23/11/2023
Dernier gueuleton avant la fin du monde (Jonas Jonasson)
Johan, jeune homme pas très futé, sert plus ou moins de domestique pour son frère Frédérick. Tous deux partagent un immense appartement familial dans la rue la plus huppée de Stockholm. Johan est nul en tout sauf en cuisine où il se révèle un chef hors pair. Mais quand Frédérick se retrouve nommé troisième secrétaire de l’ambassadeur de Suède à Rome, il vend l’appartement et offre un camping-car à Johan qui n’a même pas le permis de conduire. Pétra, ex-institutrice et astrophysicienne autodidacte, a calculé que la fin du monde devait arriver dans 11 jours. Mais pourquoi attendre plus ? Autant en finir tout de suite, vu que personne ne la croit. Une corde autour du cou, la voilà dans sa caravane, cherchant un crochet pour se pendre. Quant à Agnès, veuve de 75 ans aux cheveux mauves, elle a vendu son usine de sabots et de canots pour aller vivre sur une île proche avant de découvrir le plaisir de voyager virtuellement autour du monde en la personne de son avatar. Ainsi fait-elle rêver de voyages bidons des millions de followers sur les réseaux sociaux.
« Dernier gueuleton avant la fin du monde » est un roman humoristique bien dans la ligne des précédents (« Le vieux qui ne voulait pas souhaiter son anniversaire », « L’analphabète qui savait compter » ou « L’assassin qui rêvait d’une place au paradis »). Cette histoire pleine de rebondissements incroyables reste dans le cadre d’une sorte de road-trip picaresque plein d’humour grinçant et déjanté. Les personnages sont caricaturaux à souhait. L’intrigue complètement improbable pour ne pas dire invraisemblable. Mais il faut accepter les critères de la fable et de la parodie pour trouver un vrai plaisir à lire ce pavé de 522 pages qui part un peu dans tous les sens. L’auteur a voulu y glisser pas mal de piques sur les travers de nos sociétés contemporaines pleines de préjugés et d’a-priori. Autant il tombe juste quand il s’attaque aux défauts individuels, autant il reste mesuré quand il aborde les sujets généraux, politiques ou sociaux. Là, l’humour n’est plus vraiment transgressif. Il rentre même discrètement sur les rails de la ligne officielle de la bien-pensance. Obama est un homme charmant. Bill Gates est dépensier mais délicieux. Trump un fieffé crétin et Poutine un stalinien très très méchant. À notre époque, on ne peut plus rire de tout et de tout le monde, même si l’on sort des satires désopilantes tirées à des millions d’exemplaires. Au total, ce dernier opus, bien que n’étant pas vraiment le meilleur de Jonasson, reste néanmoins divertissant et agréable à lire.
4/5
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19/11/2023
Apocalypse à la lumière des saints prophètes de l'Eglise (Rémi Dechamplain)
Selon l’auteur, les mœurs sont si dépravées qu’elles finissent par en devenir bestiales, ce qui n’est pas très juste en ce qui concerne les animaux. Le culte de l’argent (Mammon), l’hédonisme et le matérialisme dominent partout. Le rejet de Dieu et de toute spiritualité en général est massif. Et comme l’avait écrit Dostoïevski, « si Dieu est mort, tout est possible ». Et surtout le pire. Le monde pourra-t-il descendre encore plus bas ? Peut-être, mais pour peu de temps. Si l’on s’en réfère à l’Apocalypse de Saint Jean, nous serions parvenus à la 7e et ultime étape de l’odyssée chrétienne, celle de l’Église de Laodicée avec toutes ses tribulations et son règne de l’Antéchrist. Une ère de désolation absolue marquée par les guerres, les épidémies et toutes sortes de catastrophes naturelles et de calamités diverses et variées. Arriveraient les dernières épreuves avant le Jugement Dernier et le retour du Christ en gloire. Seuls les justes et les fidèles, ceux sur qui les forces démoniaques déchainées n’ont pas eu de prise, ceux qui ont refusé à tout prix la marque de la Bête, sans laquelle nul ne peut vendre ni acheter, seront sauvés alors que tous les autres n’échapperont pas à la damnation éternelle. Et cette période trouble passée, l’humanité débarrassée de ses démons connaîtra mille ans de paix, de bonheur et de prospérité dans l’amour de Dieu…
Cet ouvrage d’accès facile est un essai de vulgarisation eschatologique qui se base en premier lieu sur le livre de l’Apocalypse. Ce texte reste pourtant d’un accès difficile. Les interprétations en furent nombreuses et parfois contradictoires. L’auteur s’est efforcé de reprendre verset par verset la totalité du texte en en proposant une explication assez simple, évidente et quasi littérale. Le lecteur y apprendra que le Grand Monarque sera l’un des quatre cavaliers de l’Apocalypse et que les prophètes Elie et Enoch reviendront sur terre pour contrer l’Antéchrist, tenter de convertir l’humanité avant d’être exécutés. Remi de Champlain a surtout l’intelligence de ne pas dater, même approximativement, les évènements prévus ni de donner de noms pour l’Antéchrist ou pour le pape apostat ou pour la capitale qui sera détruite totalement (Rome, Jérusalem, New York ou Paris ?). Il a aussi l’originalité (et cela constitue sans doute le plus grand intérêt du propos) de prendre à témoin un certain nombre de saints et de bienheureux (Hildegarde de Bingen, Marie Julie Jahenny, Saint Jean Bosco, Saint François d’Assise, Anne-Catherine Emmerich, sœur Lucie de Fatima ou les visions des petits bergers de la Salette) en citant de larges extraits de leurs prophéties qui toutes appuient ou éclairent le message de Jean. Oui, nous sommes bien dans les derniers temps. Et ils ne seront certainement pas une partie de plaisir…
4/5
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16/11/2023
Pourquoi courir ? (Henri Macé)
Chacun a de bonnes raisons d’enfiler un tee-shirt, de mettre un short et de chausser une paire de runnings pour aller courir en ville, à la campagne ou à la montagne… Pour Alix, étudiante, c’est pour rester maîtresse de son image, pour Amandine, mère de famille, c’est pour appréhender le monde. Pour Emmanuel, conseiller patrimonial, c’est pour une révélation chiffrée. Pour Arnaud, banquier, c’est pour prendre de la hauteur. Pour Baptiste, ingénieur mécanique en biomasse, c’est pour être un dans le présent. Pour Bastien, architecte, c’est pour connaître son corps et se sentir vivant. Pour Christophe, restaurateur, c’est pour se sentir fort. Pour Emilie qui voyage en Bolivie, c’est pour partager avec l’Autre. Guillaume, informaticien, veut casser les frontières… Julie veut se voir autre et invincible. Marcel, marin, veut se sentir bien. Quentin cherche un sentiment d’appartenance. Pierre souhaite se laisser guider. Mathilde, DRH, privilégie la sérénité post-course. Quant à Romain, il s’entraine dans l’espoir de courir un jour un marathon…
« Pourquoi courir ? » n’est pas un ouvrage technique sur le footing, le jogging et autre trails plus ou moins ultras. Il n’aborde pas les questions techniques et ne donne aucun conseil ni programme d’entrainement comme le font tant d’autres ouvrages. En dépit de son sous-titre accrocheur, « Quinze histoires pour quinze raisons », ce n’est pas non plus un recueil de nouvelles. Les quinze personnages sont à peine esquissés, tout juste sait-on leur nom, leur âge et leur profession, pas toujours d’ailleurs. N’ayant ni véritable histoire ni anecdote à raconter, ce ne sont que des artefacts, des prétextes, des illustrations servant à introduire les développements philosophiques, psychologiques voire sociologiques de l’auteur. Lequel s’attache surtout à décortiquer les motivations qui sont aussi nombreuses que diverses, mais aussi à décomposer un à un tous les mouvements du corps pendant la course, à décrire toutes les impressions et tous les ressentis du coureur avec une précision chirurgicale et un pointillisme frisant la méticulosité. Le lecteur trouvera dans cet essai un hymne à la joie de courir en tout temps et en toute circonstance qu’il appréciera s’il fait abstraction d’une certaine verbosité et de coquilles un peu trop nombreuses à notre goût. On notera aussi la présence de quelques expressions savoureuses comme « joujou à jambes » ainsi qu’une bibliographie en fin de volume ne comportant en tout et pour tout que 6 ouvrages !
4/5
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14/11/2023
Némésis médicale (Ivan Illich)
Le taux de mortalité de la tuberculose avait fortement décru alors que Koch était encore en train de cultiver ses premiers bacilles. Son éradication n’a donc pas été obtenue uniquement grâce à la vaccination généralisée. Même chose pour le choléra, la dysenterie et la typhoïde qui ont atteint leur maximum de la même manière avant de disparaître en échappant à toute action médicale. 90% de la diminution de la mortalité pour la scarlatine, la diphtérie, la coqueluche et la rougeole s’est produite avant l’arrivée des antibiotiques et l’immunisation à grande échelle. Une meilleure hygiène de vie, une meilleure alimentation et de meilleures conditions de logement ont eu plus d’influence sur la santé des populations que les médications. Il suffit d’observer la situation du tiers-monde pour s’en convaincre. Etrangement, plus une société se médicalise, plus elle donne de l’importance aux médecins, moins bien elle se porte. Il faut des médicaments et des vaccins pour tout et n’importe quoi. À croire que les industriels de la pharmacie et les médecins n’ont qu’un but, nous maintenir dans des états de santé médiocre pour engranger le plus de profit possible. Et que dire des maladies iatrogènes provoquées par des traitements inadaptés ou des médicaments aux effets indésirables ou des maladies nosocomiales contractées lors de séjours à l’hôpital…
« Némésis médical » est un essai que vulgarisation scientifique datant des années 80, mais qui n’a pas pris une ride. Ivan Illich se place à la fois en historien de la médecine, en sociologue et même en philosophe. Après un réquisitoire sévère mais juste sur la médecine, il propose de longs développements sur la douleur puis sur la mort. Comment ces deux réalités de la condition humaine ont été perçues et vécues au cours des âges. Pourquoi l’homme moderne, aveuli dans son confort et médicalisé à outrance, n’accepte plus d’affronter la souffrance, et pourquoi il cache la mort de toutes les manières possibles. La partie consacrée à la paradoxale contre-productivité de la médecine allopathique moderne est certainement la plus intéressante. Elle fut même révolutionnaire en son temps. Illich participa à la prise de conscience générale et à l’essor des médecines parallèles dites « douces » que l’on croyait alors promises à un bel avenir. Presque un demi-siècle plus tard, il est assez triste de constater que nous en sommes toujours au même point. Nous avons peut-être même un peu reculé. L’horreur sanitaire de la crise covid avec son rejet de l’immunité naturelle en constitue malheureusement la nouvelle preuve.
4/5
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11/11/2023
4000 ans de mystifications historiques (Gérald Messadié)
La Grèce n’a pas inventé la démocratie. Des conseils de clans ou de tribus existaient bien des siècles auparavant. Néron n’a pas fait incendier Rome. La bataille de Poitiers qui vit la victoire de Charles Martel sur l’armée d’Abderahman ne fut qu’une escarmouche non décisive. Bien d’autres combats furent nécessaires pour libérer le territoire. Les rois mérovingiens et carolingiens étaient polygames. Ainsi Charlemagne eut-il 9 épouses qui lui donnèrent 19 enfants dont un seul, Louis le pieux, restait vivant au moment de la succession. Charlemagne n’a pas non plus « inventé » l’école. La papesse Jeanne n’a jamais existé. Marco Polo n’est pas allé en Chine. Ses voyages n’ont pas dépassé Sébastopol. Son « Livre des Merveilles » n’est qu’une compilation de récits d’autres voyageurs de l’époque. Jeanne d’Arc était une enfant bâtarde de lignée royale. Christophe Colomb ne fut pas le premier à « découvrir l’Amérique ». Au Xᵉ siècle, les Vikings Erik le Rouge et Leif Erikson y abordèrent et y implantèrent une première colonie. Et en 1421, une importante expédition maritime chinoise avait longé les côtes américaines et abordé sur le continent…
« 4000 ans de mystifications historiques » est un gros pavé dans lequel l’auteur s’est donné pour objectif de corriger un certain nombre d’erreurs historiques. Le lecteur y trouvera de tout : quelques énormes scoops comme le fait que Saint Paul n’était pas juif ou que la dépouille de Napoléon Ier aux Invalides n’est pas la sienne. Des informations connues sur la santé de certains présidents comme Pompidou ou Mitterrand qui cachèrent leurs maladies. Moins connues comme l’état mental avancé du président américain Wilson qui influa sur sa politique (création de la Fed, entrée en guerre de 1917). Malheureusement, il restera sur sa faim sur d’autres affaires comme l’assassinat des frères Kennedy (en dehors de la présence certaine d’un second tireur à Dallas, rien de nouveau), ou l’agression japonaise de Pearl Harbour (Roosevelt n’était au courant de rien, dixit Messadié) et sur les attentats du 11 septembre (il note juste que beaucoup de monde était au courant !). L’auteur semble tellement craindre de tomber dans le complotisme, qu’il ne va jamais au fond des choses et se contente de petites corrections à la marge. Il donne dans le révisionnisme de détail. Pourtant l’Histoire du monde n’est bien souvent qu’un tissu de mensonges, de falsifications et de mystifications au service des idéologies, celles des puissants et des vainqueurs bien entendu. Il y a l’Histoire officielle, celle qu’on enseigne à l’école, celle qui laisse dans l’ombre les tireurs de ficelles cachés dans les coulisses et l’autre, celle des chercheurs de Vérité. Messadié se veut de ceux-ci, mais il ne soulève trop souvent qu’un tout petit coin du voile. Un peu décevant dans l’ensemble.
3,5/5
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08/11/2023
Menace sur nos libertés (Julian Assange)
Redoutable auxiliaire du totalitarisme mondialiste, Internet que l’on crut un temps vecteur de liberté et d’information se muerait-il peu à peu en menace contre les libertés de l’humanité toute entière ? L’universalité du réseau ne pourrait-elle pas le transformer en un terrible outil de surveillance et de contrôle des masses ? Et qui dit contrôle, dit répression et asservissement. Ce qui aurait pu être un extraordinaire moyen de libération de l’expression deviendrait-il le summum le plus abouti et le plus insidieux de l’oppression ? Le scandale des révélations du site Wikileaks (avec blocus de ses comptes bancaires) et le long chemin de croix subi par Julian Assange (accusation d’espionnage, affaire d’agression sexuelle bidon, réclusion volontaire à l’Ambassade d’Equateur suivie d’une interminable incarcération en Grande-Bretagne qui débouchera sans doute sur son extradition vers les Etats-Unis et son internement à vie dans un lieu genre Guantanamo…) en sont la plus belle démonstration.
« Menace sur nos libertés » est la retranscription d’une longue conversation sur le thème de la liberté battue en brèche sur Internet, entre Julian Assange et trois de ses amis Jérémie Zimmerman (fondateur de « La quadrature du Net »), Andy Muller-Maguhn et Jacob Apfelbaum, tous plus ou moins hackers et développeurs de logiciels libres. Selon eux, la solution à cette terrible menace pourrait se situer dans la cryptographie, les fournisseurs d’accès sécurisés genre TOR, les échanges commerciaux via les cryptomonnaies (Bitcoin et autres), sans d’ailleurs se faire trop d’illusions. Toute avancée pouvant être immédiatement récupérée par les pouvoirs pour la retourner en leur faveur (cryptomonnaies de banques centrales par exemple). Paru en 2013, cet ouvrage relativement intéressant, car posant les bonnes questions sur ce sujet brûlant, date déjà un peu, la situation s’étant considérablement aggravée en une petite décennie. Se considérant comme « cypherpunk » (pour les uns comme combattant de la liberté ou lanceur d’alerte et pour d’autres comme espion ou pirate informatique, car il a osé révéler, preuves à l’appui, les crimes perpétrés par l’armée américaine en Irak et ailleurs) se retrouve dans une position pire que s’il était un criminel ou un terroriste. « Le premier qui dit la vérité, il doit être exécuté… », chantait le gentil poète Guy Béart en son temps…
3/5
08:58 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0)
04/11/2023
Ouvrons les yeux ! (Bertrand de la Bourdonnay)
En 2022, la dette de la France s’élevait à 2800 milliards d’euros, soit 42 000 euros par Français. L’endettement public qui ne dépassait pas 5% du PIB dans les années soixante atteint maintenant les 115% et file allègrement vers les 120%. Nous vivons à crédit en ne remboursant que les intérêts de cette dette. Jusqu’à quand un tel système peut-il perdurer ? De plus, notre pays souffre d’un chômage de masse et d’une paupérisation généralisée qui ne fait que s’aggraver du fait de l’inflation et du renchérissement des prix de l’énergie. Le taux de natalité (1,7 enfant par femme) ne permet plus le renouvellement des générations, même si l’allongement de la durée de la vie et une immigration massive de peuplement masquent un peu la réalité démographique. La famille est attaquée de toutes parts. La violence gangrène les rapports sociaux. La drogue fait des ravages. L’école part à vau-l’eau. Tel Mammon, l’argent est roi. La vie n’est plus respectée (euthanasie, avortement). Ne serait-il pas temps de redresser la barre ? « Jusqu’où peut amener la démagogie, dit l’auteur ; à l’anéantissement d’une nation. »
« Ouvrons les yeux » est un essai économique, sociologique, politique et même philosophique qui tente de brosser un panorama relativement exhaustif de la situation de notre pays. Un très grand nombre de sujets sont abordés avec plus ou moins de pertinence : la drogue, l’immigration, la fracture sociale, l’argent, le dérèglement climatique, l’endettement, les « avancées » sociétales, la bio-éthique et autres… En général, La Bourdonnay analyse avec intelligence et finesse la situation calamiteuse dans laquelle nous nous trouvons. Parfois, il lui arrive de ne pas aller au fond des choses et de s’en tenir un peu trop à la doxa des médias mainstream. On ne peut pas parler sérieusement de la dette sans évoquer la loi de 1973 (Pompidou-Giscard) obligeant l’état à se financer auprès de banques privées en leur versant des intérêts, ni le problème de l’euro, monnaie artificielle et néfaste pour notre économie car calée sur le Deutschmark. Evoquer la crise sanitaire sans aborder le problème des effets secondaires des injections (fausses couches, myocardites et morts subites inexpliquées) et en restant simplement sur la ligne « tous vaccinés, tous protégés » laisse un peu rêveur également. Rien non plus sur la désindustrialisation du pays par le biais des délocalisations, ni sur les conséquences de la mondialisation et des grands enjeux internationaux. Le bilan de la première partie est très intéressant néanmoins, même s’il reste un brin incomplet. La seconde tente d’élever le débat en passant au niveau de la nécessité du retour d’une morale qui serait plutôt d’essence chrétienne, alors que l’auteur pense que les religions ont paradoxalement « fait leur temps ». Il en appelle à la raison, au bon sens, à la bonne volonté et au discernement entre le bien et le mal, illustrant son propos avec deux lettres bien envoyées à un croyant et à un athée en fin d’ouvrage. L’ennui, c’est que tout cela reste un peu trop au niveau du volontarisme, de l’engagement individuel et ne tient pas assez compte d’un certain nombre de facteurs déterminants, comme la propagande d’état, la manipulation mentale des masses, la corruption généralisée des élites, le rôle des multinationales et des organismes internationaux, etc. Oui, « la maison brûle et nous regardons ailleurs ». Ne serait-ce que pour ce cri d’alarme si justifié, cet important ouvrage (650 pages) mérite toute notre attention.
4/5
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01/11/2023
Légendes de la mythologie nordique (Jean Mabire)
Beaucoup moins connue que les mythologies grecques et latines, leurs homologues nordiques sont assez différentes, tout en ayant néanmoins bien des points communs. (La création du monde, les personnalités des dieux, les incarnations du Mal (Loki) et du Bien (Balder), la fin du monde, le Ragnarok, cette terrible Apocalypse du Septentrion, etc.) Toutes ces légendes commencent par un meurtre. Aidé de ses deux frères Vili et Vé, Odin tue le géant Ymir. Son petit-fils Bergelmir réussit à s’enfuir avec toute sa famille sur un navire voguant sur des eaux écarlates. Il donnera naissance à de nouveaux géants élevés dans la haine et l’esprit de vengeance. Du corps du géant Ymir va naître la terre. Le sol est formé de sa chair, l’océan de son sang, les montagnes de ses os, les forêts de ses cheveux et les cailloux de ses dents. Son crâne donnera le ciel et son cerveau les nuages. Et les dieux fabriqueront à partir de deux arbres, le premier homme Ask (le frêne) et la première femme Embla (l'orme). Ils sont dotés d’un beau teint clair et de cheveux blonds qui les distinguent de la race si sombre des géants. Et pour ne rien gâter, tous deux sont beaux, bons et sages…
« Légendes de la mythologie nordique » est un essai de vulgarisation sur un sujet rarement abordé. Les dieux de l'Asgard ayant été à la fois méprisés et ignorés dès l'arrivée du christianisme, l’auteur est retourné aux sources, les « Eddas » islandaises et les sagas danoises et norvégiennes pour nous présenter une mythologie tourmentée, bien à l’image des peuples et des climats qui en furent la matrice. Le lecteur aura sans doute un peu de peine à s’y retrouver dans la multitude de dieux, de géants (leurs perpétuels ennemis), mais aussi d’elfes, de nains et de monstres en tous genres. Ces histoires pleines de bruit et de fureur n’en demeurent pas moins relativement poétiques, et surtout terriblement symbolique, même si la lutte, le combat, la violence, en marquent quasiment tous les épisodes. Il est aussi noble pour les dieux de brandir une épée que de vider une corne à boire. Ce qui est ignoble, c’est la lâcheté, le mensonge et le parjure. Cet ouvrage agréable à lire pourra servir de référence pour qui veut s’initier aux anciens mystères du Nord. On y trouve d’ailleurs en fin de volume un important index regroupant une courte présentation de tous les intervenants qui sera très utile pour s’y retrouver dans ce foisonnement.
4/5
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28/10/2023
Le porte-monnaie, une société sans argent (Jean-François Aupetitgendre)
Entre 2029 et 2040, Jacques Durieux, ancien notaire, note au jour le jour ses impressions sur le passage d’une société marchande, capitaliste, consumériste, à une société de l’accès, du don, de la gratuité, de l’égalité et de la liberté par la magie de la disparition totale de l’argent. Dans son immeuble de la Faisanderie, il cohabite avec un menuisier, un ancien commissaire de police, une institutrice, un mécanicien, un ingénieur, un archéologue et un petit escroc. Dès l’annonce de la disparition de l’argent et donc du commerce et de l’instauration d’une économie durable et solidaire, les magasins ont été pillés et la pagaille s’est installée un peu partout. Beaucoup ont cru pouvoir trouver refuge à la campagne. Leurs habitations ont aussitôt été investies par des squatteurs, la propriété privée n’ayant plus lieu d’être… Tout était parti d’un krach boursier phénoménal, d’une succession d’explosions de bulles spéculatives, d’une inflation galopante et de dévaluations inutiles. Ruinés, affamés, les peuples se soulevèrent un peu partout dans le monde, attaquèrent les banques, neutralisèrent les bourses. Au Brésil, les gens commencèrent à brûler des brouettes de billets et de titres qui ne valaient plus rien. Et le mouvement fit tache d’huile…
« Le porte-monnaie, une société sans argent » ne peut pas être considéré comme un véritable roman, même si l’auteur a cherché à illustrer son propos en convoquant quelques personnages sans grande consistance d’ailleurs. Il s’agit plutôt d’une parabole, d’une fable ou d’une allégorie, relevant du rêve, de l’utopie ou de la pure et simple fantaisie. Dans cette histoire fort peu crédible, le fait de faire disparaître l’argent et tous les moyens de paiement, permettrait de parvenir à une société solidaire, égalitaire et respectueuse de l’environnement. Plus de gâchis, plus de gaspillage, plus de dépenses inutiles comme la publicité. Rien que de l’entraide, du partage, de la bienveillance et de la gratuité. Après le grand Soir, le paradis sur terre. Sortant parfois de son rêve anarchiste, l’auteur conçoit qu’il puisse y avoir de-ci, de-là, quelques difficultés. Mais qu’à cela ne tienne, il y a toujours la solution de réunir un comité de discussion, une conférence internationale. Les palabres, les tractations, les blablablas interminables doivent toujours tout résoudre. À une époque où l’argent n’a jamais été aussi puissant au point qu’on en est arrivé aux crypto-monnaies de banques centrales qui vont faire disparaître le cash et nous faire basculer dans des sociétés de contrôle total, il est malheureusement facile de constater que cette histoire est aux antipodes de la triste réalité. Pour ceux qui veulent rêver d’un monde de Bisounours où la disparition de la richesse entrainerait celle de la pauvreté…
3/5
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23/10/2023
Kubark (Le manuel de manipulation mentale et de torture de la CIA)
Datant de l’époque de la guerre froide, Kubark est le nom de code d’un manuel d’interrogatoire destiné aux agents de la CIA. Très inquiets des résultats obtenus par les communistes russes et chinois, les Américains ne voulaient pas être à la traine dans les techniques de lavage de cerveau et d’extorsion de renseignements. Ils découvrent que l’on peut pratiquer une violence aseptisée et manipuler de toutes sortes de manières le psychisme d’un individu pour arriver à le faire craquer et à obtenir aveux ou informations. Ainsi commencent-ils à mettre en place, à une échelle individuelle, tous les éléments de ce qu’on a appelé ensuite « la stratégie du choc » pratiquée plus tard par le néo-libéralisme mondialiste à l’échelle de sociétés entières et tout récemment à celle de l’ensemble de la planète lors de la crise du Covid. Il s’agit de provoquer brutalement un état de régression psychique en agitant des peurs pour mettre le sujet sous emprise. Tous les moyens sont bons. L’isolement sensoriel est sans doute le plus important. La CIA expérimentera même un caisson d’isolement dans lequel un humain est attaché dans une sorte de cercueil rempli d’ouate où il ne peut rien voir, ni entendre, ni sentir. Il peut en résulter des perturbations graves du psychisme (amnésies, hallucinations ou désintégration totale de l’identité). Elle pratiqua également les électrochocs, l’hypnose, le détecteur de mensonges et l’administration de drogues. (dont le LSD distribué à grande échelle qui ne donna pas grand-chose si ce n’est le psychédélisme du mouvement hippie avec des gens comme Leary, Ginsberg ou Kesey…)
« Kubark » est un document récemment déclassifié, brut de décoffrage et relativement peu agréable à lire. De nombreux passages sont encore caviardés, rendant parfois la compréhension difficile. Le texte est précédé d’une très longue introduction qui représente un bon tiers de l’ouvrage et qui résume toute la suite. Le style est administratif, lourd, redondant. On sent que l’auteur patauge un peu. Ça bidouille de tous les côtés et, avec honnêteté, la plupart du temps ça reconnaît que toutes ces méthodes de manipulation du psychisme ne marchent pas vraiment bien. Que des aveux ou des révélations obtenus d’une façon aussi cruelle (même si la torture physique ne devient que secondaire) ne valent pas grand-chose. La CIA voulait pouvoir interroger des agents secrets étrangers ou vérifier la sincérité de transfuges. Elle se situait donc dans le simple contre-espionnage qu’elle appelle d’ailleurs « contre-renseignement » et n’avait pas tout à fait le même objectif que ses adversaires communistes qui se plaçaient sur le terrain politique et visaient la soumission, voire la désintégration psychique des opposants. Le lecteur pourra constater que ces méthodes ont bien empiré depuis ces années 50 et 60 en comparant ce qu’il lira dans cet ouvrage avec ce qu’il sait des horreurs pratiquées à Guantanamo et à Abou Grahib entre autres…
3/5
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