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08/06/2023

La vérité sur les vaccins (Didier Raoult & Olivia Recasens)

La vérité sur les vaccins.jpgLa France est devenue le pays au monde qui se méfie le plus des vaccinations. C’est aussi l’un des rares pays qui a rendu obligatoire onze vaccins pour les nourrissons dont certains contre des maladies éradiquées et des MST. La variole a disparu, la poliomyélite est sur le point d’être éradiquée, la rougeole est maitrisée, le tétanos et la rubéole sont sous contrôle. Seule exception, la tuberculose qui est responsable de la mort d’un million de personnes chaque année dans le monde, mais dont le vaccin date d’un siècle et reste de faible efficacité. Quant au paludisme et au sida, toutes les recherches d’un vaccin sont restées illusoires. Pour certaines pathologies, l’amélioration des conditions d’hygiène ont plus apporté que les vaccins. Et pourtant ceux-ci sont toujours imposés ou interdits sans réelle concertation avec les professionnels de santé. On n’est plus dans le scientifique, mais dans le politique et même dans la croyance quand, en agitant les peurs, on en arrive à faire basculer les gens dans la névrose collective. Pour Raoult, il faut savoir raison garder et rester dans l’observation des faits au cas par cas.

« La vérité sur les vaccins » est un essai de vulgarisation médicale sur un sujet brûlant qui déclenche les passions surtout depuis les dernières crises sanitaires (H1N1 et Covid 19). Le livre datant de 2012, cette dernière n’est pas abordée. Il n’en demeure pas moins que beaucoup d’analyses restent pertinentes. Le lecteur découvrira que contrairement à ce qu’ont pu avancer les médias, Raoult est un farouche défenseur des vaccins, mais de façon intelligente. Il s’oppose à l’obligation vaccinale qui ne fait qu’exacerber les passions, dresser vax contre antivax, alors qu’il faudrait laisser les médecins s’informer et prescrire. Pour lui, la question de savoir si l’on est pour ou contre la vaccination n’a aucun sens. Il vaut mieux envisager chaque cas de figure, pouvoir peser sereinement le rapport bénéfices-risques et bien apprécier les situations sanitaires réelles pour chaque pays ou continent. Il est toujours préférable de convaincre plutôt que de contraindre. Un livre intéressant, loin des polémiques stériles, plein de bon sens, mais qui reste quand même à la surface des choses dès qu’on aborde le problème de la puissance de corruption de Big Pharma. Pour Raoult, la production de vaccins ne rapporterait que 11% du chiffre d’affaires des multinationales et serait plus source d’ennuis que de profits pour elles. Naïveté ? Angélisme ? Ou complicité ? Le lecteur pourra se perdre en conjectures sur ce point précis. Toutes les vérités ne sont pas bonnes à dire…

4/5

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03/06/2023

Le roman de Charette (Philippe de Villiers)

Le roman de Charrette.jpgBreton de petite noblesse, François-Athanase Charette de la Contrie commence sa carrière militaire en 1779, comme garde de la Marine à Brest. Il participe à la guerre d’indépendance américaine, d’abord au large des côtes françaises, puis dans les Antilles. En mars 1793, des paysans révoltés contre la levée en masse et les mesures anti-religieuses viennent le chercher pour le placer à la tête de leur insurrection. Charette s’impose difficilement comme commandant des insurgés des régions de Machecoul et Legé. Le 30 avril, les différentes armées vendéennes s’unissent pour former l’Armée catholique et royale, mais dans les faits, Charette continue d’agir de manière indépendante. En septembre et octobre 1793, les républicains prennent l’avantage en occupant toutes les villes de la Vendée militaire et en ravageant le bocage. Charette passe alors à la guérilla et arrive même à contrôler pendant quelques mois l’île de Noirmoutier. Affaibli par plusieurs défaites successives à la fin de l’année 1793, Charette parvient à échapper aux colonnes infernales qui ravagent la Vendée dans les premiers mois de l’année 1794. Les massacres, les noyades et les incendies systématiques commis par les républicains poussent les paysans à se réfugier auprès de lui. En décembre 1794, Charette accepte d’entamer des pourparlers de paix avec les représentants de la Convention thermidorienne lors des négociations de La Jaunaye où on lui fait espérer la libération du Dauphin et une éventuelle restauration. Mais quand il apprend que l’enfant royal a été empoisonné, il comprend qu’il a été berné et reprend les armes. Mais la relance des hostilités tourne au désastre. Abandonné par ses hommes et grièvement blessé, Charette est capturé le 23 mars 1796. Condamné à mort, il sera fusillé six jours plus tard à Nantes,

« Le roman de Charette » est une biographie romancée très bien menée, très agréable à lire et parfaitement documentée. Ayant pu avoir accès à de nombreux documents et témoignages, Philippe de Villiers a vraiment pu faire œuvre d’historien tout en présentant la vie tout à fait extraordinaire d’un des héros de la Vendée sous la forme du roman, c’est-à-dire avec des dialogues, du rythme et toutes sortes de détails donnant humanité et épaisseur à un personnage qui se conduisit en héros et en martyr de la liberté autant dans sa participation courageuse à la guerre d’Indépendance américaine qu’à celle des atroces guerres de Vendée qui resteront comme une tache de sang indélébile au front d’une république qui se construisit sur la décapitation du couple royal, l’assassinat des nobles, le vol des « biens nationaux » et le massacre de pauvres gens perpétrés par d’autres pauvres gens. Dans cette guerre civile, Charette tenta de rester fidèle à sa foi et à ses idéaux. Même s’il ne prit pas toujours les meilleures décisions stratégiques, il alla au bout de ses convictions et jusqu’au sacrifice de sa vie. Ainsi, restera-t-il un héros aux yeux de la postérité. Tout comme le film « Vaincre ou mourir » qui fit un tabac dans les salles obscures, ce livre très réussi lui rend un très juste hommage.

4,5/5

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31/05/2023

La faim (Knut Hamsun)

La faim.jpgÀ Christiania (Oslo), le jeune Knut peine à vivre des gains de rares articles donnés à un journal local. Il a bien essayé de se faire engager chez les pompiers, mais il a été rejeté, car il portait des lunettes. Ses habits sont si sales et si misérables qu’il n’ose plus se présenter pour une place « convenable ». Il n’a même pas de quoi s’acheter un livre pour tromper son ennui. Et le pire, c’est que la faim le tenaille en permanence. Pour la calmer malgré tout, il en est réduit à mâcher des copeaux de bois. Et les rares fois où une bonne âme lui donne quelque chose à manger, son estomac rétréci le rejette systématiquement. Il tente d’obtenir un peu d’argent du Mont de piété en mettant en gage ses lunettes, une couverture prêtée par un ami et même les cinq boutons de sa redingote, mais le préposé les refuse. Et comme les malheurs n’arrivent jamais seuls, se retrouvant sans toit, il est arrêté par la police et passe une nuit au poste, les articles dont il espérait beaucoup sont rejetés par son rédacteur en chef et il est renversé par la charrette du boulanger qui lui écrase le pied…

« La faim » est une autobiographie ou une autofiction assez émouvante et qui sent bien son vécu. Par petites touches assez impressionnistes, l’auteur nous fait partager le quotidien aussi glauque que pénible d’un jeune écrivain en voie de clochardisation. Pas d’intrigue à proprement parler, pas de développement romanesque. Même la rencontre de la belle inconnue reste du domaine de l’évanescence, presque de l’onirisme. Même chose pour la fin avec l’embarquement sur un navire russe. Hamsun se fait engager sur sa bonne mine alors qu’il ne connait strictement rien aux choses de la mer. Le capitaine le prend à l’essai en se réservant le droit de le débarquer en Angleterre s’il n’est pas à la hauteur de la tache. Le lecteur restera lui aussi sur sa faim, car il ne saura jamais si l’auteur a fini par s’en sortir. Il comprendra que l’auteur ne voulait pas lâcher son thème central, la faim et surtout l’échec qu’il attire comme l’aimant le fait de la limaille, car il est à la fois trop naïf, trop honnête et trop généreux. Il va donner son gilet à un miséreux, un gâteau à un gamin de la rue et un billet de dix couronnes qui aurait pu l’aider pour un bon moment à une pâtissière peu avenante. Cette « Faim » aurait aussi pu s’appeler « La poisse » ! Lecture un brin déprimante quand même…

4/5

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29/05/2023

Tout savoir pour éviter Alzheimer et Parkinson (Henri Joyeux & Dominique Vialard)

Tout savoir pour éviter alzheimer.jpgLa maladie d’Alzheimer est devenue la première cause de démence dans le monde et celle de Parkinson se maintient à la seconde place. Les femmes sont plus touchées que les hommes par la première. Eux seraient plus victimes de celle de Parkinson. Ces deux affections irréversibles sont redoutables. La première atteint 20% des octogénaires soit une femme sur 4 et même jusqu’à 40% au-dessus de 90 ans. Un homme sur 5 en souffre à partir de 85 ans. On compte 150 000 cas de Parkinson dans l’Hexagone et 8000 nouveaux chaque année. Ces maladies se développent de plus en plus rapidement dans les populations. On compte 1,3 million de malades aujourd’hui. Et on en prévoit 2 millions à l’horizon 2040. Leur nombre devrait même doubler tous les 20 ans ! De plus, les médicaments utilisés sont d’une efficacité douteuse et peuvent même se révéler nocifs en raison de graves effets secondaires. Et aucune molécule efficace ne se profile à l’horizon des prochaines années. Quel espoir nous reste-il ? La prévention…

Cet ouvrage est un essai écrit à quatre mains qui commence par un exposé de présentation de ces deux maladies. De la vulgarisation bien flippante qui remplit plus de la moitié de l’ouvrage. Les moyens pour éviter la catastrophe ne viennent qu’à la fin. Il faut réformer notre alimentation, manger moins de protéines animales, éviter barbecue et grillades, fuir la malbouffe et toute la production industrielle, (50% de risques éliminés). Faire de l’exercice de manière régulière. Marche, course, natation, vélo, etc (encore 50% de risques éliminés, mais il semble que cela ne soit pas cumulatif !). Ne pas oublier de faire fonctionner son cerveau en lisant, en faisant des mots croisés, des sudokus et autres. Garder un esprit positif et curieux. Au total, toutes sortes de petits et de grands conseils bien utiles que le lecteur devra mettre en pratique. Un ouvrage agréable, facile à lire et sans doute bien utile qui commence fort sombrement pour s’achever sur une note d’espoir. Nous irons tous au paradis (comme chantait l’autre), mais nous ne choperons pas tous ces deux saloperies…

4,5/5

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18/05/2023

La stratégie du choc (Naomi Klein)

La stratégie du choc.jpgEn Louisiane, avant l’ouragan Katrina, le conseil scolaire de la ville de la Nouvelle-Orléans comptait 123 écoles publiques. Après, il n’en restait plus que 4. Quant aux écoles privées qui n’étaient que 7 avant la catastrophe, elles passèrent à 31, grâce aux subventions versées pour la reconstruction. Une fois de plus le public subventionnait le privé. Une fois de plus, on privatisait les gains et on nationalisait les déficits. C’est un certain Milton Friedman qui avait théorisé cette nouvelle sorte de capitalisme, un capitalisme sauvage, sans freins ni garde-fou, un « capitalisme du désastre » que l’on appelle aussi « ultra-libéralisme » en Europe. Il s’agit pour les oligarques du système, avec la complicité de politiciens et de journalistes stipendiés, de profiter de l’opportunité d’une crise, d’un cataclysme, d’une révolution ou d’une guerre pour vendre à la découpe tous les services d’un état pendant que le peuple est encore sous le choc et donc peu apte à réagir. Ce modèle économique très particulier se révèle à l’usage assez peu compatible avec la démocratie. Il a même besoin de conditions plus ou moins totalitaires pour s’imposer dans son expression la plus pure, comme on l’a vu en Amérique Latine au Chili et en Argentine, en Grande-Bretagne sous la férule de Mme Thatcher, en Chine (Tien an Men), aux Etats-Unis sous Reagan et en de nombreux autres lieux. En fait, ces techniques de sidération des masses, de conditionnement des esprits trouvèrent leur source dès la fin des années 50 quand la CIA se lança dans d’étranges expériences sur de malheureux cobayes humains. L’auteur a ainsi pu obtenir le témoignage de Gail Kastner, une patiente du docteur Cameron, sorte de Mengele yankee qui lui fit subir nombre d’électrochocs, d’injections de substances plus ou moins nocives (insuline), de barbituriques à haute dose, de psychotropes et d’hallucinogènes comme le LSD dans l’espoir de vider son cerveau pour le reprogrammer. Ce monstre ne cherchait pas à soigner ses patients, mais à les recréer, leur causant toutes sortes de souffrances inouies et leur causant des pertes de mémoire irréversibles. Friedman voulut transposer cela en économie. Le résultat en fut catastrophique pour les peuples mais très lucratif pour l’élite !

« La stratégie du choc » est un essai géopolitique et historique de très belle facture. L’auteur démonte pan par pan toutes les tentatives que fit l’oligarchie au fil du temps pour parvenir à ses fins en commençant par l’Allemagne vaincue, mais relativement épargnée pour ne pas donner prise aux communistes, en continuant par le Chili de Pinochet et l’Argentine des colonels où on n’hésita pas à employer les méthodes les plus cruelles, puis la Bolivie, l’Afrique du Sud, la Pologne de Solidarnosc obligé de renier tous ses idéaux, la Russie d'Eltsine avec la main-mise des oligarques sur toutes les richesses du pays, Irak ravagé par la guerre et livré à Black Rock et à Halliburton, Sri Lanka ravagé par le tsunami et tant d’autres pays. Partout le même scénario : profiter d’une catastrophe pour privatiser le plus de domaines possibles, démanteler les services publics, licencier des fonctionnaires, faire disparaître les acquis sociaux et, sous prétexte d’apporter liberté et démocratie, faire plonger les peuples toujours plus loin dans la misère et le désarroi. Et si ceux-ci font mine de ne pas apprécier le traitement, ne jamais hésiter à frapper, enfermer, blesser ou tuer pour obtenir la soumission par la terreur. Ouvrage très éclairant sur la montée d’un phénomène fort inquiétant. Il commence à dater un peu. Et la conclusion de Klein, à la lumière des derniers développements de cette stratégie mortifère (crise sanitaire, climatique, guerre en Ukraine), semblera beaucoup trop optimiste. En effet, l’auteur constate l’échec complet de presque toutes les tentatives, une prise de conscience des peuples et même de très bonnes réactions de certains. Malheureusement, la machine libérale mondialiste ne renonce jamais. Si elle semble marquer le pas, ce n’est que pour mieux affiner ses techniques et relancer toujours plus fort et toujours plus loin son rouleau compresseur écrasant les peuples…

4/5

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14/05/2023

L'île de tous les vices (Jean-Gabriel Fredet)

L'île de tous les vices.jpgEn 2019, incarcéré dans l’attente d’un procès pour trafic de mineurs, et alors qu’il risque la perpétuité, Jeffrey Epstein est retrouvé pendu dans sa cellule. À la suite de multiples dysfonctionnements dans l’organisation de sa détention au moment de sa mort, deux enquêtes sont ouvertes dans le cadre de ce qui est décrit comme un « suicide apparent ». Comment un personnage issu d’un milieu social des plus modestes a-t-il pu se muer en scientifique de haut niveau (il a disposé pendant 20 ans d’un bureau dans la prestigieuse université d’Harvard), en milliardaire à la tête d’une fortune estimée à plus ou moins un millard de dollars, en décideur de premier plan (il a siégé des années au CFR et à la Trilatérale deux instances réunissant tous les plus grands personnages de la planète ? Comment a-t-il pu devenir l’ami intime de deux présidents américains (Clinton et Trump), d’un membre de la famille royale, le prince Andrew, et de nombre de célébrités comme Bill Gates, Leon Black, Kevin Spacey, Woody Allen et tant d’autres ? Comment pendant trente ans a-t-il pu, avec l’aide de ses deux principaux complices, Ghislaine Maxwell, fille du milliardaire agent du Mossad retrouvé noyé au large des Canaries, et Jean-Luc Brunel, agent parisien de mannequins, organiser un trafic sexuel sur mineures d’une telle importance, sur son île privée ou dans ses diverses propriétés, sans jamais être vraiment inquiété par la justice ? Et comment, finalement inculpé en Floride en 2008, a-t-il pu bénéficier d’un abandon des poursuites alors que des dizaines de victimes venaient témoigner contre lui pour viols ou agressions sexuelles ? Tout est étrange dans cette affaire, même son suicide, par étranglement à genoux dans sa cellule avec des surveillants endormis et des caméras de surveillance en panne !

« L’île de tous les vices » se présente comme une enquête de journalisme d’investigation bien menée, bien étayée et agréable à lire en se disant que la réalité dépasse souvent la fiction. Malgré un grand nombre de révélations obtenues par le témoignage de victimes ou de membres du personnel, un bon nombre de zones d’ombres subsistent. Bien des questions restent sans réponse. Qui était vraiment Epstein ? Un escroc à la Madoff ? (Quelques-uns l’accusent d’avoir détourné des fonds à son profit.) Un agent du Mossad ? (La question est abordée sans être vraiment traitée.) Un obsédé sexuel pédophile doublé d’un proxénète ? (Il aurait « essayé » un bon millier de gamines de moins de quinze ans dont son âme damnée Ghislaine Maxwell qui évolua ensuite en mère maquerelle.) Un maître-chanteur pour l’élite ? (Tous les ébats de ses « amis » étaient filmés par des caméras cachées un peu partout.) Le livre, honnête et passionnant par ailleurs, s’achève sur une note dubitative quand l’auteur avoue que ce monstre, responsable d’un des pires scandales de notre époque, a emmené dans sa tombe un grand nombre de ses secrets. Qu’il ait été « suicidé » pour ne pas dire « liquidé » n’est nullement invraisemblable. Quant à espérer que sa complice finisse par se mettre à table et à tout révéler, rien n’est moins sûr. L’élite se veut et se croit au-dessus des lois et de la morale. Et elle sait comment s’y maintenir !

4,5/5

17:44 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0)

04/05/2023

La voie du retour à la nature (Masanobu Fukuoka)

La voie du retour à la nature.jpgMasanobu Fukuoka, le célèbre fermier philosophe japonais, nous propose dans cet ouvrage de réunifier Dieu, la nature et l’homme. Encore faut-il bien définir ce qu’est Dieu, ce qu’est la nature et ce qu’est l’homme. Si l’homme ne se sauve pas lui-même en s’efforçant d’arrêter d’abimer la nature, personne ne le fera à sa place… Fort du succès de son livre « La révolution d’un seul brin de paille », il donne des interviews, des conférences et est invité un peu partout. « C’est une chose merveilleuse d’être tout simplement vivant », dit-il dans l’une d’elles. Il visite les Etats-Unis deux fois autant sur la côte est que sur la côte ouest. Pour lui, la Californie est en passe de devenir un désert alors que le Japon qui jouit d’une exposition géographique et d’une roche-mère semblables, profite encore d’un climat tempéré et de quatre véritables saisons et ne redoute pas une élévation exponentielle des températures en raison d’une agriculture plus traditionnelle. Il voit les causes du phénomène dans l’élevage extensif des débuts qui a commencé par appauvrir les sols, puis dans la monoculture avec engrais chimiques et pesticides qui a achevé de les stériliser. Il constate ensuite des faits semblables en Europe où il rencontre un succès d’estime alors qu’il se déplace partout simplement vêtu de l’habit traditionnel du paysan japonais avec socques de bois aux pieds…

« La voie du retour à la nature » est un essai composé de nombreuses parties. On y trouve deux introductions une pour l’édition européenne et une autre pour la japonaise. En plus d’interviews et de compte-rendus de ses visites aux États-Unis, en Europe et en Afrique (où il tentera d’appliquer ses méthodes en Somalie), le lecteur trouvera des chapitres sur certains problèmes spécifiques comme la rouille des pins japonais en raison de la disparition d’un champignon mykhoryse indispensable à la survie de l’arbre, ou une présentation succincte de son procédé qui va bien au-delà du simple bio et même de la fameuse permaculture. Fukuoka ne laboure jamais. Il se contente de semer à la volée du trèfle, puis de l’orge, puis du riz et laisse la nature faire. Il est même persuadé qu’il est possible de venir à bout de la désertification et de la stérilisation des terrains en semant massivement pour que tout finisse peu à peu par reverdir. Cette agriculture naturelle est en fait un retour aux sources, un laisser-faire de la nature et un non-interventionnisme de l’homme. Il est persuadé que les méthodes modernes de culture sont particulièrement nocives et ne mèneront qu’à la catastrophe sous toutes les latitudes. Il n’a qu’un regret : ne pas avoir été suffisamment entendu, ne pas avoir vraiment eu de disciples. Il compare les attitudes des Occidentaux et celles des Japonais trouvant ceux-ci nettement moins coopératifs que ceux-là ! Livre intéressant surtout pour son aspect pratique plus que pour ses aspects philosophiques et ses développements très personnels sur Dieu, la nature et l’homme.

4/5

09:05 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0)

01/05/2023

Le mythe de la singularité (Jean-Gabriel Ganascia)

Le mythe de la singularité.jpgD’après Stephen Hawking, physicien et cosmologiste britannique de renom, les technologies de l’intelligence artificielle pourraient très vite devenir incontrôlables au point de mettre en péril l’avenir de l’humanité entière. D’autres savants réputés comme Max Tegmark et Franck Wilizek du MIT ainsi que Stuart Russell, spécialiste de l’IA à l’université américaine de Berkeley partagent cette inquiétude. L’IA pourrait même « conduire à l’extinction pure et simple de la race humaine. » Déjà aujourd’hui Big Data parvient à gérer des masses incroyables de données. Rien que le poids des Twitts échangés quotidiennement par les utilisateurs de Twitter se compte en téraoctets. Pour Facebook, il s’agit de 500 To par jour, soit l’équivalent en quantité d’informations de dizaines de Bibliothèques Nationales de France ! Et pour le web dans son ensemble, on compte qu’il a stocké environ 7 zettaoctets en 2015 et 7 milliards de téraoctets en 2020, soit la valeur de 1,5 milliards de fois le contenu de la dite BNF ! Jusqu’où cela va-t-il aller ? Un jour, les ordinateurs arriveront-ils à devenir autonomes, pourront-ils se passer de nous et agir jusqu’à dominer le monde à nos dépens ? Ils sont déjà presque partout. Dans l’avenir le seront-ils encore bien plus, jusqu’à s'immiscer sous notre peau et peut-être dans notre cerveau, nous transformant en homme-machine, en cyborg, en semi-robot capable de prouesses spectaculaires, mais sans âme ni conscience ?

« Le mythe de la singularité » est un essai scientifique sous-titré « Faut-il craindre l’intelligence artificielle ? », qui s’attaque à une question fondamentale, celle de l’avenir de l'humanité après la révolution informatique. L’auteur semble partir sur une recension assez exhaustive de tous les dangers d’un développement exponentiel de ces techniques avant de tenter de démontrer leur innocuité, sans y parvenir d’ailleurs. Et, finalement, de conclure sans conclure ! De sorte que, ayant achevé la lecture de cet ouvrage intéressant par ailleurs, le pauvre lecteur reste sur sa faim. L’étude de l’impact des GAFAM (Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft), sur les sociétés humaines, celui du déclin irréversible du pouvoir des états qui n’ont plus grand-chose de souverains et surtout l’histoire, le développement et les risques de la généralisation des crypto-monnaies, laissent énormément à désirer. Ces sujets étant beaucoup trop vite survolés. Au total, un livre ambitieux, un peu fourre-tout et qui reste trop souvent à la surface des choses. Donc finalement assez décevant, même si le lecteur y apprend pas mal de choses sur cette fameuse pseudo intelligence qui n’a peut-être pas que de bons côtés !

3,5/5

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29/04/2023

Le Moyen-Âge, une imposture (Jacques Heers)

Le Moyen-Âge, une imposture.jpgEn Histoire, certaines périodes sont portées aux nues comme l’Antiquité grecque et romaine alors que d’autres sont vouées aux gémonies comme le Moyen-Âge, considéré comme une longue période de ténèbres et d’obscurantisme qui s’achève à la Renaissance. De même, constate-t-on une différence de traitement entre l’avant 1789 et l’après, comme si un certain 14 juillet l’humanité était soudain passée comme par enchantement de l’ombre à la lumière et depuis n’avait cessé de progresser vers un avenir de plus en plus radieux. Il est aussi particulièrement difficile de situer le début de la période communément appelée « Moyen-Âge ». Doit-on le placer dès la chute de l’empire romain d’Occident ou après celle de Byzance ? Tout aussi peu évident est la datation de celui de la Renaissance. Doit-on s’en référer aux débuts de l’époque gothique ou à celle de la fin du gothique flamboyant, à l’époque de Dante, de Giotto ou de Boccace, donc au XIIᵉ, XIIIè, XIVᵉ, XVè siècle ou même après ? Les termes de « Moyen-Âge » et de « Renaissance » ne furent d’ailleurs que très tardivement utilisés par les historiens (vers 1800). Et c’est d’ailleurs en France que l’on parla en premier de Renaissance italienne alors que le terme était toujours inconnu en Italie. On comprend ainsi le côté artificiel de toutes ces notions !

« Le Moyen-Âge, une imposture » est un essai historique de grande qualité, très référencé, très documenté et taillant de jolies croupières aux tenants de l’Histoire des manuels républicains à la Michelet et autres Fernand Nathan qui servirent de références des maîtres d’école jusqu’aux maîtres de conférence pour distiller une Histoire assez éloignée de la réalité et même complètement déformée pour servir une idéologie. Quand la politique se mêle de réviser le passé, on peut s’attendre au pire… Jacques Heers, tout comme Régine Pernoud, autre référence sur le sujet, s’attache dans cet ouvrage remarquable à tordre le cou à un grand nombre d’idées fausses, de contre-vérités et mêmes de forgeries (comme l’histoire de la papesse Jeanne pour ne citer que la plus loufoque). Le lecteur découvrira un grand nombre de choses bien différentes de ce qu’on lui avait enseigné ou de ce qu’il avait entendu, lu ou vu un peu partout. Il est bon que des auteurs courageux remettent les choses du passé à leur juste place. Nous aurait-on menti, raconté des carabistouilles ? Une fois de plus, l’on constatera que si le mensonge prend l’ascenseur, la vérité ne peut prendre que l’escalier. Mais, au bout du compte elle finit quand même par apparaître un jour…

4/5

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23/04/2023

Le diabolique secret des OVNI (Jean-Michel Lesage)

Le diabolique secret des OVNI.jpgDepuis des années, Jean-Michel Lesage et ses collègues du cercle d’études Ouranos étudient les phénomènes d’OVNI (Objets volants non identifiés). Ils ont découvert qu’au fil des années, les descriptions de ces engins ont évolué selon les avancées techniques des différentes époques. Ainsi des témoins crurent voir des bateaux volants au début de l’autre siècle, des formes de cigares ou d’obus ensuite pour en arriver aux fameuses « soucoupes » volantes des années 1947/50 et suivantes. De même, les témoignages se révèlent variés, fluctuants, souvent peu réalistes ou peu vraisemblables. Quant aux enlèvements d’humains par des extraterrestres qui s’empressent de les examiner alors qu’ils semblent déjà tout connaître de l’anatomie humaine, ils sont encore moins convaincants. Lesage en arrive à développer une explication psychologique et sociologique très intéressante, mettant en cause les dérives du « New Age », la psychanalyse et toutes les inversions de valeur de la fausse spiritualité moderniste qui revient à du satanisme plus ou moins déguisé.

« Le diabolique secret des OVNIS » est un essai bien documenté sur un phénomène étrange voire paradoxal. Il ne s’agit nullement de science, mais de croyance. Et pour l’auteur « ufologie » rime souvent avec « fumisterie ». Ces histoires plus ou moins loufoques baignent dans l’illusion, l’enfumage, la manipulation mentale et la suggestion. Nombre de « témoins » et autres « enlevés » (comme le tristement célèbre Raël) ne produisent que des témoignages peu fiables pour ne pas dire des forgeries montées de toutes pièces. Certains en arrivent à se muer en gourous de sectes. Tout ce cirque cosmique ferait partie de manœuvres et de manipulations mentales visant à hâter la venue du Nouvel Âge, l’ère du Verseau et surtout le triomphe du nouvel ordre mondial. Le lecteur trouvera en fin d’ouvrage divers addenda et témoignages (tel celui de Gérard Monast), plus un important chapitre sur le projet américain « Blue Beam » qui consisterait à envoyer dans le ciel toutes sortes d’hologrammes adaptés à chaque continent et à chaque religion pour faire croire aux naïfs qu’ils assistent en direct au retour du Christ, de Mahomet ou de Bouddha. Quelle dinguerie !

4/5

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