrage. Les développements purement psychologiques et sociologiques sont plus fastidieux à lire. Quant aux conclusions sur la nécessité d’un gouvernement mondial instaurant sur toute la planète une paix éternelle et un bonheur universel dans un socialisme triomphant, les évènements récents viennent de démontrer leur manque de réalisme, voire leur naïveté.

3/5

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19/12/2021

Le gambit du magicien (David Eddings)

Le gambit du magicien.jpgAlors que Dame Polgara pose une attelle à son père Belgarath pour réduire la fracture du bras qu’il s’est faite suite à la chute d’un arbre, elle répète à la princesse C’Nedra qu’en dépit de sa fugue et de son refus d’obéir, elle sera amenée de gré ou de force à la cour de Riva, histoire de respecter la volonté de son père. La quête de l’Orbe, qui continue encore et encore, mènera ensuite nos héros dans les entrailles de la terre où ils rencontreront un peuple qui n’a pas vu la lumière du jour depuis plus de 5000 ans et qui leur permettra de profiter de l’aide d’un certain Relg qui possède un pouvoir tout à fait étrange, celui de passer à travers murs et rochers même les plus durs.

Avec « Le gambit du magicien », la saga de la « Belgariade » arrive à un tournant, mais non à sa fin, ce qui aurait pu être le cas. En effet, après trois tomes et 1150 pages de lecture un brin fastidieuse, l’histoire n’a que fort peu progressé. La quête de l’Orbe semble interminable. Les chevauchées dans le vent, le froid et la neige dans un décor aussi minéral que désertique, même pimentées de quelques rencontres de monstres, finissent par lasser le lecteur le plus patient. Heureusement, la scène finale avec la montée à Rak Cthol et l’affrontement homérique entre le Grand Prêtre Ctuchik et le sorcier Belgarath réveille un peu l’intérêt. Nul doute que les fans de fantaisie souhaiteront quand même découvrir la suite de cette histoire, mais ce sera sans moi. Un ensemble trop lent, trop mou, trop ennuyeux. Pas assez de rebondissements, de surprises, de rythme et d’humour !

2,5/5

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13/12/2021

Faire réussir la France (Jacques Attali)

Faire réussir la France.jpgLa commission Attali a auditionné plus de 400 personnalités dont 55 en session plénière. Elle a élaboré une trentaine de réformes et définit 250 actions urgentes pour protéger la sécurité, la santé, la liberté et le maintien du niveau de vie des Français. Elle a procédé à un état des lieux assez consternant de la maison France. La dette publique a pris des proportions folles. Elle représente le double de celle de l’Allemagne. Le pays compte dix millions de pauvres et 2,1 millions d’allocataires du RSA. Notre industrie est complètement sinistrée. Son poids dans le PIB est passé de 15% en 2000 à 10% aujourd’hui (20% en Allemagne et 15 en Italie). Les industriels français paient dix fois plus de taxes et impôts que leurs homologues allemands… Les propositions pour aider au redressement sont aussi nombreuses que variées : plan enfance, aide sociale jusqu’à 25 ans, revenu unique d’insertion pour tous de 1000€ pour les 18/25 ans, congé de paternité d’une durée égale au congé de maternité, refondation du financement des retraites, construction de nouvelles centrales nucléaires, mise en place d’une assurance maladie intégrale, création d’un million de contrats d’apprentissage, recrutement de 2500 nouveaux magistrats sur 5 ans, rétablissement du septennat pour la présidence de la république, mise en place du vote électronique, droit au travail pour les migrants non régularisés, forte augmentation du parc de logements sociaux avec obligation réelle de 25% par commune, permis de conduire à 1 euro, fin de l’opération « Sentinelles », réhabilitation thermique des logements, conditions moins drastiques pour les référendums d’initiative populaire, création d’une armée numérique, etc.

La lecture de ces propositions donnera au lecteur l’impression que la montagne technocratique a accouché d’une souris. Il sera en présence d’un inventaire à la Prévert de dizaines de mesures que l’on peut trouver raisonnables et même souhaitables dans un monde rêvé. En effet, comme d’habitude, aucune de celles-ci n’est financée. Il faudrait d’ailleurs trouver 100 autres milliards pour relancer l’économie, c’est Jacques qui le dit. Et quand Jacques a dit, on connait la suite. L’argent magique se mettrait-il à soudain pleuvoir du ciel ? On notera également une longue suite de vœux pieux : mixité sociale dans toutes les écoles, même les plus huppées, trente minutes de sport pour chaque citoyen, accès universel à la culture, privation d’écrans pour les moins de trois ans, revitalisation du dialogue social, de la démocratie participative et des dynamiques européennes. Plus grave, une totale incompréhension de la crise des « Gilets jaunes » et des déclarations à l’emporte pièce qui ne peuvent que faire bondir un lecteur averti. Deux exemples : « Les libertés ont été à peu près respectées » lors de la gestion de la pandémie et « l’union européenne est assez française », comme si notre poids dans cette institution représentait plus qu’un pauvre vingt-cinquième. Au total, un ouvrage sans grand intérêt, car trop loin des réalités.

2,5/5

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08/12/2021

Le moment est venu de dire ce que j'ai vu (Philippe de Villiers)

Le moment est venu de dire ce que j'ai vu.jpgPhilippe de Villiers est entré en politique par effraction et il en est ressorti avec un énorme dégoût. Aujourd’hui, on peut même dire qu’il la déteste pour tout le mal que ses représentants ont fait à notre pauvre pays. Il a côtoyé tous les puissants. Tout d’abord Chirac, chaleureux mais sans la moindre conviction, qui pouvait se droitiser la semaine à Paris et se gauchiser le week-end en Corrèze. Puis Giscard qui voyait la France comme une puissance moyenne, voire de second rang, qu’il fallait dissoudre au plus vite dans une Europe fédérale. Pour lui, la France était trop petite (1% de la population mondiale) pour pouvoir résoudre seule ses problèmes. Puis Mitterand qui l’estimait vu que lui-même venait de la droite et savait naviguer vers la gauche quand cela pouvait lui servir. Il a bien connu également Pasqua qui fut un temps son allié, Philippe Séguin et Jimmy Goldsmith qui lui fit la courte échelle pour décrocher son mandat européen ce qui lui permit de découvrir que c’était l’argent qu’on déversait sur les sondeurs qui permettait de l’emporter. Et l’on peut poursuivre la liste avec Hassan II qui aimait sincèrement notre pays, l’affreux Boudarel, le tortionnaire communiste des camps de la mort Viet-Minh, l’immense Soljenitsyne qui vint inaugurer un monument dédié au souvenir des martyrs de la Vendée et même Poutine qui lui acheta le concept du Puy du Fou pour l’adapter à son pays.

Ce livre est à la fois un récit de souvenirs, un témoignage et un manifeste sur la droite où l’on arrive jamais. Le réquisitoire est des plus sévères sur la politique menée depuis un demi siècle. Selon lui, la France est devenue un champ de ruine. L’agriculture est complètement sinistrée. Il y avait 10 millions d’actifs agricoles après la guerre, il en reste à peine 900 000 aujourd’hui avec un suicide par jour. Les centres-villes se désertifient de plus en plus au profit des grandes surfaces de leur périphérie. La haine de soi est devenue omniprésente. Le dénigrement de la France est constant. Le migrant a remplacé le prolétaire abandonné à la mondialisation sauvage. Notre industrie a été démantelée au profit de pays étrangers où les salaires sont moins élevés que chez nous (Plus d’un million d’emplois perdus). Le livre étant paru en 2015, l’auteur ne parle pas de la triste suite des évènements qui n’ont fait qu’empirer jusqu’à nous amener au bord du gouffre. Ouvrage intéressant ne serait-ce que pour se rendre compte de l’importance et des raisons du désastre.

4,5/5

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04/12/2021

La France insolite (Franck Chauvet)

La France insolite.jpgQu’ont en commun les villes d'Apremont, de Locronan, de Gordes, de Pérouges et de Villefranche, les résidences d’Alexandre Dumas, d’Anatole France et d’Honoré de Balzac, les sites naturels comme le cirque de Gavarnie, le site de Filitosa, le gouffre de Padirac, la vallée des Merveilles et la chaîne des Puys, les jardins remarquables comme la Bambouseraie d’Anduzes et le Jardin des Cinq Sens, ou les endroits incroyables comme la Maison Vaisselle cassée, la Grotte magique, l’Eglise verte, la Fabuloserie ou le Paradis ? Ce sont autant de sites insolites, connus ou méconnus à découvrir dans notre si beau pays. L’auteur en a sélectionné cent, ce qui est très loin de représenter un répertoire exhaustif.

« La France insolite » est un charmant petit guide joliment édité. Couverture et impression de qualité, papier glacé et nombreuses photos couleurs. On regrettera néanmoins que chaque lieu n’ait pas eu droit à son illustration. On remarquera également que Paris et la région Ile-de-France se taillent la part du lion alors que certaines régions comme les Hauts de France ou l’Aquitaine n’ont pas le moindre site insolite à présenter. Cet ouvrage permettra cependant de quitter un peu les sentiers battus, il invitera à aller dénicher ces perles parfois très peu connues. Ainsi peut-on apprendre un peu et découvrir beaucoup sans avoir besoin d’aller à l’autre bout de la terre.

4/5

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28/11/2021

Le traitre et le néant (Gérard Davet & Fabrice Lhomme)

Le traitre et le néant.jpgAprès un double échec au concours d’entrée à Normale Sup, le jeune Emmanuel Macron réussit celui de l’ENA. Déjà, il commence à s’y constituer un réseau. Puis très vite le voilà à l’Inspection générale des finances et bientôt secrétaire à la commission pour la libération de la croissance économique française présidée par Jacques Attali, l’homme qui murmure à l’oreille de tous les présidents depuis Mitterrand, le faiseur de roi, l’éminence grise de la république qui le présente à Hollande juste avant que celui-ci ne devienne président. Il en fera un secrétaire général de la présidence, puis son ministre de l’économie et des finances. Il s’apercevra trop tard que Macron joue double jeu, le ringardise, le pousse vers la sortie et qu’il monte son propre mouvement « En Marche ». Finalement, en mai 2017, Macron réussit « le hold-up politique du siècle ». Jamais élu, sans véritable parti, mais avec l’énorme soutien des médias et de quelques milliardaires, il parvient à s’emparer du fauteuil de celui qu’il a trahi.

« Le traitre et le néant », nouvel opus du duo d’enquêteurs du « Monde », se présente comme un très long article de journal plus attaché à décrire la personnalité ambivalente de l’actuel chef de l’État que de vraiment pousser loin l’investigation. Les deux auteurs ont essuyé une longue suite de refus de participation à cet ouvrage. La liste de ceux-ci tient d’ailleurs sur plusieurs pages en fin de volume. Ni l’intéressé, ni sa femme, ni ses principaux ministres n’ont accepté de les rencontrer. Ils ont donc dû se contenter des échos de seconds couteaux et autres personnages du cercle dont une bonne majorité reste d’une discrétion de violette et d’une prudence pas trop étonnante quand on sait combien Macron est craint. Ces témoignages distillés un à un, sans véritable souci de chronologie ni de cohérence, nous brossent un portrait psychologique assez précis du personnage : prétentieux, arrogant, intrigant, populiste mais libéral, fluctuant, opportuniste, cynique, pragmatique, sans convictions, mais supérieurement intelligent et disposant d’un charme indéniable. Ces potins de cour, ce « verbatim », ne nous apprennent finalement pas grand-chose sur le fond. On aurait aimé en savoir plus sur les financements de sa campagne, sur ces milliardaires qui, ayant payé l'orchestre, ont pu choisir les morceaux joués. La manière dont sont traités la plupart des sujets (vente à la découpe du pays avec Alstom, Alcatel, Technip, Lafarge, Safran Identity, les chantiers de l’Atlantique et l’aéroport de Toulouse-Blagnac, CSG, retraites, révolte des Gilets Jaunes, crise sanitaire) est tout à fait décevante. Les auteurs s’en tiennent au narratif officiel dont tout le monde découvre peu à peu combien il était mensonger. Les rares mesures utiles sont toutes à mettre au crédit du président, les erreurs à la charge de ses subordonnées. Au bout du compte, le lecteur finit par avoir l’impression que nos deux pseudo-enquêteurs cherchent à innocenter un personnage qui n’aime ni la France ni les Français tout en lui concédant une personnalité assez détestable, mais sans vraiment désapprouver son exercice solitaire du pouvoir pour ne pas dire plus.

2,5/5

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19/11/2021

Le monde selon Monsanto (Marie-Monique Robin)

Le monde selon Monsanto.jpgMultinationale américaine de la chimie, des semences et des manipulations génétiques, Monsanto a été responsable de la production à grande échelle et de la mise sur le marché de quelques-uns des plus dangereux produits de l’époque moderne : le DTT, aujourd’hui interdit, les PCB (bisphénol polychloré, communément appelé « pyralène » chez nous), liquides réfrigérants et lubrifiants dont la nocivité reste dévastatrice pour la santé humaine, la dioxine dont quelques grammes suffisent pour empoisonner une ville entière, l’agent orange utilisé massivement au Viet-Nam par l’armée américaine comme défoliant, les hormones de croissance laitières et bovines poussant les animaux à dépasser leurs capacités naturelles, le désherbant Round-Up, présenté fallacieusement comme biodégradable et favorable à l’environnement et pour finir, « last but not least », les fameuses semences OGM de soja, maïs, riz ou coton aussi catastrophiques pour la biodiversité que pour la santé humaine…

« Le monde selon Monsanto » se présente comme une enquête aussi fouillée que magistrale sur une société si obsédée par l’appât du gain qu’elle en oublie tout principe moral et toute valeur pour imposer son emprise sur quasiment l’ensemble de la planète, amenant dans son sillage la misère et le désespoir des petits paysans, des dégâts quasi irréversibles sur l’environnement et une dégradation de la santé humaine. L’auteure, également co-réalisatrice du documentaire éponyme, a dû sillonner la planète pour mener à bien son enquête. Celle-ci la mena des plaines du Middle-West américain aux grands espaces canadiens pour le soja, puis dans toute l’Amérique du Sud pour le maïs et finalement en Inde pour le riz et le coton. Au fil des pages et des découvertes, le lecteur se retrouve de plus en plus horrifié devant le cynisme et les malversations innombrables de cette multinationale qui se permet de breveter le vivant, d’interdire aux agriculteurs de resemer les graines qu’ils ont récoltées, d’intenter des procès aux récalcitrants entre autres manières de voyous en col blanc. Ce géant apprenti sorcier sans foi ni loi qui se retrouve ainsi en position de quasi-monopole mondial, s’offre des profits pharamineux au détriment de la vie biologique, de la santé et même de l’existence des hommes. Le livre refermé, on ne peut que se poser la question : « Quand et comment arrêtera-t-on cette multinationale qui ne nous veut aucun bien ? »

4/5

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