06/09/2021
Reine Kannon Ka, la vérité interdite (Apollo Blueskin)
Il y a huit mille ans, un gigantesque vaisseau spatial de 500 m de long est contraint de se poser en catastrophe sur terre, en Egypte, près de Sakkara, en raison d’une avarie technique. Alertés par la violence du crash, les populations environnantes se précipitent, mais en restant prudemment à distance. Des êtres très semblables à des humains en sortent pour constater les dégâts. Ils disposent d’objets qui dégagent de la lumière et de l’énergie et même de mini-embarcations volantes qui vont leur permettre d’explorer toute la terre dans l’espoir de découvrir les ressources nécessaires à la remise en état de leur engin. Les hommes les considèrent immédiatement comme des dieux. Leur séjour parmi nous va se prolonger au fil du temps, au point qu’à toutes les époques on trouvera trace de l’influence bienfaisante des extra-terrestres dans toutes les grandes réalisations architecturales de l’humanité et dans toutes ses avancées technologiques, politiques ou sociales. Les dieux ne lâcheront plus les humains. Et la très belle Kannon Ka mènera le bal.
Cet ouvrage qui se veut exhaustif a pour unique originalité d’être inclassable. Ce n’est pas un roman, bien que tout relève de la fiction, ce n’est pas un essai, car les libertés prises avec l’Histoire sont trop énormes. Tout doit passer à la moulinette de la bienfaisante influence des dieux quitte à totalement tordre la vérité historique. Ainsi, le Christ (demi extra-terrestre) est sorti de son tombeau par deux lions géants. Jeanne d’Arc n’a pas été brûlée à Rouen, on lui a substitué une remplaçante. La Grande Armée n’a pas été vaincue par le froid en Russie, mais par la magie de Kannon Ka. Laquelle a servi de modèle pour la statue de la Liberté malgré sa peau noire. Elle apparaitra ensuite à Lourdes, Fatima, Medjugordje et des dizaines d’autres lieux. Et partout les voyants durent avoir la berlue. Personne ne nota qu’elle était noire ! Quelques exemples pour illustrer à quel niveau de n’importe quoi on tombe ! Le fond étant si faible, la forme compense-t-elle un peu ? Pas du tout. On tombe de Charybde en Sylla. C’est plat, lourd, sans relief ni qualité. Les erreurs grammaticales et lexicales sont innombrables. Sans parler des insupportables répétitions, en particulier celles sur la beauté sublime de la déesse ainsi que sur sa couleur de peau. Ça vire à l’obsession et c’est particulièrement agaçant pour le malheureux lecteur qui doit se faire violence pour arriver au bout de ce véritable pensum !
1,5/5
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01/09/2021
Le guide du voyageur galactique (Douglas Adams)
Rien ne va plus sur la Terre pour Arthur Dent, Anglais tout ce qu'il y a de moyen et de banal. La mairie a décidé de raser sa maison pour pouvoir construire à la place une bretelle d’autoroute. Le chef de chantier est sur place, accompagné de ses ouvriers. Déjà, les bulldozers font vrombir leurs moteurs. C’est trop injuste pour Arthur qui décide de s’étendre dans la boue devant les mastodontes d’acier pour les empêcher de détruire sa maison. Et comme un malheur n’arrive jamais seul, Ford son meilleur ami, astrostoppeur natif de Bételgueuse et exilé depuis 15 ans sur Terre, lui annonce froidement que celle-ci va être détruite dans les deux minutes qui suivent. Déjà d’énormes engins se rassemblent dans le ciel avec des intentions fort peu pacifiques.
« Le guide du voyageur galactique » est un roman de science-fiction humoristique, parodique et complètement décalé qui peut se révéler un régal pour qui aime ce genre très particulier. Nous sommes en effet dans le registre de l’humour british le plus loufoque, le plus barré, en plein « nonsense » tout au long d’une histoire sans queue ni tête. Les personnages se retrouvent dans toutes sortes de situations improbables et s’en sortent toujours, même au prix de contorsions d’une totale invraisemblance. Rationalité, logique et vraisemblance sont bien sûr le cadet des soucis de Douglas Adams qui préfère rire de tout, pour le plus grand plaisir du lecteur. On notera une certaine parenté d’inspiration avec le regretté Terry Pratchett et avec l’excellent Neil Gaiman. Et, à certains moments, j’ai même eu l'impression de me retrouver avec une bande de Shadoks sur la planète du Petit Prince ! C’est dire…
4,5/5
08:34 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0)
29/08/2021
Atlas du mondialisme (Pierre Hillard)
Saviez-vous qu’à la Révolution, avant de découper la France en départements, le premier projet fut un quadrillage parfaitement géométrique du territoire ? Même après quelques aménagements pour s’adapter quelque peu à la réalité du terrain, le maillage obtenu donna un charcutage complètement artificiel, ce qui n’était pas le cas des anciennes provinces qui avaient une histoire et de profondes attaches avec le pays réel. On dit aussi que pour complaire aux directives européennes, un certain François Hollande redessina les « régions », sorte de nouveaux « länders » sur une simple nappe de restaurant ! Saviez-vous aussi que l’affaire du Bagdad-Bahn, projet ferroviaire allemand devant relier Hambourg à Bagdad et même au Koweit, fut le parfait exemple de la lutte à mort que les thalassocraties anglo-saxonnes livrèrent aux empires centraux pour atteindre une suprématie absolue sur le pétrole du Moyen-Orient. Saviez-vous pourquoi « Les 300 propositions pour la France » de la commission Attali étaient en réalité 316 ? Lu à la manière hébraïque, de droite à gauche, ce chiffre donne 613, soit le nombre exact des prescriptions de la Torah. Humour d’une éminence grise qui aime à raconter des histoires de vente de pantalons à une seule jambe…
« Atlas du Mondialisme » est un essai de géostratégie et de politique particulièrement fouillé et détaillé. On y trouve de très nombreuses cartes, notes et autres documents rares. Pierre Hillard s’est particulièrement attaché à explorer l’aspect historique de la question. Car toute cette affaire ne date pas de la crise sanitaire ni des élucubrations d’un certain Klaus Schwab. Elle remonte à très loin dans le temps, aux hérésies, à Luther, aux sociétés secrètes, à la Révolution de 1789. Le nazisme et le bolchevisme furent des étapes évidentes du processus. Bien qu’édité en 2016 et donc un peu daté en raison des nouveaux développements, cet ouvrage demeure une référence ne serait-ce que par les recherches menées et les découvertes qui sont toujours d’actualité. Ainsi, le lecteur découvrira-t-il qu’il n’y a pas qu’un seul et unique mondialisme, celui orchestré par les Etats-Unis et la Cité de Londres, mais au moins deux. Le second, mené par la Russie de Poutine avec la Chine comme arbitre, se veut plus comme un bloc de puissances souveraines refusant de se dissoudre dans l’empire américain. Hillard en conclut que « le mondialisme est un messianisme. C’est l’enfer contre lui-même. » Peut-on y trouver une lueur d’espoir ?
4,5/5
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26/08/2021
La maladie cherche à me guérir (Philippe Dransart)
Nous commençons peu à peu à admettre que certaines de nos maladies peuvent être classées comme psycho-somatiques et que notre psychisme peut parfois influer fortement sur notre santé. Le docteur Philippe Dransart va nettement plus loin dans sa démarche. Pour lui, tous nos maux relèvent de ce cas de figure. Notre esprit et notre corps ne font qu’un. Ils sont même en perpétuel dialogue. L’un entrainant l’autre et réciproquement. En appui à sa thèse, il évoque cette patiente qui n'arrivait pas à se débarrasser d’un orgelet à cause d’une la mère trop envahissante qui lui « sortait par les yeux ». Ou cette autre femme qui souffrait de problèmes cardiaques depuis que son compagnon l’avait abandonnée sans un mot et lui avait « fendu le cœur ». Ou encore ce chef d’entreprise, trahi par son associé et épuisé par ses responsabilités, qui déclarait en avoir « plein le dos » et qui souffrait depuis cette affaire de… lombalgie. Et tant d’autres…
« La maladie cherche à nous guérir » est un essai de vulgarisation médicale fort intéressant surtout par les anecdotes et les cas cliniques évoqués. Tous laissent rêveur le lecteur qui apprendra beaucoup de choses sur la santé et les rapports entre l’âme (le soma, la psyché) et le corps. Souvent celui-ci exprime des choses que le patient refoule ou ignore. Ce phénomène de somatisation est troublant. Quelquefois, il suffit de résoudre le problème psychologique pour que la maladie ou le désordre fonctionnel disparaisse comme par enchantement. Mais le plus souvent, comme le reconnaît très honnêtement Philippe Dransart, il faut recourir à la médecine pour remédier tout à fait classiquement à cette souffrance d’origine psychologique, mais bien réelle. Ouvrage intéressant ne serait-ce que pour nous rappeler la complexité de l’humain et la noblesse de la vocation médicale.
4/5
09:12 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0)
23/08/2021
L'été de nos vingt ans (Christian Signol)
Eté 1939. Antoine, 19 ans et son ami d’enfance Charles rencontrent Séverine lors d’une promenade à vélo en Dordogne, du côté de Montignac. Entre les trois jeunes gens s'instaure une belle amitié qui va bientôt se transformer en une histoire d’amour pour Charles et Séverine. Leur bac en poche, les deux garçons partent étudier le droit à Bordeaux pendant que Séverine obtient son premier poste d’institutrice dans un petit village proche de Périgueux. Les hostilités arrivant, Charles et Antoine devancent l’appel et se retrouvent artilleurs dans l’Aube. Mais, alors qu’ils n’ont même pas commencé à combattre, leur chef décide de se rendre à l’ennemi. Refusant de se retrouver prisonniers, les deux jeunes gens s’enfuient, traversent la France à pied, arrivent en Espagne puis au Portugal. Grâce à diverses complicités, ils se retrouvent en Grande-Bretagne. Après une longue période de probation, ils sont recrutés par le SOE (Special Operations Executive) nouvellement créé par Churchill pour mener des opérations de guérilla et de sabotages en territoire occupé. Les deux amis sont enchantés de pouvoir reprendre le combat et de peut-être retrouver Séverine…
« L’été de nos vingt ans » est un roman de terroir avec un important volet historique et sentimental. L’auteur précise bien en fin de volume que tous les éléments historiques lui viennent de son propre père, « résistant des groupes Vény sur les causses du Lot, réseau Buckmaster ». Le lecteur a donc droit à une forme d’historicité très romancée. Et là n’est peut-être pas le meilleur de cet ouvrage. On aimerait en savoir plus sur ce service secret peu connu, mais on reste sur sa faim. Les deux héros n’arrêtent pas de franchir le Channel dans les deux sens sans la moindre difficulté jusqu’au jour où… Mais stop ne déflorons pas. La fin dramatique rachète un peu la faiblesse de cette histoire à la « Jules et Jim ». Beaucoup de bons sentiments, de fidélité (l’amour au-delà de la mort), de courage, d’abnégation. On l'aura compris le sentimental l’emporte largement, même sur le côté terroir qui ne sert que de décor. Ce genre d’histoire peut plaire à un certain public. Les autres auront aussi vite lu qu’oublié ce titre.
3/5
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19/08/2021
Les raisons cachées du désordre mondial (Valérie Bugault)
L’idée de démocratie a-t-elle cédé le pas au chaos universel, fait de guerres économiques, de terrorisme, d’interventions militaires « préventives », de révolutions colorées, de pandémies orchestrées, etc ? Les hommes d’État élus à intervalles réguliers prennent-ils leurs ordres auprès d’oligarques milliardaires qui restent dans l’ombre ? Les états-nations ne sont-ils plus que des coquilles vides ? Les multinationales ont-elles plus de pouvoir que les gouvernements ? Le Brexit est-il une vraie ou une fausse bonne nouvelle ? L’Etat peut-il résister au pouvoir des banques ? La présence d’une banque centrale, toujours aux mains de banquiers privés, est-elle compatible avec la souveraineté étatique ? Ce livre tente de répondre à toutes ces questions et à quelques autres sur la liberté, la souveraineté et la fin des civilisations en raison de l’accaparement des richesses par une infime minorité.
« Les raisons cachées du désordre mondial » est un essai de géopolitique et d’économie composé d’une trentaine d’articles, entretiens et de conférences tous complémentaires même s’ils sont un peu redondants et déjà datés (2016/2017). Les analyses de Valérie Bugault sont intéressantes. Ses arguments sont fondés et bien étayés. Un imposant appareil de notes et de références en atteste. Sans aucun doute, ce désordre mondial organisé depuis plus de deux siècles (avec la Révolution Française et sa destruction de l’ordre ancien, la France est passée du principe de l’être à celui de l’avoir au profit d’une petite bourgeoisie, inspirée par les financiers de l’époque, qui se débarrassa des deux ordres, noblesse et clergé, sur lesquels reposait un certain équilibre) n’est là que pour faire advenir un « nouvel ordre mondial » toujours plus favorable à l’oligarchie et toujours plus néfaste aux peuples dépossédés de tout et même de leurs libertés les plus élémentaires. Aux côtés de démonstrations convaincantes, le lecteur découvrira des analyses plus discutables comme celle du Brexit qui aurait été voulu par l’oligarchie pour mieux renforcer l’union européenne, ou comme celle du démantèlement de l’empire américain par l’abandon du dollar comme monnaie mondiale au profit d’un panier de devises regroupées sous le nom de « Phénix », ou encore comme le fait que la City de Londres aurait seule la haute main sur l’ensemble de la finance internationale, sans parler de la Chine comme futur maître du monde, mais toujours sous la coupe des mêmes (jamais cités précisément d’ailleurs !). Plus intéressante est la dernière partie, celle des « solutions » pour rétablir démocratie, souveraineté, indépendance et liberté. Dommage que toutes les propositions restent dans un flou aussi théorique que chimérique. On peut toujours rêver !
3,5/5
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16/08/2021
Retour au meilleur des mondes (Aldous Huxley)
La surpopulation entrainerait-elle automatiquement une instauration de la tyrannie dans les démocraties occidentales ? De quelle manière la propagande aussi bien dans un cadre démocratique que dans un cadre dictatorial entrera-t-elle dans tous les processus de gouvernement ? De quelle manière fonctionnera la publicité, le « merchandizing » ? Quelles seront les méthodes les plus insidieuses de lavage de cerveaux des peuples ? Quid de la persuasion chimique, de l’utilisation des drogues (le fameux « soma » multi-fonction n’existant que dans l’imagination d’Huxley, a déjà de nombreux équivalents, cannabis, cocaïne, amphétamines, crack, LSD, et autres) ? De la persuasion subconsciente, images subliminales, matraquage de concepts, de notions répétées ad nauseam ? L'hypnopédie, c’est-à-dire l’enseignement pendant le sommeil, est-elle vraiment opérationnelle ? Ne peut-on pas conditionner les esprits sous hypnose ou dans un pré-sommeil ? L’instruction des peuples les rend-elle vraiment libres ?
« Retour au meilleur des mondes » n’est en aucun cas une suite au célèbre roman dystopique qui sert encore de nos jours de référence pour un futur de plus en plus probable, mais plutôt un essai de prospective sociale, politique, philosophique et psychologique. En effet, après avoir écrit « Le meilleur des mondes » en 1931, dans un contexte géo-politique bien particulier, Huxley voulut apporter des précisions et mêmes des corrections en 1948 après la seconde guerre mondiale, après les dégâts de l’hitlérisme et du stalinisme. Il fait un parallèle entre son livre et celui d’Orwell « 1984 ». Tous deux peuvent sembler des visionnaires. En réalité, ils étaient simplement plus informés, adeptes de la « Fabian society », francs-maçons et du côté d’Huxley, par son frère Julian, proche de Bernays, le créateur de l’ingénierie sociale, et donc familier des grands décideurs qui travaillaient déjà leur plan. « 1984 », inspiré par le stalinisme, explore la gouvernance par la peur, la contrainte et le contrôle social permanent alors que « Le meilleur des mondes » est plus sur une domination par le plaisir, la jouissance et une discipline acceptée et même souhaitée par la masse. Sans oublier la manipulation génétique, la création in vitro des Alphas et autres Omégas qui a un petit avant-goût de transhumanisme. Pour Huxley, 2 milliards de terriens serait le nombre à ne pas dépasser, les ressources de la planète ne permettant pas que l’on soit plus nombreux. Que faire du surplus de population ? 70 ans plus tard, la réponse est en train de se révéler dans toute son inhumanité. Le dernier chapitre est cependant un plaidoyer pour la liberté, preuve que l’auteur est inquiet de ce qu’il entrevoit. Inutile de préciser que ce qu’il annonce se concrétise de plus en plus à notre époque. À lire pour mettre les choses en perspective, même si elles sont inquiétantes.
4/5
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13/08/2021
Dialogues désaccordés (Eric Naulleau & Alain Soral)
Quand un journaliste bien en cour et un intellectuel sulfureux dialoguent par échanges d’e-mails et quand un éditeur trouve judicieux de publier le résultat, cela donne ces dialogues désaccordés qui virent souvent au dialogue de sourds. Nos deux « intellectuels », l’un venu du monde du football, l’autre de celui de la mode, échangent sur un certains nombre de sujets d’actualité comme l’affaire DSK, celle de la fatwa contre Salman Rushdie, les manifs contre le mariage des homosexuels, la disparition de Chavez, les lois mémorielles, le révisionnisme, l’affaire Méric et quelques autres. Bien entendu, les deux lascars ne sont d’accord sur rien. Ils se renvoient la balle comme deux tennismen sur un court parfois avec courtoisie et plus souvent avec une certaine vacherie voire mauvaise foi. Et le lecteur lit plus pour savoir qui va mettre l’autre K.O debout que pour aller au fond des problématiques.
« Dialogues désaccordés » n’est pas vraiment un essai, plutôt un coup de pub dont on se demande avec le recul quel en fut vraiment l’intérêt et qui en tira les marrons du feu. Certainement pas Soral qui n’eut droit à aucune couverture médiatique et assez peu Naulleau dont les approbations, même du bout des lèvres des thèses nauséabondes de Soral, ne durent pas être du goût de la bien-pensance. Il est amusant de voir que Naulleau se place presque toujours dans la position de l’interviewer, qu’il accumule les citations et les références, use et abuse du peut-être ben qu’oui, peut-être ben qu'non, alors que son interlocuteur, nettement plus bardé de certitudes, assène ce qu’il considère comme des vérités. Il ne se gène d’ailleurs pas pour couvrir Naulleau de sarcasmes plus ou moins judicieux genre « Tu penses creux ! Tu te caches derrière des citations d’auteurs ! Tu es lourd et conformiste ! » Difficile de dire qui l’emporte dans ce combat du bobo contre le facho, ce duel dans un tunnel. Plus amusant de voir tous les travers des deux attitudes dont le moindre n’est pas la superbe pour ne pas dire la prétention. Soral ose comparer leur bavardage à la correspondance entre Voltaire et Rousseau. Naulleau, gêné, préfère évoquer l’échange célèbre entre Alceste et Philinte. Excusez du peu ! Livre aussi vite lu qu’oublié car trop daté et déjà dépassé par les derniers développements de l’actualité.
2,5/5
08:52 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0)
04/08/2021
Trois fois veuf ? (Robbie Schwelle)
Olivier, informaticien, 50 ans, vient de perdre son épouse Mélanie, 34 ans, décédée suite à une crise cardiaque suivie d’une chute dans un escalier. Il se retrouve veuf alors que son couple battait déjà de l’aile et n’était plus que de l’histoire ancienne. Depuis longtemps, tous deux faisaient chambre à part. Suspicieux, Olivier avait découvert l’existence d’un certain Laurent en fouillant dans le répertoire du téléphone de Mélanie. Auparavant, il avait vécu dix ans avec Marina qui avait découvert l’infidélité de son mari lors d’une croisière en Méditerranée qui tourna carrément au cauchemar quand elle se retrouva face à sa rivale. Et pour ne rien arranger, Marc, le meilleur ami d’Olivier, disparut mystérieusement, sans doute passé par-dessus bord. S’était-il suicidé ou avait-on voulu se débarrasser de lui ?
« Trois fois veuf ? » est un roman de fort belle facture aux limites du sentimental, du psychologique et du thriller. Il est d’une lecture d’autant plus agréable que l’écriture est fluide et que l’intrigue est distillée de manière « chorale », chacun des protagonistes s’exprimant à tour de rôle. Le lecteur découvre ainsi les différents points de vue sur cette affaire et se fait assez vite une opinion, le point d’interrogation du titre l’ayant déjà un peu mis sur la voie. Les personnages bien campés, bien pétris d’humanité sont attachants, tout particulièrement les femmes, romantiques, soumises ou rebelles, et même, dans une moindre mesure, Olivier, le personnage clé, moderne Barbe-bleue, mal-aimé et mal-aimant qui finit d’ailleurs par où il a failli. À noter une grande finesse dans la description de la psychologie des personnages qui fait que le lecteur en arrive à vivre ce drame de l’intérieur. Petit bémol : présence de quelques coquilles, heureusement peu nombreuses. À découvrir absolument.
4,5/5
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01/08/2021
Africa Trek 1 (Sonia & Alexandre Poussin)
Parti du Cap de Bonne Espérance le 1er janvier 2001, Sonia et Alexandre Poussin veulent traverser à pied toute l’Afrique de l’extrême sud au nord et atteindre Jérusalem, soit un périple fou de 14 000 kilomètres qui devra leur prendre plus d’une année et demi. Ils commencent par traverser l’Afrique du Sud avec l’aide à chaque étape de fermiers boers qui les hébergent et les protègent, puis le Lesotho, petit territoire d’altitude nettement plus accueillant. La traversée du Zimbabwe leur fait découvrir un pays ravagé depuis des années et même détruit par la dictature crypto-communiste de Mugabe. Suivent le Mozambique, le Malawi et la Tanzanie. Partout une misère plus ou moins terrible, mais partout aussi une immense chaleur humaine. Ce périple aussi unique qu’extraordinaire s’achève le 15 juin 2002 avec l’ascension du Kilimandjaro, après 7000 km parcourus « pedibus jambus ».
« Africa Trek » est le premier volume d’un diptyque présentant le récit d’un périple hors norme. Peu de courageux s’étant lancé un pareil défi. C’est l’occasion pour le lecteur de découvrir la véritable réalité de l’Afrique, non celle des safaris, des lodges et des hôtels de luxe pour touristes, mais celle des vrais gens, du petit peuple, celle qu’on ne découvre qu’au rythme lent de ses pas. « Pourquoi marchez-vous comme cela ? » leur demandent-ils. « Pour vous rencontrer ! », répondent les Poussin. Cet exploit n’aurait pas été possible sans des aides de toutes sortes (fermiers blancs, congrégations, missions religieuses, représentants d’ONG, etc.) En fin de volume, leur liste représente la bagatelle de six pages ! Le lecteur apprendra aussi que l’esclavage ne fut pas tout à fait ce qu’on raconte partout, qu’il y en eut un très florissant du côté de Zanzibar, que certains croient que pour se débarrasser du sida, il faut absolument violer une jeune vierge ainsi que toutes sortes de coutumes plus bizarres les unes que les autres. Un moment dramatique se joue lors d’une grave crise de paludisme qui les frappe simultanément en Tanzanie. Et l’apothéose, c’est la montée dantesque au plus haut sommet du continent. Un excellent livre d’aventures vécues à conseiller à tous les amateurs de voyages et de grands espaces…
4,5/5
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