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09/05/2021

La fin du parti royaliste (Marc Desaubliaux)

La fin du parti royaliste.jpgQue d’occasions manquées au XIXe siècle pour la cause royaliste ! En 1849, elle dispose de la majorité à l’Assemblée nationale et pourtant c’est Louis-Napoléon Bonaparte qui s’empare du pouvoir le 2 décembre 1851… En 1871, les royalistes se retrouvent à nouveau majoritaires et unis autour du comte de Chambord quand tout capote avec la querelle au sujet du rétablissement du drapeau blanc. Au-delà du symbole, deux conceptions de la monarchie s’affrontent : l’orléanisme et le légitimisme, monarchie constitutionnelle et absolutisme de droit divin… Et en 1883, à la mort du comte de Chambord, qui n’a jamais voulu transiger et a renoncé au trône, le nouveau prétendant, Louis-Philippe-Albert d’Orléans, comte de Paris, se retrouve à la tête d’un parti en pleine décomposition. Plus de majorité ni à l’Assemblée, ni au Sénat. Un gouvernement et un chef d’état républicains. Finalement, une forte poussée aux élections législatives de 1885 entraine le vote d’une loi d’exil frappant le Comte de Paris. Avec un prétendant malade et coupé des réalités du terrain, arrive la fin des espérances royalistes.

« La fin du parti royalistes » se présente comme un essai historique de grande qualité sur une très courte période assez peu connue de l’histoire du royalisme. L’auteur appuie son travail sur une très riche documentation (archives, témoignages, articles de presse). Le lecteur découvrira dans cet ouvrage majeur sur ce sujet précis combien fut délétère pour le mouvement l’alliance avec le boulangisme. L’importance du rôle de certains dirigeants tels Meyer jouant le fils contre le père et poussant au coup de force ou tels de Mun, le catholique social, ne parvenant pas à faire voter des mesures favorables au monde ouvrier. La désunion amènera une dérive vers la droite parlementaire classique pour certains ou vers un anti-parlementarisme de plus en plus virulent pour d’autres. Sans oublier la découverte de l’importance d’une presse royaliste constituée d’une nuée de petits journaux (250 à 300) parisiens ou provinciaux qui périclitèrent peu à peu. L’ouvrage s’achève sur l’évocation de Charles Maurras et de l’Action Française, mais ceci est une autre histoire, comme dirait Kipling. Au total, un opus à ne pas manquer pour qui s’intéresse à ce tournant de l’Histoire, avec en prime l’escapade chevaleresque mais ratée du jeune duc d’Orléans.

4,5/5

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04/05/2021

L'assassin qui rêvait d'une place au paradis (Jonas Jonasson)

L'assassin qui rêvait d'une place.jpgÀ plus de 50 ans, Dédé le meurtrier a déjà passé pas mal de temps en prison. Il a eu le malheur de planter une hache dans le dos d’un homme, d’envoyer une volée de chevrotines dans le visage d’un autre et de trancher la gorge d’un troisième. Mais maintenant, ce temps est bien fini. Il s’est juré de ne plus jamais retourner en taule. Il se réfugie dans un ancien bordel reconverti en hôtel borgne tenu par Per Person, jeune homme issu d’une lignée en perte de vitesse avec un grand-père millionnaire ruiné avec l’avènement du moteur à explosion, avec un père alcoolique et une mère ayant fui en Islande en compagnie d’un banquier. Lors d’une pause qu’il passe sur un banc de jardin public, il est accosté par Johanna Kjellander, pasteur virée de sa paroisse et quasiment aussi paumée que lui qui lui propose une intercession moyennant finance…

« L’assassin qui rêvait d’une place au paradis » est un roman humoristique, fantasque et un brin déjanté bien dans la ligne des deux précédents opus de l'auteur, « Le vieux qui ne voulait pas fêter son anniversaire » et « L’analphabète qui savait compter ». Avec des personnages différents quoi que tous bien barrés pour ne pas dire frappadingues, l’auteur improvise des histoires totalement improbables avec un gangster touché par la grâce, un magot gagné de manière plus ou moins honnête et rebondissements divers et variés. On ne s’ennuie pas avec Jonas Jonasson, à la condition d’oublier au vestiaire logique, vraisemblance et cartésianisme. À noter dans cet ouvrage, un parallèle facile mais bien amusant entre Dieu le père et le père Noël. Le style fluide et agréable permet une lecture aussi facile que rapide. Et en bonus, cette pantalonnade, picaresque à souhait, permet d’aborder de manière légère et intelligente toutes sortes de travers de nos sociétés : bêtise humaine, charity business, sectes, propension à la malhonnêteté et à la truanderie. Un vrai régal à consommer sans modération.

4,5/5

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01/05/2021

Comprendre l'Empire (Alain Soral)

Comprendre l'empire.jpgQu’est-ce vraiment que le peuple ? Au temps de la Révolution française le Tiers-Etat représentait la bourgeoisie montante et non le petit peuple composé d’une multitude de petits paysans attachés à leur lopin de terre. Jamais aucun changement ne fut réellement voulu par le peuple. Jamais celui-ci ne fut internationaliste, mais toujours patriote (soldats de l’an II, poilus de 14). À partir de 1789, on est passé de la « société du don pour le prestige à celle du prêt pour l’intérêt »… « De l’élégance à la laideur, de la noblesse à l’usure ». Robespierre a tué le Roi. Puis la Banque a liquidé Robespierre. De Gaulle voulait le retour à l’étalon-or. Il quitta l’OTAN, fit fermer les bases américaines en France, se posa en champion de la troisième voie (« Québec libre », discours de Pnom Penh). Pour s’en débarrasser, l’Empire « inspira » Mai 68 qui eut trois aspects (libertaire, syndical et politique) et qui permit la montée au pouvoir de Pompidou, homme des Rothschild, placé là pour instaurer la loi de janvier 1973 obligeant l’état à emprunter avec intérêt à des banques privées. Début d’un endettement aussi perpétuel qu’impossible à rembourser qui a amené la France dans la calamiteuse situation où elle se trouve aujourd’hui.

« Comprendre l'Empire » est un essai de sociologie politique polémique et assez basique plutôt axé sur de la vulgarisation économique et historique. C’est clair, fluide et aisé à lire. Bien que souvent différentes de la doxa officielle, les analyses historiques sont difficilement contestables. Soral insiste beaucoup sur la division de la société de l’ancien régime en « oratores » (priants), « bellatores » (combattants) et laboratores (travailleurs). Pour lui, le mondialisme, qui a détruit le catholicisme, le communisme et l’universalisme français, n’aurait plus d’autre opposant sur sa route que l’islam non inféodé aux Etats-Unis (Iran, Hezbollah). Il fait une distinction entre « musulman du quotidien » et « racaille de banlieue », trouve que la gauche sociétale ou gauche « bobo » s’est allié à la droite d’affaires pour liquider la gauche sociale (PCF) et la droite morale (gaullisme), telle qu’elle a pu exister dans le cadre du CNR et perdurer jusqu’en 68. Pour lui, seule une union de la gauche du travail et de la droite des valeurs pourrait mettre en échec la dictature de la « gouvernance mondiale ». Publié il y a dix ans, cet essai a déjà un peu vieilli en ce qui concerne les perspectives. « La révolte des nations » annoncée dans le dernier chapitre ne s’est pas produite, ses prémisses (gilets jaunes) ayant été réprimés comme on sait, et le mondialisme a avancé à pas de géant grâce à la crise sanitaire. Au total, un ouvrage plus intéressant pour son côté historique que politique.

4/5

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29/04/2021

Mada Trek (Sonia & Alexandre Poussin)

Mada Trek.jpgAprès une traversée à pied du sud au nord du continent africain, le couple Poussin, leurs deux enfants Philae et Ulysse, une amie préceptrice temporaire Virginie et leurs deux guides malgaches Tovo et Tanjona se sont lancés dans une première, une expédition réputée impossible, le tour complet, à pied, de Madagascar, île aussi grande que la France. Ils se sont fait construire une charrette tirée par deux zébus. Elle leur servira de maison roulante au confort des plus sommaires malgré la présence de panneaux solaires. Ce défi va se révéler difficile à relever. Aucun réseau routier digne de ce nom sur leur parcours, à peine des chemins défoncés voire abandonnés à la végétation, des endroits désertiques et des zones infestés de bandits de grands chemins très craints car spécialisés dans le vol de zébus, seule véritable richesse des paysans. Peu de ponts. Il leur faudra passer des cours d’eau en faisant flotter leur charrette et même la placer sur un bateau sur un tronçon. En tout, il leur faudra plus de huit mois pour relier la capitale Antananarivo à Tuléar pour ce premier périple de 949 km.

« Mada Trek » est un récit de voyage peu ordinaire. C’est un véritable exploit familial que les Poussin nous font partager avec ses joies et ses peines, ses souffrances et ses étapes plus confortables chez des amis ou dans des lodges mis à leur disposition. Ils veulent expérimenter une forme de sobriété heureuse et ils y parviennent fort bien. Cet exploit aurait été impossible sans l’aide des autochtones qui sont souvent mis à contribution autant pour pousser la charrette dans les montées difficiles que pour les protéger des brigands. Ils découvrent un peuple attachant qui lutte désespérément pour sa survie. Alexandre Poussin arrive même à parler la langue. Son texte qui est d’ailleurs rempli de phrases en malgache dont il faut chercher la traduction en bas de page, s’achève par ce qu’il appelle un vade-mecum lexical, sorte de glossaire utile pour qui voudrait causer malgache ! En plus de l’aventure, les Poussin ont un autre but : aller au-devant d’ONG et autres intervenants de la coopération pour les faire mieux connaître chez nous. Ils constatent que près d’un demi-siècle de gouvernance dictatoriale plus ou moins communisante a laissé un pays exsangue et une population plus pauvre et plus démunie que celles qu’ils ont découvertes en Afrique. En plus de deux cahiers de magnifiques photos, le lecteur a droit à une playlist de tubes malgaches (il faudrait un audio-book pour en profiter) et à une bibliographie succincte. Une belle aventure familiale à ne pas rater et dont on attend déjà la suite avec impatience.

4/5

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26/04/2021

Ce nom qu'à Dieu ils donnent (Guillaume de Fonclare)

Ce-nom-qua-Dieu-ils-donnent_2316.jpgGuillaume souffre d’une maladie génétique chronique aussi douloureuse qu’handicapante. Après avoir reçu une éducation religieuse catholique puis protestante, adulte, il a tout rejeté et se déclare maintenant « athée pratiquant ». Charmant oxymore. Cependant, il tient à garder l’esprit ouvert et à se maintenir dans une certaine quête du Divin. Comme il a besoin de silence et de recueillement pour mener à bien cette recherche, il parvient à se faire accepter pendant deux mois dans une résidence d’écrivains, sur les hauteurs des Causses du Quercy, non loin du petit village de Calvignac. Mais peu avant son départ, sa compagne doit être prise en charge pour un cancer du sein. Guillaume décide de ramener son séjour à cinq semaines au lieu de huit. Trouvera-t-il Dieu entre Conques et Saint-Circq la Popie ?

« Ce nom qu’à Dieu ils donnent » se présente comme un témoignage d’une totale authenticité et d’une absolue sincérité, ce qui est bien agréable. L’auteur a vraiment séjourné dans le lieu qu’il évoque. Il raconte quelques épisodes dramatiques de sa vie comme le décès de son père dans un accident d’hélicoptère alors qu’il était très jeune. Il nous parle de sa femme, de ses amis, des gens qu’il rencontre. Nous ne sommes donc pas dans l’autofiction mais dans un récit de petites tranches de vie qui aident à comprendre le cheminement d’un intellectuel, ancien directeur de l’Historial de la bataille de la Somme, devenu écrivain. Un pèlerinage immobile en quelque sorte. La force et l’intérêt de la narration vient plus de tout ce kaléidoscope de saynètes jetées au fil de la plume que de l’accumulation de questions existentielles (Pourquoi Dieu permet-il le mal ? Pourquoi dois-je autant souffrir ? Pourquoi Dieu autorise-t-il la douleur des hommes en général et la souffrance voire la mort des petits enfants en particulier ?). Bien entendu, ce séjour, s’il ne lui apporte guère de réponse à ce genre de questions, lui permettra néanmoins de repartir plus serein, plus heureux et avec une foi retrouvée. Un livre intéressant, agréable et facile à lire en dépit d’une légère propension de l’auteur à une certaine amplitude des phrases.

4/5

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24/04/2021

Pour en finir avec Pasteur (Docteur Eric Ancelet)

Pour en finir avec Pasteur.jpgEn 1885, lorsque Pasteur inocule un virus de rage particulièrement virulent à des enfants, pour « expérimenter » le contre-poison et lancer au plus vite le premier vaccin de l’histoire, il a 63 ans et est lui-même un homme très malade et fort diminué, hémiplégique paralysé du côté gauche depuis 1868. La rage qu’il injecte à des enfants sains est une maladie paralysante de même nature que l’infirmité dont il souffre lui-même, laquelle l’oblige à se servir d’assistants et altère ses capacités mentales. Plusieurs enfants mourront suite aux expérimentations de ce personnage devenu un héros national et l’un des hommes les plus célèbres du monde. Des plaintes pour homicide seront déposées par de pauvres gens du peuple. Toutes seront ignorées par la Justice car Pasteur est protégé par le pouvoir. Son premier vaccin sera fabriqué et diffusé sur la base de deux cas jugés significatifs, deux jeunes garçons robustes qui ont survécu, non pas à la morsure d’un chien dont on n’a jamais prouvé qu’il était vraiment enragé, mais aux injections dangereuses du vieux chimiste. Un siècle et demi plus tard, l’Institut Pasteur perpétue la tradition pour son plus grand profit et celui des Pfizer, Moderna, Johnson & Johnson, Astra Zeneca et autres…

« Pour en finir avec Pasteur » est un essai bien documenté, remettant en question le dogme pasteurien. Le Docteur Ancelet se place dans la ligne des découvertes d’Antoine Béchamp, Claude Bernard et autres pour qui le microbe importe peu car c’est le terrain qui compte. Pasteur l’aurait même reconnu sur son lit de mort. En effet, si les microbes ou virus sont bien impliqués dans les maladies infectieuses, l’important est de savoir de quelle manière, s’ils en sont la cause ou l'effet, des maîtres d’œuvre ou de simples exécutants. Ancelet pose les questions qui dérangent, considère l’homme dans son entièreté, corps et âme. Il en tient pour une médecine holistique, respectueuse et non traumatisante, juste à l’opposé de l’allopathique, matérialiste, dogmatique et autoritaire. Pour lui, on ne devrait jamais vacciner un enfant de moins de six ans et encore moins un nourrisson dont les défenses naturelles sont dans un état embryonnaire. D’autant plus que l’allaitement maternel suffit à le protéger de toute attaque microbienne. On notera également une description en forme de réquisitoire sans appel de l’accouchement moderne (position couchée, provoqué, forceps, épisiotomie, césarienne, etc.) aussi traumatisant pour la mère que pour l’enfant. Livre passionnant qui attaque la problématique des vaccins sous un angle autant médical que philosophique voire sociologique d’où une lecture parfois un tantinet laborieuse.

4/5

 

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21/04/2021

Le système Valentine (John Varley)

Le système valentine.jpgKenneth Valentine est un acteur galactique assez particulier. Non seulement il est capable de jouer un grand nombre de rôles en se travestissant à toute vitesse dans des pièces de Shakespeare revisitées, mais encore peut-il entourlouper, escroquer, truander comme personne. Il jongle avec ses identités autant dans la vie que sur scène et passe sans arrêt d’une planète à une autre, tel un vagabond du cosmos. L’ennui, c’est qu’un jour, un détective privé se présente au théâtre où il se produit et demande à le rencontrer en le réclamant sous un de ses nombreux noms. Profitant de la confusion créée, Valentine file illico sur une autre planète. Sa carrière débuta très jeune. Son père, acteur également, le fit entrer dans la troupe du célèbre Gédéon Peppy qui animait un médiocre show télévisé pour enfants. Kenneth rencontra immédiatement le succès dans le rôle de Sparky. Il se mit peu à peu à améliorer les séquences et à enjoliver les scénarios jusqu’à faire de l’ombre à Peppy, puis à le pousser au suicide…

« Le système Valentine » se présente comme un roman de science-fiction dans la mesure où le héros vogue d’étoiles en planètes aussi facilement que d’aucuns prennent le train de banlieue. Mais cet aspect « space opéra » ne semble qu’être un prétexte à la parodie, à l’humour et à une dénonciation implicite de toutes sortes de travers de notre société actuelle. Le lecteur y trouvera une satire féroce du monde merveilleux de Disney Channel, de celui tout aussi féroce du théâtre shakespearien, de la télé-réalité voire poubelle et même de la médecine classique. Le fond de l’intrigue est basée sur les rapports difficiles entre Kenneth et son père. Une enfance qui fait penser à celle d’un Michael Jackson avec un père aussi maltraitant qu’ambitieux pour son rejeton. Son destin tragique ne sera que la conséquence logique de ses actes. Le style de l’auteur est agréable et percutant. L’histoire démarre sur les chapeaux de roues. Malheureusement, au bout de deux centaines de pages, le rythme ralentit nettement. On a l’impression que l’auteur se met un peu à tirer à la ligne. L’ennui et la lassitude sont pas loin de s’installer. Heureusement que dans les cent dernières, le rythme repart et le livre se termine au mieux, rachetant ainsi ce passage à vide.

4/5

08:41 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0)

19/04/2021

Traque en deux temps (Michel Cherchi)

Traque en deux temps.jpgEn août 2018, au Nicaragua, Rob Sterling et Alex Garcia, tous deux agents de la CIA, tombent dans une embuscade. Leur guide Ramiro est abattu. Rob et Alex se réfugient dans une grotte où ils comptent défendre chèrement leur peau dans l’attente des secours. Mais un tir de roquette fait s’effondrer leur refuge sur eux. Une équipe, intervenue en hélico pour les sauver, arrive juste à temps pour les transférer en bien piteux état à l’hôpital militaire de Managua. Deux mois plus tard, Sterling se retrouve au quartier général de la CIA à Langley dans le bureau de Shaeffer, le directeur, qui lui annonce qu'Aljarith, le tueur à gages terroriste qu’il pourchasse depuis des années, vient enfin d’être abattu au Mozambique. Rob Sterling n’en croit rien. Un peu plus tard, son ami Yorell Lincoln, reporter du journal « The Independent », l’informe que différents phénomènes paranormaux se dérouleraient autour du siège de la NASA. Ils décident de se rendre sur les lieux. Ils y rencontrent le professeur Evrett, prix Nobel de physique, qui leur explique que ce dont ils ont été témoins est une sorte de fracture dans le continuum espace-temps, ce qui expliquerait la facilité avec laquelle Aljarith parvient toujours à s’échapper une fois ses crimes accomplis…

« Traque en deux temps » se présente comme un roman d’espionnage avec un important volet fantastique. Toute l’intrigue, assez simple au demeurant, repose sur le va-et-vient entre deux mondes, celui de maintenant et celui à venir, 91 ans plus tard. Pas mal apparenté aux agents secrets bien connus comme James Bond ou OSS 117, le héros est un superman chevaleresque, mais sans grande épaisseur romanesque ni véritable humanité. Quelques petites manies, quelques lubies ou quelques hobbies originaux les lui auraient procuré. Le style est simple, efficace et agréable à lire. La preuve, le livre se lit en une journée, tellement le lecteur n’a pas envie de le quitter même s'il a parfois l’impression de lire une BD ou d’être pris dans un jeu vidéo plein de péripéties et de rebondissements. Ouvrage de détente et de divertissement agréable et détendant, bien qu’entaché que quelques coquilles, anglicismes (ou américanismes) et autres erreurs grammaticales ou lexicales qui auraient dû être corrigées.

4/5

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16/04/2021

La maison de Pilate (Paul Féval)

La maison de pilate.jpgDon Ramire doit enlever Isabel, c’est quasiment un ordre de cette dernière qui se méfie de son époux récemment libéré de haute lutte des geôles royales. En effet, Medina Celi voudrait voir Isabel épouser Don Juan Palomas, ce que son épouse de haute noblesse considère comme une mésalliance. Le roi fait proclamer l’interdiction de séjour dans la ville de Séville à tous les mendiants, miséreux et autres parias qui l’encombrent, ce qui provoque une violente révolte attisée par le sombre Pedro Gil, mais rapidement maîtrisée grâce à une intervention double de Medina Celi. Mais l’enlèvement d’Isabel par Ramire est vouée à l’échec. Les deux amoureux tombent dans un guet-apens organisé par Moncade et le comte-duc. Attaqué par une vingtaine de spadassins, Ramire a beau se battre comme un lion, il ne parvient ni à s’échapper ni à sauver sa belle. Il succombe sous le nombre et tombe sous la coupe du sinistre Moghrab. La partie est-elle perdue ?

« La maison de Pilate » est la suite du « Roi des gueux ». L’ensemble représente un roman-fleuve de cape et d’épée d’environ 1300 pages. Autant le premier tome démarrait sur les chapeaux de roues, autant le second ralentit et donne parfois un peu l’impression de tirer à la ligne. Longues descriptions, longues interrogations, reprises des épisodes précédents et tirades un brin indigestes. On trouve encore quelques belles batailles et quelques actes de bravoure chevaleresque. Cependant l’accent est un peu trop mis sur le côté sentimental. Les amours contrariées de Ramire et Moncade, les changements de partenaires et les romances déçues. De plus, le comte a un sosie qui n’est autre que le roi des gueux. Soliman, Moghrab et Hussein le noir ne sont en fait qu’une seule et même personne, ce qui embrouille un brin le lecteur qui peut aisément se perdre dans les personnages. Féval use et abuse un peu de ce procédé rocambolesque assez peu vraisemblable. Conclusion : pas le meilleur titre du grand Paul Féval.

3/5

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13/04/2021

Convertir l'empereur ? (Eric Morier-Genoud)

Convertir-lempereur-Journal-du-missionnaire-et-m_7980.jpgDe 1892 à 1895, dans le sud-est africain, Georges-Louis Liengme, missionnaire et médecin originaire de Suisse Romande, se présente à la cour de l’empereur Goungounyane qui n’est plus pour très longtemps à la tête de l’immense territoire de Gaza, déjà partiellement sous dépendance portugaise et futur Mozambique. Même s’il est bien accueilli par le potentat africain, Georges découvre assez vite que sa mission ne va pas se révéler de tout repos. Goungounyane est en fait un despote qui pratique la razzia, la polygamie et la mise en esclavage systématique. De plus, son goût prononcé pour les alcools forts que lui procurent les Portugais l’amène à être plus souvent ivre qu’à jeun. Quant à ses sujets, ils veulent bien se faire soigner, mais sans jamais montrer le moindre signe de gratitude. Le pauvre pasteur ne mange pas tous les jour à sa faim. Il doit tout bâtir de ses mains avec l’aide des quelques convertis qui l’accompagnent. Son épouse et sa petite fille le rejoignent et bientôt un nouveau bébé vient réjouir la petite famille. Mais des nuages noirs s’amoncèlent sur la mission. Un conflit se profile. Le travail d’évangélisation ne rencontre guère de réussite. Ses ouailles, qui veulent bien chanter et écouter l’harmonium, restent fondamentalement animistes et insensibles au message du Christ. Ils n’acceptent de Georges, outre les soins, que de l’argent, de l’alcool, des cotonnades ou des cadeaux…

« Convertir l’empereur » est son journal humble et touchant, enrichi de quelques lettres à son épouse et à sa famille, l’ensemble compilé par un chercheur de l’université de Belfast. Ce document brut de décoffrage (quelques parties illisibles du manuscrit n’ont pas été transcrites) nous permet de découvrir l'œuvre d’un pionnier qui mériterait d’être aussi connu que le célèbre docteur Schweitzer tant son dévouement et son désir de faire partager sa foi ardente furent grands et admirables. Il multiplia les soins (il recevait une centaine de malades par jour) et les opérations chirurgicales, même les plus délicates, comme des interventions sur les yeux (cataractes, glaucomes, tumeurs, etc.). Il bâtit un dispensaire, une école et des maisons pour ses malades. Quand il se trouva au cœur du conflit, il refusa d’abandonner son poste, prit des risques importants pour lui et pour sa petite famille et tenta d’apaiser les tensions entre les belligérants, sans grand succès d’ailleurs. Les éditions Antipodes ont fait œuvre utile en publiant ce « Journal » à une époque où il est de bon ton de rejeter toute forme de colonialisme et de condamner sans appel toute tentative civilisationnelle d’un peuple sur un autre et même tout esprit philanthropique y afférant. Lire ce texte permet d’abord de découvrir un personnage hors-norme, d’un courage et d’une probité exemplaire et, en prime, de peut-être réviser certaines idées un brin stéréotypées sur la colonisation et la réalité des traditions ancestrales africaines. Une édition de qualité, illustrée de photos d’époque, mais avec un texte en caractères un peu trop petits pour un véritable confort de lecture. Passionnant néanmoins pour qui s’intéresse à l’Histoire de l’Afrique.

4/5

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