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04/12/2023

Chasseurs alpins, des Vosges aux djebels 1914-1964 (Jean Mabire)

Chasseurs alpins.jpgLe corps des chasseurs qui portait alors le nom de « compagnie de chasseurs d’essai » fut créé en 1837 par le duc d’Orléans, fils de Louis XVIII, qui voulait en faire un bataillon d’élite. Il s’appellera ensuite « chasseurs à pied », puis pour un temps, « Chasseurs d'Orléans », en hommage à leur créateur. Leur premier fait d’armes a lieu en Algérie en 1845, du côté de Sidi-Brahim où ils durent se battre à un contre cent face aux guerriers de l’émir Abd-El-Kader. Retranchés dans un fortin, les derniers survivants vécurent un équivalent de ce que fut Camerone pour les légionnaires. Ils se battirent jusqu’au dernier, jusqu’à la dernière cartouche sans jamais accepter de se rendre. Le 24 décembre 1888, un projet de loi fixe à 12, le nombre total de bataillons de chasseurs à pied, affectés spécialement à la défense du massif alpin. Leur nom officiel sera « Bataillon alpin de chasseurs à pied » que l’usage simplifiera en « Chasseurs alpins » (BCA). Ils s’illustrent dans de très nombreux combats lors de la pacification des djebels marocains. Puis ils se retrouvent dès le début de la guerre de 14 dans les Vosges, en première ligne face aux Allemands. Ils y paient un très lourd tribut. Pendant la seconde, ils sont sur tous les fronts, à Narvik, dans les Vosges, dans la Somme, et les derniers à essayer de bloquer le déferlement de la Wehrmacht avec les Cadets de Saumur. Ils font ensuite partie de l’armée d’armistice. Et quand elle est dissoute, ils entrent dans la Résistance. Ils se battront sur le plateau des Glières, dans le Vercors et dans la région de Grenoble. Ils participeront ensuite aux guerres d’Indochine et d’Algérie en restant toujours fidèles à leur devoir.

« Chasseurs alpins » est une étude historique particulièrement intéressante d’un corps d’élite particulièrement prestigieux au sein de l’armée française. L’ouvrage, parfaitement documenté est illustré de nombreux documents photographiques. Le style de l’auteur est très vivant. Il comporte de nombreux dialogues et se lit comme un roman. L’auteur consacre une très grande partie de son propos aux deux guerres mondiales (les exploits dans la résistance et les batailles inégales et sans espoir aux Glières et dans le Vercors sont particulièrement émouvantes). Le lecteur lambda et pas particulièrement « fana mili » pourra y trouver de beaux exemples de courage, de témérité, de bravoure, d’abnégation, d’esprit de sacrifice au service de la patrie, autant de qualités dont on se demande où elles sont passées aujourd’hui. Les jeunes Résistants des années 40 voulaient égaler leurs pères, les Poilus de 14, quitte à se battre avec des pétoires contre des Allemands lourdement équipés et bien supérieurs en nombre. La liste est longue de tous ces soldats qui y laissèrent la vie. Autrefois, ils étaient considérés comme des héros et montrés en exemple. Cet ouvrage passionnant, mais qui aurait pu s’étendre un peu plus sur les deux derniers conflits, s’achève par un rappel détaillé de tous les combats de chacun des bataillons.

4,5/5

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01/12/2023

Une maison de famille (Maichel Testut)

Une maison de famille.jpgAu printemps 2020, l’auteur, Michel Testut, 78 ans, se retrouve confiné chez lui, dans sa maison de famille de Dordogne à cause d’un très dangereux virus prénommé Corona dont on dit qu’il rôde à travers villes et campagnes mettant en danger de mort toute l’humanité. Seul chez lui, Michel se demande comment employer ses journées. Appeler ses amis au téléphone ? Ecouter la radio ? Regarder la télé ? Ranger ses nombreuses bibliothèques ? Tout cela l’ennuie un peu. Vider toutes les bonnes bouteilles de sa cave ? Sans amis pour trinquer avec lui, il craint d’avoir le vin triste. Il opte pour relire Colette et en particulier « La maison de Claudine ». Et pourquoi ne pas s’intéresser à la sienne ? C’est une très vieille maison de famille, construite sous le Second Empire par ses ancêtres, qui a vu défiler pas moins de six générations qui toutes ont laissé « des réserves d’amour, de joie et d’espoir dans tous les placards. »

« Une maison de famille » se présente comme un récit personnel, un « inventaire sentimental » et un témoignage de gratitude à l’égard d’un bâtiment, d’une demeure ancestrale, une maison de maître avec un joli parc et quelques hectares de terres attenantes dont l’auteur hérita dans sa jeunesse, où il vécut avec son épouse, éleva ses enfants, tout comme le firent ses parents, ses grands-parents et toute sa lignée, même si beaucoup n’en usèrent que comme résidence secondaire bien agréable pour les vacances, mais nettement plus inconfortable en hiver vu son manque de chauffage et même d’eau courante installée seulement dans les années 60 de l’autre siècle. La maison sert de prétexte à évoquer toutes sortes de souvenirs d’enfance ou de vie au fil de la description de toutes les parties de la demeure et même du domaine. Tout y passe. Le vestibule, le salon, la salle à manger, la cuisine, les trois chambres et même le grenier, la cave, la grange, le parc et les « cabinets ». Tout est tellement chargé de souvenirs et d’émotions. L’écriture de Testut est précise et agréable à lire. Ses observations sont fines, intelligentes et souvent touchantes. Elles sont même pleines d’une certaine nostalgie qui rappellera aux anciens des époques depuis longtemps disparues, celles où l’on semait, binait et récoltait sans machine et où on allait en calèche de la station de chemin de fer à ce charmant domaine de Mareynou, perché sur sa colline. À conseiller.

4,5/5

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28/11/2023

L'art subtil de s'en foutre (Mark Manson)

L'art subtil de s'en foutre.jpgL’air du temps, les médias et la pub poussent chacun d’entre nous à être toujours plus performant, plus intelligent, plus beau, plus riche, plus sexy, plus convivial, etc. Et par la même occasion, nous faire prendre conscience que nous ne le sommes pas autant que nous le souhaiterions. D’où la nécessité de consommer plus de services ou de produits pour atteindre ces objectifs chimériques. Il faudrait donc toujours chercher à se procurer le dernier smartphone, la dernière voiture, le dernier parfum sorti, suivre la nouvelle tendance à la mode, acheter la lotion amincissante la plus performante, les tenues les plus branchées, sans parler des destinations de vacances, des stages de ressourcements divers et variés et autres coaching en tous genres. Mark Manson, lui, conseille d’arrêter de toute urgence cette course du rat qui ne mène qu’à toujours plus de frustration, de se moquer de ces modes et tendances aussi sottes qu’artificielles et de nous assumer tels que nous sommes, avec nos qualités et nos défauts. La vie n’est qu’une suite de choix plus ou moins heureux. On apprend plus de ses erreurs que de ses réussites…

« L’art subtil de s’en foutre » est une sorte de manuel de bien-être un peu comme il en sort des milliers chaque année. Il se démarque assez des autres par son ton simple et familier et son parti pris de ne justement pas donner de conseils ou de directives précises. Son sous-titre « Un guide à contre-courant pour être soi-même » en est la plus belle illustration. Et il est moins trompeur que son titre qui pourrait faire imaginer une ode à la nonchalance, à l’indifférence, à la paresse ou au je m’en foutisme ritualisé. Non, il s’agit simplement d’assumer ses choix, d’aller au bout de ses décisions et expériences. Manson illustre son propos de faits divers souvent connus, comme cette histoire de soldats japonais continuant à tenir leurs postes dans la jungle des années après la fin de la seconde guerre mondiale par fidélité à leur empereur et aussi de beaucoup d’épisodes de sa propre vie. Il reconnaît avoir fait lui-même énormément d’erreurs, avoir beaucoup voyagé, couru les filles, bu et pris de la drogue et ne pas lui-même être toujours certain de ce qu’il avance ou préconise. Et c’est là que réside le plus grand intérêt de ce livre, dans ce parler franc et ces confidences intimes. Le lecteur a souvent l’impression d’écouter un ami bienveillant et compréhensif. C’est dans doute la principale raison du succès mérité de cet ouvrage léger, réconfortant (car non culpabilisant) et bien agréable à lire.

4,5/5

08:47 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0)

23/11/2023

Dernier gueuleton avant la fin du monde (Jonas Jonasson)

 

Dernier gueuleton avant la fin du monde.jpgJohan, jeune homme pas très futé, sert plus ou moins de domestique pour son frère Frédérick. Tous deux partagent un immense appartement familial dans la rue la plus huppée de Stockholm. Johan est nul en tout sauf en cuisine où il se révèle un chef hors pair. Mais quand Frédérick se retrouve nommé troisième secrétaire de l’ambassadeur de Suède à Rome, il vend l’appartement et offre un camping-car à Johan qui n’a même pas le permis de conduire. Pétra, ex-institutrice et astrophysicienne autodidacte, a calculé que la fin du monde devait arriver dans 11 jours. Mais pourquoi attendre plus ? Autant en finir tout de suite, vu que personne ne la croit. Une corde autour du cou, la voilà dans sa caravane, cherchant un crochet pour se pendre. Quant à Agnès, veuve de 75 ans aux cheveux mauves, elle a vendu son usine de sabots et de canots pour aller vivre sur une île proche avant de découvrir le plaisir de voyager virtuellement autour du monde en la personne de son avatar. Ainsi fait-elle rêver de voyages bidons des millions de followers sur les réseaux sociaux.

« Dernier gueuleton avant la fin du monde » est un roman humoristique bien dans la ligne des précédents (« Le vieux qui ne voulait pas souhaiter son anniversaire », « L’analphabète qui savait compter » ou « L’assassin qui rêvait d’une place au paradis »). Cette histoire pleine de rebondissements incroyables reste dans le cadre d’une sorte de road-trip picaresque plein d’humour grinçant et déjanté. Les personnages sont caricaturaux à souhait. L’intrigue complètement improbable pour ne pas dire invraisemblable. Mais il faut accepter les critères de la fable et de la parodie pour trouver un vrai plaisir à lire ce pavé de 522 pages qui part un peu dans tous les sens. L’auteur a voulu y glisser pas mal de piques sur les travers de nos sociétés contemporaines pleines de préjugés et d’a-priori. Autant il tombe juste quand il s’attaque aux défauts individuels, autant il reste mesuré quand il aborde les sujets généraux, politiques ou sociaux. Là, l’humour n’est plus vraiment transgressif. Il rentre même discrètement sur les rails de la ligne officielle de la bien-pensance. Obama est un homme charmant. Bill Gates est dépensier mais délicieux. Trump un fieffé crétin et Poutine un stalinien très très méchant. À notre époque, on ne peut plus rire de tout et de tout le monde, même si l’on sort des satires désopilantes tirées à des millions d’exemplaires. Au total, ce dernier opus, bien que n’étant pas vraiment le meilleur de Jonasson, reste néanmoins divertissant et agréable à lire.

4/5

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19/11/2023

Apocalypse à la lumière des saints prophètes de l'Eglise (Rémi Dechamplain)

Apocalypse.jpgSelon l’auteur, les mœurs sont si dépravées qu’elles finissent par en devenir bestiales, ce qui n’est pas très juste en ce qui concerne les animaux. Le culte de l’argent (Mammon), l’hédonisme et le matérialisme dominent partout. Le rejet de Dieu et de toute spiritualité en général est massif. Et comme l’avait écrit Dostoïevski, « si Dieu est mort, tout est possible ». Et surtout le pire. Le monde pourra-t-il descendre encore plus bas ? Peut-être, mais pour peu de temps. Si l’on s’en réfère à l’Apocalypse de Saint Jean, nous serions parvenus à la 7e et ultime étape de l’odyssée chrétienne, celle de l’Église de Laodicée avec toutes ses tribulations et son règne de l’Antéchrist. Une ère de désolation absolue marquée par les guerres, les épidémies et toutes sortes de catastrophes naturelles et de calamités diverses et variées. Arriveraient les dernières épreuves avant le Jugement Dernier et le retour du Christ en gloire. Seuls les justes et les fidèles, ceux sur qui les forces démoniaques déchainées n’ont pas eu de prise, ceux qui ont refusé à tout prix la marque de la Bête, sans laquelle nul ne peut vendre ni acheter, seront sauvés alors que tous les autres n’échapperont pas à la damnation éternelle. Et cette période trouble passée, l’humanité débarrassée de ses démons connaîtra mille ans de paix, de bonheur et de prospérité dans l’amour de Dieu…

Cet ouvrage d’accès facile est un essai de vulgarisation eschatologique qui se base en premier lieu sur le livre de l’Apocalypse. Ce texte reste pourtant d’un accès difficile. Les interprétations en furent nombreuses et parfois contradictoires. L’auteur s’est efforcé de reprendre verset par verset la totalité du texte en en proposant une explication assez simple, évidente et quasi littérale. Le lecteur y apprendra que le Grand Monarque sera l’un des quatre cavaliers de l’Apocalypse et que les prophètes Elie et Enoch reviendront sur terre pour contrer l’Antéchrist, tenter de convertir l’humanité avant d’être exécutés. Remi de Champlain a surtout l’intelligence de ne pas dater, même approximativement, les évènements prévus ni de donner de noms pour l’Antéchrist ou pour le pape apostat ou pour la capitale qui sera détruite totalement (Rome, Jérusalem, New York ou Paris ?). Il a aussi l’originalité (et cela constitue sans doute le plus grand intérêt du propos) de prendre à témoin un certain nombre de saints et de bienheureux (Hildegarde de Bingen, Marie Julie Jahenny, Saint Jean Bosco, Saint François d’Assise, Anne-Catherine Emmerich, sœur Lucie de Fatima ou les visions des petits bergers de la Salette) en citant de larges extraits de leurs prophéties qui toutes appuient ou éclairent le message de Jean. Oui, nous sommes bien dans les derniers temps. Et ils ne seront certainement pas une partie de plaisir…

4/5

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16/11/2023

Pourquoi courir ? (Henri Macé)

Pourquoi courir.jpgChacun a de bonnes raisons d’enfiler un tee-shirt, de mettre un short et de chausser une paire de runnings pour aller courir en ville, à la campagne ou à la montagne… Pour Alix, étudiante, c’est pour rester maîtresse de son image, pour Amandine, mère de famille, c’est pour appréhender le monde. Pour Emmanuel, conseiller patrimonial, c’est pour une révélation chiffrée. Pour Arnaud, banquier, c’est pour prendre de la hauteur. Pour Baptiste, ingénieur mécanique en biomasse, c’est pour être un dans le présent. Pour Bastien, architecte, c’est pour connaître son corps et se sentir vivant. Pour Christophe, restaurateur, c’est pour se sentir fort. Pour Emilie qui voyage en Bolivie, c’est pour partager avec l’Autre. Guillaume, informaticien, veut casser les frontières… Julie veut se voir autre et invincible. Marcel, marin, veut se sentir bien. Quentin cherche un sentiment d’appartenance. Pierre souhaite se laisser guider. Mathilde, DRH, privilégie la sérénité post-course. Quant à Romain, il s’entraine dans l’espoir de courir un jour un marathon…

« Pourquoi courir ? » n’est pas un ouvrage technique sur le footing, le jogging et autre trails plus ou moins ultras. Il n’aborde pas les questions techniques et ne donne aucun conseil ni programme d’entrainement comme le font tant d’autres ouvrages. En dépit de son sous-titre accrocheur, « Quinze histoires pour quinze raisons », ce n’est pas non plus un recueil de nouvelles. Les quinze personnages sont à peine esquissés, tout juste sait-on leur nom, leur âge et leur profession, pas toujours d’ailleurs. N’ayant ni véritable histoire ni anecdote à raconter, ce ne sont que des artefacts, des prétextes, des illustrations servant à introduire les développements philosophiques, psychologiques voire sociologiques de l’auteur. Lequel s’attache surtout à décortiquer les motivations qui sont aussi nombreuses que diverses, mais aussi à décomposer un à un tous les mouvements du corps pendant la course, à décrire toutes les impressions et tous les ressentis du coureur avec une précision chirurgicale et un pointillisme frisant la méticulosité. Le lecteur trouvera dans cet essai un hymne à la joie de courir en tout temps et en toute circonstance qu’il appréciera s’il fait abstraction d’une certaine verbosité et de coquilles un peu trop nombreuses à notre goût. On notera aussi la présence de quelques expressions savoureuses comme « joujou à jambes » ainsi qu’une bibliographie en fin de volume ne comportant en tout et pour tout que 6 ouvrages !

4/5

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14/11/2023

Némésis médicale (Ivan Illich)

Nemesis médicale.jpgLe taux de mortalité de la tuberculose avait fortement décru alors que Koch était encore en train de cultiver ses premiers bacilles. Son éradication n’a donc pas été obtenue uniquement grâce à la vaccination généralisée. Même chose pour le choléra, la dysenterie et la typhoïde qui ont atteint leur maximum de la même manière avant de disparaître en échappant à toute action médicale. 90% de la diminution de la mortalité pour la scarlatine, la diphtérie, la coqueluche et la rougeole s’est produite avant l’arrivée des antibiotiques et l’immunisation à grande échelle. Une meilleure hygiène de vie, une meilleure alimentation et de meilleures conditions de logement ont eu plus d’influence sur la santé des populations que les médications. Il suffit d’observer la situation du tiers-monde pour s’en convaincre. Etrangement, plus une société se médicalise, plus elle donne de l’importance aux médecins, moins bien elle se porte. Il faut des médicaments et des vaccins pour tout et n’importe quoi. À croire que les industriels de la pharmacie et les médecins n’ont qu’un but, nous maintenir dans des états de santé médiocre pour engranger le plus de profit possible. Et que dire des maladies iatrogènes provoquées par des traitements inadaptés ou des médicaments aux effets indésirables ou des maladies nosocomiales contractées lors de séjours à l’hôpital…

« Némésis médical » est un essai que vulgarisation scientifique datant des années 80, mais qui n’a pas pris une ride. Ivan Illich se place à la fois en historien de la médecine, en sociologue et même en philosophe. Après un réquisitoire sévère mais juste sur la médecine, il propose de longs développements sur la douleur puis sur la mort. Comment ces deux réalités de la condition humaine ont été perçues et vécues au cours des âges. Pourquoi l’homme moderne, aveuli dans son confort et médicalisé à outrance, n’accepte plus d’affronter la souffrance, et pourquoi il cache la mort de toutes les manières possibles. La partie consacrée à la paradoxale contre-productivité de la médecine allopathique moderne est certainement la plus intéressante. Elle fut même révolutionnaire en son temps. Illich participa à la prise de conscience générale et à l’essor des médecines parallèles dites « douces » que l’on croyait alors promises à un bel avenir. Presque un demi-siècle plus tard, il est assez triste de constater que nous en sommes toujours au même point. Nous avons peut-être même un peu reculé. L’horreur sanitaire de la crise covid avec son rejet de l’immunité naturelle en constitue malheureusement la nouvelle preuve.

4/5

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11/11/2023

4000 ans de mystifications historiques (Gérald Messadié)

4000-ans-de-mystifications-historiques_7464.jpgLa Grèce n’a pas inventé la démocratie. Des conseils de clans ou de tribus existaient bien des siècles auparavant. Néron n’a pas fait incendier Rome. La bataille de Poitiers qui vit la victoire de Charles Martel sur l’armée d’Abderahman ne fut qu’une escarmouche non décisive. Bien d’autres combats furent nécessaires pour libérer le territoire. Les rois mérovingiens et carolingiens étaient polygames. Ainsi Charlemagne eut-il 9 épouses qui lui donnèrent 19 enfants dont un seul, Louis le pieux, restait vivant au moment de la succession. Charlemagne n’a pas non plus « inventé » l’école. La papesse Jeanne n’a jamais existé. Marco Polo n’est pas allé en Chine. Ses voyages n’ont pas dépassé Sébastopol. Son « Livre des Merveilles » n’est qu’une compilation de récits d’autres voyageurs de l’époque. Jeanne d’Arc était une enfant bâtarde de lignée royale. Christophe Colomb ne fut pas le premier à « découvrir l’Amérique ». Au Xᵉ siècle, les Vikings Erik le Rouge et Leif Erikson y abordèrent et y implantèrent une première colonie. Et en 1421, une importante expédition maritime chinoise avait longé les côtes américaines et abordé sur le continent…

« 4000 ans de mystifications historiques » est un gros pavé dans lequel l’auteur s’est donné pour objectif de corriger un certain nombre d’erreurs historiques. Le lecteur y trouvera de tout : quelques énormes scoops comme le fait que Saint Paul n’était pas juif ou que la dépouille de Napoléon Ier aux Invalides n’est pas la sienne. Des informations connues sur la santé de certains présidents comme Pompidou ou Mitterrand qui cachèrent leurs maladies. Moins connues comme l’état mental avancé du président américain Wilson qui influa sur sa politique (création de la Fed, entrée en guerre de 1917). Malheureusement, il restera sur sa faim sur d’autres affaires comme l’assassinat des frères Kennedy (en dehors de la présence certaine d’un second tireur à Dallas, rien de nouveau), ou l’agression japonaise de Pearl Harbour (Roosevelt n’était au courant de rien, dixit Messadié) et sur les attentats du 11 septembre (il note juste que beaucoup de monde était au courant !). L’auteur semble tellement craindre de tomber dans le complotisme, qu’il ne va jamais au fond des choses et se contente de petites corrections à la marge. Il donne dans le révisionnisme de détail. Pourtant l’Histoire du monde n’est bien souvent qu’un tissu de mensonges, de falsifications et de mystifications au service des idéologies, celles des puissants et des vainqueurs bien entendu. Il y a l’Histoire officielle, celle qu’on enseigne à l’école, celle qui laisse dans l’ombre les tireurs de ficelles cachés dans les coulisses et l’autre, celle des chercheurs de Vérité. Messadié se veut de ceux-ci, mais il ne soulève trop souvent qu’un tout petit coin du voile. Un peu décevant dans l’ensemble.

3,5/5

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08/11/2023

Menace sur nos libertés (Julian Assange)

Menaces sur nos libertés.jpgRedoutable auxiliaire du totalitarisme mondialiste, Internet que l’on crut un temps vecteur de liberté et d’information se muerait-il peu à peu en menace contre les libertés de l’humanité toute entière ? L’universalité du réseau ne pourrait-elle pas le transformer en un terrible outil de surveillance et de contrôle des masses ? Et qui dit contrôle, dit répression et asservissement. Ce qui aurait pu être un extraordinaire moyen de libération de l’expression deviendrait-il le summum le plus abouti et le plus insidieux de l’oppression ? Le scandale des révélations du site Wikileaks (avec blocus de ses comptes bancaires) et le long chemin de croix subi par Julian Assange (accusation d’espionnage, affaire d’agression sexuelle bidon, réclusion volontaire à l’Ambassade d’Equateur suivie d’une interminable incarcération en Grande-Bretagne qui débouchera sans doute sur son extradition vers les Etats-Unis et son internement à vie dans un lieu genre Guantanamo…) en sont la plus belle démonstration.

« Menace sur nos libertés » est la retranscription d’une longue conversation sur le thème de la liberté battue en brèche sur Internet, entre Julian Assange et trois de ses amis Jérémie Zimmerman (fondateur de « La quadrature du Net »), Andy Muller-Maguhn et Jacob Apfelbaum, tous plus ou moins hackers et développeurs de logiciels libres. Selon eux, la solution à cette terrible menace pourrait se situer dans la cryptographie, les fournisseurs d’accès sécurisés genre TOR, les échanges commerciaux via les cryptomonnaies (Bitcoin et autres), sans d’ailleurs se faire trop d’illusions. Toute avancée pouvant être immédiatement récupérée par les pouvoirs pour la retourner en leur faveur (cryptomonnaies de banques centrales par exemple). Paru en 2013, cet ouvrage relativement intéressant, car posant les bonnes questions sur ce sujet brûlant, date déjà un peu, la situation s’étant considérablement aggravée en une petite décennie. Se considérant comme « cypherpunk » (pour les uns comme combattant de la liberté ou lanceur d’alerte et pour d’autres comme espion ou pirate informatique, car il a osé révéler, preuves à l’appui, les crimes perpétrés par l’armée américaine en Irak et ailleurs) se retrouve dans une position pire que s’il était un criminel ou un terroriste. « Le premier qui dit la vérité, il doit être exécuté… », chantait le gentil poète Guy Béart en son temps…

3/5

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04/11/2023

Ouvrons les yeux ! (Bertrand de la Bourdonnay)

Ouvrons les yeux.jpgEn 2022, la dette de la France s’élevait à 2800 milliards d’euros, soit 42 000 euros par Français. L’endettement public qui ne dépassait pas 5% du PIB dans les années soixante atteint maintenant les 115% et file allègrement vers les 120%. Nous vivons à crédit en ne remboursant que les intérêts de cette dette. Jusqu’à quand un tel système peut-il perdurer ? De plus, notre pays souffre d’un chômage de masse et d’une paupérisation généralisée qui ne fait que s’aggraver du fait de l’inflation et du renchérissement des prix de l’énergie. Le taux de natalité (1,7 enfant par femme) ne permet plus le renouvellement des générations, même si l’allongement de la durée de la vie et une immigration massive de peuplement masquent un peu la réalité démographique. La famille est attaquée de toutes parts. La violence gangrène les rapports sociaux. La drogue fait des ravages. L’école part à vau-l’eau. Tel Mammon, l’argent est roi. La vie n’est plus respectée (euthanasie, avortement). Ne serait-il pas temps de redresser la barre ? « Jusqu’où peut amener la démagogie, dit l’auteur ; à l’anéantissement d’une nation. »

« Ouvrons les yeux » est un essai économique, sociologique, politique et même philosophique qui tente de brosser un panorama relativement exhaustif de la situation de notre pays. Un très grand nombre de sujets sont abordés avec plus ou moins de pertinence : la drogue, l’immigration, la fracture sociale, l’argent, le dérèglement climatique, l’endettement, les « avancées » sociétales, la bio-éthique et autres… En général, La Bourdonnay analyse avec intelligence et finesse la situation calamiteuse dans laquelle nous nous trouvons. Parfois, il lui arrive de ne pas aller au fond des choses et de s’en tenir un peu trop à la doxa des médias mainstream. On ne peut pas parler sérieusement de la dette sans évoquer la loi de 1973 (Pompidou-Giscard) obligeant l’état à se financer auprès de banques privées en leur versant des intérêts, ni le problème de l’euro, monnaie artificielle et néfaste pour notre économie car calée sur le Deutschmark. Evoquer la crise sanitaire sans aborder le problème des effets secondaires des injections (fausses couches, myocardites et morts subites inexpliquées) et en restant simplement sur la ligne « tous vaccinés, tous protégés » laisse un peu rêveur également. Rien non plus sur la désindustrialisation du pays par le biais des délocalisations, ni sur les conséquences de la mondialisation et des grands enjeux internationaux. Le bilan de la première partie est très intéressant néanmoins, même s’il reste un brin incomplet. La seconde tente d’élever le débat en passant au niveau de la nécessité du retour d’une morale qui serait plutôt d’essence chrétienne, alors que l’auteur pense que les religions ont paradoxalement « fait leur temps ». Il en appelle à la raison, au bon sens, à la bonne volonté et au discernement entre le bien et le mal, illustrant son propos avec deux lettres bien envoyées à un croyant et à un athée en fin d’ouvrage. L’ennui, c’est que tout cela reste un peu trop au niveau du volontarisme, de l’engagement individuel et ne tient pas assez compte d’un certain nombre de facteurs déterminants, comme la propagande d’état, la manipulation mentale des masses, la corruption généralisée des élites, le rôle des multinationales et des organismes internationaux, etc. Oui, « la maison brûle et nous regardons ailleurs ». Ne serait-ce que pour ce cri d’alarme si justifié, cet important ouvrage (650 pages) mérite toute notre attention.

4/5

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