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03/03/2022

Les femmes d'amis (Georges Courteline)

Les femmes d'amis.jpgLavernée et Laurianne sont deux bons amis. Le second propose au premier de lui prêter sa maîtresse. Celui-ci se récuse sur le coup, mais après réflexion, finit par profiter d’une aubaine qui ne sera pas sans conséquence sur leur belle amitié… Obligé d’aller en province pour s’occuper de la succession d’un oncle, d'Audierne demande à son ami Castenet de chaperonner sa maîtresse Madeleine en l’emmenant, au concert, au théâtre ou à l’opéra, ce qu’il prend très à cœur. Mais rien ne se passe comme prévu… Le couple Aubry se compose de Bernard, solide gaillard rubicond et de Margot, son épouse pâlotte, maigrelette et souffreteuse qui semble ne s’intéresser à rien. Chaque année, elle séjourne quelques mois dans le Midi pour se refaire une santé. Mais une nuit, dans un hôtel d’Arles, Georges, ami du couple, fait une incroyable découverte… Le peintre Fabrice dispose du modèle idéal avec Henriette, femme d’un ami médecin. Il devient très vite son amant. Mais un jour, pour un mot de trop du peintre, celle-ci se sent insultée… Trielle vient de quitter sa maîtresse après 16 années de vie commune qu’il qualifie de « purgatoire ». Et voilà que se présente à son domicile le fils qu’ils ont eu ensemble…

« Les femmes d’amis » est recueil de nouvelles en deux parties. Les cinq de la première, toutes consacrées au thème du titre, sont les meilleures non pas pour leurs intrigues classiques tournant toutes sur le triangle vaudevillesque habituel (mari-femme-amant), mais pour leurs chutes surprenantes et surtout pour l’humour léger, la finesse des analyses psychologiques et le style enlevé de l’auteur. Les quatre suivantes, rassemblées sous le titre « Ombres et silhouettes », sont plus disparates, avec des intrigues un peu inférieures. On est plus dans les historiettes sans grande envergure que dans les nouvelles de qualité. Elles font même un peu « fonds de tiroirs ». Dommage, car les cinq premières valent vraiment le détour…

4/5

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24/02/2022

Sur les falaises de marbre (Ernst Jünger)

Sur les falaises de marbre.jpgDe retour de la guerre, le narrateur est venu se réfugier en compagnie de frère Othon dans un ermitage, le domaine de la Marina, au pied des falaises de marbre surplombant un très riant pays de vignobles qui n’est pas sans rappeler l’Italie. Ils y passent paisiblement leur temps à étudier, à lire des ouvrages anciens et surtout à herboriser dans la campagne alentour. La vieille Lampusa leur sert de cuisinière et de gouvernante très dévouée. Chaque soir, elle dépose au sol une jatte de lait pour nourrir tous les reptiles du voisinage, ce qui réjouit le petit Erion, lui-même fils de l’auteur et de Sylvia, fille de Malpusa, partie au loin « avec des étrangers ». Tout respirerait le calme et la sérénité si le Grand Forestier, sorte de potentat local qui tient sous sa férule un territoire voisin, n’avait eu l’intention de s’emparer de la Marina. Très vite, le pays s’embrase, il est en proie au chaos le plus total et à la violence la plus barbare. Les chiens rouges sont lâchés. Le prince est atrocement décapité. Que vont devenir les deux ermites ?

« Sur les falaises de marbres » est un roman poétique et onirique, parfois proche de l’hermétisme et que la critique s’accorde à considérer comme le chef-d’œuvre d’Ernst Jünger. Beaucoup de descriptions de paysages bucoliques. Une grande importance donnée à la botanique qui fut une des passions de l’auteur. Et en arrière-plan, la politique et la guerre dont Jünger fut un héros lors de la première et un observateur lors de la seconde. De là à voir dans cet ouvrage un roman à clé, à trouver tel ou tel dictateur de l’autre siècle sous le portrait du Grand Forestier, il y a un pas à ne pas franchir. Même chose pour cette étrange retour à une barbarie rouge. Est-ce l’allégorie de la montée du nazisme ou de la tentative ratée de la révolution spartakiste que combattit l’auteur ? Sans doute ni l’une ni l’autre ou les deux. Cet ouvrage doit rester mystérieux, empreint de symbolisme et de fantasmagorie. C’est d’ailleurs le point de vue exposé par Julien Gracq dans son excellente post-face où, après une brève biographie de l’auteur et un résumé quasi impossible de l’intrigue, il en arrive aux mêmes conclusions. Ce texte va bien au-delà de la réalité et des circonstances de lieu et de temps pour atteindre l’universel, la description de la fin d’un monde, d’un retour à une barbarie latente. Un conte philosophique puissant. Une fable romantique désabusée…

4,5/5

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19/02/2022

L'Eglise éclipsée (Georges Vinson)

L'église éclipsée.jpgLors de son apparition à La Salette en 1846, Notre-Dame fit cette bizarre prédiction aux deux enfants qui l’écoutaient : « Rome perdra la foi et deviendra le siège de l’anti-Christ. L’Eglise sera éclipsée, le monde sera dans la consternation… » Tout commença à la mort de Pie XII avec l’arrivée de Jean XXIII et avec le Concile Vatican II… Divers évènements étranges se produisirent. Pourquoi le cardinal Siri, dernier prélat nommé par Pie XII faillit par deux fois être placé sur le trône de Saint-Pierre en lieu et place d’abord de Paul VI, puis de Jean-Paul II ? Il aurait subi des menaces de mort pour lui-même et pour ses proches pendant le Conclave. De même, la mort rapide de Jean-Paul Ier reste difficilement explicable pour ne pas dire suspecte. De plus, Jean XXIII et Paul VI étaient francs-maçons de haut grade et Jean-Paul II, au départ comédien, était connu pour ses idées modernistes. Le déclin de l’Eglise, s’il est devenu criant depuis le Concile, ne datait pas d’hier. On peut remonter au schisme de l’Eglise orientale, à la Renaissance, au protestantisme et à la révolution de 1789 avec la constitution civile du clergé et le culte robespierriste de l'Etre Suprême qui devait se substituer à elle. Peu à peu, de théocentrique, la société devint anthropocentrique. Le bonheur ne devait plus être dans l’au-delà, mais sur terre, non pas après la mort, mais ici et maintenant. Pour ceux qui voulaient en finir avec le catholicisme, il ne restait plus qu’une dernière étape, s’emparer du Vatican…

« L’Eglise éclipsée » est un essai socio-religieux et théologique d’inspiration sédévacantiste écrit de façon anonyme (Georges Vinson n’a signé que la préface) et basé sur nombre de textes et de faits historiques. L’analyse s’arrête à la période Jean-Paul II. Les pontificats suivants, loin de redresser la barre, n’ont fait qu’aggraver la situation. Plutôt que de combattre de front l’Eglise, il valait beaucoup mieux la subvertir de l’intérieur, l’infiltrer à l’aide de séminaristes ou de jeunes prêtres acquis à la cause que l’on aiderait à franchir rapidement tous les échelons de la hiérarchie jusqu’à ce qu’ils deviennent cardinaux et donc électeurs d’un pape conforme à leurs idées. Même si le Christ a promis que les « portes de l’enfer » ne pourraient rien contre son Eglise, la lecture de cet ouvrage laisse une impression un brin amère d’autant plus dans la partie décrivant les positionnements des traditionalistes comme la Fraternité Saint-Pierre ou Saint-Pie X avec leurs reniements ou leurs louvoiements divers et variés. Intéressant néanmoins pour s’informer sur un sujet brûlant et crucial. Mériterait une mise à jour qui inclurait Benoît XVI et surtout François.

3,5/5

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16/02/2022

Nouvelles (J.D. Salinger)

Nouvelles (J.D.Salinger).jpgAu bord de la mer, un jeune couple vit son séjour de vacances de manière un peu particulière. L’homme revient de la guerre. Sa jeune épouse s’interroge sur son couple. La belle-mère craint pour la santé mentale de son gendre… Deux amies, Eloïse et Mary Jane évoquent leurs souvenirs du temps du collège, leurs amis, leurs amours… Ginnie reproche à Séléna de ne jamais vouloir partager le prix du taxi qu’elles prennent chaque fois qu’elles rentrent de leur partie de tennis. La jeune nantie serait-elle radine ?… En 1928, John Gedsudcki est le chef d’une patrouille de jeunes « Commanches » d’une dizaine d’années. Chaque fin d’après-midi, il les emmène dans un vieux bus jouer au foot-ball, au basket ou au rugby à Central Park quand le temps le permet ou visiter un musée les autres jours. Sur le retour, John, élu meilleur demi de mêlée américain de l’année 1926, leur lit une histoire. Les « Commanches » l’adorent jusqu’au jour où la petite amie de John intervient…

Cet ouvrage est un recueil comportant neuf nouvelles déjà anciennes (datant des années 1948 à 1953 et éditées en France en 1961), mais encore agréables à lire aujourd’hui. Elles décrivent de manière allusive le monde un peu naïf de l’après guerre, les débuts de « l’American Way of Life », à travers de petites histoires de la vie de tous les jours, sortes de saynètes réalistes. Salinger s’attache à mettre en scène des enfants, des ados et de jeunes adultes. Il arrive à les rendre vivants et intéressants surtout par les dialogues qui sonnent juste et qui donnent un style agréable, alerte et fluide. On sent que Salinger a été influencé par le grand Hemingway. C’est particulièrement remarquable dans la première nouvelle « Un jour rêvé pour le poisson banane », la plus réussie de l’ensemble. La seule aussi où l’auteur respecte les règles de construction d’une nouvelle classique en particulier pour la chute. Mais les huit autres sont nettement plus faibles. N’en déplaisent aux critiques dithyrambiques, il sera difficile de classer Salinger autrement qu’un peu au-dessous des grands maîtres du genre comme Maupassant, Pirandello et quelques rares autres. Ses intrigues sont trop banales, ses chutes trop ouvertes. Le quotidien peut vite lasser. Seul son style épuré mérite encore le détour.

3,5/5

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13/02/2022

Le ruban noir de Lady Beresford (Michel de Grèce)

Le ruban noir de lady Beresford.jpgSir Markus Beresford, heureux propriétaire du château de Gill Hall, s’étonne de voir son épouse porter soudain un ruban noir à son poignet d’autant plus qu’elle refuse de lui donner la moindre explication quand il l’interroge… En 1759, lorsque son père annonce à Isabelle de Parme, princesse aussi belle qu’intelligente et déjà auteure de deux traités de politique, qu’elle est promise au futur empereur d’Autriche et roi de Bohème et de Hongrie, elle éclate en sanglots, car elle en aime secrètement un autre… En visite au château de Versailles, deux Anglaises, Miss Moberly et Miss Jourdain décident d’en profiter pour aller visiter également le Petit Trianon et le Hameau de Marie-Antoinette. Elles y font d’étranges rencontres… Le fils d’un général proche de Nasser a le privilège de pouvoir poursuivre des études de gynécologie en Grande-Bretagne. Diplôme en poche, il décide de rentrer en Egypte. Pour son premier poste, il se retrouve dans la petite ville oubliée et poussiéreuse de Rosette…

« Le ruban noir de Lady Beresford » est un recueil de vingt-trois histoires étranges et fantastiques. Elles se déroulent aux quatre coins du monde, en France, en Grande-Bretagne, en Egypte ou aux Etats-Unis principalement. Elles datent de toutes les époques des plus lointaines aux plus récentes (début de l’autre siècle) en passant par le Moyen-Âge et les révolutions. Les sorcières, fantômes et autres revenants y ont la part belle et pas seulement dans les châteaux hantés d’Ecosse. Presque toutes ont un rapport proche ou lointain avec l’aristocratie et les familles royales. Il s’agit souvent de tragiques destins, de sombres fin de règne. Une des plus intéressantes est sans conteste celle abordant les aspects étranges de la mort du roi Louis II de Bavière, retrouvé noyé dans un lac. Sans oublier le destin cruel de la Duchesse d’Alençon, sœur de Sissi, cousine de Louis II et personnalité aussi insaisissable que lui. Toutes ces sombres histoires vraies ou supposées telles méritent le détour ne serait-ce que pour leur intérêt historique et pour une qualité de style qui permet une lecture fluide et agréable. Ouvrage qui se lit comme un roman.

4,5/5

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09/02/2022

Big Pharma (Mikkel Borch-Jacobsen)

Big Pharma.jpgCe néologisme américain cache un complexe médico-industriel tout-puissant qui ne pense qu’à accroître son chiffre d’affaires souvent évalué en milliards de dollars avec pour conséquence de jouer toujours plus avec notre santé. La liste est longue des médicaments aux effets secondaires détestables voire mortels qui lui valurent d’innombrables condamnations. Quelques exemples : le Mer/29, anti-cholestérol, a fait 1500 victimes défigurées ou devenues à demi aveugles. La Thalidomide, somnifère et sédatif, a fait 4000 victimes de névrites périphériques, sans oublier les 10 000 bébés nés difformes et sans membres. Le Prozac, antidépresseur, a amené les gens à tuer avant de se suicider. Le Propulsid, contre le reflux gastrique, a occasionné des problèmes cardiaques chez 16 000 patients dont 300 décès. Le Prémarin, contre les troubles de la ménopause, a produit 15 000 cancers de l’endomètre. Le Rézulin, antidiabétique, a été responsable de 63 morts d’insuffisance hépatique. L'Aminorex, coupe-faim, a 600 morts à son palmarès. L'Isoméride, 300 000 victimes d’hypertension artérielle pulmonaire. Le célèbre Médiator, autre coupe-faim, est responsable de 2000 décès et de 100 000 valvulopathies. L'Avandia, antidiabétique, a occasionné 47 000 accidents cardiaques. Viagra et Cialis peuvent rendre aveugle et provoquer des accidents cardio-vasculaires. Etc. Un médicament, même bénéfique reste une substance potentiellement dangereuse. Mais cela semble le cadet des soucis de Big Pharma qui ne pense qu’à ses profits et fort peu à l’intérêt des patients.

« Big Pharma » est un essai en forme de réquisitoire fort bien documenté avec nombreuses notes, index des médicaments, des maladies, des facteurs de risques et glossaire bien utile. Il a nécessité la collaboration d’une douzaine de pointures du milieu médical, majoritairement américains, mais aussi français (2), britanniques (2) et allemand (1). Le lecteur apprendra beaucoup de cette enquête de lecture un brin aride. Par exemple sur la corruption à grande échelle qui pervertit tout le système depuis l’OMS, jusqu’aux médecins chouchoutés pour ne pas dire achetés, en passant par les agences du médicament, les politiques, les journalistes et même les associations de patients. Sur le bricolage des taux de « normalité » du diabète, du cholestérol et autres. Nos croyances sont souvent illusoires. La logique du profit a dévoyé la science. Il découvrira surtout comment les pandémies de H5N1 (2005), dite grippe aviaire, de H1N1 (2009), dite grippe porcine, ne furent que des répétitions de celle dans laquelle nous nous trouvons actuellement. Même instrumentalisation de la peur, même narratif après un changement majeur de la définition d’une pandémie. Et même acteurs dont le célèbre Neil Ferguson, prophétisant déjà des millions de morts. Ouvrage de référence à conseiller à tous ceux qui veulent mieux comprendre ce qui se cache derrière les apparences. Il mériterait une réédition actualisée par une étude du Covid 19 et de sa si lucrative « vaccination ».

4,5/5

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06/02/2022

L'homme bicentenaire (Isaac Asimov & Robert Silverberg)

L'homme bicentenaire.jpgAndrew Martin est en consultation chez le robot chirurgien qui doit bientôt l’opérer. Il lui demande à brûle-pourpoint s’il ne préférerait pas être un humain, s’il n’en a pas assez d’obéir à n’importe quel ordre émanant de n’importe qui. L’autre lui répond qu’il est tout à fait satisfait de sa condition et que, s’il devait souhaiter quelque chose, ce serait de devenir un meilleur chirurgien, et rien d’autre. Andrew est lui-même un robot de ménage NDR au service de la famille Martin. Un jour, Petite Demoiselle lui donne un morceau de bois trouvé sur la plage et un couteau de cuisine. Il se met à sculpter un petit bijou très délicat. Monsieur n’en croit pas ses yeux. Il demande à Andrew de lui fabriquer d’autres objets en bois. Le robot devenu ébéniste de grand talent finit par demander à son maître de l’affranchir à la grande surprise de ce dernier. Et, au fil des années, Andrew continue à s’humaniser de plus en plus…

« L’homme bicentenaire » est excellent roman de science-fiction doublé d’un conte philosophique sur l’essence même de la nature humaine. Il pose toutes sortes de questions sur la notion d’intelligence, l’amour, la haine, les sentiments. Il aborde toutes les questions d’éthique et même la problématique du transhumanisme. Un homme augmenté, pourvu d’un nombre important de prothèses n’est-il pas déjà lui-même une sorte de robot ? Un robot « humanisé » doté d’un grand nombre d’organes biologiques ne peut-il pas revendiquer une certaine part d’humanité ? Peut-il ressentir des sentiments ? Le style est fluide, léger et très agréable à lire. On y sent l’influence de Silverberg. Un ouvrage de deux visionnaires très en avance sur leur temps. Une intrigue au dénouement prévisible bien sûr. Une histoire intéressante, divertissante, qui donne à réfléchir sur un thème d’autant plus pertinent à notre époque d’inscription du transhumanisme dans le concret.

4,5/5

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03/02/2022

Au-delà de l'affaire de la chloroquine (Didier Raoult)

Au-delà de l'affaire de la chloroquine.jpgLorsque le professeur Didier Raoult tente de communiquer sur l’intérêt de soigner dès le début les malades du Covid avec de l’hydroxychloroquine et de l’azythromycine, toutes ses interventions sont aussitôt censurées sur FaceBook. Son équipe contacte le responsable, qui s’avère n’être autre qu’un journaliste du « Monde », pour obtenir des explications qui ne seront guère convaincantes. Puis Raoult commence à recevoir toutes sortes de menaces par téléphone et par SMS. Il porte plainte contre le principal auteur, le Professeur Raffi qui sera condamné à lui verser un chèque qu’il n’encaissera même pas. Ce collègue était pétri de conflits d’intérêts. Il avait touché la bagatelle de 600 000€ de Big Pharma. Puis c’est au tour du Conseil de l’Ordre des médecins de lui ordonner de faire silence complet sur son traitement. Mais, en tant qu’universitaire, sa parole est libre et garantie par la Constitution et par la Cour Européenne des droits de l’homme. Sur les plateaux de télévision et dans tous les médias, ses collègues stipendiés, assistés de journalistes tout juste capables de répéter la doxa officielle, se déchainent contre son traitement, le trainent dans la boue, l’insultent et l’invectivent. Et quand une étude bidon, menée par des étudiants sans diplômes et par une ancienne actrice porno, sort dans le « Lancet », c’est l’hallali. Le ministre se précipite pour interdire ce vieux médicament qui avait pourtant de bons résultats depuis 70 années…

Dans ce court témoignage (125 pages) bien documenté et parfaitement sourcé (nombreuses notes de bas de pages), le Professeur Raoult revient sur cette affaire de la Chloroquine qui relève rien de moins que du scandale. Il pointe du doigt les conflits d’intérêts pour ne pas dire la corruption des médecins de plateaux. Certains étaient si présents dans les petites lucarnes qu’on en était à se demander quand ils s’occupaient de leurs services. Il fallait absolument qu’il n’y ait pas de traitement, d’abord pour placer le coûteux Remdésivir inefficace et même dangereux (le pouvoir s’empressa d’en commander pour un milliard de doses), puis pour passer au « vaccin » qui, après quelques mois d’usage, s’avéra incapable d’empêcher de contracter la maladie ni de la transmettre, sans parler des effets indésirables. Preuve que toute cette gestion totalement orientée vers le profit maximal des laboratoires pharmaceutiques ne fut qu’un complet fiasco : tous les pays ayant utilisé la chloroquine comme l’Inde, les pays arabes, ceux du Maghreb et de l’Afrique noire (à l'exception de l’Afrique du Sud) ont obtenu de meilleurs résultats que ceux qui l’avaient interdite. Même chose pour tous les pays (comme la Suède) n’ayant ni masqué, ni confiné, ni instauré de couvre-feux. Ouvrage très facile à lire qui a le mérite de faire un point définitif sur cette affaire, même si Raoult, qui reste très mesuré dans ses propos et ne tombe jamais dans le « complotisme », démontre magistralement à qui a profité ce crime.

4,5/5

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31/01/2022

Annapurna, premier 8000 (Maurice Herzog)

Annapurna premier 8000.jpgLe 3 juin 1950, deux alpinistes français, Louis Lachenal et Maurice Herzog, parviennent au sommet de l’Annapurna, réalisant ainsi l’ascension du premier sommet de 8000 mètres. L’équipe est composée de Jean Couzy, polytechnicien, de Marcel Schatz, alpiniste, de Marcel Ichac, cinéaste, de Jacques Oudot, médecin et chirurgien, de Francis de Noyelle, officier de liaison, de trois guides réputés de Chamonix, Louis Lachenal, Lionel Terray et Gaston Rébuffat et de l’auteur, Maurice Herzog, alpiniste également. C’est une véritable expédition qui part à l’assaut de ce premier sommet mythique en emportant environ avec elle 4,5 tonnes de matériel et 1,5 tonnes de vivres avec charrettes et chevaux, sans oublier la trentaine de sherpas menés par leur chef Ang-Tarkey. Du très très lourd ! Ces sommets, considérés jusque-là comme le « domaine des dieux », avaient toujours été interdits d’accès à qui que ce soit. Les Français ont obtenu une autorisation exceptionnelle pour cette première. Ils ne disposent pas de cartes vraiment utilisables. Ils doivent donc commencer par d’interminables reconnaissances du terrain, hésitant entre le Dhaulagiri plus visible et l’Annapurna, plus en retrait. Le premier semble le plus dangereux, le second plus difficile d’accès. Ils optent pour le second, installent jusqu’à cinq camps de base et d'assaut avant que deux d’entre eux ne profitent d’une dernière fenêtre de temps acceptable avant la mousson pour atteindre, mais à quel prix, ce sommet…

« Annapurna, premier 8000 » est un récit d’expédition qui fut un énorme best seller à son époque. Il exaltait le courage, la ténacité et l’endurance d’un groupe de jeunes conquérants de l’inutile qui laissèrent pas mal d’eux-mêmes sur ces pentes verglacées et inhospitalières. Ils eurent les mains et les pieds gelés, furent frappés d’ophtalmie des neiges et durent redescendre dans des conditions dantesques, sans la moindre assistance. Jacques Oudot dut leur infliger des souffrances atroces en raison d’injections répétées d’acétylcholine pour essayer de sauver le plus possible de leurs membres avant de pratiquer les amputations nécessaires sans la moindre anesthésie. Le lecteur mesurera le chemin parcouru depuis cette époque. Pas d’hélico de secours, pas de radio, pas de repérage satellite, un matériel lourd et rudimentaire, monté à dos d’hommes et à la force des bras. Livre qui enchanta toute une jeunesse et suscita de nombreuses vocations d’alpinistes qu’on lira et relira même aujourd’hui avec un immense plaisir, ne serait-ce que pour une comparaison nostalgique avec notre époque sinistre, lâche, veule et sans idéaux…

4,5/5

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28/01/2022

Après l'empire (Emmanuel Todd)

Après l'empire.jpgLes États-Unis, autrefois considérés comme une puissance tutélaire protectrice, seraient-ils en train de devenir prédateurs et même dangereux pour la paix et la stabilité mondiale ? Depuis des années, ils ont été impliqués dans des dizaines de conflits partout dans le monde et dont ils ne sont pas toujours sortis vainqueurs (Vietnam, Afghanistan…). Gendarmes du monde, ils placent certains pays comme la Corée du Nord, l’Irak ou l’Iran sur une liste d’états-voyous ne respectant pas leurs critères. À titre de dommages collatéraux, ils bombardent l’ambassade de Chine de Belgrade lors de la guerre du Kossovo. Ils multiplient les provocations envers la Russie en installant des bases militaires permanentes dans l’ex-Asie centrale soviétique. Ils fomentent toutes sortes de « révolutions » dites « de couleur ». Ils sont très forts lors d’interventions aériennes de bombardement contre des pays ne disposant pas de défenses sérieuses et guère convaincants quand il s’agit de se battre au sol. Ils en sont même à pratiquer la « stratégie du fou » qui les fait apparaître comme irresponsables pour mieux intimider d’éventuels ennemis. Même leurs plus fidèles alliés, comme la Grande-Bretagne, l’Allemagne ou le Japon, commencent à être inquiets…

« Après l’Empire » est un essai géostratégique sur la décomposition du système américain de domination mondiale. Publié en 2002, il commence à dater un peu, mais reste pertinent sur les causes de cette décadence. Première puissance militaire, économique et industrielle du monde en 1945, les États-Unis ont vu leur prépondérance s’effriter dans nombre de domaines. Ainsi à la sortie de la seconde guerre mondiale, le PNB américain représentait plus de la moitié du produit mondial, ce qui entrainait un effet de domination automatique. Aujourd’hui, alors que le monde pourrait se passer de l’Amérique, celle-ci s’aperçoit qu’elle ne peut plus se passer du monde qui doit lui fournir matières premières, produits manufacturés et même hydrocarbures. Entre 1990 et 2000, son déficit commercial est passé de 100 à 450 milliards de dollars ! Depuis, la situation s’est-elle améliorée ? Que nenni ! L’Amérique ne s’est plus attaquée qu’à de petits états comme l’Irak, la Libye ou la Syrie et sans la moindre réussite. La désindustrialisation du pays n’a fait que s’aggraver. Ses idéaux démocratiques se sont délités au profit d’une oligarchie ploutocratique. Et le grand reset que nous subissons maintenant est sans doute une conséquence de cet état de fait. Sera-t-il le dernier soubresaut d’un empire à l’agonie ou le rebond salvateur lui permettant de se maintenir encore pour mille ans ? Ouvrage très intéressant ne serait-ce que pour les fines analyses sur les liens entre économie, démocratie, alphabétisation des masses et régulation des naissances.

4/5

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