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11/12/2020

Gouverner par le chaos (Collectif)

Gouverner-par-le-chaos_9193.jpgDes éléments de langage, un storytelling répété à l’infini de façon monotone, un peu comme un mantra, parviennent facilement à conditionner les réflexes mentaux pavloviens de toute une population. Depuis Bernays (« Propaganda »), on a découvert qu’en situation de grande anxiété, de stress, de peur, le cerveau reptilien l’emporte toujours sur le néo-cortex dialectique. Toute réflexion, toute rationalité deviennent impossibles. Ne reste plus que l’émotion, le ressenti. Le déni de réalité le plus absolu, les situations les plus incroyables et les pires contraintes peuvent être acceptées et même réclamées par l’opinion. De plus, si on relativise toutes les culpabilités, si on libère des prisonniers, si on inflige des peines symboliques quand elles devraient être sévères et des peines sévères quand elles devraient être légères, la justice brouille les cartes, rend tout le monde coupable ou potentiellement coupable. Ainsi arrive-t-on à étendre les murs de la prison à la société tout entière. Le gouvernement par le chaos n’a alors qu’une seule finalité : la tyrannie, la dictature…

« Gouverner par le chaos » est un essai politique court et compact qui présente une vulgarisation des mécanismes d’ingénierie sociale telle qu’elle est de plus en plus pratiquée par nos gouvernants avec l’aide des médias, de Big Data, de Big Tech, de Big Money et autres Big Pharma. Orwell et son « 1984 » sont largement dépassés dans la mesure où Big Brother espionnait le peuple, imposait sa volonté en se montrant et même en s’exhibant. Aujourd’hui, les vrais détenteurs du pouvoir savent tout sur nous mais restent cachés dans les coulisses, laissant le soin à leurs pantins, hommes politiques et autres, de rester sur le devant de la scène. Si on y ajoute une connaissance fine des comportements et tendances de la masse par le biais de la technologie, des réseaux sociaux et autres moyens de traçage, on obtient une sorte de pouvoir absolu reposant sur le mensonge, les psy-ops, les fake-news et autres opérations sous faux drapeaux. Un ouvrage intéressant, un brin technique, qui insiste un peu trop sur l’affaire de Tarnac et du groupe de Julien Coupat et qui aurait pu présenter plus de développements à l’aide d’autres exemples de manipulations. Peut servir d’introduction à un sujet aussi passionnant qu’inquiétant. Ecrit avant l’histoire du Covid, il donne cependant toutes les clés pour la décrypter.

4/5

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08/12/2020

Les volontaires (Saint-Loup)

Les volontaires.jpgAoût 1941 : un ancien de la guerre d’Espagne, côté Républicains, un engagé volontaire de la campagne 39, un aristocrate réserviste de la guerre de 14, un forain « motard de la mort », un diplômé de Normale Sup, un militaire de carrière qui a fait 14/18, la guerre d’Espagne dans la brigade Durutti et celle de 40 dans les corps-francs et un tas d’autres passent une sorte de conseil de révision devant le médecin-capitaine Fleury, toubib breton ayant abandonné femme, enfants et clientèle pour s’engager comme eux dans la Légion des Volontaires Français contre le Bolchevisme. Tous vont bientôt aller combattre l’armée rouge aux côtés des soldats de la Wehrmacht sur le terrible front de l’Est. Ils vont connaître le froid, la faim et la mort dans une guerre de partisans sans merci. Et pour les peu nombreux rescapés de cet enfer, ce sera l’exil ou le poteau d’exécution…

« Les volontaires » est un ouvrage historique mené comme un reportage sur un volet de l’Histoire de France assez peu abordé. Les combats de volontaires français qui, à l’appel de divers partis de la collaboration, se lancèrent sur les traces de Napoléon pour une nouvelle campagne de Russie qui se solda par une retraite aussi terrible sinon pire que la première. Ils se battirent courageusement dos à la Bérésina et furent même les derniers pour protéger la retraite de l’armée allemande. Les passionnés d’histoire militaire découvriront que ces hommes se battirent à un contre dix, sans appui d’artillerie, avec parfois l’aide de deux chars Tigres allemands, la plupart du temps face à une centaine de blindés soviétiques souvent d’origine US. Le lecteur retrouvera des personnages emblématiques et récurrents des autres ouvrages de l'auteur comme Le Fauconnier, Brasillach et Bassompierre. L’histoire la plus étonnante reste celle du chirurgien Delouis qui, capturé par les partisans rouges, n’est pas exécuté. Il soigne les blessés russes avec autant de bienveillance que les blessés français, a une aventure avec Genia, une belle Russe, commissaire politique. Et le plus incroyable, c’est qu’il réussit à s’évader, à repasser les lignes et à rejoindre un poste français ! Ce récit basé sur des témoignages de survivants est très bien écrit, très vivant et illustré de nombreux croquis de batailles. Intéressant à titre de document bien sûr.

4/5

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06/12/2020

65 questions, 65 réponses sur la dette, le FMI et la Banque Mondiale (Millet & Toussaint)

65 questions.jpgDepuis la crise financière de 2008, il ne reste plus que la toute petite poignée de ceux qui profitent de plus en plus du capitalisme, les oligarques, les ploutocrates, et l’immense majorité qui le subit, surtout au travers du mécanisme diabolique de la dette. Mais si on efface la dette des pays en voie de développement, les régimes dictatoriaux et corrompus ne vont-ils pas s’en trouver renforcés ? Les contribuables des pays développés ne vont-ils pas en faire les frais ? Comment vont se comporter, la Chine, les fonds vautours et les fonds souverains ? Si cette annulation est une condition nécessaire au redémarrage des économies, elle ne sera pas suffisante. Il faudra envisager bien d’autres mesures. Le tiers monde a déjà remboursé l’équivalent de 110 fois ce qu’il devait en 1970, mais entre temps la dette a été multipliée par 50 en raison de la hausse des taux d’intérêt et des nouveaux emprunts destinés à rembourser les premiers. Un parfait cercle vicieux !

Cet ouvrage très bien documenté et sourcé est un essai économique de belle qualité et d’un abord relativement facile de par la clarté du discours et de par la présentation sous forme de questions et réponses. Il pose tout le problème du développement et celui du rôle délétère et même létal du FMI et de la Banque mondiale, qui sous prétexte d’aider ces pays, ne font qu’aggraver la pauvreté et l’asservissement des peuples. (Casse sociale, émeute de la faim, paupérisation, 2,6 milliards d’êtres humains vivant avec moins de 2 dollars par jour !). En lisant cet ouvrage, bien des thématiques se découvrent sous une autre lumière : crise des subprimes, pillage des ressources du tiers-monde, monoculture et surproduction, baisse des cours des produits agricoles et des matières premières. La dette cumulée au Nord représente environ 40 000 milliards de dollars, celle du Sud 326 milliards et même seulement 80 après re-calcul et décote. Le propos aurait été incomplet s’il s’était cantonné aux pays du Sud. Il propose aussi des solutions générales avec de simples aménagements pour le Nord, ce qui semble certainement insuffisant pour une réelle libération du joug des 1% de ploutocrates qui ne font que s’enrichir de manière monstrueuse alors que les 99% s’appauvrissent inexorablement. Ouvrage fort intéressant qui cible le problème majeur de la mondialisation.

4/5

08:55 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0)

04/12/2020

Echange standard (Robert Sheckley)

Echange standard.jpgMarvin Flynn vit à Stanhope, petite ville paisible située à 500 km de New York. Bien qu’il ait déjà beaucoup bourlingué sur terre et visité nombre de pays, il rêve de voyager dans le cosmos pour découvrir des planètes lointaines. Mais ce n’est pas à la portée de sa bourse sauf s’il arrive à procéder à un échange d’identité, appelé Psycho-Troc avec un habitant d’une autre planète qui voudrait visiter la Terre. Un jour, Marvin tombe sur une annonce aussi étrange que prometteuse : Mons. orig. de Mars, tranquille, soigneux, cultivé, échang. corps avec Mons. de la Terre, caract. équiv. 1er Août- 1er Sept. Ref. prod. Contr. notarié. » Il n’en faut pas plus pour que l’aventure commence.

« Echange standard » est un roman de science-fiction amusante, publié en 1966, mais toujours aussi amusant à lire. L’intrigue démarre très fort avec de nombreux rebondissements, des échanges étonnants et des circonstances inattendues. Le lecteur passe de l’univers sablonneux de « Dune » à celui du Far-West en passant par celui des chevaliers de Moyen Âge. On est dans un pastiche si délirant, si léger, et si ébouriffant que la première moitié de l'ouvrage se déguste au grand galop. La seconde partie avec la quête de la belle Catherine aussi mystérieuse qu’insaisissable est un peu différente. Sheckley y change de vitesse et surtout de registre. Il part dans une sorte de délire philosophique complètement déjanté dans le cadre d’un Monde Biscornu où tout est possible surtout l’improbable, l’incroyable ou l’hallucinant. On n’est plus très loin de l’univers du regretté Pratchett. Un très grand plaisir de lecture pour qui aime le parodique bizarroïde !

4/5

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01/12/2020

Complot sous la Terreur (Jakubowicz & Dupuis)

Complot sous la Terreur.jpg1793 : le roi Louis XVI vient d’être condamné à mort et guillotiné. Les nobles ont émigré un peu partout en Europe, mais surtout en Allemagne et en Angleterre. Les députés du peuple siègent à la Convention. Cette assemblée est dominée par les « Montagnards », révolutionnaires les plus radicaux. Dans le même temps, les frontières du Nord et de l’Est sont menacés par les armées autrichiennes et prussiennes. Une insurrection royaliste éclate dans l’Ouest. Les Vendéens, menés par quelques nobles et prêtres restés fidèles à la royauté tiennent encore en échec les armées révolutionnaires qui commence déjà à pratiquer le génocide et la terre brûlée. Partout, des comités de Salut Public et des tribunaux révolutionnaires siègent sans relâche pour juger des crimes commis contre la République, selon une procédure expéditive et dont le seul verdict prononcé est la mort…

« Complot sous la terreur » est un livre-jeu plutôt destiné aux ados. Il permet aux jeunes lecteurs de se familiariser avec l’ambiance très particulière de cette période troublée de notre Histoire. La réalité historique, du moins celle présentée dans les manuels, est soigneusement respectée. Il n’y a pas qu’une seule intrigue à suivre linéairement, mais plusieurs que l’on peut aborder successivement en fonction de nos réactions, car tout fonctionne de façon interactive. Il suffit de se munir d’un dé à jouer (même pas indispensable, vu que la pagination peut le remplacer) et d’un crayon et de suivre les instructions de jeu au fil des postes. Selon les résultats obtenus aux tests (d’éloquence, de communication, de commandement) ou aux duels et autres combats, le lecteur peut progresser dans son aventure ou terminer très vite avec la tête tranchée tombant dans le panier de son. Les illustrations en noir et blanc de F'MuRR, remarquables de noirceur, mettent très bien dans l’ambiance. Une belle réussite. Nul doute que les ados férus d’Histoire liront et reliront ces histoires de complots passionnants.

4/5

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28/11/2020

L'ère des gladiateurs (Frederik Phol & Cyril Kornbluth)

L'ère des gladiateurs.jpgDans un futur assez lointain, le monde est régi par une violence institutionnalisée, organisée, canalisée. Les villes sont devenues des jungles de béton avec des quartiers de maisons-bulles qui, faute d’entretien tombent en décrépitude. Charles Mundin, jeune avocat pénaliste et candidat à une élection municipale, se voit confier des affaires peu intéressantes et même indignes de ses compétences, jusqu’au jour où l’importante société G.M.L. lui confie une mission délicate… Les nouveaux Jeux du Cirque sont des spectacles très recherchés. Norwell Bligh, un de ses plus célèbres organisateurs, se retrouve renvoyé du jour au lendemain, car un certain Stimmens, plus jeune et plus créatif que lui, vient de lui prendre sa place…

Paru en 1949, « L’ère des Gladiateurs » est un roman de science-fiction qui a plutôt mal vieilli et qui ne procure plus guère de plaisir à être lu aujourd’hui. Le monde imaginé par Pohl et Kornbluth est même en deçà de celui dans lequel nous vivons. Les ordinateurs en sont encore aux cartes perforées, c’est dire ! L’intrigue tourne beaucoup trop autour de grenouillages dans le milieu de la finance et des grosses sociétés du bâtiment. La partie « Jeux du Cirque », qui aurait pu être spectaculaire, l’est assez peu et n’intervient qu’en toute fin de l’ouvrage. En dehors du fait que les auteurs ont un regard déjà désabusé sur une société de consommation qui en était à ses balbutiements au moment où ils écrivaient, l’intérêt de cet ouvrage reste des plus limités.

2,5/5

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26/11/2020

H.P.L (Roland C. Wagner)

HPL.jpgDans le sauvage Ouest sauvage, une patrouille de tuniques bleues est attaquée par des guerriers Peaux-Rouges d’autant plus déchaînés qu’ils bénéficient de l’appui de monstres martiens à quatre bras qui disposent d’armes à rayons laser particulièrement meurtrières. De défaites en défaites, les Américains perdent du terrain devant l’avancée indienne. La Frontière recule de plus en plus, jusqu’à ce que des Vénusiens débarqués de leurs énormes engins spatiaux, ne mettent un coup d’arrêt aux victoires des Martiens et des Peaux-Rouges. L’ennui, c'est que ces Vénusiens sont de grandes créatures aux anatomies d’insectes coriaces qui risquent de se retourner un jour contre leurs alliés. Lévèque, savant d’origine française, tente de trouver une explication à cette arrivée de monstres dans un livre maléfique, le terrible « Nécronomicon », découvert dans une bibliothèque de la ville de Providence…

« Celui qui bave et qui glougloute » est une longue nouvelle ou novella d’une centaine de pages en forme de parodie amusante de l’univers de Lovecraft transposé dans un Ouest fantasmé. Roland C. Wagner fait intervenir dans son histoire plutôt déjantée tous les héros de son enfance, Kit Carson, Buffalo Bill, les frères Dalton, Calamity Jane, Wyatt Earp, Nat Pinkerton (la fille) et quelques autres. L’ouvrage est précédé par « H.P.L.», biographie imaginaire et un brin fantaisiste du célèbre Lovecraft qui aurait vécu 101 ans. Et il s’achève sur deux interviews de l’auteur expliquant la genèse des deux textes. L’ensemble est amusant et divertissant, sans plus. On n’atteint pas des sommets dans l’humour, mais ça se lit avec un certain plaisir.

4/5

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24/11/2020

Psychanalyse du judaïsme (Hervé Ryssen)

Psychanalyse-du-judaisme_2942.jpgLe peuple juif est le peuple militant par excellence. C’est un peuple de propagandistes, un peuple de « prêtres » qui a un message à délivrer au reste de l’humanité. En effet, le judaïsme n’est pas seulement une religion. C’est également un projet politique dont l’objectif est la suppression des frontières, la disparition des nations, et la mise en place d’un nouvel ordre mondial dirigé par un gouvernement mondial qui pourrait siéger à Jérusalem. « Un joli endroit », dixit Jacques Attali. Cette espérance devrait hâter la venue d’un Messie attendu depuis déjà trois mille ans. C’est la raison pour laquelle les élites juives travaillent sans relâche à la constitution de cet empire globalisant.

« Psychanalyse du judaïsme » est un essai socio-politique dans la droite ligne des « Espérances planétariennes ». Le lecteur a même l’impression d’être en présence d’une suite surtout dans les deux premiers tiers du livre. Seul la dernière partie est consacrée à la psychanalyse proprement dite. On y nage dans les complexes, maladies psychiques, déviances et autres inversions accusatoires. À noter au passage, un chapitre intéressant sur « l'histrionisme » qui explique beaucoup de comportements et une brève déconstruction du freudisme. Sans doute plus intéressante, la première partie basée sur l’histoire, la sociologie, les mœurs et les rites, apprendra au lecteur énormément de choses comme l’histoire des Dunmehs avec un certain Sabbataï Zevi, expulsé d’Espagne en 1492 et installé à Smyrne (Turquie). Il se fait passer pour le Messie, veut prendre la place du Sultan, finit par se convertir à l’Islam et par être exilé en Albanie. Ses disciples, les Dunmehs, bien que doublement apostats, refusent tout mariage avec des Turcs, présentent un nom turc officiel tout en conservant un nom juif secret. Ils firent partie du gouvernement des jeunes Turcs de Mustapha Kemal. Celle des Frankistes est assez étrange. Dans cette secte fondée par Jacob Frank en Podolie à partir de 1755, on pensait que le salut venait du péché et que de l’excès de péchés devait advenir un monde meilleur. Ils se convertirent en apparence au catholicisme, prirent de nouveaux noms et ainsi certains purent accéder à la noblesse polonaise. Tout l’ouvrage repose sur des citations d’auteurs connus comme Elie Wiesel, Marek Halter, Edgar Morin, Jacques Attali, Minc, Derrida, Sorman, Kouchner, André Glucksmann, Norman Mailer, etc. Cela donne une impression de compilation assez peu discutable, mais quand même un brin indigeste.

3,5/5

09:07 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0)

21/11/2020

Les nostalgiques (Saint-Loup)

Les nostalgiques.jpgEn 1945, Gévaudan et Binet se rencontrent discrètement dans un square parisien. Les deux hommes, qui viennent d’échapper de justesse aux griffes des épurateurs, rêvent de faire reparaître un journal, « Le Combattant Européen ». Binet est un ancien communiste passé au national-socialisme. Gévaudan a combattu sur le front russe dans les rangs de la SS. Ils espèrent continuer à diffuser leurs idées grâce à un trésor de guerre que les nazis auraient caché en Amérique du Sud. Gévaudan doit donc partir pour Buenos-Aires pour essayer de le récupérer. Mais, un mois plus tard, Binet est arrêté alors que Gévaudan, n’ayant rien trouvé, entre au service d’Eva Peron… Deux autres anciens SS, Dekercke et Lemoine, après un retour difficile de Russie, n’ont d’autre choix que le poteau d’exécution ou l'entrée dans la Légion. Ils optent pour cette dernière et finissent par se retrouver dans les combats d’Indochine… Sous le Pont-Neuf, Benvoar, étrange cul-de-jatte breton paralysé du côté gauche et sujet à des crises d’épilepsie en raison d’éclats d’obus fichés dans son crâne, survit en se traînant sur les trottoirs. Le malheureux, grand blessé de guerre du front russe, n’a droit à aucune aide sociale ni au moindre appareillage. Deux clochards l’aident à survivre, car il se refuse à tomber dans la mendicité.

« Les nostalgiques » n’est pas à proprement parler un roman, mais plutôt un reportage décrivant le parcours d’un certain nombre de parias, anciens soldats ayant survécu à l’enfer russe. Tous s’engagèrent dans la SS pour aller combattre le bolchévisme. Les nazis ayant perdu la guerre, ils se retrouvent traitres à leur pays. Ils doivent donc se cacher pour échapper à la prison ou à la mort. Dans la logique de leur engagement, certains reprennent le combat contre le communisme en Indochine, puis en Algérie et finissent même au Congo comme mercenaires de Mobutu. La plupart vivent une descente aux enfers sans espoir de remontée. Le personnage le plus émouvant reste Benvoar, dont l’instinct de vie hors norme suscite admiration et empathie. D’autres laissent une impression étrange comme le Belge qui passe tous ses étés à faire la tournée des hauts lieux du nazisme (Berchtesgaden, etc) sur son scooter Lambretta et ne manque jamais de passer saluer son ancien chef, Degrelle, caché à Madrid ou comme l’avocat qui croit qu’Hitler est ressuscité tel un nouveau Christ. Un ouvrage intéressant surtout à titre de document historique qui illustre parfaitement l’adage : « Malheur aux vaincus ! »

4/5

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19/11/2020

L'analphabète qui savait compter (Jonas Jonasson)

L'analphabète.jpgÀ Soweto (Afrique du Sud) vit ou plutôt survit Nombeko, 13 ans, orpheline noire. Bien qu’elle ne soit jamais allée à l’école, elle est particulièrement douée en calcul mental, ce qui lui est de peu d’utilité dans l’exercice de sa profession de vidangeuse de latrines publiques. À la mort de Thabo, vieil original qui lui a appris à lire, elle hérite d’une petite fortune en diamants. Elle décide alors de tout plaquer pour partir vers le nord du pays. Mais, arrivée à Johannesbourg, elle est renversée et grièvement blessée par la voiture d’un ingénieur alcoolique, chargé de la mise au point de la bombe nucléaire nationale. Le tribunal lui ayant donné tort, elle se retrouve femme de ménage au service de l’ingénieur. Pendant ce temps, en Suède, le postier Ingmar n’a qu’un rêve : rencontrer le roi pour pouvoir le saluer. Après mille difficultés, il y parvient à Nice. Mais la rencontre est des plus décevantes. Le postier est remercié de sa vénération par un bon coup de crosse de canne sur le dessus du crâne…

« L’analphabète qui savait compter » est un roman humoristique complètement déjanté. L’intrigue est improbable et même totalement invraisemblable. Chaque rebondissement est plus incroyable que le précédent. On reste dans l’esprit du premier succès de Jonasson, « Le vieux qui ne voulait pas fêter son anniversaire ». Tous les personnages sont dingues, ou, à tout le moins, ont un grain de folie. Et ils se retrouvent dans des situations rocambolesques comme cette histoire de bombe atomique dont les héros n’arrivent plus à se débarrasser. C’est énorme, mais ça passe car l’humour est fin, léger et intelligent. Le trait n’est pas outré et le regard reste toujours compatissant sur les personnages. Un très agréable divertissement et la preuve que l’humour n’est plus le domaine réservé de nos amis britanniques !

4/5

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