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14/03/2021

Liaisons périlleuses au Costa Rica (Ena Fitzbel)

Liaisons périlleuses au Costa Rica.jpgLa jeune et jolie Diane Fouché, rédactrice en chef du magazine féminin à succès « Belle pour la vie » est sur le point de partir pour une semaine de reportage dans la forêt vierge du Costa Rica. Elle doit être accompagnée par Fred, son photographe attitré et aidé par un certain Marc Charleroi, guide patenté dans la région et ancien des forces spéciales canadiennes qui se révèle très vite comme un individu aussi fruste que peu galant. Et voilà que la veille du départ, Fred se retrouve hospitalisé de toute urgence en raison d’une péritonite aigüe. Diane devra donc assurer seule son expédition avec le beau Tarzan qui ne la laisse pas indifférente. Même si elle repousse toutes ses premières tentatives de rapprochement, la suite des aventures pourrait être bien différente…

« Liaisons périlleuses au Costa Rica » est un cours roman érotico-sentimental, en fait le premier épisode d’une saga prévue pour rendre accro les lectrices. Ce format « novella » permet de démultiplier les séquences tout en maximisant les profits des éditeurs. Le risque c’est que le premier mini-tome ne serve que de test ou de mise en bouche, tel un teaser de cinéma. Et là, mis à part le style fluide mais quelconque de la narratrice, on ne trouvera ni originalité, ni trouvaille particulière, ni rebondissements, ni fin surprenante. Tout est controuvé, rabâché déjà cent ou mille fois dans ce genre littéraire, à la limite de l’ennuyeux. Les scènes sont racontées deux fois du point de vue des deux protagonistes, ce qui permet de délayer l’historiette tout en tirant à la ligne. Quant à la problématique est simpliste. C’est « Tu veux ou tu veux pas ? » voire « Tu couches ou tu couches pas ? » et rien de plus. Pas la peine de spolier la fin, on la connait dès la première page ! Il y a un public dont je ne fais pas partie pour ce genre de niaiserie romantique…

2,5/5

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11/03/2021

Le goût de l'immortalité (Catherine Dufour)

Le gout de l'immortalité.jpgEn Chine, en l’an de grâce 2213, au 42e étage d’une des tours gigantesques de la ville de Ha Rebin, se cache un ancien entomologiste appelé c-matic. Dans une longue lettre adressé à un vieil homme, une jeune handicapée, victime d’une intoxication au plomb, raconte sa vie et celle de quelques autres personnages. Elle-même souffre de graves lésions de la peau, d’une certaine forme de rachitisme et d’une vision en noir et blanc. Seule une potion infecte procurée par une voisine plus ou moins sorcière et trafiquante de chair humaine lui permet de se maintenir en vie. La narratrice ne survit que grâce à une indemnité de misère. Sa propre mère a dû se prostituer pour leur permettre de suivre. C-matic avait été envoyé avec son assistant shi en Polynésie française pour enquêter sur une étrange épidémie provoquée par un moustique manipulé. À cet étage de l’immeuble, chacun survit difficilement, mais dans les profondeurs des sous-sols, dans le monde des refugee, c’est bien pire. Cela ressemble même au dernier cercle de l’Enfer de Dante !

« Le goût de l’immortalité » est un roman d’anticipation dystopique très noir et même très gore par moment. La description du monde des refugee est d’une monstruosité glaçante et à fortement déconseiller aux âmes sensibles. On y viole, on y tue, on y torture et on y trafique de la chair humaine sous la férule d’une entité totalement diabolique ! Si le style de Catherine Dufour frôle l’excellence, il comporte néanmoins quelques caractéristiques qui n’aident pas à la compréhension et au plaisir du lecteur. Pas de majuscules aux noms propres (coquetterie inutile à mon sens) et surtout une accumulation de concepts et de techniques définis par un nom fabriqué de toute pièce sans la moindre définition. Du point de vue de l’intrigue, le lecteur a l’impression d’avoir affaire à deux nouvelles accolées, n’ayant que peu de rapport l’une avec l'autre. Si on y ajoute un parti pris de noirceur et de pessimisme à couper au couteau, on comprendra que le lecteur ait eu énormément plus de plaisir à lire l’autre Catherine Dufour, l’auteure de « Blanche-Neige et les lance-missiles », notre Pratchett ou Gaiman française.

3,5/5

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08/03/2021

La Mafia juive (Hervé Ryssen)

La mafia juive.jpgLorsqu’on évoque la Mafia en général, c’est d’abord à la sicilienne que l’on pense en premier lieu car c’est celle qui fut longtemps la plus médiatisée, celle qui donna lieu au plus grand nombre de films de cinéma (Scarface, le Parrain, etc.) Puis, au début des années 90, après l’effondrement de l’Union soviétique, on nous parla aussi régulièrement de « mafia russe », de « mafia albanaise » ou de « mafia tchétchène ». La « mafia juive », elle, n’existe pratiquement pas. Les médias n’en parlent que très rarement, tout juste quand d’énormes scandales ne peuvent plus être complètement cachés au grand public. C’est un sujet tabou. Dans les films hollywoodiens, la plupart des grands chefs mafieux d’origine juive sont remplacés par des Latinos, des Siciliens, voire de méchants Aryens blonds aux yeux bleus. Et pourtant, cette mafia existe bel et bien. C’est même la plus puissante et la plus dangereuse du monde. Que de crimes et de délits n’a-t-elle pas commis au fil des siècles : trafics en tous genres (drogues, armes, œuvres d’art et même organes humains), proxénétisme, traite des blanches, traite des esclaves (aussi bien noirs que blancs), vols à main armée, rackets, enlèvements, escroqueries en tous genres…

« La Mafia juive » se présente comme un essai sur un sujet épineux. Un travail de compilation énorme, regroupant des centaines d’affaires depuis le tout début de l’autre siècle jusqu’aux années 90 avec les affaires du Sentier, le scandale de l’ARC, les gros trafiquants comme Monsieur Michel et Monsieur Joseph et les escrocs de haute volée comme Claude Lipsky et Samuel Flatto-Sharon. Le lecteur ne trouvera ni grandes envolées ni grandes théories, mais des faits avérés, rien que des faits avec références en note de bas de pages. L’auteur s’appuie entre autres sur le travail du journaliste français Jacques Derogy (« Israël Connection ») et sur celui de l’américain Rich Cohen (« Yddish Connection »). Il cite également nombre d’auteurs juifs comme Edgar Morin, Jacques Attali ou Bernard-Henry Lévy. Au bout du compte, cette interminable succession de crimes, délits et méfaits en tous genres amène une lecture un brin fastidieuse. Tant de turpitudes et de cruauté (on y découvrira certaines méthodes de meurtre et de torture particulièrement odieuses) finit d’ailleurs par causer un véritable écœurement chez le lecteur même endurci. Une somme passionnante pour qui veut s’informer sur un sujet toujours traité avec une trop grande discrétion.

4/5

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04/03/2021

Le jardinier du fort (Corine Valade)

Le jardinier du fort.jpg1995 : Julien, vieil homme malade et fatigué, raconte ses souvenirs de la seconde guerre mondiale à Isabelle, étudiante et auxiliaire de vie à ses heures.

1939 – 1945 : L’occupation dans la Creuse. Les trois fils de Sidonie et Camille Larbre, agriculteurs et petits commerçants, la vivent dans la douleur. Le fils aîné, Victor, a opté pour la collaboration au point de devenir une sorte de fanatique quasi nazi. L’un des jumeaux, Alexandre s’est lancé à corps perdu dans la Résistance. L’autre, Julien, apprenti coiffeur un tantinet efféminé, reste un peu sur la touche dans un premier temps. Un camp d’internement spécial qui se met en place non loin de chez eux, à Evaux-les-Bains, dans le Grand Hôtel de la station thermale, est prévu pour accueillir des prisonniers de marque que le régime de Vichy garde comme monnaie d’échange avec les Allemands. Julien, qui va y rencontrer Roger Stéphane, homosexuel atypique et future grande figure de la Résistance, en verra sa vie bouleversée…

Tout comme les précédents ouvrages de Corine Valade, celui-ci relève de plusieurs registres. C’est à la fois un roman historique, un roman de terroir et un roman sentimental. Le terroir a un peu la portion congrue au profit de l’historique et du sentimental. Le lecteur découvrira dans cet ouvrage des faits historiques assez peu connus comme l’importance des Polonais dans la création des maquis creusois, comme cette petite Juive, Hannah Lévy, cachée par une grand-mère creusoise dans une sorte de placard masqué par une fausse cloison, et comme ces femmes enrôlées dans un STO qui n’aurait pas du tout été réservé aux hommes. Très bien menée, l’intrigue fait alterner les époques, tout en distillant peu à peu toutes sortes de réalités sur l’identité et l’origine des personnages. Ce n’est qu’à la toute fin que l’on découvre une vérité pas forcément évidente. Seconde guerre mondiale, Shoah, camps de concentration, Epuration, viols, homosexualité masculine et féminine, Gay Pride, quête de l’identité, amours contrariés, paternité cachée, amnésie… les thèmes de réflexion sont nombreux et bien dans l’air du temps. Avec cet ouvrage passionnant, on coche toutes les cases. Bien écrit, ce livre se lâche difficilement tant les rebondissements sont nombreux et l’intérêt toujours parfaitement maintenu. Au total, des découvertes, de la réflexion et du divertissement, que demander de plus ?

4/5

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01/03/2021

Jean Diable / Tome 2 (Paul Féval)

Jean Diable T2.jpgÀ Londres, le petit Ned plein de malice, ex-clerc de notaire et nouvelle âme damnée de Jean Diable, et sa compagne la plantureuse blonde Molly assistent à une parodie de procès, spectacle très appréciés par le petit peuple des bas-fonds massé dans la taverne borgne de la veuve Jenny Paddock. Ned Knob y est venu recruter une brochette de faux témoins qui doivent accabler Richard Thompson accusé à tort du meurtre de l’actrice Constance Bartolozzi. Depuis la démission de Gregory Temple, c’est Sir Paulus Mac Allan qui a repris toute l’affaire en dépit du bon sens. Pendant ce temps, en France, le comte Henri de Belcamp est arrêté et incarcéré pour deux meurtres commis en même temps, l’un à Lyon, l’autre à Bruxelles. Quand il apprend ce qui risque de se passer en Angleterre, son sang ne fait qu’un tour. Il lui faut à tout prix sauver la vie du pauvre Thompson. Mais comment y parvenir quand on se retrouve emprisonné à la prison de Versailles. Mais pour ce diable d’homme, rien n’est impossible…

« Jean Diable / Tome 2 » est le second et dernier volet de ce gros roman feuilleton qui navigue cette fois plus nettement sur les rivages du roman historique et d’aventures que sur ceux du policier et du thriller. En effet, plus de nouveaux crimes dans ce tome. On nage plutôt dans le rocambolesque totalement assumé. Les péripéties se succèdent toujours à un rythme échevelé. Le comte Henri, dont on ne sait qu’en toute fin la véritable identité, galope de France en Angleterre et inversement, entre et sort de prison comme d’un moulin, est accusé de tous les crimes, puis blanchi, puis à nouveau incriminé. Avec ses six identités présumées, avec tous les personnages qu’Henri peut incarner, Féval se fait un malin plaisir d’égarer son lecteur du début à la fin. Il y rajoute des sociétés secrètes visant à délivrer l’Irlande du joug anglais et des francs-juges allemands impliqués dans l’assassinat du général O'Brien, celui qui marqua le début de la longue série. Sans oublier une conspiration visant à libérer Napoléon de son exil à Sainte-Hélène. Heureusement, une fin en demi-teinte, pleine de valeurs chevaleresques et de bons sentiments permet au lecteur de se remettre de toutes ses émotions. Ne craignez pas de lire ou de relire Paul Féval, même aujourd’hui, cela reste un régal. Les grands auteurs sont éternels !

4,5/5

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26/02/2021

Jean Diable (Paul Féval)

Jean Diable T1.jpgÀ Londres, Grégory Temple, enquêteur de Scotland Yard est désespéré. En dépit de l’aide de James Davy, son adjoint, et de celle de Richard Thompson, son élève, il ne parvient toujours pas à confondre Jean Diable qu’il pourchasse pourtant depuis des années. Une comédienne célèbre, Constance Bartalozzi vient d’être assassinée d’une assez étrange manière, par simple compression d’un point précis au niveau de la gorge. Un crime qu’il attribue à Jean Diable. Après avoir interrogé la femme de chambre de la victime, Temple, n’étant pas plus avancé, décide d’envoyer sa démission. Quelque temps plus tard, apparait du côté de L’Isle-Adam, Henry de Belcamp, fils d’un hobereau installé depuis peu dans un château de la région. Ce fringant jeune homme marque son arrivée de manière particulièrement chevaleresque. Il sauve une jeune fille dont l’attelage s’est emballé. De l’autre côté du Channel, deux brasseurs anglais, qui ont eu un franc succès dans leurs affaires respectives, l’un à Lyon, l’autre à Bruxelles, fêtent leurs retrouvailles dans une taverne à huitres. Le plus amusant et le plus surprenant pour eux c’est que la belle Constance leur avait promis à tous deux le mariage…

« Jean Diable » est le premier tome d’un roman fleuve qui en comporte deux. Il est assez difficile de classer ce pavé de 549 pages paru sous forme de feuilleton au départ. C’est à la fois un roman d’aventures, un roman historique, un roman policier et, selon les experts littéraires, l’un des tout premiers thrillers modernes. En effet, les cadavres s’accumulent dans cette sombre affaire et on connait l’identité du serial-killer. En plus de la comédienne, on a droit aux deux brasseurs, puis aux assassins des brasseurs. On retrouve aussi tous les codes du roman-feuilleton classique avec ses chapitres relativement cours et bien fournis en rebondissements. L’ambiance générale est assez proche de celle des « Mystères de Paris » ou des « Mystères de Londres ». Paul Féval semble prendre un malin plaisir à embrouiller son lecteur avec des personnages hauts en couleurs mais qui disposent de plusieurs identités, changent d’aspect ou de milieu social comme de chemise et à le perdre dans un dédale de pistes qui finissent bien autrement qu’il pourrait s’y attendre. En dépit de quelques descriptions qui peuvent sembler un peu longuettes aux lecteurs pressés que nous sommes, c’est un vrai régal que de lire une œuvre d’aussi grande qualité, à plus d’un siècle et demi de distance. Quelle chance avaient les lecteurs de journaux de l’époque (1862) de pouvoir profiter chaque jour de plumes aussi déliées que celles de Féval, Zévaco, Sue ou Dumas !

4,5/5

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24/02/2021

Blanche Neige et les lance-missiles (Catherine Dufour)

Blanche-neige et les lance-missiles.jpgLes Uckler forment une peuplade un peu bizarre. Gais, industrieux et généreux, ils n’ont qu’un seul défaut. Quand ils rencontrent un étranger, un vrai, ils le zigouillent. Ils récoltent également des saucissons sur des arbres appelés saucisonniers et s’en servent pour fabriquer une bière tout à fait infecte. Mais, comme ils n’en connaissent pas d’autre, ils la trouvent délicieuse. Et voilà qu’Aïe, un des leurs, parti depuis longtemps, revient un beau jour parmi eux juché sur un gragon pour leur dire qu’il a fait fortune et qu’il les a toujours détestés cordialement. Depuis ce jour, rien ne va plus chez les Uckler. Une mycose parasitique appelée pioupiase fait des ravages dans leur forêt de saucissonniers. La bière devient imbuvable même pour eux. Et l’ambiance si joyeuse d’ordinaire vire au lugubre. Alors la tribu décide d’envoyer l’un des siens, Tute, chercher de par le vaste monde de nouvelles graines de saucissonnier…

« Blanche-Neige et les lance-missiles » est un charmant roman de fantaisie parodique qui regroupe en un seul volume deux ouvrages publiés séparément au départ, « Les grands alcooliques divins » et « L’ivresse des providers ». Pour le même prix, le lecteur a donc droit à deux histoires se passant d’ailleurs à deux époques différentes (avant et après un Grand Cataclysme Cotonneux) et même à des bonus dans le tiers final avec « Le feu dans les modules de drivers » entre autres. On comprendra que nous sommes dans la narration foutraque, barrée, avec pour seul souci le plaisir et l’amusement du lecteur. Lequel se retrouve avec un tas de personnages de contes aussi connus que Peau d’Âne, la Belle au bois dormant, Cendrillon, le Petit Chaperon rouge ou la Fée Carabosse, complètement revisités et en nettement délurés. Dans la seconde partie, il retrouvera d’autres fées qui ont tout de péripatéticiennes, un Evariste Galois et surtout un Bill Guette encore plus diabolique que l’original. Sans oublier une Blanche-Neige devenue une terrible impératrice suite à une erreur de distribution de pomme empoisonnée. Cet ouvrage s’est vu décerner un Prix Merlin tout à fait mérité. Catherine Dufour dispose d’un style assez inimitable. Un véritable régal de lecture tant les allusions littéraires ou autres, les blagues, les jeux de mots et autres contrepèteries sont nombreux. Que l’on ne cherche plus une émule du regretté Pratchett ou du génial Gayman, nous l’avons et elle est française ! Ne ratez pas cette « Blanche-Neige » qui saura vous amuser, vous distraire et vous faire rire, toujours avec intelligence, élégance et finesse.

4,5/5

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21/02/2021

Les Rothschild (Jean Péron)

Les Rothschild.jpgLes Rothschild, dont le nom équivaut aujourd’hui à celui de Crésus autrefois, sont depuis la fin du XVIIIè siècle les plus grands financiers de l’Europe et même du monde. L’histoire de cette célèbre famille débute à Francfort sur le Main dans le quartier juif où les portes des maisons ne portaient pas de numéros, mais de simples écussons. Le leur étant rouge leur apporta le nom de « Rotes Schild », leur vrai nom étant Eichanan. Ils tenaient une simple quincaillerie qui pratiquait un peu de change de monnaie. À la mort de ses parents, Meyer Amshel hérite du petit bien de ses parents. Il n’a que douze ans, mais travaille déjà comme changeur pour son père. Il commence par proposer des pièces de collection au prince Frédéric de Hanovre, grand numismate, qui le met bientôt en rapport avec certains de ses pairs. En 1769, il se fait nommer « agent de cour de Hesse-Hanau » (fournisseur officiel). En 1770, à l’âge de 25 ans, il épouse une voisine juive de 17 ans avec laquelle il aura cinq garçons et six filles. Il commence une fructueuse carrière d’intermédiaire entre la Hesse et l’Angleterre pour le financement de milliers de soldats hessois que les Anglais utilisent pour réprimer la révolte américaine. Il s’achète une magnifique demeure comportant plusieurs coffre-forts et passages secrets. En 1790, sa fortune est estimée à 3000 florins. En 1795, elle passe à 15 000 florins et en 1800 à 1 million. Il envoie ensuite ses trois premiers fils fonder des succursales pour sa jeune banque d’affaires dans les principales places financières d’Europe. Ainsi Nathan part pour Londres avec un capital de 20 000 livres Sterling. Puis en 1811, c’est le tour de James de rejoindre Paris…

« Les Rothschild » est un ouvrage historique fort intéressant retraçant la fantastique épopée d’une famille juive qui parvint à bâtir un véritable empire financier grâce aux emprunts, à l’utilisation systématique de « billets à ordre » (invention des Templiers), à la spéculation à la corruption des intermédiaires et surtout à l’appui des plus grands de ce monde. (Cour d’Autriche et d’Angleterre principalement). Le lecteur découvrira l’importance du rôle de certains personnages comme Metternich, Fouché, Cavour et Disraëli dans cette ascension ainsi que les problèmes que rencontrèrent tous ceux qui tentèrent de s’y opposer comme Bismarck, Napoléon III et surtout le Tsar. En finançant toutes les guerres et la plupart du temps des deux côtés, les Rothschild s’enrichirent énormément. Ils prirent entre autres le contrôle des Chemins de fer du Nord, monopolisèrent la distribution du tabac et firent perdre à la France la propriété du Canal de Suez au profit de la Grande-Bretagne. Cette étude historique un peu aride s’arrêtant au tout début du XXe siècle, on reste sur sa faim pour la période de la 1ere guerre mondiale et de la révolution russe. Il est seulement noté leur fuite du territoire français pendant la seconde guerre mondiale. Livre intéressant pour les amateurs d’Histoire, malgré un style littéraire assez lourd et assez peu fluide.

4/5

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19/02/2021

Dents Miroir / Sable (Nick Gill)

Mirror-Teeth-Sand--Dents-Miroir-Sable_5860.jpgJames Jones, 43 ans, vendeur d’armes sans envergure, rentre chez lui après une journée de travail ponctuée d’une partie de squash, de sushis au déjeuner, de flirt coquin avec la réceptionniste l’après-midi et d’un tour au pub le soir, histoire d’écluser une bière avec les copains. Il retrouve Jean 39 ans, femme au foyer et ses deux enfants, John, 20 ans, étudiant sérieux mais un brin pédant et Jenny, 18 ans, lycéenne frustrée sexuellement. John fréquente Jean Smith, 18 ans. Jenny est la petite amie de Kwesi Abalo, 20 ans, qui refuse de coucher avant le mariage pour des raisons religieuses… Une narratrice évoque la découverte de l’arme nucléaire, la fabrication des bombes atomiques et leur explosion sur les villes d’Hiroshima et Nagasaki. Elle se déplace dans le temps et l’espace pour évoquer la prolifération de cette arme (Corée du Nord, Iran, etc.), évoque une explosion rasant la ville de Newcastle et termine son récit dans un désert de sable vitrifié…

« Dents Miroir / Sable » est un recueil présentant deux pièces de théâtre de l’auteur britannique Nick Gill en version bilingue avec pages en face à face. Une forme plus théâtrale avec personnages et dialogues pour la première. Un très long monologue sans ordre chronologique pour la seconde. « Sable » se présente en effet comme une logorrhée tournant au pensum pour le lecteur. Des dizaines de pages sans le moindre signe de ponctuation, d’autres avec des alignements verticaux de « Un ». Un réquisitoire déjanté sur un thème qui aurait mérité mieux. Quant à « Dents Miroir », dans un registre plus intimiste, le bilan n’est guère meilleur. Cette famille anglaise est tellement caricaturale dans ses propos et ses attitudes qu’on n’y croit pas. Tout reste artificiel, plat, banal, sans la moindre originalité. Comme autant de perles, l’auteur enfile les clichés, les poncifs et les invraisemblances. La mère de famille est d’un racisme si outrancier qu’il en devient aussi idiot que ridicule. On cherche en vain la moindre trace d’humour anglais, la plus petite bribe de « nonsense ». Même l’étrange ou le fantastique du quotidien font défaut. N’est pas Beckett qui veut. Et pour ne rien arranger, une traduction trop souvent approximative. On se demande pourquoi l’université de Toulouse a cru judicieux de publier des œuvrettes d’aussi faible qualité.

2/5

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16/02/2021

Le travail et l'usure (Ezra Pound)

Le-travail-et-lusure_1564.jpgÀ la mort de Lincoln, le véritable pouvoir passa des mains du gouvernement officiel des Etats-Unis à celles des banquiers. Le système démocratique commença à périr. Depuis, il est dérisoire de parler de ce pays comme d’une puissance véritablement autonome. La fortune de Morgan débuta lors de la guerre de Sécession quand il acheta à crédit au ministère de la guerre à Washington un lot de fusils déclassés qu’il vendit à un commandant texan lequel les paya avant même que Morgan fut obligé de rembourser le ministère. Morgan en tira 75 000 dollars de bénéfice net ! En 1694, dès sa fondation, la Banque d’Angleterre se mit à pratiquer l’usure sur de l’argent créé à partir de rien. Un des Rothschild disait lui-même : « Il y en a peu qui comprendront ce système et ceux qui le comprendront seront occupés à en jouir. Le public ? Comprendra-t-il jamais que ce système est contraire à ses intérêts ? »

« Le travail et l’usure » se présente comme un essai en trois parties écrit en 1944 dans un but didactique et pédagogique. Pound veut montrer au lecteur les coulisses de l’économie. Il dénonce les dangers de l’usure, les intérêts d’une dette qui finit par ne plus être remboursable au fil des ans. Bien avant Sylvain Laforest (« Guerres et mensonges »), il démontre que ce sont les ploutocrates qui suscitent les guerres en série avec l’intention de créer toujours plus d’endettement et donc de s’enrichir toujours plus. L’intérêt de cette œuvre brève et aisée à lire et à comprendre, réside dans l’énoncé d’une possible solution par l’interdiction de l’usure (écrite en toutes lettres dans toutes les grandes religions et mise en place pendant un temps en Allemagne) et le remplacement de l'argent classique par une monnaie « franche » ou « fondante », c’est-à-dire dépréciable à intervalle régulier, concept prôné par Silvio Gesell (1862-1930), réformiste allemand, proudhonien, théoricien de l’économie, admiré par Keynes et parfois repris de nos jours pour certaines monnaies locales. Que se passerait-il si nos billets avaient une durée de vie limitée par exemple à 100 mois ? L'argent circulerait plus et mieux. « Le peuple aurait une plus saine idée des valeurs. Il n’adorerait plus l’argent et ne serait plus aux ordres des banquiers. » L’économie ne risquerait plus l’inflation, la déflation, les krachs boursiers, et les guerres deviendraient beaucoup plus rares. Rien que pour ce concept, le livre mérite d’être lu !

4/5

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