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11/11/2020

La souffrance et le moyen d'y mettre fin (Daniel Madrasse)

la souffrance (Daniel Madrasse).jpgNi aujourd’hui ni demain ne font rêver et, à moins de se complaire dans l’insatisfaction, on ne peut chercher que de nouveaux moyens d’être heureux. Comment échapper à la souffrance ? Comment atteindre le bonheur ? Celui-ci serait un état de paix durable et dénué de souffrance, nommé aussi « ataraxie ». Le plaisir n’est pas le bonheur, car le plaisir est toujours éphémère et doit être recherché en permanence alors que la souffrance et la douleur doivent toujours être combattues. L’homme vit sous l’emprise de ses émotions, lesquelles sont indispensables à sa survie. Il fut un temps où l'homme se sentait encore maître du monde ou du moins de son territoire, où il se sentait un être libre plutôt qu’un rouage. À mesure que la société est devenue plus complexe, plus interdépendante et plus informatisée, cette liberté en a été d’autant plus réduite au point que se pose maintenant la question de savoir si une dictature totale ne serait pas le moyen ultime d’imposer l’égalité, la stabilité et donc la paix pour tous.

« La souffrance et le moyen d’y mettre fin » est un essai philosophique un peu dans la ligne de tous ces bouquins de recherche de bonheur ou de bien-être qui encombrent les rayons des librairies et qui rencontrent souvent un joli succès commercial. Sommes-nous si peu heureux qu’il nous faille autant courir derrière un bonheur que l’on n’atteint jamais ? Il faut dire que les sociétés modernes basées sur l’hyper consommation, la publicité omniprésente et la dictature du paraître, produisent de la frustration à haute dose. Cet ouvrage se compose de deux parties d’intérêt assez inégal. La première décrit la souffrance sous tous ses aspects. L’auteur fait appel à la biologie, à la chimie moléculaire, à l’ethnologie, à l’archéologie, à l’écologie et même à la théorie de l’évolution des espèces pour nous dépeindre la simple misère de notre condition humaine. Ce n’est pas inintéressant, mais un tantinet superfétatoire. Que de brillants développements pour démontrer une évidence ! La seconde partie nettement moins scientifique est totalement spirituelle. Pour remédier à cette souffrance, l’auteur fait appel aux pratiques religieuses de tous horizons. Bouddhisme, hindouisme (avec tous les types de yogas), christianisme (érémitisme, hésychasme et garde du cœur), islam (soufisme principalement) sont mis à contribution dans un syncrétisme plutôt intelligent. Les solutions ? Le retour à la pensée positive, à la méditation, au pranayama et autres répétitions du nom de Dieu. Un essai qui peut être utile à qui débute sur la voie de la sagesse…

4/5

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09/11/2020

Les enfants du matin (Jack Curtis)

Les-enfants-du-matin_5010.jpegÀ Londres, une jeune femme est abattue d’un tir de fusil de précision, au milieu de la foule d’Oxford Street. Il semble que la cible ait été choisie au hasard. L’inspecteur Robin Culley et le sergent Dawson se retrouvent chargés de l’affaire. Laquelle se complique très vite quand c’est le tour d’un homme d’être tué dans un train de façon semblable. Puis ce sont deux jeunes gens qui trouvent la mort de la même manière près d’une guinguette des bords de la Tamise. Au fil des jours, les assassinats de ce genre s’accumulent. On finit par dénombrer rien moins que vingt meurtres en l’espace de huit jours…

« Les enfants du matin » est un thriller assez classique avec une accumulation particulièrement importante de crimes dont un, le dernier, est tout à fait monstrueux de sadisme et de cruauté. De quoi révulser les âmes sensibles. L’originalité de cet ouvrage vient du fait que tous ces crimes que l’on croit gratuit au début ne le sont pas vraiment, mais cachent un seul qui est commandité par des personnages hauts placés. L’intrigue est bien menée et assez intéressante dans la mesure où le lecteur est un peu « promené » avant de découvrir une vérité plus nuancée qu’il n’y paraît au premier abord. La faiblesse de ce roman de divertissement tient plus au style pas très léger de Jack Curtis. Un certain manque de rythme. Des descriptions inutiles qui ne sont pas loin de tirer à la ligne par endroits. À réserver aux amateurs du genre.

3,5/5

 

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06/11/2020

John F. Kennedy, une famille, un président, un mythe (André Kaspi)

John F. Kennedy.jpgNé le 29 mai 1917 dans une famille riche et célèbre, John Fitzgerald Kennedy fut un étudiant assez peu brillant avant de s’engager dans la marine pendant la guerre du Pacifique. Le bateau qu’il commandait ayant été coulé, il sauva de la noyade deux de ses matelots et réussit à nager jusqu’à un îlot des Salomon. On le crut mort. Démobilisé, il fit ses premières armes dans le journalisme, puis il fut élu au Congrès à 29 ans. Il devint sénateur à 36 ans en battant Cabot Lodge. Et le 8 novembre 1960, il devint 35e président contre Richard Nixon. Il laisse son empreinte dans l’histoire des États-Unis par sa gestion de la crise des missiles de Cuba, son autorisation du débarquement de la baie des Cochons, son engagement pour le traité d’interdiction partielle des essais nucléaires, le programme Apollo dans le cadre de la course à l’espace, son opposition à la construction du mur de Berlin, sa politique sociale et son engagement en faveur des droits civiques des Noirs. Mais sa présidence ne dura que trois années, car elle fut brusquement interrompue par son assassinat à Dallas…

« John F. Kennedy, une famille, un président, un mythe » se présente comme la biographie particulièrement fouillée d’un homme qui entra très jeune dans la légende autant par l’image qu’il sut présenter que par sa mort tragique. Sa politique privilégiant l’action et non la parole ainsi que ses prises de position mesurées et souvent sages sont particulièrement bien analysées. Mais au-delà du mythe, André Kaspi a très bien su montrer les limites du personnage, ses échecs (Cuba, les débuts de la guerre du Viet-Nam, l’entrée ratée de la Grande-Bretagne dans le marché commun, le mur de Berlin, la guerre froide), tout comme ses réussites (condition de la femme, fin de la ségrégation raciale, embellie économique). Le long chapitre consacré à son assassinat, s’il n’amène pas de conclusion définitive sur le ou les commanditaires (Castro, KGB, mafia, état profond ou tueur solitaire ?) a le mérite de présenter toutes les enquêtes, toutes les hypothèses développées jusqu’à présent. Les lecteurs qui auraient aimé trouver des révélations croustillantes sur la vie sexuelle d’un homme qui fut également un grand séducteur (Marylin Monroe ne fut que la plus célèbre de ses conquêtes) en seront pour leur frais car l’auteur reste très discret sur la question. Il a voulu produire un ouvrage de référence sérieux, documenté et de grande qualité. Il y est parfaitement parvenu.

4,5/5

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03/11/2020

Comme une bête (Philip José Farmer)

Commze une bête.jpgÀ Los Angeles, Harald Childe, détective privé, a perdu de vue son associé Matthieu Colben, disparu mystérieusement alors qu’il enquêtait sur une banale affaire d’adultère. La police lui fait visionner un film d’amateur que quelqu’un lui a envoyé. Il y voit avec horreur la mort ou plutôt l’exécution de Colben dans une sorte de rituel sexuel fort peu ragoûtant. L’inspecteur Bruin, sorte de gros ours mal léché assez indifférent à la souffrance humaine, est chargé du dossier. Mais cette affaire semble des plus délicates à élucider. Un spécialiste de l’étrange et du paranormal finit par orienter Childe sur un riche original possédant une immense propriété dotée de rien moins que de deux murs d’enceinte…

« Comme une bête » est un roman – premier d’une trilogie – assez difficile à classer vu qu’il se trouve aux limites du fantastique, de l’horreur et du pornographique. Les scènes de sexe sont nombreuses et fort répétitives. Le contraire eut été étonnant. Certaines sont si poussées qu’elles relèvent quasiment de la parodie voire de la farce potache. L’horreur est également bien présente avec toute une galerie de monstres dont le lecteur ne sait pas trop d’où ils sortent : fantômes, goules et surtout une femme avec un très long serpent lui sortant du sexe pour finir dans la bouche. La présence de vampires venus de Transylvanie et d’un lointain descendant du comte Dracula ajoute un côté fantastique à cette histoire au bout du compte assez simple pour ne pas dire simpliste. Dans sa post-face, Theodore Sturgeon attire à très juste raison l’attention des lecteurs sur le côté fable et même conte philosophique de ce bouquin. Le style n’est ni vif, ni léger, un tantinet trop descriptif et presque tirant à la ligne à notre goût. Pas le meilleur de cet auteur.

3/5

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01/11/2020

Le racisme antiblanc (Hervé Ryssen)

Le racisme antiblanc.jpgVous souvenez-vous de Guy Georges, le tueur de jolies jeunes femmes blanches, de Thierry Paulin, l’étrangleur de très vieilles dames ou du gang des Barbares, les tortionnaires du malheureux Ilan Halimi ? Sans doute, car ces affaires furent fortement médiatisées. Mais vous n’avez peut-être jamais entendu parler d'autres centaines de crimes, d’agressions, de tortures, de lynchages ou de viols, rebaptisés « tournantes » toujours réservées aux jeunes filles blanches. Les médias nous ont habitué à considérer que quand un Français se rend coupable de violence envers un étranger, c’est systématiquement un acte raciste, alors que quand c’est l’inverse, ce n’est qu’un simple fait divers. Ça ne donne que quelques lignes dans les journaux, éventuellement une marche blanche, mais jamais d’émeutes avec incendies de voitures et pillages de magasins. Dans cet ouvrage, l’auteur a voulu corriger ce deux poids, deux mesures en compilant crimes et délits imputables à ces chances pour la France qui ne sont pas toujours très tendres vis-à-vis de leurs hôtes…

« Le racisme antiblanc » est un essai très documenté conçu grâce à une compilation d’articles de journaux relatant une trentaine d’années de crimes et de délits racistes. Complètement dans la ligne de « La France Orange mécanique » de Laurent Obertone, cet ouvrage est tout aussi horrible à lire. Cette accumulation de tortures barbares, de monstruosités diverses et variées, de viols, d’outrages et d’humiliations finit par remplir d’écœurement le pauvre lecteur. Il savait déjà que l’homme était un loup pour l’homme. Il se doutait que « poignez villain, il vous oindra ; oignez villain, il vous poindra » (une adaptation libre en français de notre époque pourrait donner « cognez l’immigré, il vous fera des courbettes, soyez bon et accueillant avec lui, il vous cognera ou pire. » Vers la fin, l’auteur retrace quelques très rares ripostes musclées entrainant souvent des peines de prison pour l’honnête homme agressé ayant voulu se défendre un peu trop fermement. Le lecteur apprendra beaucoup de choses en lisant ce livre. Par exemple, il aura le fin mot sur l’affaire Omar Raddad, le meurtrier de Gisèle Marchal, le trop fameux « Omar m’a tuer », gracié par Jacques Chirac pour complaire aux bien-pensants. On restera dubitatif sur la conclusion plutôt optimiste avec l’espoir qu’Internet allait amener une prise de conscience du problème. L’avenir avec ses restrictions successives de liberté d’expression ainsi que la récente incarcération de l’auteur y ont apporté un démenti cinglant.

4/5

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29/10/2020

Les plus belles histoires du temps de Noël (Marc Pasteger)

Histoires de Noël.jpgUne grand-mère, aussi acariâtre qu’autoritaire, se fâche avec son fils et sa belle-fille. La brouille s’éternise. La fête de Noël approchant, elle fait une tentative de réconciliation en les invitant à dîner… Plum, le chien de la famille Ulrich, se perd dans les bois. Quand il revient à la maison le soir de Noël en tenant dans sa gueule un joli marcassin blessé, tout le monde s’empresse de soigner le petit animal. On lui donne le nom de Noël. Mais un an plus tard, il est temps de le relâcher dans la nature… Cesare embarque dans sa voiture un abbé qui marche le long d’une route déserte. Comme c’est Noël, il l’invite dans sa résidence secondaire à une centaine de kilomètres de Rome. Puis il le raccompagne au château dans lequel il dit habiter. Mais le lendemain, quand Cesare revient sur les lieux, personne n’a entendu parler de cet abbé… À Londres, un soir de Noël, Dick, homme d’affaires pressé, percute avec sa voiture Lindsay, jeune business woman célibataire. Comme Dick est sincèrement désolé d’avoir brisé la jambe de Lindsay, il va la voir à l’hôpital avec un bouquet de fleurs dans l’espoir d’obtenir son pardon. Mais la jeune femme ne veut pas entendre parler de lui…

« Les plus belles histoires du temps de Noël » est un charmant recueil rassemblant trente histoires vraies ayant toutes un rapport avec la grande fête de l’hiver. Toutes sont inspirées d’histoires vraies. Rien à voir avec des contes et pourtant certaines en sont très proches. On donne même dans le fantastique avec celle de l’abbé, mais aussi dans les bons sentiments, les chutes merveilleuses ou quasi magiques. On part souvent de situations difficiles voire dramatiques qui comme par enchantement se dénouent au mieux. Sans doute la magie de Noël, cette grande fête de la joie et de la paix pour les hommes et les femmes de bonne volonté. Une nuit où tous les miracles deviennent possibles. Toutes ces jolies histoires le montrent bien. Agréables, courtes, étonnantes, faciles à lire, elles pourront donner au lecteur l’impression que l’humanité peut se révéler bien meilleure qu’elle ne semble. Une vraie bouffée d’air frais. J’en sélectionnerai quand même trois : « La bague et la vieille dame », « On sera plus forts à trois » et surtout « La promesse », pour le personnage de Naguissy, la jolie Coréenne, qui montre que l’amour se joue de tout, du temps, de la distance, des frontières et des races. Un bouquin qui fait tellement de bien en ces temps de grisaille qu’il devrait être remboursé par la Sécurité Sociale !

4,5/5

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26/10/2020

Kronos, le temps de renaître (Yvan Landis)

Kronos.jpgAu Mont Valérien, Daniel Orzon, ancien chercheur pour l’armée américaine, a mis au point, dans la cave de son pavillon, Kronos, une machine à re-créer à l’identique des êtres ayant déjà existé. Un engin capable de les faire revenir de l’au-delà, de les ressusciter des morts, mais pour un temps déterminé à l’avance. Ainsi parvient-il à refabriquer Clara, son épouse, décédée, quatorze années plus tôt. Après un premier essai qui tourne court, il recommence et réussit à lui donner un siècle d’espérance de vie supplémentaire. Clara travaillait pour les services secrets américains. Elle devait assurer la protection d’une ministre quand l’avion dans lequel elle se trouvait fut pris d’assaut par des terroristes. Les forces de l’ordre encerclèrent l’appareil. Un tireur d’élite, Ike « the Strike », en voulant abattre un des terroristes, la tua d’une balle…

« Kronos, le temps de renaître », se présente comme un roman de science-fiction doté d’une bonne part de fantastique. Avec cette machine en forme de soucoupe volante, sorte d’imprimante 3D capable de créer des humains à partir d’une simple image holographique, on n’est pas très loin du pouvoir du démiurge, de l’homme se hissant à la hauteur du divin. Dans le monde de l’imaginaire, pourquoi pas ? Mais le lecteur en constatera vite les limites. De cette idée originale et hyper intéressante, Yvan Landis n’a pas tiré le maximum, loin de là. Il s’est contenté de faire apparaître quelques personnages historiques complètement éberlués de ce qu’ils découvrent. L’intrigue est assez simpliste. Peu de suspens et peu de rebondissements. De méchants Russes volent l’invention. On se demande d’où ils sortent et comment ils ont obtenu l’information. La chute n’est pas surprenante du tout. Le style trop banal et trop banal aurait mérité d’être plus travaillé. (Trop de dialogues peu percutants et peu pertinents.) Une mise en page approximative, un trop grand nombre de coquilles, de faiblesses lexicales et grammaticales gâchent un peu le plaisir de la lecture de cet ouvrage de divertissement sans grande envergure.

3/5

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21/10/2020

Les réprouvés (Ernst von Salomon)

Les-Reprouves.jpgÀ la fin de la première guerre mondiale, le très jeune Ernst est encore un cadet de l’armée. Il ne pourra donc pas s’illustrer dans les tranchées. L’Allemagne vaincue est en proie à des troubles importants. L’auteur assiste à des exactions de la part de groupes révolutionnaires bolcheviques qui veulent déclencher une véritable guerre civile. Très vite, il s’engage dans l’armée qui a bien du mal à rétablir l’ordre dans le pays. Il se retrouve d’abord à Berlin, puis à Weimar et enfin du côté de Riga avec les Baltes pour faire face aux Lettons communistes et autres spartakistes qu’il faut débusquer à la mitrailleuse. Mais quand le gouvernement ordonne le cessez le feu et le retrait des troupes, il fait partie d’un groupe de soldats qui entre en rébellion et finit par se retrouver sous le feu croisé de l’armée régulière et des Rouges. 9 dixièmes des insurgés périssent dans un baroud d’honneur désespéré. Salomon réussit à ne pas se faire assassiner en cachant sa qualité d’officier, puis à s’enfuir de son lieu de rétention en troquant ses vêtements. Mais la lutte pour l’Allemagne ne fait que commencer. Avec quelques compagnons, ils cachent des armes, s’organisent en groupes d’auto-défense et tentent même d’aller récupérer la Haute Silésie attribuée à la Pologne !

« Les réprouvés » est un témoignage de première main sur une période fort troublée de l’histoire allemande. La guerre est finie et pourtant c’est très loin d’être la paix en Allemagne. Le traité de Versailles est considéré comme cruel et injuste. Les Français sont vus comme des occupants sales et peu respectueux des populations. Le territoire est amputé à l’est. Salomon va de tribulations en tribulations. Cet apprenti conspirateur plutôt naïf finit par ramasser cinq années de prison pour complicité dans l'assassinat de Walther Rathenau. La description des souffrances endurées lors de ses années de détention est assez hallucinante. À sa sortie, le livre s’achève avec l’apparition d’un certain Adolf Hitler. Le lecteur comprend mieux comment un pays humilié, ravagé par une guerre civile larvée et ruiné par une inflation démentielle (on compte par millions et par milliards de marks) a pu produire un tel personnage et une telle doctrine. Au total, un livre plus intéressant du point de vue document historique que littérature à proprement parler. Le style de Salomon assez peu léger amène une lecture un tantinet laborieuse, mais le propos mérite l’effort vu que la période pré-nazie est assez méconnue de ce côté du Rhin.

3,5/5

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16/10/2020

Orages d'acier (Ernst Jünger)

Orages d'acier.jpgEn janvier 1915, le jeune Ernst Jünger, à peine âgé de vingt ans, arrive sur le front quelque part dans la Champagne crayeuse non loin de la petite ville de Bazancourt. L’ambiance qu’il y découvre lui semble plutôt calme. Les temps de permission à l’arrière se passent en joyeuses beuveries parmi une population française amicale. Mais tout change soudainement quand il se retrouve du côté des Eparges. Là, c’est un véritable baptème du feu pour lui, un déluge de fer et de feu avec une hécatombe de soldats. Lui-même est blessé à la cuisse. Rétabli, il remonte sur le front à l’automne suivant du côté de Douchy, mais cette fois à titre de sous-officier. Il participe à la première bataille de la Somme où à nouveau il est blessé légèrement. Il s’illustrera ensuite à la bataille de Cambrai ainsi qu’à celle des Flandres. Il aura comme adversaire des Français, des Hindous, des Ecossais et des Néo-Zélandais. Il sortira vivant et décoré de toutes ces années de guerre mais avec sept blessures dont certaines fort graves et rien moins qu’une vingtaine d’impacts dans le corps.

« Orages d’acier » est le témoignage au jour le jour d’un soldat allemand lambda qui monte les échelons, subit toutes les épreuves de cette terrible guerre, le froid, la boue, l’humidité, les rats, les gaz, les pilonnages d’artillerie, les combats à la grenade ou au corps à corps avec un courage et une abnégation remarquable. Son récit assez brut de décoffrage reste dans la lignée d' « À l'ouest rien de nouveau » d’Eric-Maria Remarque côté allemand ou des « Croix de bois » de Roland Dorgelès, voire du « Feu » d'Henri Barbusse côté français. Mais sans aucun romantisme ni pathos. Junger ne se plaint jamais. Il subit tout avec calme et constance. Il parle français, s’entend parfaitement avec les gens qui le logent et n’a pas le moindre mot haineux ou méprisant envers ses adversaires. Chevaleresque, il leur rend hommage pour leur courage et leur détermination quand certains sont ses prisonniers. Il est même très impressionné par la bravoure des Highlanders écossais. Son récit, qui n’est qu’une longue suite de combats, de descriptions de soldats blessés ou tués de toutes les manières possibles et imaginables, donne une idée de ce que nos anciens ont dû endurer des deux côtés de la ligne de front.

4/5

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11/10/2020

Deux siècles ensemble (tome 2) (Alexandre Soljénitsyne)

Deux siècles ensemble (2).jpgDès le tout début de la révolution russe, on remarque une très importante représentation des Juifs dans les rangs bolchéviques. On les retrouve très vite à tous les niveaux du pouvoir et jusqu’au sommet de la pyramide (Trotsky, Zinoviev, Kamenev et tant d’autres). Ils prennent en main massivement l’appareil de répression, la Tchéka, (futur NKVD puis KGB), de sinistre mémoire. Nombreux furent ceux qui s'illustrèrent comme chefs de camp au Goulag. Paradoxalement, sous l’ère communiste, les pogroms furent plus nombreux, de plus grande ampleur et plus sanglants que sous le régime tsariste. Du côté occidental, le pouvoir fut soutenu à bout de bras : campagne massive en faveur des Juifs persécutés, financement par les banquiers de Wall Street (des millions pour l’armée rouge, pas un sou pour l’armée blanche lors de la guerre civile), transferts massifs de technologie qui permit une rapide industrialisation de l’URSS contre de l’or, des œuvres d’art, des minerais et autres richesses naturelles. Mais avec Staline, peu après la seconde guerre mondiale, la tendance s’inversa. Les Juifs, accusés d’intelligence avec l’ennemi capitaliste, d’espionnage, de nationalisme sioniste, se retrouvèrent eux aussi persécutés (Procès, purges, Goulag voire liquidation pure et simple). Avec la création de l’Etat d’Israël, nombreux furent ceux qui firent leur « alya » et à dénoncer ce totalitarisme en oubliant leur responsabilité dans son avènement.

« Deux siècles ensemble » (tome 2) est un gros essai historique remarquablement bien documenté qui décrit tous les aspects de la question sur près d’un siècle de persécution communiste, cette « Roue rouge » qui fut responsable des souffrances des deux peuples et de la mort de plus de 20 millions de Russes et qui finit par dévorer également les meilleurs de ses enfants, ses propres cadres, les Juifs. Le lecteur fera de nombreuses découvertes dans ce livre comme ces tentatives d’installation des Juifs en Crimée, au Caucase et dans le territoire du Birobidjan qui se soldèrent toutes par des échecs complets alors que plus d’un million d’hectares d’excellentes terres agricoles leur étaient réservées. Il explorera les sombres coulisses et les puantes arrières-cuisines d’un pouvoir totalitaire d’une cruauté monstrueuse. Les horreurs furent si nombreuses qu’on est pas loin de l’écœurement. Ainsi apprend-on entre autres que les fameuses chambres à gaz furent inventées et utilisées à grande échelle par les communistes dès 1937 sous la forme de vulgaires camions banalisés où on entassait les victimes nues, attachées deux à deux, pour leur faire respirer les gaz d’échappement. Un ouvrage essentiel pour les chercheurs de vérité et les amateurs d’Histoire.

4,5/5

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