09/12/2024
Autopsie de l'exception française (Nicolas Bonnal)
Qu'est-ce donc que cette fameuse « exception française » ? On en a beaucoup parlé pour la culture en général et pour les productions cinématographiques subventionnées par le contribuable en particulier. Qu'ont la France et les Français de si particulier par rapport aux autres pays ? Ils ont bénéficié très tôt dans leur histoire d'un état centralisé et dirigiste. De Colbert, Louis XIV, Napoléon jusqu'à nos modernes technocrates, ce mode d'organisation n'a fait que croitre et embellir jusqu'à arriver à un Etat qui se mêle de tout et à des citoyens qui attendent tout de lui. La liste des particularités françaises recensées par Nicolas Bonnal est longue comme un jour sans pain. Nous détenons d'ailleurs toutes sortes de records qui ne font pas rêver comme celui de la plus énorme consommation d'anti-anxiolytiques et autres somnifères, celui de la plus forte pression fiscale de toute l'Europe et sans doute du monde, celui du budget le plus énorme dans le domaine de l'éducation tout en collectionnant les pires places dans les classements internationaux (Field, Pisa et autre). La « fabrique du crétin » n'en finit pas d'accumuler les coups d'éclats.
« Autopsie de l'exception française » est un essai socio-politique à la limite du pamphlet. Selon Bonnal, rien ne va plus et même tout est fichu dans notre beau pays et depuis la nuit des temps. Sa vision est d'un pessimisme noir qui ne remonte pas le moral. Les Français ne savent que geindre et se plaindre. Beaucoup ne rêvent que de vivre des aides sociales si généreuse de l'Etat-Providence sans jamais avoir à travailler. Et tout comme leurs ancêtres les Gaulois, ils sont en perpétuelle lutte les uns contre les autres. Bien que foncièrement racistes, ils cultivent pourtant un esprit universaliste unique au monde. Tout étranger doit devenir français à l'exception du Français qui voudrait le rester. Bonnal semble adorer se montrer paradoxal, c'est même sa marque de fabrique. L'ouvrage date un peu. La description d'un FN opposant borné, calamiteux et marche-pied ou idiot utile du pouvoir se réfère trop à la période Le Pen l'ancien et ne correspond plus guère à ce qu'il est devenu aujourd'hui. De même, l'analyse des causes et conséquences de l'immigration de masse sont à revoir dans la mesure où c'est toute l'Europe qui est concernée et pas seulement la France en raison de son idéologie universaliste très particulière. Malgré quelques fulgurances et quelques remarques bienvenues ou marquées au coin du bon sens, cette étude sur l'exception française ne va pas suffisamment au fond des choses à notre avis. On reste trop à patauger dans le déclinisme et le pessimisme ce qui ne risque pas de remonter le moral des troupes ! À ce fond peu réjouissant, s'ajoute malheureusement une forme particulièrement regrettable : un nombre incalculable de coquilles, des mots manquants ou déplacés dans les phrases, des majuscules semées au petit bonheur la chance et des notes de bas de page en plein milieu du texte partout. Tout cela rend la lecture particulièrement laborieuse et même pénible. Un véritable manque de respect du lecteur. Quel dommage !
2,5/5
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08/12/2024
Le labyrinthe des égarés (Amin Maalouf)
Suite à la catastrophe suicidaire de la première guerre mondiale, la suprématie du monde occidental européen a été fortement ébranlée. Les empires centraux ont été engloutis et les empires coloniaux ont commencé à être remis en question. Mais cette baisse de niveau de l'Europe a été compensée par la montée en puissance des Etats-Unis dans la plupart des domaines (militaire, politique, économique, industriel, médiatique et même culturel) sur l'ensemble de la planète. Elle est aujourd'hui toujours aussi prégnante, même si elle semble légèrement vaciller ces derniers temps. Au cours de l'Histoire, seuls trois empires ont été capables de résister à la domination occidentale : le Japon (l'Empire du soleil levant), la Chine (celui du milieu) et l'URSS (celui du communisme bolchevique). En 1905, le monde découvrit une première victoire stupéfiante, celle du Japon sur la Russie. Une expédition maritime envoyée imprudemment par le tsar fut battue à plate couture. Elle perdit son amiral ainsi que 5000 marins et autant de prisonniers. Cette incroyable victoire suscita un grand enthousiasme dans tout le tiers-monde colonisé et jusqu'en Egypte. Défier la domination occidentale devenait soudain possible…
« Le labyrinthe des égarés » se présente comme un essai géopolitique et stratégique sur les rapports est-ouest. En excellent historien, l'auteur remonte à la nuit des temps, à la Chine millénaire, au confucianisme, à l'érection de la grande muraille de Chine pour se prémunir des invasions de toutes origines. Il nous propose une description de la période Meiji au Japon, un bond en avant très surprenant et deux autres tout aussi intéressantes : l'arrivée au pouvoir des communistes en Chine et en Russie. On notera au passage l'importance d'un personnage comme Borodine, moins mis en avant que Lénine, Trotsky ou Staline alors qu'il joua un rôle clé dans la propagation du communisme dans le monde. Il y a peu à redire sur la partie purement historique si ce n'est que l'auteur reste un peu trop à la surface des choses, oublie l'histoire secrète (l'importance et le rôle-clé des banquiers de Wall Street dans le financement du nazisme ET du communisme, par exemple). Et si le lecteur cherche dans ce livre un peu de prospective, il sera fortement déçu. La guerre en Ukraine, dernier développement en date de cet affrontement, n'est qu'esquissée en fort peu de pages et vue sous l'angle de la doxa officielle. Va-t-on vers une troisième guerre mondiale ? Vers un effondrement de la Russie, des USA ou des deux ou d'aucun ? Américanophile hautement revendiqué, notre auteur, par ailleurs excellent écrivain, refuse prudemment de se placer en visionnaire. Arrivera ce qui arrivera… Il espère juste que le bon sens l'emportera et que la paix finira par régner dans le monde. Intéressant surtout pour l'exposé historique agréable à lire.
3,5/5
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04/12/2024
La femme au temps des cathédrales (Régine Pernoud)
L'arrivée du christianisme dans les premiers siècles de notre ère a amené un changement énorme dans les rapports sociaux. Même l'esclave qui était considéré comme une « chose » dans le monde antique devient une « personne ». Le serf qui lui succédera au Moyen-Âge pourra donc jouir des droits de la personne. Son maître n'aura plus droit de vie et de mort sur lui. Il pourra fonder une famille, travailler à son compte et même (parfois) prospérer. La seule restriction à sa liberté sera celle d'être attaché à une terre, ce qui était une contrainte moins importante qu'on imagine, la majorité des gens ne s'éloignant jamais bien loin de leur canton d'origine. Ainsi les femmes, dont le statut antique n'était pas très éloigné de celui des esclaves, deviennent également des personnes. Elles seront d'ailleurs les premières à accueillir cette nouvelle religion, à favoriser son développement et à le défendre pour cette raison. Sans l'influence de Clotilde, princesse burgonde chrétienne, Clovis ne se serait pas converti et avec lui toute son armée. Ainsi l'histoire de notre pays aurait sans doute été bien différente…
« La femme au temps des cathédrales » est un essai historique sur la condition des femmes à une époque que certains historiens ont souvent dépeinte comme sombre et obscurantiste. Régine Pernoud nous prouve le contraire. La femme n'était pas la perpétuelle mineure qu'elle redevint à partir de la Renaissance et jusqu'au XIXème siècle. Cette « involution » fut induite par l'embourgeoisement de la société et surtout par le remplacement des lois chrétiennes par le code romain que Napoléon grava dans le marbre du Code Civil. En effet, au Moyen-Âge, les femmes pouvaient avoir des responsabilités politiques importantes et même diriger un pays (Adèle, fille de Guillaume le Conquérant, Anne de Kiev, Aliénor d'Aquitaine, Agnès, Mathilde, Aliénor de Castille, la chère reine d'Angleterre, toutes évoquées dans les derniers chapitres du livre). Une femme était prieure de l'abbaye de Fontevraud qui regroupait moines et moniales. Le premier traité d'éducation fut rédigé par une femme. La médecine était couramment exercée par des femmes ainsi que toutes sortes de métiers qui leur furent interdits plus tard. À cette époque, les filles étaient considérées comme majeures à 12 ans et les garçons seulement à 14 ! Un livre passionnant et essentiel ne serait-ce que pour se faire une idée plus juste de la condition de la femme médiévale et en finir avec certains poncifs ou idées reçues.
4,5/5
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01/12/2024
Le goût de l'immortalité (Catherine Dufour)
En Chine, en l’an de grâce 2213, au 42e étage d’une des tours gigantesques de la ville de Ha Rebin, se cache un ancien entomologiste appelé c-matic. Dans une longue lettre adressé à un vieil homme, une jeune handicapée, victime d’une intoxication au plomb, raconte sa vie et celle de quelques autres personnages. Elle-même souffre de graves lésions de la peau, d’une certaine forme de rachitisme et d’une vision en noir et blanc. Seule une potion infecte procurée par une voisine plus ou moins sorcière et trafiquante de chair humaine lui permet de se maintenir en vie. La narratrice ne survit que grâce à une indemnité de misère. Sa propre mère a dû se prostituer pour leur permettre de suivre. C-matic avait été envoyé avec son assistant shi en Polynésie française pour enquêter sur une étrange épidémie provoquée par un moustique manipulé. À cet étage de l’immeuble, chacun survit difficilement, mais dans les profondeurs des sous-sols, dans le monde des refugee, c’est bien pire. Cela ressemble même au dernier cercle de l’Enfer de Dante !
« Le goût de l’immortalité » est un roman d’anticipation dystopique très noir et même très gore par moment. La description du monde des refugee est d’une monstruosité glaçante et à fortement déconseiller aux âmes sensibles. On y viole, on y tue, on y torture et on y trafique de la chair humaine sous la férule d’une entité totalement diabolique ! Si le style de Catherine Dufour frôle l’excellence, il comporte néanmoins quelques caractéristiques qui n’aident pas à la compréhension et au plaisir du lecteur. Pas de majuscules aux noms propres (coquetterie inutile à mon sens) et surtout une accumulation de concepts et de techniques définis par un nom fabriqué de toute pièce sans la moindre définition. Du point de vue de l’intrigue, le lecteur a l’impression d’avoir affaire à deux nouvelles accolées, n’ayant que peu de rapport l’une avec l'autre. Si on y ajoute un parti pris de noirceur et de pessimisme à couper au couteau, on comprendra que le lecteur ait eu énormément plus de plaisir à lire l’autre Catherine Dufour, l’auteure de « Blanche-Neige et les lance-missiles », notre Pratchett ou Gaiman française.
3,5/5
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28/11/2024
La santé confisquée (Monique & Mirko Beljanski)
Monique et Mirko Beljanski, ingénieur de recherche et docteur es sciences en biologie moléculaire, ont travaillé conjointement pendant 25 ans pour l'institut Pasteur. Leur travaux et découvertes sur le cancer et le sida leur ont attiré la vindicte de leur directeur Jacques Monod tout comme celle de Big Pharma quand ils découvrirent des remèdes palliatifs. Privés de crédits et de services, ils ont dû travailler par eux-mêmes pour mettre au point des traitements qui finirent par être interdits par les autorités sanitaires. Dans cet ouvrage, ils dénoncent la mainmise des multinationales pharmaceutiques sur les organismes étatiques de santé, les conflits d'intérêts et les méthodes ubuesques ou kafkaïennes mises en œuvre par les ministres de la Santé, de l'Intérieur et de la Justice pour faire taire à jamais deux chercheurs honnêtes, détruire tout leur travail et empêcher les malades de profiter de leur découvertes. Et pourtant combien ont pu être sauvés de ces maladies grâce à leurs produits…
« La santé confisquée » est un plaidoyer en faveur de la recherche médicale libre et indépendante des laboratoires du business de la santé qui privilégie systématiquement le médicament couteux même inefficace voire dangereux au détriment du médicament peu onéreux même s'il est efficace et inoffensif. L'ouvrage publié en 1989 pourrait dater un peu, mais il n'en est rien, tant la problématique est toujours la même et sans aucun doute aggravée de nos jours comme on a pu s'en rendre compte avec la dernière crise sanitaire. La présentation des travaux et de la démarche bien qu'un peu technique reste une vulgarisation assez compréhensible pour les béotiens que nous sommes. On y aborde l'ADN, la transcriptase inverse, le problème de l'AZT ou Retrovir contre le sida (coûteux, toxique, peu de patients arrivent à le supporter et au bout du compte inefficace). La seconde partie de l'ouvrage retrace brièvement le chemin de croix que durent subir les deux chercheurs qui furent interdits de toute expression (écrits, conférences, radio, télé) qui virent leur laboratoire détruit par les gendarmes accompagné du GIGN, leur matériel et leurs produits confisqués. Le pouvoir alla jusqu'à perquisitionner chez les malades pour s'emparer de leurs médicaments et même mettre certains en garde à vue. Et pourtant, après un premier procès perdu, l'appel fut gagné, Beljanski fut reconnu comme « grand savant » et le verdict écarta toute notion de tromperie concernant les molécules. Le président Mitterrand, atteint d'un cancer très avancé en prit ce qui lui permit de terminer son second septennat, alors qu'il était à l'article de la mort. De nombreux malades pouvaient témoigner des résultats, mais cela ne suffit pas. Big Pharma eut le dernier mot et Beljanski en mourut. Heureusement, il eut la bonne idée de faire breveter et fabriquer ses produits aux Etats-Unis. Le dernier chapitre, sans doute le plus émouvant, est le dernier qui présente divers témoignages de patients guéris et reconnaissants. « Des chercheurs qui cherchent on en trouve, mais des chercheurs qui trouvent, on en cherche », disait De Gaulle. L'ennui, c'est quand on en a un, on le persécute !
4,5/5
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26/11/2024
Le temps désarticulé (Philip K. Dick)
Dans les années 50, Victor Nielson travaille dans le supermarché de sa petite ville américaine comme responsable du rayon fruits et légumes. Son épouse Margo vient le chercher en voiture en compagnie de son fils Sammy quand il a terminé sa journée de travail. De retour à la maison, ils retrouvent l’oncle Ragle Gumm qui gagne chichement sa vie grâce à ses réponses aux énigmes d’un jeu-concours proposé par un journal local. Leurs voisins, le couple Black, sonnent à leur porte et leur proposent de partager un plat de lasagnes. Ils finiront la soirée par une partie de poker. Le lendemain, Ragle invite Junie Black à venir se baigner avec lui. Elle accepte et semble même être attirée par Ragle qui sait bien que le couple bat de l’aile mais craint la réaction du mari s’il découvrait la liaison pour l’instant platonique. Mais quand il va pour s’approcher de la buvette de la plage, celle-ci disparaît soudain à ses yeux. Première étrangeté. Et un jour, Ragle apprend que s’il est toujours en tête de ses concours de devinettes, donc toujours gagnant au point qu’on en parle partout, c’est en raison d’une sorte de tricherie. Il serait le seul à bénéficier de plusieurs réponses. Deuxième étrangeté. Ragle se pose nombre de questions existentielles. Il songe à arrêter et même à partir de la maison. Serait-il en train de commencer une dépression nerveuse ?
« Le temps désarticulé » est un roman à tendance fantastique et même un peu science-fiction ou anticipation sur la fin. L’intrigue est conçue de telle façon qu’elle s'attarde beaucoup sur la vie quotidienne plutôt banale des personnages et ne bascule que vers la fin dans l’étrange, le fantastique et la science-fiction. On a même droit à une très court allusion à des voyages interplanétaires ! Le résultat final est un peu décevant. Le lecteur balance entre une forme de paranoïa possible du héros qui naviguerait sur les eaux troubles de la folie et la manipulation, voire le complot avant de plonger dans le véritable voyage temporel, lequel n’est que partiellement et insuffisamment exploité (à notre goût). Encore plus décevante est la fin qu’on ne déflorera pas pour ne pas « spoiler ». On peut quand même la qualifier d’invraisemblable avec tous ces gens qui ne sont pas ce que l’on croyait. L’ennui, c’est que quasiment rien dans ces révélations ne tient la route. On ressort d’autant plus déçu de cette lecture que le thème en était infiniment prometteur. En conclusion, cet ouvrage des débuts est loin d’être le meilleur du maître bien qu’on puisse y trouver en germes nombre des sujets de son œuvre : l’illusion, la paranoïa, la manipulation mentale, la menace atomique, le totalitarisme et les voyages dans l’espace.
3/5
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23/11/2024
Le sol, la terre et les champs (Claude Bourguignon)
Maltraités par l’agriculture classique depuis des années, nos sols ne sont plus aussi fertiles qu’avant 1918, période où les usines de munitions militaires se reconvertirent en production d’engrais chimiques. L’utilisation abusive de tous les pesticides et autres engrais détruit la microflore et toute la faune des sols dont les précieux vers de terre qui l’aèrent et toutes les autres bestioles qui l’enrichissent de mille manières. De plus, l’utilisation d’engins agricoles de plus en plus lourds compacte la terre. Les labours profonds qui exposent la terre à la pluie et au soleil sont aussi une cause de la disparition de la matière organique et de la stérilisation des sols cultivables. Il est grand temps de comprendre l’importance de la faune, de la micro-faune, des champignons et de tous les micro-organismes qui participent à la fertilité naturelle des champs. Le couple Bourguignon, ingénieurs agronomes, en appelle donc logiquement à un abandon de ces méthodes de culture sans avenir et à passer à une nouvelle gestion des sols, plus respectueuse du milieu, sans labour profond et avec semis direct sous couvert végétal, ce qui représente une véritable révolution mentale, une prise de conscience douloureuse pour un monde paysan très obnubilé par les rendements car ne parvenant plus à vivre décemment du fruit de son labeur…
« Le sol, la terre et les champs » est un essai en forme de plaidoyer pour une agriculture plus douce, plus respectueuse de l’environnement et plus qualitative. Les auteurs ne se cantonnent pas à une étude de l’érosion des sols et de leur stérilisation. Ils élargissent leur propos à tous les aspects de la ruralité. Ils déplorent que le paysan, mal conseillé, se soit transformé en « exploitant agricole », qu’il ait cédé aux sirènes de la productivité et qu’il finisse par ne produire que des aliments insipides et sans grande valeur nutritive. Une pomme sélectionnée pour sa facilité de transport et de conservation, vingt ou trente fois traitée en une saison, contient 50 fois moins d’oligo-éléments et nutriments qu’une pomme non traitée d’avant-guerre. Le consommateur a perdu en nombre de variétés (elles furent des milliers alors qu’on n’en trouve plus que quelques-unes de disponibles aujourd’hui) et surtout gagné en milliers d’additifs et polluants ingérés par la même occasion. En fin d’ouvrage, on trouve d’ailleurs un petit encart sur la recette exacte de la tarte aux cerises sous blister de supermarché. Le nombre d’additifs (E335, 243, etc.), de manipulations et de bricolages divers et variés pour arriver à fabriquer industriellement ce pauvre dessert est hallucinant ! Un livre indispensable à qui veut comprendre comment et pourquoi notre santé se dégrade autant, et pourquoi la nature souffre et finira par se venger de tous ces abus qui ne profitent qu’à une infime minorité. Il faut lire ce livre et le faire lire pour que ça change un peu dans nos champs et dans nos assiettes…
4,5/5
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18/11/2024
Les secrets d'une bonne immunité (Valérie & Denys Coester)
Notre immunité naturelle dépend d’un ensemble de mécanismes biologiques complexes qui permettent à notre organisme de repérer puis de combattre et rejeter les substances étrangères et les agents infectieux (microbes, virus, etc.) Notre corps peut ainsi réguler lui-même l’inflammation, ou prévenir le développement de maladies graves comme le cancer. Notre immunité est une sorte de sentinelle, de vigile qui veille en permanence pour maintenir l’intégrité et la santé de notre corps. Lequel dispose de plusieurs barrières de protection comme autant de murailles. La première est la peau, la deuxième, les muqueuses et la troisième, les cellules immunitaires avec les globules blancs dans le rôle des forces de l’ordre… Que faut-il faire pour conserver une bonne immunité ? S’alimenter correctement (« Que la nourriture soit ton seul médicament », prônait déjà Hippocrate) en réduisant drastiquement la consommation de sucre et de produits ultra-transformés. En privilégiant les bonnes graisses (noix, noisettes, amandes). En ne négligeant pas les protéines animales (viandes, poissons, œufs) et végétales (légumineuses, soja). Il faut aussi éviter les carences en minéraux, oligo-éléments et vitamines. Faire régulièrement de l’exercice, garder un bon moral, un bon sommeil et de bonnes relations sociales…
« Les secrets d’une bonne immunité » est un essai de vulgarisation médicale très complet et très aisément abordable sur un sujet qui fut négligé et même malmené lors d’une récente crise sanitaire. Le couple de médecins auteurs de cet ouvrage a voulu enrichir sa pratique avec toutes sortes de techniques douces (rejetées ou moquées par certaines autorités) comme l’homéopathie, la phytothérapie, les huiles essentielles, le yoga, la respiration consciente, les massages, la pression de points d’acupuncture, etc. Le lecteur remarquera que pour chacune de ces techniques, les auteurs donnent de nombreux conseils, « des recettes », des modes d’emplois, mais toujours précédés ou suivis de la mention de précaution obligatoire, sans doute pour éviter de passer sous les fourches caudines du terrible conseil de l’Ordre, « ne pas pratiquer sans avoir auparavant demandé conseil à votre médecin traitant ». Que ne faut-il pas faire pour bien rester sur la ligne autorisée ? C’est un peu paradoxal pour un livre qui ne parle que de prise en charge personnelle de sa santé en restant à l’écoute de son propre corps. Intéressant comme première approche.
4,5/5
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14/11/2024
Le massacre des innocents (Bernard Clavel)
De tout temps, les guerres ont apporté leur lot de mort, de souffrance et de destruction un peu partout sur notre planète. Si les hommes qui se battent y trouvent la mort ou la blessure, les enfants qui n’y sont pour rien, ne sont pas épargnés. Ils en pâtissent autant sinon plus. Un homme de cœur et de caractère, Edmond Kaiser, a voulu prendre ce problème à bras le corps. En 1962, il fait appel à Paul Veillon pour lui proposer de sauver un premier groupe d’orphelins abandonnés dans un camp de regroupement en Algérie. Ils seront soignés en Suisse, non loin de Lausanne, avant d’être proposés à l’adoption. Ainsi naquit l’association « Terre des Hommes ». Après les fillettes algériennes rejetées comme « enfants du péché », ce sera le tour des enfants vietnamiens brûlés au napalm en 1965, puis celui de ceux du Biafra victimes de la famine organisée, puis ceux du Bangladesh, de la Palestine, du Liban, du Cambodge martyrisé par les Khmers rouges et tant d’autres. Ce livre est le fruit de la rencontre de l’auteur avec le fondateur qui avait lui-même perdu un enfant, noyé par accident. S’il voulait « en sauver mille, c’était mille fois un, mille fois le sien », explique Clavel qui met ainsi sa plume au service d’une très belle cause.
« Le massacre des innocents » n’est ni un témoignage, ni un reportage, ni un récit, mais un peu de tout cela. À la demande expresse du fondateur, l’auteur ne peut même pas divulguer son nom, sans doute par modestie, ni raconter vraiment toute la saga de l’association. Son plaidoyer, son appel au secours en faveur de ces enfants martyrs, est présenté sous la forme d’un échange de courrier entre Kaiser et lui, le premier arpentant le terrain, dénichant les diverses horreurs des guerres, le second tentant de relayer cette action par sa plume alerte. Mais parfois les mots sont faibles aussi bien à faire partager la grandeur d’âme des médecins qui soignent bénévolement ces malheureux ou celle des parents adoptant qui redonnent le sourire et l’envie de vivre à des enfants récupérés aux portes de la mort que pour montrer certaines souffrances comme celles des brûlés au napalm américain, des lépreux rejetés de partout, ou celles de ce petit Africain pendu par les mains à un arbre qu’il fallut amputer à cause de la gangrène. L’ouvrage se termine par une compilation de courriers d’enfants ou de parents, appelant au secours ou remerciant « Terre des hommes ». Un véritable cri du cœur qui ne laissera personne insensible.
4/5
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11/11/2024
Le monde comme il me parle (Olivier de Kersauson)
Equipier puis second d’Eric Tabarly sur plusieurs de ses Pen-Duick dans les années 60/70, Olivier de Kersauson est devenu ensuite capitaine sur ses propres bateaux, les ketchs Kriter II puis Kriter IV (1978) avec lequel il participe à sa première Course du rhum en solitaire. Il enchainera ensuite les courses au large, les tours du monde en solitaire et les records jusqu’en 2007/2008. Il arrête la course en mer alors qu’il est âgé de 64 ans. Il reconnaît humblement que de toutes ces années, ce qu’il a appris peut tenir sur une seule feuille de papier (et encore sur le seul recto). Après avoir été un temps chroniqueur ou plutôt participant à la télévision, il se reconvertit dans la littérature. Dans ce livre, il nous livre ses idées sur le monde, la vie, son rapport à la mer et aux autres.
« Le monde comme il me parle » est un compilation de diverses idées ou considérations personnelles à l’auteur. Il reconnaît aimer la solitude, toujours chercher à ne pas communiquer avec autrui de peur de donner des verges pour se faire battre. Il préfère l’agir au parler, se complait dans la solitude et se plait à séjourner dans le Pacifique, du côté de Tahiti plutôt que de celui de Limoges ou de Romorantin. L’ouvrage est court (150 pages), facile à lire, mais ne va pas très loin dans les confidences. Kersauson reste pudique et passionné. Il se déclare à la fois solitaire silencieux et janséniste « déconneur ». Un personnage sympathique bien qu’un tantinet égotiste qui nous propose « une formidable ode à la mer et à la vie » dixit la quatrième de couverture. Nous y mettrons juste un petit bémol : la « philosophie » de Kersauson est quand même assez proche des brèves de comptoir… À lire quand même pour quelques petits éclairs de sagsse ou perles de lucidité, semés ici ou là.
4/5
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