18/09/2024
Autoportrait au radiateur (Christian Bobin)
Christian Bobin nous dit qu’il aime les fleurs, les enfants et les femmes. Les hommes lui sont indifférents. Il ne les remarque même pas. Mille petites choses font son bonheur du jour. Il s’émerveille d’une belle lumière, de l’odeur du foin coupé, de la beauté d’un pétale de tulipe tombé sur un guéridon ou du vol d’une libellule. Ce qui le remet au monde ? Deux verres d’entre-deux-mers, la fumée d’une ou deux cigarettes et une page d’un poète suédois, une seule, pas deux. Il vit seul, lit beaucoup et écoute du Mozart dont les œuvres lui évoquent toutes sortes de choses dont le chuchotement des rivières ou le balbutiement des nouveaux-nés…
« Autoportrait au radiateur », en dépit de son titre, n’est pas vraiment un livre d’autofiction. Pas un roman non plus. Le lecteur cherchera en vain une intrigue construite, une histoire rondement menée ou des personnages hauts en couleurs. Il ne parle que de lui-même et de rares proches, et encore sans en dire grand-chose. Et ce n’est pas non plus un véritable journal bien qu’il en respecte la forme apparente en commençant son texte début avril 96 pour l’achever fin mars 97. Ce texte aurait pu être le récit d’une année de vie d’un écrivain ordinaire, mais ce n’est pas vraiment le cas. Le lecteur en apprend très peu sur le narrateur hormis sa solitude, son détachement d’à peu près tout, ses difficultés devant la page blanche et sa tristesse de la perte d’une « amie de cœur ». La force et le charme de cet ouvrage reposent sur un style minimaliste assez inimitable, basé sur la technique du « fragment », de la bribe, du détail en apparence insignifiant. La spiritualité, qu’il différencie soigneusement de la religiosité, tout comme une certaine forme de philosophie restent importantes. Avec Bobin, qui en appelle à plusieurs reprises à Thérèse d’Avila, nous ne sommes pas dans le pari de Pascal, mais dans la simple et belle évidence de Dieu. Une prose unique, poétique et aérienne qui mérite le détour, même si ce charmant ouvrage n’atteint pas les sommets de son chef-d’œuvre, « Le Très-Bas ».
4,5/5
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14/09/2024
Congo à gogo (Josette Bruce)
Dans les années soixante de l’autre siècle, l’agent secret OSS 117 atterrit à l’aéroport N'Gili de Léopoldville au Congo. Il se déplace officiellement pour une mission d’études à titre d’expert agronome auprès de la FAO. Mais son véritable objectif est de retrouver le professeur Greenwood qui a disparu juste avant de partir pour un safari-photo dans une réserve de la région. Scientifique spécialisé dans le domaine des lasers, Greenwood était en train de mettre au point un rayon capable de neutraliser tous les missiles, une sorte d’arme absolue, un « rayon de la mort ». OSS 117 a à peine le temps de prendre contact avec Blind, le correspondant de la CIA à Léopoldville que tous deux se retrouvent mitraillés sur la route de l’aéroport et échappent à la mort de justesse. Un peu plus tard, l’enquête débute par l’interrogatoire d’Emily Marlow, la secrétaire personnelle du savant, vieille fille au physique ingrat et à l’allure des plus revêches. Qui avait intérêt à cet enlèvement ? Les Russes, toujours avides de nouvelles technologies, seraient-ils impliqués ? Une autre puissance ?
« Congo à gogo » est un roman d’espionnage datant de 1981 qui a fort mal vieilli. Sorti d’une poubelle, d’un grenier ou d’une « boîte à livres », il aurait mieux fait d’y rester. L’intrigue est d’une simplicité navrante, les personnages sans intérêt et toutes les situations convenues et prévisibles. La gouaille et l’érotisme, sans parler d’un certain humour à la française qui caractérisait les meilleurs titres du regretté Jean Bruce sont passés à la trappe. Il faut savoir qu’il parut au total 229 aventures du célèbre espion. Pendant 13 années, sous la plume de Jean Bruce, (Jean Brochet de son vrai nom), en écrivit lui-même 88 de 1949 à 1963, soit plus de 6 titres par an. À sa mort, son épouse Josette Bruce (Josepha Pyrsbyl de son vrai nom) puis ses enfants François et Martine en produisirent 141 de plus, en 19 ans, de 1966 à 1985, soit la bagatelle d’environ 7 titres par an. Une petite entreprise qui ne connut pas la crise. Une usine de production à la chaîne ! Le succès ne se démentit pas à l’époque, surtout à la grande époque, preuve qu’un certain type de lectorat populaire n’était pas très difficile. C’est correctement écrit, facile à lire, prévu pour divertir. Mais une telle production ne peut être qu’aux dépens de la qualité. À oublier.
2/5
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11/09/2024
Mourir à Berlin (Jean Mabire)
Entre 1943 et 1945, 10 000 Français s’engagèrent dans la Waffen SS. Ils formèrent la division Charlemagne qui fut envoyée combattre sur le front de l’Est, à la charnière de l’attaque de deux divisions soviétiques, entre l’Oder et la mer Baltique. Sans soutien d’aviation, sans chars, sans appui d’artillerie et sans liaison, ils subissent de fortes pertes à titre de baptême du feu, mais réussissent néanmoins à retarder quelque peu la ruée de l’Armée Rouge. Bilan : sur 5100 hommes engagés, seuls 500 en réchappent. Ils doivent se replier en marchant de nuit et en se cachant dans les bois pour ne pas être capturés. Les Allemands leur ayant proposé de se reconvertir en simples travailleurs, certains issus de la Milice ou de la LVF qui ne comprennent pas pourquoi des Français s’acharnent à vouloir défendre l’Allemagne alors que tout est perdu, les Russes étant déjà sur l’Oder et les Alliés à quelques dizaines de kilomètres à l’ouest, acceptent de troquer leurs armes contre des pelles et des pioches. Les autres (environ 700 hommes) prennent la direction de Berlin pour la dernière bataille, le sacrifice final (27 avril au 2 mai 1945).
« Mourir à Berlin » est un essai historique de grande qualité, basé sur des témoignages de survivants, qui raconte les combats ultimes des SS français face au déferlement de l’Armée Rouge. C’est vivant (si l’on peut dire dans pareilles circonstances), bien écrit, agréable à lire. Mais ça laisse une impression amère de combat douteux, d’engagement inutile, un peu/beaucoup pour la gloire et le panache. Avec l’aide de quelques brigades de Scandinaves, Baltes et autres volontaires européens, avec celle de vieillards de la Volksturm et de gamins de 14 ans de la HitlerJugend, ces jeunes Français furent les tout derniers combattants pour défendre la ville de Berlin et le bunker d’Hitler, sans aviation, sans chars, sans artillerie, sans armes lourdes, dézinguant au PanzerFaust des dizaines de chars russes avant d’être submergés, écrasés sous les bombes ou flingués par des tireurs d’élite. Ils se battirent même après le suicide d’Hitler. Très peu survécurent. Qu’allaient-ils faire dans cette galère ? Ils furent des soldats politiques, fanatisés, plus nazis que les nazis, persuadés de mener le juste combat, celui d’une Europe nouvelle, unie sous la bannière à croix gammée, se dressant en travers de la route de l’envahisseur bolchevique. La propagande de l’époque fit de grands ravages. Celle d’aujourd’hui n’est guère meilleure…
4,5/5
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08/09/2024
Le Vatican des espions (Mark Riebling)
Le 2 mars 1939, à Rome, les cardinaux réunis en conclave élisent pape Eugenio Pacelli. Dès sa première bénédiction, celui-ci sait que le poids des responsabilités qui lui incombent va être écrasant. Il est germanophile. Il a une excellente connaissance du pays et de la langue. La politique de l’Eglise catholique va l’amener à en découdre systématiquement avec le nazisme. En 1933, il avait obtenu un concordat avantageux pour l’Eglise d’Allemagne. Il permettait de la financer par des recettes fiscales à hauteur de 500 millions de marks. Et quatre années plus tard, le voilà qui condamne officiellement le nazisme, lui reprochant de vouloir anéantir l’Eglise. Il lui reproche son antisémitisme et prône l’égalité raciale. Pour lui, la chrétienté doit rassembler toutes les races dans une seule et unique famille, celle des enfants de Dieu. En effet, peu à peu, la situation des Catholiques empire en Allemagne. Hitler menace de nationaliser le culte et de créer un schisme tout comme le fit Henry VIII en son temps en Angleterre. Les Catholiques commencent à être persécutés. Leurs organisations sont interdites, les écoles et les séminaires sont fermés, leurs biens saisis. Certains opposants, dont 487 Jésuites tchèques, sont envoyés en camp de concentration, d’autres sont assassinés. Pie XII qui a commencé par condamner fermement le nazisme dans une encyclique célèbre se demande comment faire plus. Les évêques et cardinaux allemands le supplient de garder prudence et circonspection pour ne pas aggraver les choses. Il décide donc de se taire et d’agir en secret. Il organise ou participe à l’organisation d’un certain nombre de tentatives d’attentats contre Hitler.
« Le Vatican des espions », sous-titré « La guerre secrète de Pie XII contre Hitler » est un essai historique de belle facture, bien sourcé (un nombre impressionnant de notes et références est disponible en fin d’ouvrage) qui se lit comme un roman d’espionnage. Il aborde un aspect fort peu connu de la seconde guerre mondiale, celui de l’opposition allemande au régime nazi. Minimisée par certains historiens, elle n’en fut pas moins réelle, importante et constante. Les conspirations et complots contre Hitler furent beaucoup plus nombreux que l’on s’imagine. L’Eglise catholique, inspirée par Pie XII, en eut la plus grosse part. Hitler lui-même ne se faisait aucune illusion sur Pie XII. Il le considérait comme un ennemi à abattre. Outre l’ultime et célèbre attentat des généraux, inspiré et perpétré par von Stauffenberg, catholique fervent, dont a échappé miraculeusement Hitler, il y en eut bien d’autres qui sont racontés dans ce livre. Toutes sortes d’agents secrets jésuites ou dominicains y furent à la manœuvre. En vain, car le monstre semblait disposer de protections surnaturelles hors normes. Le lecteur découvrira beaucoup de choses sur Pie XII dont la mémoire mérite d’être réhabilitée et sur d’autres personnages comme l’amiral Canaris. Le plus émouvant et le plus attachant est sans doute l’envoyé spécial du pape, le Bavarois Joseph Müller, personnage haut en couleur, agent secret aux exploits dignes d’un James Bond, qui fut capturé, longuement torturé, envoyé en camp et qui a réussi quand même à sauver sa peau in extremis. La réalité dépasse souvent la fiction. À lire.
4,5/5
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04/09/2024
Treize pillards (Juan Branco)
Qui sont vraiment Edouard Philippe, Emmanuel Macron, Xavier Niel, Benjamin Grivaux, Gabriel Attal, Arnaud Lagardère, Bruno Roger-Petit, Anne Lauvergeon, Thierry Breton, Martin Hirsch, Marie Fontanel, Agnès Buzyn, Bernard Arnault et quelques autres présentés dans ce livre ? Certains sont au haut sommet de l’Etat, d’autres à celui de la Finance cosmopolite et vagabonde, d’autres tiennent les principaux médias et d’autres encore sévissent à Bruxelles ou dans de grandes entreprises. Ils ont en commun de tous venir des classes sociales les plus privilégiées du pays et d’avoir suivi des parcours scolaires et universitaires semblables (Ecole Alsacienne, Lycée Henri IV ou Louis le Grand, ENA, grandes écoles). Ils se sont entraidés pour parvenir aux places enviables où ils se trouvent. Ils se sont enrichis en dilapidant un à un tous les fleurons de la richesse nationale, en privatisant à tout-va (autoroutes, service des eaux, aéroports, etc.), pour en faire profiter des compagnies étrangères et permettre aux copains et coquins de se servir au passage. Ils sont riches, célèbres et puissants. Disposant de tous les médias mainstream, ils peuvent manipuler à leur guise l’opinion, lui faire valider n’importe quel politicien, même le plus nul et le plus incompétent. Pour Branco, « ils ne sont pas corrompus, ils sont la corruption même ». Et cela depuis pas mal de temps…
« Treize pillards » est une courte (59 pages) galerie de portraits à charge taillés à la serpe et à la hache. On avait les « Douze salopards » immortalisés au cinéma, voici les « Treize pillards » de la bande à Macron. Tout comme les « Trois mousquetaires » qui étaient quatre, nos treize sont nettement plus nombreux. Le lecteur peut se dire que Juan Branco est sévère voire un brin malveillant. Mais on peut aussi penser que qui aime bien châtie bien. L’auteur est issu du même milieu, a fréquenté certains dès les bancs de l’école Alsacienne (Attal, Griveaux) et a eu l’occasion de bien connaître les autres, comme Xavier Niel, enrichi dans la prostitution, le minitel rose et si proche du Président qu’il se vantait de l’avoir au téléphone deux fois par jour. En fort peu de pages bien écrites (avec une tournure originale renvoyant les verbes en fin de phrase), le lecteur découvrira un nombre assez effarant d’affaires plus ou moins scandaleuses comme l’enrichissement ultra-rapide de Bernard Arnault qui vit sa fortune tripler en quatre années, passant de 40 à 120 milliards ou comme les « exploits » de Mme Anne Lauvergeon, responsable du démantèlement d’Areva, de la perte de 4 milliards d’euros dans une recherche impossible d’uranium et de 6000 suppressions d’emploi. Car toute cette gestion menée (au choix) par ces gribouilles ou ces profiteurs a un coût social. Quand c’est l’Etat qui paie, ce n’est pas gratuit, c’est le peuple qui trinque sous forme d’inflation, d’augmentation des tarifs de l’énergie et des impôts, sans oublier les délocalisations et le chômage de masse qui va avec. Sait-on seulement que celui-ci est responsable de la mort de 15 000 de nos compatriotes chaque année ? À lire pour ouvrir les yeux sur une triste réalité. Et aucune excuse pour ne pas le faire. L’auteur a mis cet ouvrage en libre accès sur le net.
4,5/5
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01/09/2024
La Frontière (Maurice Leblanc)
Sur la ligne de crête des Vosges, au début de l’autre siècle, le vieux Morestal, vétéran de la guerre de 70, constate qu’un poteau marquant la frontière côté allemand a été abattu. Dans sa maison de maître située à quelques encablures, il attend avec son épouse la venue de leur fils Philippe, accompagnée de son épouse Marthe. Farouche patriote, Morestal, qui a réussi comme patron d’une petite scierie, vit dans la honte de la défaite de 1870 et dans l’espoir d’une nouvelle confrontation avec les Prussiens qui, cette fois, pourrait tourner à notre avantage et nous permettre de récupérer l’Alsace et la Lorraine. Professeur à Paris, son fils Philippe a des idées diamétralement opposées. Pacifiste convaincu, il a écrit deux livres sur la question dont le dernier est paru anonymement pour ne pas froisser ses proches. Philippe rêve d’un monde où l’amour de l’humanité ne s’arrête pas aux frontières d’un pays. Mais quand un certain Dourlowski, colporteur un peu louche, prévient Morestal qu’un soldat alsacien, Jean Baufeld, s’apprête à déserter pour rejoindre la Légion, le drame se noue. Morestal qui connait la région comme sa poche et peut aider Baufeld à trouver les points de passage se met en route de nuit avec son fils et un ami…
« La frontière » est un roman de fiction prémonitoire publié en 1911. Il ne s’agit pas d’un roman policier comme en produisit tant Maurice Leblanc, mais d’une projection dans un futur proche. L’auteur imagine ce qu’un simple incident de frontière pourrait engendrer comme conséquences si les deux parties campaient sur leurs positions tranchées voire de mauvaise foi et en arrivaient logiquement et par paliers jusqu’à un conflit mondial. À cette époque, une simple étincelle suffisait pour faire exploser le baril de poudre Il y ajoute une histoire d’amour assez dramatique et bien pétrie de faiblesse humaine. Il se montre fin psychologue et parfait narrateur. Le style est d’une telle qualité et d’une telle fluidité que l’ouvrage se dévore en un temps record. Un des nombreux intérêts de ce livre qui n’a pas pris une ride réside surtout dans la présentation des points de vue antagonistes des patriotes et des pacifistes (style Jaurès ou Anatole France). Bien qu’étant lui-même radical-socialiste et libre-penseur, Leblanc a la finesse de ne pas prendre parti ni pour le père ni pour le fils. Il se contente de présenter les arguments, laissant la liberté au lecteur de se faire une opinion sur une problématique qui se pose malheureusement encore aujourd’hui, plus d’un siècle plus tard. Il faut lire et relire Maurice Leblanc et pas seulement les « Arsène Lupin » !
4,5/5
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28/08/2024
Le téléphone portable, gadget de destruction massive (Pièces et Main d'œuvre)
Les semi-conducteurs sont la cause de maxi-nuisances autant au moment de leur conception, qu’à ceux de leur utilisation puis de leur improbable recyclage. Savez-vous que près de Grenoble l’usine MST Alliance qui fabrique des puces pour portables utilise 40 millions de kwh d’électricité par an pour y parvenir, soit l’équivalent de la consommation annuelle de 20 000 foyers ? Elle engloutit aussi 700 m3 d’eau par heure, autant qu’une ville de 50 000 habitants. Et pour ne rien arranger, elle pollue gravement l’environnement. En 2002, elle a rejeté dans la nature 9 tonnes d’oxydes d’azote, 10 270 tonnes de CO2 et 40 tonnes de composés organiques volatils divers. Les nappes phréatiques de la région sont contaminées au xylène, toluène, trichloroéthane chloré et autres. Et quid des effets nocifs et délétères des champs électromagnétiques générés par les appareils eux-mêmes ainsi que par les antennes relais sur les êtres humains et les animaux ? Il est maintenant prouvé que des ruptures de brins d’ADN de cellules peuvent se produire et perturber la synthèse naturelle des protéines. Des abeilles exposées à ce genre de rayonnements en arrivent à ne plus retrouver leur chemin vers leur ruche et à mourir…
« Le téléphone portable, gadget de destruction massive » est un essai assez court, agréable à lire, mais bien percutant sur les méfaits d’un petit appareil que l’on retrouve partout et dont certains sont devenus tellement accros qu’ils ne peuvent plus vivre sans. Il rend bien des services. Mais comme toute avancée technologique, il peut se révéler la meilleure et la pire des choses. Cet ouvrage qui se présente comme l’un des réquisitoires les plus sévères sur la question présente tous ses aspects négatifs, tous ses dangers, depuis sa conception jusqu’à sa fin peu glorieuse dans une décharge du tiers-monde, après un vague recyclage de quelques composants éventuellement réutilisables. Le bilan de cet appareil est exorbitant autant pour la nature par le pillage de toutes les ressources, que pour l’homme qui finit par être esclave de sa machine, particulièrement les jeunes générations nées avec lui et que pour la société qui se voit évoluer lentement vers un contrôle social quasi absolu (traçage, fichage des individus) avec pour conséquence une perte de démocratie et de liberté d’expression. À lire pour mieux comprendre les enjeux de notre temps…
4,5/5
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23/08/2024
Les maladies dégénératives (Soline Abbeville)
Qu’ont en commun des maladies aussi diverses que le cancer, l'athéromatose, la sclérose en plaques, la myopathie, l’autisme, la schizophrénie, la maladie d’Alzheimer ou celle de Parkinson ? Ce sont toutes des maladies dégénératives, pratiquement incurables, et ayant toutes un rapport avec le fonctionnement ou plutôt le dysfonctionnement du cerveau et/ou du système nerveux. Le docteur André Gernez fut l’un des premiers à découvrir le point commun entre nombre de ces maladies, l’importance du rôle de l’hormone de croissance, des cellules souches et de l’épiphyse. Il préconisa un traitement consistant à neutraliser cette minuscule partie du cerveau grâce à l’utilisation d'un « couteau-laser » à une fréquence très précise, sur une surface minime, sans anesthésie ni intrusion d’aucune sorte et avec un taux de réussite remarquable. Malheureusement, ce type d’intervention n’a toujours pas été autorisé dans notre pays. Le conseil de l’ordre des médecins s’y étant opposé.
« Les maladies dégénératives » est un essai médical présenté comme « Les propositions du Docteur André Gernez » compilées par l’auteure. C’est assez technique et pas forcément à la portée des béotiens lambdas que nous sommes. Heureusement, un lexique annexé en fin de volume permet d’éclairer notre lanterne grâce à des définitions de termes médicaux tout à fait bienvenues. Il n’en demeure pas moins qu’on y apprend énormément de choses, en particulier sur les causes et les conséquences du cancer. Celui-ci évoluant au début de façon asymptomatique sur des périodes allant de 8 à 15 ans, toutes les détections se révèlent souvent trop tardives. De plus, les destructions de tumeurs ne font souvent que laisser place à d’autres plus agressives, la nature ayant horreur du vide, sans parler des métastases. On découvre aussi le rôle délétère du cannabis sur le cerveau. Il peut déclencher une schizophrénie chez des adolescents de plus en plus jeunes. De plus, le cannabis qui redouble l’expérience de la psychose, rend inefficaces les médicaments anti-psychotiques. Un ouvrage fort intéressant à lire, même si on ne comprend pas tout.
4/5
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19/08/2024
Mal à droite (Nicolas Bonnal)
Depuis 1945, l’Occident est en pleine dégringolade. Il semble frappé de sénescence, d’impuissance et d’aboulie. Industriellement, il ne produit plus grand-chose. Intellectuellement, ce n’est guère mieux. Les écrans et les smartphones transforment peu à peu les gens en zombies. La sottise règne partout. Les nouvelles technologies, les réseaux sociaux et Internet ont détruit toute l’industrie culturelle, réduit l'information aux agissements ridicules des « people » et autres « influenceurs de TikTok », ont désexualisé les rapports humains et accompli la même destruction puissance 100 ou 1000 que celle de l’imprimerie qui fut responsable en son temps d’une bonne vingtaine de guerres civiles, dites « guerres de religion », de révolutions, de massacres à grande échelle et de la dépopulation d’une grande partie de l’Europe. Sommes-nous en train de vivre « une apocalypse molle et grise » comme l’annonce l’auteur ?
« Mal à droite » est un court essai (144 pages seulement) de sociologie politique sur un ton de pamphlet tonitruant et fortement désabusé. Pour Bonnal, tout est foutu. Rien ne va plus. Et nos vieilles civilisations responsables de tous les maux de la planète ne s’en sortiront pas. L’ouvrage qui se lit plus vite qu’un roman a d’ailleurs pour sous-titres « Symphonie pamphlétaire en quatre mouvements » et « Lettre ouverte à la vieille race blanche et à la droite fille de joie ». Tout est dit. Un lecteur un tantinet plus optimiste pourrait objecter que tout ce qui est excessif est insignifiant et aussi que le pire n’est pas toujours certain. Et pourtant, cette lecture le bousculera et poussera dans les derniers retranchements. L’auteur, fin lettré, moraliste et observateur perspicace en appelle aux plus grands auteurs (Virgile, Ovide, Poe, Molière, Balzac, etc) pour étayer son propos. Il multiplie aussi les citations en latin qui ne sont traduites qu’en fin d’ouvrage, histoire de nous montrer que ce que nous vivons n’a rien de vraiment nouveau sous le soleil (« Nihil novi sub soli », ouaf, ouaf !). Il ne cache pas non plus sa nostalgie pour le régime soviétique qu’il juge plus sain et moins destructeur pour l’intelligence et le moral des troupes que notre néo-libéralisme. Il se réfère beaucoup à Karl Marx, Nietzsche et Debord tout en se présentant comme « anarchiste de droite ». C’est coruscant et ça donne à réfléchir. D’autant plus que publié en 2010, l’ouvrage n’a pas vieilli du tout si on ne tient pas compte de son point de vue sur les guerres. La situation actuelle aurait même empiré avec les nouvelles crises et autres poudrières. Terrible constat.
4,5/5
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16/08/2024
Un femme à Berlin (Anonyme)
Dans les derniers jours de la seconde guerre mondiale, une jeune Berlinoise d’une trentaine d’année, ancienne employée d’une maison d’édition, subit bombardements sur bombardements, cachée dans une cave sous son immeuble en compagnie de compatriotes aussi terrorisés qu’elle-même. Ce sont les ultimes combats. Hitler s’est suicidé dans son bunker. L’armée rouge s’est emparée de la ville. La jeune femme passe son temps entre cet abri et l’appartement d’une veuve qui l’a recueillie, vu que le sien, au dernier étage, a le toit percé et les carreaux brisés. Il n’y a plus grand- chose à manger et ni eau, ni gaz, ni électricité dans les appartements. Il faut aller chercher de l’eau à une pompe, dans une cour, trimballer les seaux et faire d’interminables queues devant les dernières boutiques pour quelques pauvres denrées comme du gruau d’orge, des pois, des flocons d’avoine ou de la margarine. Les Berlinois manquent de tout. Ils survivent misérablement, dans la peur, le froid, la saleté et la faim. La mort rôde partout. La ville n’est plus qu’un champ de ruines. On enterre les cadavres n’importe où et n’importe comment. Et tout s’aggrave encore avec l’arrivée effective des soldats russes qui veulent boire le maximum de schnaps, se livrer au pillage et abuser sexuellement de toutes les femmes allemandes qu’ils peuvent trouver. La malheureuse sera extraite de la cave où elle avait trouvé refuge. Personne ne lui viendra en aide. La porte blindée se refermera derrière elle. Et trois Russes la violeront dans l’escalier d’accès…
« Une femme à Berlin » est un témoignage glaçant, basé sur un journal intime rédigé entre le 20 avril et le 22 juin 1945. Son auteure a tenu à rester anonyme et il n’a été publié qu’après son décès.. Son récit très bien écrit et particulièrement émouvant garde une certaine distance vis-à-vis de toutes les horreurs qu’elle raconte. Malgré tout ce qu’elle doit subir, elle garde une grande dignité. Elle note tout sans doute pour exorciser le mal. C’est une sorte de thérapie qui va l’empêcher de sombrer dans la folie et l’empêcher d’en arriver au suicide comme ce fut le cas de nombre de ses consœurs. Le livre ne contient pas la moindre trace de haine. Même ses pires agresseurs sont présentés pour ce qu’ils sont, de pauvres moujiks bruts de décoffrage, éloignés de leurs familles depuis des mois. Etant la seule personne de l’immeuble à parler un peu de russe, elle servira d’interprète et de fusible et sauvera même la vie d’une autre femme. Elle saura aussi finir par « choisir » ses « partenaires » en accueillant des gradés un peu plus humains pour se prémunir de la soldatesque éméchée. Le lecteur découvrira avec surprise beaucoup de choses étonnante sur cette période dramatique assez courte (environ deux mois) et en particulier la vitesse avec laquelle les Berlinois ont commencé à remonter la pente grâce à un travail acharné de déblayage et de remise en état des principaux services. Un document exceptionnel. Du vécu, et sans pathos…
4,5/5
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