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29/12/2024

Le livre noir de l'industrie rose (Laurent Guyénot)

Le livre noir de l'industrie rose.jpgLa délinquance sexuelle n'est pas réservée aux seules couches défavorisées de la population. Elle englobe toutes les classes sociales et tous les niveaux culturels. Cette criminalité sexuelle, récemment venue au premier plan de l'actualité avec la sordide affaire Pélicot, est en constante progression depuis des années. Elle est en rapport direct avec l'explosion des contenus pornographiques de plus en plus disponibles sur le net et un peu partout (publicités, cinéma mainstream, télévision, littérature). Aux débuts de cette expansion, à l'époque du film « Emmanuelle » en France et de « Deep Throat » aux Etats-Unis, nombreux étaient ceux qui faisaient une subtile distinction entre érotisme et pornographie. Mais au fil du temps et à mesure que la pornographie « soft » est devenue de plus en plus « hard », c'est-à-dire plus violente et plus suggestive, il devint de plus en plus difficile de faire la différence entre les deux. Le premier contient toujours un élément plus ou moins important de transgression. Il semblait même acceptable au milieu de l'autre siècle qui découvrait une certaine forme de « libération sexuelle ». La pornographie, elle, n'est que transgression contre la morale et contre la personne humaine, niée dans son intégrité et réduite à ses seuls organes sexuels. Et dans le même temps, on a pu constater une recrudescence des agressions sexuelles, des viols en réunion ou non et de la pédo-criminalité. Difficile de ne pas faire le lien entre les deux…

« Le livre noir de l'industrie rose » est une étude sociologique bien menée mais qui date un peu (années 2000). Pourtant, il reste totalement d'actualité. La situation actuelle a juste encore empiré par rapport à ce que décrit Guyenot. Il s'agit d'ouvrir les yeux sur la puissance de conditionnement des images de violence sexuelle et sur l'immense danger de leur banalisation. Dans sa conclusion, il appelle à faire le lien entre pornographie et criminalité, ce que d'aucuns récusent encore aujourd'hui. Même certaines féministes qui restent encore bien timides sur le sujet. Dans cet ouvrage bien écrit et facile à lire, le lecteur découvrira bien des aspects de cette triste affaire comme la réalité sordide des tournages de films X, la valorisation progressive des écrits de Sade ou le fait que le tourisme sexuel rapporte la bagatelle de 3 milliards de dollars par an à la Thaïlande, soit 60% de ses recettes touristiques. Dans ce pays, 20 000 enfants sont enlevés sous divers prétextes à leurs parents ou même kidnappés chaque année. Ils sont séquestrés, battus et violés avant d'être mis à la disposition des touristes dans les hôtels de Bangkok et Pattaya. Et bien d'autres pays sont touchés par ce fléau comme les Philippines, la Tunisie, le Maroc et maints pays d'Afrique noire. Un dossier toujours aussi brûlant…

4,5/5

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26/12/2024

La diététique du Tao (Philippe Sionneau & Richard Zagorski)

La diététique du Tao.jpgSelon les théories de la diététique chinoise, tous les aliments ont des vertus particulières susceptibles d'avoir une action sur l'organisme et d'agir en cas de maladie. Ainsi le Tao rejoint-il la célèbre prescription d'Hippocrate : « Que l'aliment soit ton seul médicament ! ». La diététique représente donc un des piliers essentiels de la médecine chinoise tout autant que la phytothérapie, l'acupuncture, les moxibustions ou les massages. « Celui qui ne sait pas manger, ne sait pas vivre », disait, il y a fort longtemps, Sun Si Mao. Notre alimentation doit reposer principalement sur les légumes et les céréales accompagnées d'un peu de viande et/ou de poisson. Il faut éviter toute nourriture industrielle, tout produit raffiné, transformé, bricolé à grands coups de colorants, gélifiants, et autres édulcorants. Ne manger ni sucre (sous quelque forme que ce soit, vu que celui-ci est présent un peu partout), ni laitages (le lait de vache, destiné à la croissance du veau, contient des hormones qui peuvent être nocives à l'homme). Il ne faudrait aussi ni manger ni boire froid car cela perturberait le métabolisme de la rate…

« La diététique du Tao » se présente à la fois comme un essai et comme un guide d'information et d'initiation. La partie théorique est un peu laborieuse à lire. La partie « pratique » est plus intéressante. Le lecteur y découvrira que bien des principes de santé prônés depuis l'Antiquité en Occident se retrouvent dans cette sagesse orientale millénaire et réciproquement. Pour nous maintenir en bonne santé, il nous faut éviter le « déséquilibre des saveurs » (nourriture trop salée, trop sucrée alors qu'il y a 5 saveurs), les excès d'aliments froids, ceux de graisses animales et végétales saturées, les excès de viandes en général, ceux de produits raffinés et ceux d'aliments dévitalisés (conserves, surgelés, passage au four à micro-ondes). La cuisson doit être douce et courte, plutôt à la vapeur ou au woke, le court-bouillon faisant passer les vitamines et les nutriments dans l'eau de cuisson. Livre intéressant à titre d'initiation ou d'introduction. Il faudra en lire d'autres pour mieux creuser la question. Une bonne bibliographie en fin de volume y aidera.

4/5

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21/12/2024

Philip Kindred Dick et le grand reset (Tetyana Popova-Bonnal)

 Philip Kindred Dick.jpgL'œuvre du prolifique auteur américain de science-fiction n'en finit pas d'étonner ses lecteurs. Ses 44 romans et ses 121 nouvelles, écrites entre les années 50 et 80 de l'autre siècles regorgent de visions d'un avenir totalitaire, dystopique et inquiétant. Cet immense écrivain y explore diverses questions philosophiques et sociales telles que la nature de la réalité, la perception, la nature humaine et l'identité, et y met généralement en scène des personnages luttant contre des éléments hostiles tels que les réalités alternatives, les environnements illusoires, les sociétés monopolistiques, l'abus de substances, les gouvernements autoritaires, sans oublier l'altération des états de conscience. Il est considéré comme l'une des figures les plus importantes de la science-fiction du 20e siècle. Avec le recul dont ils disposent aujourd'hui, ses lecteurs découvrent qu'il fut une sorte de visionnaire, un Jules Verne américain désabusé qui imagina, un demi-siècle en avance, un grand nombre d'artefacts, d'engins ou de situations qui n'existaient pas à son époque et qui sont la réalité de la nôtre. D'où l'intérêt de ce genre d'ouvrage de recension exploratoire.

Il s'agit en fait d'une étude purement littéraire de l'œuvre de Philip K. Dick. L'auteure procède par thèmes : le simulacre, les médias, la crise du logement, les univers personnels, la crise des couples, les élites devenues folles, la police, bras armé de celles-ci, le fantôme de la guerre, les animaux, les réalités parallèles, l'importance de l'atmosphère musicale, etc. Elle met beaucoup l'accent sur la recherche de la foi, les influences mystiques et les visions christiques de l'auteur. Il y a en effet un aspect eschatologique et apocalyptique dans de nombreux textes. (Apocalypse signifiant aussi bien « fin du monde » que « révélation »). Même si l'auteure fait montre d'une excellente connaissance de l'œuvre étudiée, même si son écriture est fluide et agréable, on reste quand même avec une impression d'inachevé et même d'insuffisamment développé. Ainsi en est-il du « Grand Reset » (promis dans le titre mais à peine esquissé), de la vie amoureuse de l'auteur, de ses addictions et de sa psychologie très particulière. Mais sans doute aurait-il fallu plus que les 120 pages en question pour aller au fond des choses. À noter, une courte et fort intéressante présentation des principaux romans et des plus importantes nouvelles, ce qui peut inciter certains à aller plus loin dans les lectures. Un regret cependant : trop de fautes d'orthographe ou de français et trop de coquilles gâchent un peu le plaisir du lecteur.

3,5/5

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18/12/2024

La diplomatie par le mensonge (John Coleman)

La diplomatie par le mensonge.jpgDepuis plusieurs siècles, les banquiers de la City de Londres et leurs homologues de New-York, nommés par l'auteur « Club des 300 », n'ont eu de cesse de vouloir accaparer toutes les richesses du monde en provoquant des guerres un peu partout, des révolutions, des renversements de gouvernements et des assassinats de personnages gênants. Ainsi en fut-il de toutes les guerres et révolutions du Mexique pour parvenir au contrôle du pétrole et de la sanglante guerre des Boers pour s'assurer la mainmise sur l'or et les diamants du Transvaal. À cette occasion, les Britanniques inaugurèrent la pratique du camp de concentration où ils internèrent des dizaines de milliers de femmes et enfants boers et les y laissèrent mourir de faim et de maladies. Ils avaient inventé le camp d'extermination et surent en refiler la paternité aux nazis. Puis en 1914, Lord Kitchener, après avoir liquidé les dernières poches de résistance boers d'Afrique du Sud, a poursuivi sa mission en Palestine cette fois. Avec son agent, Lawrence d'Arabie, il a pour but de débarrasser la péninsule arabique et le Moyen-Orient de la présence turque. Pour pouvoir se servir de la puissance des armées arabes, il leur promet solennellement de ne plus autoriser la moindre immigration juive en Palestine. Il sait pertinemment qu'il ne tiendra pas parole. Quand Lawrence d'Arabie s'aperçoit de la supercherie, il menace de faire un scandale. Peu après, il est victime d'un accident de la route « providentiel » pour le Cartel. Et les exemples de cette diplomatie par le mensonge et la perfidie sont nombreux à découvrir dans ce livre.

« La diplomatie par le mensonge » est un recueil, une compilation d'articles racontant toute une série de coups tordus, de traitrises, d'assassinats (Martin Luther King, les frères Kennedy, le pape Jean-Paul Ier et bien d'autres), de coups d'états, de révolutions et de guerres (les deux guerres mondiales, celles d'Iran-Irak, Guerre du Golfe, Serbie, Kossovo, etc.) Il s'agit toujours d'affaiblir l'adversaire, de le saigner à blanc pour mieux s'emparer ensuite des richesses de son sous-sol ou autre. Le développement des « Sept Soeurs », le cartel anglo-saxon des pétroliers mené par les Rockefeller est particulièrement bien étudié. Tout ce qui s'est passé en Arabie Saoudite, la liquidation du Docteur Mossadegh puis du Shah en Iran, tout comme celle de Saddam Hussein en Irak n'ont aucune autre raison. Le format en une série d'articles amène quelques redites qui ne sont pas trop gênantes. Seul reproche : le livre date un peu car il n'aborde pas les derniers développements comme la liquidation de Kadhafi en Libye, les printemps arabes, les révolutions de couleur ou la guerre en Syrie. L'éditeur qui a marqué 2022 comme date de parution aurait pu avoir l'honnêteté de préciser qu'il s'agissait en fait d'une réédition. Cependant l'ouvrage reste intéressant d'un point de vue historique pour les révélations qu'il propose.

4/5

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14/12/2024

L'homme sans argent (Mark Boyle)

L'homme sans argent.jpgAprès avoir travaillé pendant dix ans dans les affaires, puis pendant six autres années dans l'alimentation biologique, l'Irlandais Mark Boyle voulut aller encore plus loin dans sa démarche de rejet du système économique dominant. S'inspirant de Gandhi, il souhaita être le changement qu'il voulait voir dans le monde. Et quoi de plus radical que de vouloir vivre sans dépenser un centime pendant un an de sa vie ? Mais comment y parvenir concrètement ? Est-ce même possible dans un monde où tout dépend de l'argent ? Où quasiment rien n'est gratuit, même pas l'eau… Et où habiter ? Que manger ? Comment se chauffer, se laver, se déplacer ? Comment avoir une vie amoureuse, des amis et garder le contact avec sa famille quand il faut prendre le ferry pour aller fêter Noël en famille en Irlande ? Comment s'y prendre quand, dès le premier jour, votre vélo a besoin d'une réparation ? On n'est pas très loin de la gageure, du pari fou, de la mission impossible…

« L'homme sans argent » est le témoignage honnête et teinté d'un bon brin d'humour d'un homme passionné de décroissance qui souhaite mieux respecter la nature, réduire son impact sur l'environnement et ralentir le réchauffement climatique anthropique. Il tente une expérience qu'il médiatise au maximum. Il ne compte plus les interviews, les conférences et les interventions sur les réseaux. Pour cela, il doit garder ordinateur et téléphone portable. Le but n'est pas de vivre à 100% sans argent et en absolue autonomie. Il lui faut une caravane (donnée) placée sur un terrain prêté gratuitement par un paysan pour lequel il travaille comme woofer (sans salaire, mais avec des dons de céréales). Il doit aussi faire les poubelles des supermarchés pour récupérer le reste de sa nourriture, rouler en vélo, disposer de panneaux solaires (donnés) et d'un poêle-dragon (rocket stove fabriqué par un ami) et donc de disposer de tout un réseau de gens prêts à aider, à troquer, à donner. Boyle considère qu'il promeut ainsi une économie du don, du partage, de la bienveillance. Il reconnaît lui-même qu'un homme seul et sans tous ces appuis ne peut pas y arriver. Donc une bien jolie expérience qui montre surtout qu'elle est possible dans un monde d'abondance et de gaspillage, mais guère généralisable à très grande échelle. Très sympathique, très intéressant et très agréable à lire, mais un peu du même registre que les témoignages de gens qui disent avoir vécu un an sans ceci ou cela. Ça donne aussi à réfléchir sur notre consommation et notre rapport à l'argent.

4,5/5

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11/12/2024

Brian Jones, l'âme sacrifiée des Rolling Stones (Stéphane Koechlin)

Brian Jones.jpgBrian Jones, né le 28 février 1942 à Cheltenham et mort le 3 juillet 1969 à Hartfield (Sussex), avait un père ingénieur et une mère professeur de piano. Myope et asthmatique, il apprit très jeune à jouer de nombreux instruments comme le piano, la clarinette, le saxophone et la guitare. Après diverses tentatives pour percer dans la pop-music émergeant alors en Grande-Bretagne, il fit la connaissance de Keith Richard et de Mike Jagger avec lesquels il fonda les Rolling Stones, groupe auquel il participa de 1962 à 1969. Grand inspirateur de la musique du groupe même s'il ne fut pas son compositeur principal, il y intégra des instruments alors peu communs dans le rock n' roll comme la flûte, le dulcimer, le sitar ou encore le mellotron. Leader du groupe à ses débuts, il est ensuite relégué au second plan devant l'influence grandissante du duo Mick Jagger et Keith Richards. À partir de 1966, souffrant de sérieux problèmes de drogue, de poursuites judiciaires qui l'empêchent de participer aux tournées ainsi que de difficultés sentimentales, il se sent de moins en moins impliqué et quasiment rejeté par le duo vedette. Finalement, son caractère difficile, ses errances diverses et variées et son absence des studios, l'amènent à quitter le groupe en juin 1969. À peine un mois plus tard, il est retrouvé mort dans la piscine de sa résidence de Cochford Farm.

« Brian Jones » est la biographie fort intéressante et très bien écrite d'un musicien adulé des foules de l'époque, certainement fort doué, mais marqué de la malédiction de la 27ème funeste année des idoles à l'instar de son ami et fantastique guitariste Jimi Hendrix, de la chanteuse de blues Janis Joplin et du sulfureux chanteur des « Doors », Jim Morrison. Tout comme ce dernier, sa mort est restée mystérieuse jusqu'à aujourd'hui. Fut-il vraiment victime d'une overdose ? Se suicida-t-il ou fut-il assassiné ? Bizarre que Jones, excellent nageur se soit noyé… Etrange que l'on ait retrouvé des traces de coups sur son corps et qu'un certain Frank Thorogood, maçon avec qui Brian Jones s'était maintes fois querellé, ait avoué bien des années plus tard, sur son lit de mort, l'avoir tué… L'auteur ne tranche pas. Il finit même l'ouvrage en accusant le second narrateur, l'ombre qui intervient tout au long de ce récit. Le lecteur ne sait si c'est le double du musicien, son Jiminy Cricket ou plutôt son âme damnée, une sorte d'incarnation du mal qui l'obsède tout au long de sa vie, lui fournit ses drogues et le pousse peu à peu vers la mort. Car c'est un personnage particulièrement torturé, mal dans sa peau et suicidaire que l'auteur nous décrit. Particulièrement apprécié des groupies en raison de son joli minois, il multiplia les conquêtes féminines. À 16 ans, il mit enceinte une gamine de 14 ans et ne reconnut jamais l'enfant. Il brisa le cœur de centaines de jeunes filles, laissa de nombreux petits bâtards dans son sillage (dont 9 « officiels »), avant de sombrer complètement suite à une liaison « toxique » avec la belle et redoutable actrice allemande Anita Pallenberg qui finit par se réfugier dans les bras de Keith Richard. Flamboyante et triste illustration de ces années sexe, drogues et rock n'roll.

4,5/5

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09/12/2024

Autopsie de l'exception française (Nicolas Bonnal)

Autopsie de l'exception française.jpgQu'est-ce donc que cette fameuse « exception française » ? On en a beaucoup parlé pour la culture en général et pour les productions cinématographiques subventionnées par le contribuable en particulier. Qu'ont la France et les Français de si particulier par rapport aux autres pays ? Ils ont bénéficié très tôt dans leur histoire d'un état centralisé et dirigiste. De Colbert, Louis XIV, Napoléon jusqu'à nos modernes technocrates, ce mode d'organisation n'a fait que croitre et embellir jusqu'à arriver à un Etat qui se mêle de tout et à des citoyens qui attendent tout de lui. La liste des particularités françaises recensées par Nicolas Bonnal est longue comme un jour sans pain. Nous détenons d'ailleurs toutes sortes de records qui ne font pas rêver comme celui de la plus énorme consommation d'anti-anxiolytiques et autres somnifères, celui de la plus forte pression fiscale de toute l'Europe et sans doute du monde, celui du budget le plus énorme dans le domaine de l'éducation tout en collectionnant les pires places dans les classements internationaux (Field, Pisa et autre). La « fabrique du crétin » n'en finit pas d'accumuler les coups d'éclats.

« Autopsie de l'exception française » est un essai socio-politique à la limite du pamphlet. Selon Bonnal, rien ne va plus et même tout est fichu dans notre beau pays et depuis la nuit des temps. Sa vision est d'un pessimisme noir qui ne remonte pas le moral. Les Français ne savent que geindre et se plaindre. Beaucoup ne rêvent que de vivre des aides sociales si généreuse de l'Etat-Providence sans jamais avoir à travailler. Et tout comme leurs ancêtres les Gaulois, ils sont en perpétuelle lutte les uns contre les autres. Bien que foncièrement racistes, ils cultivent pourtant un esprit universaliste unique au monde. Tout étranger doit devenir français à l'exception du Français qui voudrait le rester. Bonnal semble adorer se montrer paradoxal, c'est même sa marque de fabrique. L'ouvrage date un peu. La description d'un FN opposant borné, calamiteux et marche-pied ou idiot utile du pouvoir se réfère trop à la période Le Pen l'ancien et ne correspond plus guère à ce qu'il est devenu aujourd'hui. De même, l'analyse des causes et conséquences de l'immigration de masse sont à revoir dans la mesure où c'est toute l'Europe qui est concernée et pas seulement la France en raison de son idéologie universaliste très particulière. Malgré quelques fulgurances et quelques remarques bienvenues ou marquées au coin du bon sens, cette étude sur l'exception française ne va pas suffisamment au fond des choses à notre avis. On reste trop à patauger dans le déclinisme et le pessimisme ce qui ne risque pas de remonter le moral des troupes ! À ce fond peu réjouissant, s'ajoute malheureusement une forme particulièrement regrettable : un nombre incalculable de coquilles, des mots manquants ou déplacés dans les phrases, des majuscules semées au petit bonheur la chance et des notes de bas de page en plein milieu du texte partout. Tout cela rend la lecture particulièrement laborieuse et même pénible. Un véritable manque de respect du lecteur. Quel dommage !

2,5/5

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08/12/2024

Le labyrinthe des égarés (Amin Maalouf)

Le lazbyrinthe des égarés.jpgSuite à la catastrophe suicidaire de la première guerre mondiale, la suprématie du monde occidental européen a été fortement ébranlée. Les empires centraux ont été engloutis et les empires coloniaux ont commencé à être remis en question. Mais cette baisse de niveau de l'Europe a été compensée par la montée en puissance des Etats-Unis dans la plupart des domaines (militaire, politique, économique, industriel, médiatique et même culturel) sur l'ensemble de la planète. Elle est aujourd'hui toujours aussi prégnante, même si elle semble légèrement vaciller ces derniers temps. Au cours de l'Histoire, seuls trois empires ont été capables de résister à la domination occidentale : le Japon (l'Empire du soleil levant), la Chine (celui du milieu) et l'URSS (celui du communisme bolchevique). En 1905, le monde découvrit une première victoire stupéfiante, celle du Japon sur la Russie. Une expédition maritime envoyée imprudemment par le tsar fut battue à plate couture. Elle perdit son amiral ainsi que 5000 marins et autant de prisonniers. Cette incroyable victoire suscita un grand enthousiasme dans tout le tiers-monde colonisé et jusqu'en Egypte. Défier la domination occidentale devenait soudain possible…

« Le labyrinthe des égarés » se présente comme un essai géopolitique et stratégique sur les rapports est-ouest. En excellent historien, l'auteur remonte à la nuit des temps, à la Chine millénaire, au confucianisme, à l'érection de la grande muraille de Chine pour se prémunir des invasions de toutes origines. Il nous propose une description de la période Meiji au Japon, un bond en avant très surprenant et deux autres tout aussi intéressantes : l'arrivée au pouvoir des communistes en Chine et en Russie. On notera au passage l'importance d'un personnage comme Borodine, moins mis en avant que Lénine, Trotsky ou Staline alors qu'il joua un rôle clé dans la propagation du communisme dans le monde. Il y a peu à redire sur la partie purement historique si ce n'est que l'auteur reste un peu trop à la surface des choses, oublie l'histoire secrète (l'importance et le rôle-clé des banquiers de Wall Street dans le financement du nazisme ET du communisme, par exemple). Et si le lecteur cherche dans ce livre un peu de prospective, il sera fortement déçu. La guerre en Ukraine, dernier développement en date de cet affrontement, n'est qu'esquissée en fort peu de pages et vue sous l'angle de la doxa officielle. Va-t-on vers une troisième guerre mondiale ? Vers un effondrement de la Russie, des USA ou des deux ou d'aucun ? Américanophile hautement revendiqué, notre auteur, par ailleurs excellent écrivain, refuse prudemment de se placer en visionnaire. Arrivera ce qui arrivera… Il espère juste que le bon sens l'emportera et que la paix finira par régner dans le monde. Intéressant surtout pour l'exposé historique agréable à lire.

3,5/5

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04/12/2024

La femme au temps des cathédrales (Régine Pernoud)

La femme au temps des cathédrales.jpgL'arrivée du christianisme dans les premiers siècles de notre ère a amené un changement énorme dans les rapports sociaux. Même l'esclave qui était considéré comme une « chose » dans le monde antique devient une « personne ». Le serf qui lui succédera au Moyen-Âge pourra donc jouir des droits de la personne. Son maître n'aura plus droit de vie et de mort sur lui. Il pourra fonder une famille, travailler à son compte et même (parfois) prospérer. La seule restriction à sa liberté sera celle d'être attaché à une terre, ce qui était une contrainte moins importante qu'on imagine, la majorité des gens ne s'éloignant jamais bien loin de leur canton d'origine. Ainsi les femmes, dont le statut antique n'était pas très éloigné de celui des esclaves, deviennent également des personnes. Elles seront d'ailleurs les premières à accueillir cette nouvelle religion, à favoriser son développement et à le défendre pour cette raison. Sans l'influence de Clotilde, princesse burgonde chrétienne, Clovis ne se serait pas converti et avec lui toute son armée. Ainsi l'histoire de notre pays aurait sans doute été bien différente…

« La femme au temps des cathédrales » est un essai historique sur la condition des femmes à une époque que certains historiens ont souvent dépeinte comme sombre et obscurantiste. Régine Pernoud nous prouve le contraire. La femme n'était pas la perpétuelle mineure qu'elle redevint à partir de la Renaissance et jusqu'au XIXème siècle. Cette « involution » fut induite par l'embourgeoisement de la société et surtout par le remplacement des lois chrétiennes par le code romain que Napoléon grava dans le marbre du Code Civil. En effet, au Moyen-Âge, les femmes pouvaient avoir des responsabilités politiques importantes et même diriger un pays (Adèle, fille de Guillaume le Conquérant, Anne de Kiev, Aliénor d'Aquitaine, Agnès, Mathilde, Aliénor de Castille, la chère reine d'Angleterre, toutes évoquées dans les derniers chapitres du livre). Une femme était prieure de l'abbaye de Fontevraud qui regroupait moines et moniales. Le premier traité d'éducation fut rédigé par une femme. La médecine était couramment exercée par des femmes ainsi que toutes sortes de métiers qui leur furent interdits plus tard. À cette époque, les filles étaient considérées comme majeures à 12 ans et les garçons seulement à 14 ! Un livre passionnant et essentiel ne serait-ce que pour se faire une idée plus juste de la condition de la femme médiévale et en finir avec certains poncifs ou idées reçues.

4,5/5

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01/12/2024

Le goût de l'immortalité (Catherine Dufour)


Le gout de l'immortalité.jpgEn Chine, en l’an de grâce 2213, au 42e étage d’une des tours gigantesques de la ville de Ha Rebin, se cache un ancien entomologiste appelé c-matic. Dans une longue lettre adressé à un vieil homme, une jeune handicapée, victime d’une intoxication au plomb, raconte sa vie et celle de quelques autres personnages. Elle-même souffre de graves lésions de la peau, d’une certaine forme de rachitisme et d’une vision en noir et blanc. Seule une potion infecte procurée par une voisine plus ou moins sorcière et trafiquante de chair humaine lui permet de se maintenir en vie. La narratrice ne survit que grâce à une indemnité de misère. Sa propre mère a dû se prostituer pour leur permettre de suivre. C-matic avait été envoyé avec son assistant shi en Polynésie française pour enquêter sur une étrange épidémie provoquée par un moustique manipulé. À cet étage de l’immeuble, chacun survit difficilement, mais dans les profondeurs des sous-sols, dans le monde des refugee, c’est bien pire. Cela ressemble même au dernier cercle de l’Enfer de Dante !
« Le goût de l’immortalité » est un roman d’anticipation dystopique très noir et même très gore par moment. La description du monde des refugee est d’une monstruosité glaçante et à fortement déconseiller aux âmes sensibles. On y viole, on y tue, on y torture et on y trafique de la chair humaine sous la férule d’une entité totalement diabolique ! Si le style de Catherine Dufour frôle l’excellence, il comporte néanmoins quelques caractéristiques qui n’aident pas à la compréhension et au plaisir du lecteur. Pas de majuscules aux noms propres (coquetterie inutile à mon sens) et surtout une accumulation de concepts et de techniques définis par un nom fabriqué de toute pièce sans la moindre définition. Du point de vue de l’intrigue, le lecteur a l’impression d’avoir affaire à deux nouvelles accolées, n’ayant que peu de rapport l’une avec l'autre. Si on y ajoute un parti pris de noirceur et de pessimisme à couper au couteau, on comprendra que le lecteur ait eu énormément plus de plaisir à lire l’autre Catherine Dufour, l’auteure de « Blanche-Neige et les lance-missiles », notre Pratchett ou Gaiman française.

3,5/5

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