04/12/2025
Sortez de l'hypnose collective (Christian Tal Schaller)
L'auteur se présente lui-même de cette amusante manière : « Pour certains, je suis quelqu'un qui sonne le tocsin pour réveiller ses concitoyens et, pour d'autres, je suis un fou qui ose remettre en question les dogmes en vigueur, un renégat qui prétend par exemple que « l'Eglise médicale moderne » est inféodée aux multinationales pharmaceutiques et vaccinales et n'est pas au service de la santé des populations de la terre. » Il ajoute que son patronyme qui signifie « sonneur de cloches » en allemand a une double signification : soit alerteur, c'est-à-dire éveilleur, lanceur d'alerte, soit « sonné du village », c'est-à-dire fou, doux dingue, demeuré ou idiot du village. Chacun choisira en fonction de ses propres affinités. Lui-même jouera toute sa vie sur ces deux registres avec une certaine maestria d'ailleurs. Au cours de la cinquantaine d'années de pratique médicale holistique, en dehors des sentiers battus, il aimera souvent illustrer son propos de manière amusante, allant jusqu'à se déguiser en clown et autres personnages…
« Sortez de l'hypnose collective » est un essai portant sur toutes les façons dont dispose le système pour mentir, trafiquer la vérité et manipuler les esprits pour arriver à ses fins. En esprit libre, curieux et indépendant, il aborde une grande quantité de sujets sous un angle qui ne plaira sans doute pas à tout le monde et risque même de choquer les normies adeptes de la pensée unique, du « vu à la télé ». Ainsi nous annonce-t-il que l'on peut parfaitement vivre sans manger de viande, que les produits laitiers ne sont pas du tout « nos amis pour la vie », que les huiles et graisses hydrogénées sont dangereuses pour la santé, tout comme les produits hyper transformés ou la nourriture « industrielle » en général. Il tord le cou de nombre d'idées reçues comme le jeune dangereux pour la santé, comme le végétarisme qui causerait des carences ou comme la culture bio qui ne pourrait pas nourrir toute la planète. Tout y passe, les fours à micro-ondes, les poêles recouvertes de téflon, les engrais chimiques, les pesticides, les OGM, la pilule, les hormones, le sida, les adjuvants dans les vaccins (mercure, aluminium, formaldéhyde) responsables d'asthme, de troubles de l'attention ou d'apprentissage chez les enfants, sans oublier l'autisme qui frappe maintenant 1 enfant sur 87 (et zéro chez les Amishs qui ne les font jamais vacciner). Schaller parle même de sujets sans rapport direct avec la santé comme le pouvoir exorbitant des banques privées de fabriquer de l'argent à partir de rien et de s'octroyer des intérêts qui au fil des ans créent une dette exponentielle et impossible à rembourser. L'ouvrage part un peu dans tous les sens. On peut ne pas partager tous les points de vue de l'auteur (chamanisme par exemple) tout en appréciant les qualités du chercheur de vérité. La vraie science n'a-t-elle pas été le fruit de découvertes saugrenues et de remises en question permanentes ? À recommander aux esprits curieux et aux éveillés.
4/5
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01/12/2025
Les deux étendards (Lucien Rebatet)
Michel Croz, fils de notaire, entre à 13 ans comme interne au collège privé de Saint Chély. En classe de seconde, il crée un petit hebdomadaire satirique, « Le sourire du Cloître » qui s'arrête au 5e numéro. Son meilleur ami s'appelle Guillaume. Il est fils d'avocat. Les deux « montent » à Paris pour suivre des études de philosophie alors qu'ils devraient faire du droit dans la bonne ville de Lyon. Ils y retrouvent un autre ami, Régis, qui est tenté par la vie religieuse et envisage de d'entrer chez les Jésuites après son service militaire. Mais Régis est aussi éperdument amoureux d'Anne-Marie et est aimé en retour. Cet amour est platonique. Ils se tiennent la main, s'isolent dans les montagnes, s'embrassent et se jurent fidélité éternelle. Et si Régis entre dans les ordres, Anne-Marie en fera autant en devenant religieuse. Mais quand Michel, qui trouve assez ridicule cette situation, se retrouve en présence d'Anne-Marie, il en tombe immédiatement amoureux. Mais est-ce réciproque ?
« Les deux étendards » est un roman sentimental interminable, un véritable pavé indigeste de 1236 pages qui semble avoir fort mal vieilli. Le lecteur s'y est intéressé à cause de l'engouement de certains pour ce titre qui serait rien moins qu'un chef d'œuvre. Engouement qui s'explique d'autant plus difficilement qu'il vient principalement du milieu droitier pour ne pas dire droitard. Michel qui n'est qu'un simple avatar de Rebatet ne cesse de déboulonner la religion catholique, d'en dénoncer toutes les hypocrisies. Il se montre anti-clérical et même radicalement anti-religion. Il déteste Barrès et Péguy et porte aux nues Proust et Gide. On sent qu'il est même très fortement influencé par le premier. L'ennui, c'est qu'il ne lui arrive pas à la cheville avec cette laborieuse introspection, ce pensum qui tombe des mains. Que d'exclamations, de soupirs, de longues descriptions d'états d'âme ! En dehors de cette petite histoire de triangle amoureux, il ne se passe pas grand-chose au long de toutes ces pages qui tournent à la logorrhée, à la diarrhée verbale sans grand intérêt. On n'arrive pas à entrer en empathie avec des personnages qui manquent de maturité, d'épaisseur humaine et même de réalité. Ils semblent ne s'agiter que pour illustrer les théories « socialistes » désuètes de l'auteur. Assez mauvaise expérience de lecture.
2,5/5
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28/11/2025
Du Frankisme au Jacobinisme (Gershom Scholem)
Moses Dobruska naquit le 12 juillet 1753 à Brno en Moravie. Son père Salomon faisait partie du petit nombre de Juifs particulièrement doués pour le commerce qui s'étaient assurés le monopole de la vente du tabac dans l'Empire austro-hongrois. Par son mariage avec Schondl Hirschel, il entra dans le cercle de famille de Jacob Franck, fondateur de la secte frankiste. Son frère aîné, Karl, se convertit au catholicisme en 1769. Il changea de nom, entra dans l'armée autrichienne et devint bientôt officier. Plusieurs de ses frères suivirent son exemple. Moses se convertit également, changea de nom (Franz Thomas von Schönfeld), mais n'entra pas dans la vie militaire. Il préféra se consacrer à la poésie. Il devint franc-maçon, fonda même l'ordre des « Frères Asiatiques » ou « Chevaliers de la vraie Lumière », apparenté aux Rose-Croix. Très fortuné et proche de l'empereur, il se passionne pourtant tellement pour la Révolution Française qu'en 1792 il ne peut s'empêcher de rejoindre les Jacobins d'abord à Strasbourg puis à Paris avec un de ses frères et sa jeune sœur. Un tragique destin l'y attend quelques mois plus tard.
« Du Frankisme au Jacobinisme » est la simple retranscription d'une conférence donnée à l'Ecole des hautes études en sciences sociales le 23 mai 1979 par l'auteur sur le thème de la vie de Moses Dobruska, alias Franz Thomas von Schönfeld, alias Junius Frey. Quel étrange personnage que ce Frey ! Fut-il un écrivain, un poète, homme d'affaires ou un espion ? Quelles furent ses véritables relations avec le pouvoir autrichien ? Comment se retrouva-t-il à la tête d'une fortune considérable qui lui permit de mener grand train à Paris ? Sa conversion au catholicisme fut-elle sincère ou un simple moyen d'ascension sociale ? Cousin de Jacob Franck, quel sorte de Franc-maçon fut-il vraiment et quelle influence eut-il ? Le livre, relativement intéressant, pose plus de questions qu'il ne donne de réponses. Lecteur finit par arriver au bout en ayant parcouru tant de zones d'ombre qu'il n'en sait pas plus qu'à la lecture d'une fiche Wikipédia. Une chose est sûre : Frey finit guillotiné dans la fournée de Danton et de Chabot. Il fut condamné pour espionnage au profit de l'Autriche et prévarication. Sa sœur avait épousé le révolutionnaire Chabot condamné pour corruption et intelligence avec l'ennemi. Qualifiée « d'Autrichienne » comme Marie-Antoinette, elle ne fut pas inquiétée. À noter une importante bibliographie qui devrait permettre de creuser le sujet car avec cet ouvrage on reste vraiment sur sa faim et même des annexes en allemand dans le texte qui auraient pu être traduites en notes, tous les lecteurs ne maîtrisant pas forcément la langue de Goethe !
2,5/5
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23/11/2025
Rothschild, une banque au pouvoir (Martine Orange)
En 1982, la nationalisation de la banque Rothschild en France par le pouvoir mitterrandien fut paradoxalement une chance pour la famille Rothschild. L'indemnisation de l'Etat ayant été relativement faible, il lui fallut donc repartir de zéro et tout reconstruire. David commença par fonder une petite société de conseil financier qu'il appela PO Gestion. Grâce au soutien de Robert Badinter, il parvint à la faire évoluer en PO Banque, levant ainsi l'interdit posé pour complaire aux communistes du programme commun de la gauche. Finalement, il devra encore batailler pour pouvoir récupérer l'usage de son propre nom. Il bénéficiera de l'aide et du soutien d'Edouard Balladur, très proche de la famille. Quelques années plus tard, il s'agira d'organiser les premières vagues de privatisation. Mais la nouvelle banque est encore toute petite. Elle a peu de fonds propres, une capitalisation réduite et seulement une quarantaine de salariés. Elle gérera pourtant la privatisation de Paribas en lieu et place de la prestigieuse banque Lazard. La hache de guerre sera définitivement enterrée quand Jean-Charles Naouri, ancien chef de cabinet de Pierre Béregovoy, sera embauché chez Rothschild. La banque pourra monter, monter jusqu'à se retrouver au cœur du pouvoir…
« Rothschild, une banque au cœur du pouvoir » est un essai économique sous forme de longue enquête journalistique. L'auteure, qui a bénéficié du soutien de Médiapart, est une spécialiste du monde de la finance. Elle a déjà publié un ouvrage sur la Banque Lazard et un autre intitulé « Une faillite française ». Il ne s'agit en aucun cas d'un pamphlet ou d'un ouvrage à charge, bien au contraire. David de Rothschild, qui y a largement contribué en lui accordant de nombreux entretiens, est dépeint sous son meilleur profil, quelqu'un de posé, de responsable, un médiateur parfait. L'ouvrage nous raconte trente années de la vie d'une banque, toutes ses implications dans un nombre conséquent de fusions, de privatisations, d'acquisitions diverses et variées. On y apprend également que nombre de hauts fonctionnaires ne cessent de faire des aller et retours entre la fonction publique et la banque. Sans oublier la perméabilité entre celle-ci et le monde politique. Pompidou, Balladur, Sarkozy et Macron (dont on a une recension de son accession au pouvoir comme premier secrétaire de la présidence puis ministre des finances de Hollande), ont tous fait partie des « poulains » de la banque Rothschild. Le lecteur apprendra également que David se méfiait un peu de Strauss-Kahn qu'il jugeait difficilement manœuvrable. Un ouvrage bien écrit et intéressant pour qui se passionne pour l'histoire politique et économique du pays, mais que l'on pourra déconseiller à ceux qui recherchent le sensationnel ou la petite anecdote croustillante. Des faits, rien que des faits…
4/5
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08/11/2025
La route étoilée (Poul Anderson)
Sur la planète Rendez-vous, la guilde des Marchands de l'Espace se réunit dans la Salle des Capitaines. L'heure est grave. Tous les participants sont inquiets. Plusieurs vaisseaux de commerce ont disparu corps et biens dans l'Espace à plusieurs reprises et sans explication valable. S'agissait-ils de simples accidents ou d'attentats occasionnés par des populations hostiles ? Certains font remarquer que de nombreuses planètes que l'on croyait vides de toute population autochtone ne l'étaient nullement et que l'on le découvrait parfois trop tard. Pour les humains nomades de l'espace, les rapports avec les « indigènes » doivent être clairs. Il ne doit pas y en avoir du tout. Et pourtant, un humain, Sean, est tombé amoureux d'Ilaloa, une belle indigène lorinyenne qui se considère comme libre et indépendante. Le jeune couple veut se marier, ce qui ne va pas de soi et n'est pas du tout accepté par Elof, le père de Sean. Ils parviennent cependant à se faire accepter dans l'équipage du « Peregrine », vaisseau marchand qui doit justement faire une tournée aux abords de la zone dangereuse…
« La route étoilée » est un roman de science-fiction de facture classique avec pour thème le voyage dans les étoiles qui plaisait tant à l'époque. Même si le style est fluide et l'histoire divertissante et agréable à lire, le lecteur ne peut s'empêcher de remarquer que toute cette histoire est terriblement datée et a fort mal vieilli. La première édition date en effet de 1959. Plus personne aujourd'hui n'écrit de cette façon et surtout ne s'imagine ce genre de futur. Tout est très (trop) américain. La conquête de l'Espace est une autre conquête de l'Ouest. Les autochtones sont de bons sauvages à la Jean-Jacques Rousseau. Ecologistes avant l'heure, ils respectent la nature alors que les humains ne songent qu'à l'exploiter et à en tirer profit. Ce sont des primitifs qui vivent dans la forêt, un peu des décalques de Peaux-Rouges du Far-West. L'histoire ne comporte que fort peu de rebondissements et sa fin est un brin décevante. L'ensemble donne l'impression de roman produit à la chaine et sans grande originalité. La SF américaine de l'époque était encore d'une grande naïveté sur les réelles perspectives de la science doublée d'une transposition dans le futur d'une réalité conquérante pour ne pas dire plus. Pas du toutle meilleur ouvrage du prolifique Anderson.
3/5
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04/11/2025
Le quatrième mur (Sorj Chalendon)
En janvier 1974, Georges, 24 ans et Aurore, 22 ans, sa future compagne, font connaissance de Samuel Akounis, metteur en scène venu d'Athènes pour témoigner de la triste réalité de la dictature des colonels grecs devant un parterre d'étudiants de la faculté de Jussieu. Grec d'origine juive, Samuel a choisi la France comme refuge et terre d'accueil. Au théâtre Rébético d'Athènes, il a tenté de monter « Le père Ubu » d'Alfred Jarry, en faisant remplacer le nom de « Ubu » par celui de « Georgios », fine allusion au prénom du chef militaire de la junte, ce qui a fortement déplu au pouvoir et a valu à Samuel arrestation, tortures et déportation au camp d'Oropos. En 1983, Georges se retrouve avec lui à Tripoli, au nord du Liban, en plein conflit. En effet, Samuel a un projet fou : monter « Antigone » de Jean Anouilh sur la ligne de front et la faire jouer par des acteurs issus des différentes communautés en guerre les unes contre les autres. Antigone sera Palestinienne, Créon chrétien. Ils joueront avec des Druzes, des Sunnites, des Chiites, histoire de montrer au monde qu'une paix est possible…
« Le quatrième mur » est un roman d'une violence inouïe et dont la lecture ne laissera personne indemne. Les personnages sont tous très humains, très bien décrits avec leur présent, leur passé, les pesanteurs et préjugés de leurs différentes communautés. Tous finissent par faire face à des destins tragiques. Le Liban, état multi-ethnique, est multi-conflictuel. La haine est partout. Les milices se livrent une guerre sans merci. Et pour ne rien arranger, Tsahal écrase Beyrouth sous les bombes. Et la Syrie envoie ses chars d'assaut. Rarement lu un ouvrage aussi violent et aussi désespérant. La haine suinte de partout. Depuis le Quartier Latin où les groupuscules d'extrémistes de gauche et de droite règlent leurs comptes à coups de batte de base-ball ou de manches de pioche jusqu'au malheureux Liban où on égorge et on massacre allègrement hommes, femmes, vieillards et enfants. On savait que l'homme était un loup pour l'homme. Mais là, l'auteur semble nettement se complaire dans l'horreur et la barbarie. L'ouvrage est à déconseiller aux âmes sensibles et à tous ceux qui ont encore quelques illusions sur la nature humaine. Il laisse une impression amère et même écœurante. Pourtant, il a été couvert de récompenses et a même été adapté au cinéma.
2,5/5
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01/11/2025
La quiche fatale (M.C. Beaton)
À 53 ans, Agatha Raison décide subitement de quitter la société de communication qu'elle avait créée à Londres pour aller passer une paisible retraite dans son petit cottage niché dans un joli village des Costwolds, nommé Carsely. Pour arriver à se faire connaître et un peu accepter par les gens du cru, elle décide de participer à un concours de cuisine alors qu'elle n'y connait strictement rien. Comme elle doit présenter une quiche maison, elle en propose une venant d'un des meilleurs traiteurs de Londres. Mais comme prévu, son astuce est découverte et elle perd le concours. La gagnante reste la même depuis des années. Et pour ne rien arranger, fort déçue, elle ne reprend pas sa quiche. Le couple de juges, les Cummings-Browne, la ramènent chez eux. Sa femme partie, le mari en déguste une part chez lui. Il s'effondre derrière son canapé. La fameuse quiche était empoisonnée à la cigüe aquatique. Se retrouvant mêlée malgré elle à quelque chose de louche, mais que la police veut classer comme accident, Agatha Raison, persuadée qu'il s'agit d'un meurtre, décide de mener l'enquête de son côté…
« La quiche fatale » est un roman policier à succès, mettant en scène pour la première fois, la fameuse Agatha Raison, sorte Miss Marple de notre époque, cinquantenaire dynamique et célibataire endurcie un brin portée sur le gin. La prolifique romancière écossaise qui a sévi sous son nom (Marion Chesney) et divers pseudos, nous a gratifié de 30 autres épisodes, plus 6 co-écrits ! Ce genre de littérature de divertissement se lit aisément et plait beaucoup. Mais les personnages sont un brin caricaturaux et cependant bien pétris d'humanité. L'auteure ne manque ni d'humour ni de lucidité sur ses contemporains. L'ennui, c'est que cet ouvrage semble plus une chronique villageoise vivante et pleine de dialogues qu'une véritable intrigue policière style Agatha Christie avec nombreux suspects, fausses pistes et révélation finale surprenante. L'intrigue est assez simple pour ne pas dire simpliste et ne comporte que peu de rebondissements. Le lecteur devine aisément presque dès le début comment tout cela va se terminer, ce qui est un peu regrettable pour une histoire normalement basée sur le suspens. Il s'étonnera d'ailleurs d'un intérêt si marqué pour la cuisine et la boisson, évoquées quasiment à chaque chapitre.
3/5
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28/10/2025
Victor Hugo et les Illuminés de son temps (Auguste Viatte)
À partir du XVIIIe siècle, toutes sortes de courants plus ou moins spiritualistes parcourent la société française. On assiste ainsi au triomphe du mesmérisme, basé sur quelques avancées sur le magnétisme. Puis on passe au somnambulisme. Avec le XIXe siècle, on en vient à vouloir réunir la science et la foi. Un peu plus tard, apparaît le spiritisme inventé aux États-Unis par les demoiselles Fox. On commence à faire tourner les tables et à chercher à dialoguer avec les esprits de l'au-delà en utilisant un langage codé. En 1854, on passe à l'écriture automatique. La mage Allan Kardec annonce : « Laissons là le jargon et les fastes des magnétiseurs spiritualistes, nous sommes les nouveaux venus, les Spirites… » L'époque est pleine de mouvements ésotériques plus ou moins étranges avec les Illuminés socialistes, Saint-Simon, le Père Enfantin, les Fouriéristes, tous voguant entre l'illuminisme révolutionnaire et la dictature théocratique. Et Victor Hugo, dans tout cela ? En 1843, il est en pleine gloire. Maître incontesté des « Romantiques », il est reçu avec tous les honneurs à l'Académie Française. Le roi l'estime et va bientôt en faire un Pair de France. Il court les belles et tout lui sourit… Mais il a perdu la foi et est devenu anti-clérical.
« Victor Hugo et les Illuminés de son temps » est un essai de qualité universitaire sur un aspect très particulier de l'œuvre et du personnage de Victor Hugo. Bien que datant de 1942, il se lit très aisément encore aujourd'hui. Dans une longue première partie, l'auteur présente une sorte de résumé historique assez complet de tous les mouvements spiritualistes de l'époque et même du siècle précédent. C'est à notre sens la partie la plus intéressante de l'ouvrage car la suite représente plus une étude des textes du grand auteur. Ainsi découvre-t-on que le magnétisme, le socialisme mystique et le spiritualisme inspirèrent Hugo. Et lui-même influença son époque en retour. Certains lui décernèrent même le titre de « Mage ». Il n'était pas athée, mais plutôt déiste, un peu dans le style de Robespierre avec son culte de l'Etre Suprême. Écologiste avant l'heure, Hugo voyait Dieu dans la Nature et était en perpétuelle recherche de l'au-delà. Sa spiritualité et ses convictions évoluèrent avec le temps. La mort de sa fille Léopoldine, son double échec politique (d'abord partisan de Louis-Napoléon Bonaparte, puis farouche opposant) et son exil volontaire à Guernesey y contribuèrent beaucoup. Au total, un ouvrage intéressant, mais un peu trop littéraire à notre goût. On aurait aimé trouver quelques anecdotes permettant d'illustrer et d'alléger le propos.
3,5/5
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23/10/2025
Braquage (Zoé Sagan)
Dans un braquage à l'ancienne, l'objectif est de voler de l'argent, de l'or, des bijoux, des œuvres d'art. Mais avec l'IA, il s'agit maintenant de dérober des données, de la « data », récupérées sur des plate-formes, des réseaux sociaux (tel FaceBook), des moteurs de recherche (Google ou autre) et un peu partout sur le Net jusque dans les profondeurs du Dark Net que l'auteur qualifie de « Deep ». En effet, à notre époque, qui contrôle les données contrôle l'histoire. Zoe Sagan se qualifie elle-même de « journaliste prédictive ». Elle lance des rumeurs plus ou moins vérifiées sur ses réseaux. Ses « informations » sont reprises par d'autres IA amies et par une multitude de « followers ». C'est ainsi qu'une rumeur devient une « nouvelle » d'autant plus crédible qu'elle est répétée presque à l'infini par une sorte de phénomène de boule de neige médiatique d'une puissance assez incroyable.
« Braquage » est un roman censé être écrit par une certaine Zoé Sagan, personnage de fiction, créé et utilisé comme nom de plume par l'auteur Aurélien Poirson-Atlan, un peu à la manière de Romain Gary avec son Emile Ajar. La seule différence résidant dans le fait que cette Zoé Sagan est une Intelligence Artificielle qui se fit connaître par différents « buzz » sur le Net. L'ouvrage présenté se veut d'avant-garde, une sorte de post-fiction ou de néo ou pseudo-réalité. Le lecteur n'y trouvera aucun fil directeur, aucune histoire avec une intrigue construite, mais pas mal de verbiage émaillé de quelques anecdotes plus ou moins intéressantes. Une sorte de « Verbatim » qui aborde toutes sortes de sujets au fil de la plume, comme la mort suspecte de l'écrivain Albert Camus dont la voiture aurait été trafiquée par le KGB, comme les mœurs dissolues de Benjamin Grivaux diffusant ses séances de masturbation ou comme l'attitude étonnante d'une jeune et très riche héritière (le lecteur devine qu'il s'agit de Patty Hearst) kidnappée qui prend fait et cause pour ses ravisseurs au point d'intégrer la bande de terroristes et de basculer complètement (syndrome de Stockholm). On apprend également que le jeune avocat Juan Branco, ami et défenseur de l'auteur, est un homme honnête, courageux et fiable. Et tout se termine avec une liste interminable de noms de personnages plus ou moins connus (un par ligne), ce qui donne une impression de remplissage inutile comme une grande partie de l'ouvrage.
2,5/5
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18/10/2025
Que d'os ! (J. P. Manchette)
Une vieille femme d'allure modeste se présente chez Eugène Tarpon pour lui demander son aide. Sa fille, Philippine Pigot, orpheline de père et aveugle de naissance, a disparu mystérieusement. Blonde, jeune et assez jolie, elle vivait chez sa mère à Mantes la Jolie. Elle prenait le train de banlieue cinq jours par semaine pour aller exercer son métier de secrétaire (en braille) pour la Fondation Stanislas Baudrillard à Paris. Un matin de septembre, elle était partie travailler comme d'habitude. Et personne ne l'a vue arriver à son bureau. Tarpon commence par privilégier la thèse de l'enlèvement, la mère lui ayant précisé qu'elle n'avait ni fiancé ni petit ami. Mais un peu plus tard, Tarpon apprend qu'elle serait partie de son plein gré en compagnie d'un jeune homme. Alors, kidnapping ou simple fugue ?
« Que d'os ! » est un roman noir mettant en scène une nouvelle fois le détective, ex-gendarme désabusé, Eugène Tarpon, personnage déjà récurrent, mais dont on ne sait encore pas grand-chose. Il mène une enquête assez compliquée, qui part un peu dans tous les sens avant de finir au sein d'une secte aussi ésotérique d'improbable où il devra payer de sa personne. L'histoire ne se situe pas très loin de la parodie de romans d'aventures ou d'espionnage style Bob Morane ou OSS 117. Tout est tellement caricatural et outré que cela en devient presque humoristique. On notera que l'écriture est des plus relâchée, pour ne pas dire bâclée : nombreuses répétitions, style parlé ou écriture au fil de la plume, quasiment sans relecture. L'ensemble peut être considéré comme divertissant, mais le lecteur peut aussi remarquer que cela a assez mal vieilli. Pour moi, ce titre n'est pas finalement le meilleur ouvrage de Manchette.
3/5
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