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11/11/2023

4000 ans de mystifications historiques (Gérald Messadié)

4000-ans-de-mystifications-historiques_7464.jpgLa Grèce n’a pas inventé la démocratie. Des conseils de clans ou de tribus existaient bien des siècles auparavant. Néron n’a pas fait incendier Rome. La bataille de Poitiers qui vit la victoire de Charles Martel sur l’armée d’Abderahman ne fut qu’une escarmouche non décisive. Bien d’autres combats furent nécessaires pour libérer le territoire. Les rois mérovingiens et carolingiens étaient polygames. Ainsi Charlemagne eut-il 9 épouses qui lui donnèrent 19 enfants dont un seul, Louis le pieux, restait vivant au moment de la succession. Charlemagne n’a pas non plus « inventé » l’école. La papesse Jeanne n’a jamais existé. Marco Polo n’est pas allé en Chine. Ses voyages n’ont pas dépassé Sébastopol. Son « Livre des Merveilles » n’est qu’une compilation de récits d’autres voyageurs de l’époque. Jeanne d’Arc était une enfant bâtarde de lignée royale. Christophe Colomb ne fut pas le premier à « découvrir l’Amérique ». Au Xᵉ siècle, les Vikings Erik le Rouge et Leif Erikson y abordèrent et y implantèrent une première colonie. Et en 1421, une importante expédition maritime chinoise avait longé les côtes américaines et abordé sur le continent…

« 4000 ans de mystifications historiques » est un gros pavé dans lequel l’auteur s’est donné pour objectif de corriger un certain nombre d’erreurs historiques. Le lecteur y trouvera de tout : quelques énormes scoops comme le fait que Saint Paul n’était pas juif ou que la dépouille de Napoléon Ier aux Invalides n’est pas la sienne. Des informations connues sur la santé de certains présidents comme Pompidou ou Mitterrand qui cachèrent leurs maladies. Moins connues comme l’état mental avancé du président américain Wilson qui influa sur sa politique (création de la Fed, entrée en guerre de 1917). Malheureusement, il restera sur sa faim sur d’autres affaires comme l’assassinat des frères Kennedy (en dehors de la présence certaine d’un second tireur à Dallas, rien de nouveau), ou l’agression japonaise de Pearl Harbour (Roosevelt n’était au courant de rien, dixit Messadié) et sur les attentats du 11 septembre (il note juste que beaucoup de monde était au courant !). L’auteur semble tellement craindre de tomber dans le complotisme, qu’il ne va jamais au fond des choses et se contente de petites corrections à la marge. Il donne dans le révisionnisme de détail. Pourtant l’Histoire du monde n’est bien souvent qu’un tissu de mensonges, de falsifications et de mystifications au service des idéologies, celles des puissants et des vainqueurs bien entendu. Il y a l’Histoire officielle, celle qu’on enseigne à l’école, celle qui laisse dans l’ombre les tireurs de ficelles cachés dans les coulisses et l’autre, celle des chercheurs de Vérité. Messadié se veut de ceux-ci, mais il ne soulève trop souvent qu’un tout petit coin du voile. Un peu décevant dans l’ensemble.

3,5/5

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08/11/2023

Menace sur nos libertés (Julian Assange)

Menaces sur nos libertés.jpgRedoutable auxiliaire du totalitarisme mondialiste, Internet que l’on crut un temps vecteur de liberté et d’information se muerait-il peu à peu en menace contre les libertés de l’humanité toute entière ? L’universalité du réseau ne pourrait-elle pas le transformer en un terrible outil de surveillance et de contrôle des masses ? Et qui dit contrôle, dit répression et asservissement. Ce qui aurait pu être un extraordinaire moyen de libération de l’expression deviendrait-il le summum le plus abouti et le plus insidieux de l’oppression ? Le scandale des révélations du site Wikileaks (avec blocus de ses comptes bancaires) et le long chemin de croix subi par Julian Assange (accusation d’espionnage, affaire d’agression sexuelle bidon, réclusion volontaire à l’Ambassade d’Equateur suivie d’une interminable incarcération en Grande-Bretagne qui débouchera sans doute sur son extradition vers les Etats-Unis et son internement à vie dans un lieu genre Guantanamo…) en sont la plus belle démonstration.

« Menace sur nos libertés » est la retranscription d’une longue conversation sur le thème de la liberté battue en brèche sur Internet, entre Julian Assange et trois de ses amis Jérémie Zimmerman (fondateur de « La quadrature du Net »), Andy Muller-Maguhn et Jacob Apfelbaum, tous plus ou moins hackers et développeurs de logiciels libres. Selon eux, la solution à cette terrible menace pourrait se situer dans la cryptographie, les fournisseurs d’accès sécurisés genre TOR, les échanges commerciaux via les cryptomonnaies (Bitcoin et autres), sans d’ailleurs se faire trop d’illusions. Toute avancée pouvant être immédiatement récupérée par les pouvoirs pour la retourner en leur faveur (cryptomonnaies de banques centrales par exemple). Paru en 2013, cet ouvrage relativement intéressant, car posant les bonnes questions sur ce sujet brûlant, date déjà un peu, la situation s’étant considérablement aggravée en une petite décennie. Se considérant comme « cypherpunk » (pour les uns comme combattant de la liberté ou lanceur d’alerte et pour d’autres comme espion ou pirate informatique, car il a osé révéler, preuves à l’appui, les crimes perpétrés par l’armée américaine en Irak et ailleurs) se retrouve dans une position pire que s’il était un criminel ou un terroriste. « Le premier qui dit la vérité, il doit être exécuté… », chantait le gentil poète Guy Béart en son temps…

3/5

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04/11/2023

Ouvrons les yeux ! (Bertrand de la Bourdonnay)

Ouvrons les yeux.jpgEn 2022, la dette de la France s’élevait à 2800 milliards d’euros, soit 42 000 euros par Français. L’endettement public qui ne dépassait pas 5% du PIB dans les années soixante atteint maintenant les 115% et file allègrement vers les 120%. Nous vivons à crédit en ne remboursant que les intérêts de cette dette. Jusqu’à quand un tel système peut-il perdurer ? De plus, notre pays souffre d’un chômage de masse et d’une paupérisation généralisée qui ne fait que s’aggraver du fait de l’inflation et du renchérissement des prix de l’énergie. Le taux de natalité (1,7 enfant par femme) ne permet plus le renouvellement des générations, même si l’allongement de la durée de la vie et une immigration massive de peuplement masquent un peu la réalité démographique. La famille est attaquée de toutes parts. La violence gangrène les rapports sociaux. La drogue fait des ravages. L’école part à vau-l’eau. Tel Mammon, l’argent est roi. La vie n’est plus respectée (euthanasie, avortement). Ne serait-il pas temps de redresser la barre ? « Jusqu’où peut amener la démagogie, dit l’auteur ; à l’anéantissement d’une nation. »

« Ouvrons les yeux » est un essai économique, sociologique, politique et même philosophique qui tente de brosser un panorama relativement exhaustif de la situation de notre pays. Un très grand nombre de sujets sont abordés avec plus ou moins de pertinence : la drogue, l’immigration, la fracture sociale, l’argent, le dérèglement climatique, l’endettement, les « avancées » sociétales, la bio-éthique et autres… En général, La Bourdonnay analyse avec intelligence et finesse la situation calamiteuse dans laquelle nous nous trouvons. Parfois, il lui arrive de ne pas aller au fond des choses et de s’en tenir un peu trop à la doxa des médias mainstream. On ne peut pas parler sérieusement de la dette sans évoquer la loi de 1973 (Pompidou-Giscard) obligeant l’état à se financer auprès de banques privées en leur versant des intérêts, ni le problème de l’euro, monnaie artificielle et néfaste pour notre économie car calée sur le Deutschmark. Evoquer la crise sanitaire sans aborder le problème des effets secondaires des injections (fausses couches, myocardites et morts subites inexpliquées) et en restant simplement sur la ligne « tous vaccinés, tous protégés » laisse un peu rêveur également. Rien non plus sur la désindustrialisation du pays par le biais des délocalisations, ni sur les conséquences de la mondialisation et des grands enjeux internationaux. Le bilan de la première partie est très intéressant néanmoins, même s’il reste un brin incomplet. La seconde tente d’élever le débat en passant au niveau de la nécessité du retour d’une morale qui serait plutôt d’essence chrétienne, alors que l’auteur pense que les religions ont paradoxalement « fait leur temps ». Il en appelle à la raison, au bon sens, à la bonne volonté et au discernement entre le bien et le mal, illustrant son propos avec deux lettres bien envoyées à un croyant et à un athée en fin d’ouvrage. L’ennui, c’est que tout cela reste un peu trop au niveau du volontarisme, de l’engagement individuel et ne tient pas assez compte d’un certain nombre de facteurs déterminants, comme la propagande d’état, la manipulation mentale des masses, la corruption généralisée des élites, le rôle des multinationales et des organismes internationaux, etc. Oui, « la maison brûle et nous regardons ailleurs ». Ne serait-ce que pour ce cri d’alarme si justifié, cet important ouvrage (650 pages) mérite toute notre attention.

4/5

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01/11/2023

Légendes de la mythologie nordique (Jean Mabire)

Légendes de la mythologie nordique.jpgBeaucoup moins connue que les mythologies grecques et latines, leurs homologues nordiques sont assez différentes, tout en ayant néanmoins bien des points communs. (La création du monde, les personnalités des dieux, les incarnations du Mal (Loki) et du Bien (Balder), la fin du monde, le Ragnarok, cette terrible Apocalypse du Septentrion, etc.) Toutes ces légendes commencent par un meurtre. Aidé de ses deux frères Vili et Vé, Odin tue le géant Ymir. Son petit-fils Bergelmir réussit à s’enfuir avec toute sa famille sur un navire voguant sur des eaux écarlates. Il donnera naissance à de nouveaux géants élevés dans la haine et l’esprit de vengeance. Du corps du géant Ymir va naître la terre. Le sol est formé de sa chair, l’océan de son sang, les montagnes de ses os, les forêts de ses cheveux et les cailloux de ses dents. Son crâne donnera le ciel et son cerveau les nuages. Et les dieux fabriqueront à partir de deux arbres, le premier homme Ask (le frêne) et la première femme Embla (l'orme). Ils sont dotés d’un beau teint clair et de cheveux blonds qui les distinguent de la race si sombre des géants. Et pour ne rien gâter, tous deux sont beaux, bons et sages…

« Légendes de la mythologie nordique » est un essai de vulgarisation sur un sujet rarement abordé. Les dieux de l'Asgard ayant été à la fois méprisés et ignorés dès l'arrivée du christianisme, l’auteur est retourné aux sources, les « Eddas » islandaises et les sagas danoises et norvégiennes pour nous présenter une mythologie tourmentée, bien à l’image des peuples et des climats qui en furent la matrice. Le lecteur aura sans doute un peu de peine à s’y retrouver dans la multitude de dieux, de géants (leurs perpétuels ennemis), mais aussi d’elfes, de nains et de monstres en tous genres. Ces histoires pleines de bruit et de fureur n’en demeurent pas moins relativement poétiques, et surtout terriblement symbolique, même si la lutte, le combat, la violence, en marquent quasiment tous les épisodes. Il est aussi noble pour les dieux de brandir une épée que de vider une corne à boire. Ce qui est ignoble, c’est la lâcheté, le mensonge et le parjure. Cet ouvrage agréable à lire pourra servir de référence pour qui veut s’initier aux anciens mystères du Nord. On y trouve d’ailleurs en fin de volume un important index regroupant une courte présentation de tous les intervenants qui sera très utile pour s’y retrouver dans ce foisonnement.

4/5

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28/10/2023

Le porte-monnaie, une société sans argent (Jean-François Aupetitgendre)

Le porte-monnaie une société sans argent.jpgEntre 2029 et 2040, Jacques Durieux, ancien notaire, note au jour le jour ses impressions sur le passage d’une société marchande, capitaliste, consumériste, à une société de l’accès, du don, de la gratuité, de l’égalité et de la liberté par la magie de la disparition totale de l’argent. Dans son immeuble de la Faisanderie, il cohabite avec un menuisier, un ancien commissaire de police, une institutrice, un mécanicien, un ingénieur, un archéologue et un petit escroc. Dès l’annonce de la disparition de l’argent et donc du commerce et de l’instauration d’une économie durable et solidaire, les magasins ont été pillés et la pagaille s’est installée un peu partout. Beaucoup ont cru pouvoir trouver refuge à la campagne. Leurs habitations ont aussitôt été investies par des squatteurs, la propriété privée n’ayant plus lieu d’être… Tout était parti d’un krach boursier phénoménal, d’une succession d’explosions de bulles spéculatives, d’une inflation galopante et de dévaluations inutiles. Ruinés, affamés, les peuples se soulevèrent un peu partout dans le monde, attaquèrent les banques, neutralisèrent les bourses. Au Brésil, les gens commencèrent à brûler des brouettes de billets et de titres qui ne valaient plus rien. Et le mouvement fit tache d’huile…

« Le porte-monnaie, une société sans argent » ne peut pas être considéré comme un véritable roman, même si l’auteur a cherché à illustrer son propos en convoquant quelques personnages sans grande consistance d’ailleurs. Il s’agit plutôt d’une parabole, d’une fable ou d’une allégorie, relevant du rêve, de l’utopie ou de la pure et simple fantaisie. Dans cette histoire fort peu crédible, le fait de faire disparaître l’argent et tous les moyens de paiement, permettrait de parvenir à une société solidaire, égalitaire et respectueuse de l’environnement. Plus de gâchis, plus de gaspillage, plus de dépenses inutiles comme la publicité. Rien que de l’entraide, du partage, de la bienveillance et de la gratuité. Après le grand Soir, le paradis sur terre. Sortant parfois de son rêve anarchiste, l’auteur conçoit qu’il puisse y avoir de-ci, de-là, quelques difficultés. Mais qu’à cela ne tienne, il y a toujours la solution de réunir un comité de discussion, une conférence internationale. Les palabres, les tractations, les blablablas interminables doivent toujours tout résoudre. À une époque où l’argent n’a jamais été aussi puissant au point qu’on en est arrivé aux crypto-monnaies de banques centrales qui vont faire disparaître le cash et nous faire basculer dans des sociétés de contrôle total, il est malheureusement facile de constater que cette histoire est aux antipodes de la triste réalité. Pour ceux qui veulent rêver d’un monde de Bisounours où la disparition de la richesse entrainerait celle de la pauvreté…

3/5

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23/10/2023

Kubark (Le manuel de manipulation mentale et de torture de la CIA)

Kubark.jpgDatant de l’époque de la guerre froide, Kubark est le nom de code d’un manuel d’interrogatoire destiné aux agents de la CIA. Très inquiets des résultats obtenus par les communistes russes et chinois, les Américains ne voulaient pas être à la traine dans les techniques de lavage de cerveau et d’extorsion de renseignements. Ils découvrent que l’on peut pratiquer une violence aseptisée et manipuler de toutes sortes de manières le psychisme d’un individu pour arriver à le faire craquer et à obtenir aveux ou informations. Ainsi commencent-ils à mettre en place, à une échelle individuelle, tous les éléments de ce qu’on a appelé ensuite « la stratégie du choc » pratiquée plus tard par le néo-libéralisme mondialiste à l’échelle de sociétés entières et tout récemment à celle de l’ensemble de la planète lors de la crise du Covid. Il s’agit de provoquer brutalement un état de régression psychique en agitant des peurs pour mettre le sujet sous emprise. Tous les moyens sont bons. L’isolement sensoriel est sans doute le plus important. La CIA expérimentera même un caisson d’isolement dans lequel un humain est attaché dans une sorte de cercueil rempli d’ouate où il ne peut rien voir, ni entendre, ni sentir. Il peut en résulter des perturbations graves du psychisme (amnésies, hallucinations ou désintégration totale de l’identité). Elle pratiqua également les électrochocs, l’hypnose, le détecteur de mensonges et l’administration de drogues. (dont le LSD distribué à grande échelle qui ne donna pas grand-chose si ce n’est le psychédélisme du mouvement hippie avec des gens comme Leary, Ginsberg ou Kesey…)

« Kubark » est un document récemment déclassifié, brut de décoffrage et relativement peu agréable à lire. De nombreux passages sont encore caviardés, rendant parfois la compréhension difficile. Le texte est précédé d’une très longue introduction qui représente un bon tiers de l’ouvrage et qui résume toute la suite. Le style est administratif, lourd, redondant. On sent que l’auteur patauge un peu. Ça bidouille de tous les côtés et, avec honnêteté, la plupart du temps ça reconnaît que toutes ces méthodes de manipulation du psychisme ne marchent pas vraiment bien. Que des aveux ou des révélations obtenus d’une façon aussi cruelle (même si la torture physique ne devient que secondaire) ne valent pas grand-chose. La CIA voulait pouvoir interroger des agents secrets étrangers ou vérifier la sincérité de transfuges. Elle se situait donc dans le simple contre-espionnage qu’elle appelle d’ailleurs « contre-renseignement » et n’avait pas tout à fait le même objectif que ses adversaires communistes qui se plaçaient sur le terrain politique et visaient la soumission, voire la désintégration psychique des opposants. Le lecteur pourra constater que ces méthodes ont bien empiré depuis ces années 50 et 60 en comparant ce qu’il lira dans cet ouvrage avec ce qu’il sait des horreurs pratiquées à Guantanamo et à Abou Grahib entre autres…

3/5

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19/10/2023

Le roman de Budapest (Christian Combaz)

Le roman de Budapest.jpgBâtie sur des grottes et dans un emplacement stratégique, Buda fut pendant trois siècles le bastion le plus avancé de la paix romaine contre les assauts des Barbares venus des terres slaves et même du lointain Iran. Territoire des Magyars, peuple turbulent venu du Nord, la Hongrie devient assez vite un royaume chrétien avec son premier roi, Istvan, fils de Geza, qui l’impose par l’épée et reçoit du Pape une couronne surmontée d’une croix qui restera longtemps le symbole du royaume. Mais arrivent bientôt les invasions tatares qui ravagent la ville et tout le pays alentour. Quand ceux-ci finissent par se retirer, le château royal est reconstruit par les Français (Angevins). Un peu plus tard, la ville tombe aux mains des Turcs de Soliman le magnifique qui la brûle et la ravage totalement. La Hongrie restera occupée par les Ottomans pendant 150 longues années. Grâce au sacrifice des Hongrois et à leur résistance acharnée, la Sublime Porte ne parviendra jamais à s’emparer de Vienne en dépit de toutes ses tentatives. Mais cet épisode terminé n’apportera pas encore la liberté au pays qui tombera ensuite sous la tutelle des Habsbourg jusqu’à la première guerre mondiale. La Hongrie subira une première révolution communiste, puis une occupation nazie pendant la seconde guerre mondiale et finalement une autre occupation, soviétique celle-là, qui durera quarante ans et verra en 1956 un soulèvement populaire qui sera réprimé de la plus cruelle manière. Il faudra attendre la chute du mur de Berlin et l’effondrement du bloc soviétique pour que la ville et le pays retrouvent la liberté…

« Le roman de Budapest » est un ouvrage historique passionnant permettant au lecteur de faire un survol fort instructif de l’histoire de la Hongrie en prenant sa capitale comme base d’observation. Le lecteur découvrira que le destin de Budapest qui fut la réunion de deux villes (Buda, ville royale et Pest, ville plus populaire) fut particulièrement tragique. Placée en première ligne face à toutes les invasions, les habitants pourtant ouverts et tolérants, eurent beaucoup à souffrir de toutes sortes d’envahisseurs (Tatars, Turcs) aussi cruels que destructeurs. La ville et le pays furent également bien longtemps sous tutelle (autrichienne, allemande et russe) et sous influence française au XVIIIe siècle et anglaise au XIXe. Son architecture baroque et variée malgré toutes les destruction amenées par les guerres en témoigne. Au fil du temps, le récit vivant et agréable à lire de Combaz nous permet de faire plus ample connaissance de personnages comme Matyas Corvin, Istvan Széchenyi, Lajos Kossuth, François-Joseph, Sissi, Franz Liszt, Sandor Petofi, Tibor de Nagy, le cardinal Mindszenty longtemps prisonnier, Imre Nagy, Janos Kadar ou l’amiral Horthy qui marquèrent en bien ou en mal une Histoire tourmentée. Ouvrage aussi passionnant que le « Roman de Saint Pétersbourg », agrémenté de deux beaux cahiers d’illustrations et de photographies.

4,5/5

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14/10/2023

Sortir de l'Europe (Alain Falento)

Sortir de l'Europe.jpgLes deux « pères » de l’Union Européenne furent Jean Monnet et Robert Schuman. Le premier fut conseiller de Roosevelt, agent de la CIA et richissime homme d’affaires aux Etats-Unis. Le second qui fut 14 fois ministre de nombreux gouvernements, officia sous Pétain, se cacha dans des monastères pendant la guerre et se retrouva frappé « d’indignité nationale » à la Libération. Dès le départ, il aurait fallu se méfier. Mais cette « construction » européenne se pratiqua à petits pas pour ne pas choquer les opinions publiques, bribe par bribe, un peu selon la tactique du « voleur chinois » en commençant par une certaine CECA (Communauté économique du charbon et de l’acier, chacun sait aujourd’hui ce qu’il est advenu de ces deux filières), puis en progressant par étapes, au fil des traités, pour en arriver à une sorte d’accomplissement avec la création de l’euro, en passant par la Pac, les accords de Schengen, les entrées successives de nouveaux pays avides de subventions communautaires, les traités de Maastricht et de Lisbonne et la mise en place de Frontex qui devait défendre les frontières extérieures de l’Union. À Lampédusa, Vintimille, Algesiras, Calais et jusqu’en Pologne, chacun a pu admirer son efficacité. Alors quelques années après le Brexit qui a fait la démonstration que la Grande-Bretagne n’a pas connu le chaos annoncé partout, tout citoyen un brin averti peut se poser la question : pour ce « machin » de Bruxelles (dixit de Gaulle), stop ou encore ? Frexit ou pas ? Qu’avons-nous à perdre ou à gagner dans les deux cas de figure ?

« Sortir de l’Europe » est un essai en forme de réquisitoire fort bien argumenté qui présente la liste interminable des inconvénients, des risques et des dangers que nous avons à rester dans cette entité qui nous coûte plus cher qu’elle ne nous rapporte. On nous l’a vendue comme étant facteur de paix, de sécurité, de plein emploi et de prospérité. Un demi-siècle plus tard, il est difficile de ne pas constater que ces promesses étaient toutes fallacieuses à moins de considérer que nous vivons dans un monde orwellien où la paix c’est la guerre (Ukraine), la sécurité ce sont les agressions à chaque coin de rue et la prospérité c’est la désindustrialisation, le chômage de masse, le naufrage de notre agriculture, les tarifs démentiels des énergies et la paupérisation rampante par le biais d’une inflation et d’une dette impossibles à maîtriser. Fallait-il perdre toute indépendance, toute souveraineté jusqu’à celle de battre monnaie en échange de ça ? Nos dirigeants et nos chefs d’État n’ont plus aucun pouvoir réel. Ils ne font qu’entériner toutes les décisions européennes. Le Parlement européen lui-même n’est qu’une chambre d’enregistrement. Le véritable et unique lieu de pouvoir est la Commission Européenne dans laquelle un certain nombre de technocrates coaché par une dirigeante teutonne recyclée décident aussi bien du diamètre des roues de bicyclettes que de nous faire participer à une guerre sans jamais avoir été élus et sans jamais nous avoir demandé notre avis. Livre à faire lire à tous ceux qui ne sont pas encore convaincus qu’il est grand temps d’en finir !

4,5/5

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11/10/2023

Le guide du bien-être selon la médecine chinoise (Yves Requena & Marie Borrel)

L guide du bien-être.jpgPour la médecine chinoise, les éléments ne sont pas au nombre de quatre (terre, feu, air et eau), mais de cinq : le bois, le feu, la terre, le métal et l’eau, lesquels entrent en correspondance avec les saisons (excepté la terre), avec la nature et avec le corps humain. Contrairement à l’occidentale et en particulier l’allopathique qui est surtout réparatrice dans la mesure où elle s’attache à traiter les symptômes, c’est une médecine de prévention qui cherche à maintenir le « terrain » en harmonie et donc à permettre au patient de rester le plus longtemps possible en bonne santé. On dit qu’autrefois on cessait de payer son acupuncteur ou son médecin quand on tombait malade. Et non l’inverse comme chez nous ! Les saveurs sont elles aussi cinq : l’acide, l’amer, le doux, le piquant et le salé. Reste à découvrir de quel élément chacun de nous dépend. Les moyens employés, tous adaptés à chaque cas sont fort nombreux et complémentaires : acupuncture, moxas, massages, alimentation, plantes, huiles essentielles, élixirs floraux et exercices de Qi Gong.

Ce guide de bien-être de qualité n’en demeure pas moins un exercice de vulgarisation voire d’initiation ou d’introduction au monde complexe et très pragmatique de la médecine chinoise. Il tente d’être exhaustif en s’attachant à étudier séparément les cinq éléments, histoire « d’être bien dedans ». Tout démarre d’un test assez simple comportant 40 questions plus une étude de la main permettant de classer le patient dans l’élément qui le caractérise. Le lecteur peut se retrouver classé dans deux éléments, ce qu’admettent les auteurs, cette recherche nécessitant bien d’autres paramètres. D’autres ouvrages tiennent compte de beaucoup plus de critères comme la force du visage, celle du nez, le positionnement des yeux, les pouls et autres caractéristiques physiques pouvant aider plus finement à ce classement. Cet ouvrage de très belle qualité éditoriale (papier glacé, reliure solide) dispose de nombreuses et très belles illustrations ainsi que de photographies particulièrement utiles pour s’initier aux postures de Qi-Gong. Intéressant pour qui veut bénéficier d’une première approche du sujet, mais qui, bien sûr, ne pourra jamais remplacer un maître de Qi-Gong et à fortiori un acupuncteur…

4/5

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08/10/2023

Esclaves chrétiens, maîtres musulmans (Robert C. Davis)

Esclaves chrétiens, maîtres musulmans.jpgPeu étudié et même souvent négligé, l’esclavage des Blancs dans le monde méditerranéen fut pourtant numériquement plus important que celui des Noirs au XVIᵉ et jusqu’à la moitié du XVIIè avant que la tendance ne s’inverse. Mais quelle fut l’ampleur d’un phénomène qui frappa tout le pourtour de la Méditerranée et s’étendit même jusqu’aux lointains rivages de l’Angleterre et de l’Irlande ? Comment les Barbaresques et les Turcs se procuraient-ils leurs esclaves blancs ? Tout simplement en attaquant les navires de commerce ou de simple pêche, en ravageant les villes et villages des côtes espagnoles, françaises, italiennes et autres, en pratiquant de terribles razzias avec pillages et destructions systématiques et capture de prisonniers avec une préférence pour les enfants, les femmes jeunes et les hommes de bonne constitution. Le sort qui attendait ses malheureux n’était guère enviable. Les galères avec la chiourme ou le travail harassant dans les carrières ou dans les champs pour les hommes, les harems et les tâches de servantes pour les femmes. Un enfermement dans des « bagnes » (anciens établissements de bains dont les plus nombreux étaient situés à Alger) dans une promiscuité délétère, sans la moindre hygiène, avec une nourriture infecte et des épidémies de peste récurrentes. Le taux de mortalité des esclaves était de 15 à 20% dès la première année. Et les conséquences en furent terribles pour toute une population chrétienne, toute une société sans cesse agressée qui doit faire face aux ravages de cette piraterie et à ces coupes sombres de population par ces mises en esclavages qui durèrent pendant plus de trois siècles et ne prirent vraiment fin qu’avec la prise d’Alger.

« Esclaves chrétiens, maîtres musulmans » est un essai historique très bien documenté (les nombreuses notes de bas de pages en attestent) et fort intéressant sur une traite beaucoup moins connue et dont on parle beaucoup moins que la transatlantique et qui ne fonctionna pas du tout de la même façon. L’auteur américain fait d’ailleurs de très pertinentes comparaisons en mettant en parallèle un système purement économique de recherche de main d’œuvre et un autre basé sur le vol, le pillage, la prédation et la haine religieuse. Les souffrances des uns n’effaçant pas les souffrances des autres, le lecteur ne peut que ressentir de l’empathie pour tous ces malheureux esclaves privés de libertés, ces galériens enchainés à vie à leur banc de rame, battus et humiliés en permanence. Les maîtres musulmans cherchaient à obtenir des rançons souvent exorbitantes qu’ils ne pouvaient obtenir que des très rares riches personnages qu’ils capturaient parfois. Ils exigeaient néanmoins de tout esclave une redevance pour la nourriture et l’hébergement tout en profitant de sa force de travail. Malgré tous les efforts de congrégations religieuses comme les Trinitaires et les Mercédaires et toutes les collectes d’argent dans les paroisses, le taux de rachat des esclaves chrétiens ne dépassa jamais les 7 à 8%. Autant dire que l’espoir d’être un jour libéré de cette servitude pire que celle du goulag soviétique ou des camps nazis était plus que minime. Ouvrage passionnant pour qui veut bien se pencher sur cette page d’Histoire dont il ne reste que peu de traces, si ce n’est quelques noms de lieux (comme le Massif des Maures) et une tête sur le drapeau corse, région qui eut beaucoup à en souffrir tout comme l’Italie, particulièrement bien analysée d’ailleurs.

4,5/5

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