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04/08/2022

Le Scénar (Philippe Pratx)

Le scenar.jpgLéo et Théo, deux jumeaux étudiants, ont trouvé une clé USB oubliée sur un ordinateur de la salle informatique de leur faculté. Celle-ci contient le manuscrit d’un scénario qu’ils s’empressent d’imprimer et de présenter à leur amie Lola, réalisatrice en herbe elle-même. Tous trois se retrouvent dans un parc public où Lola en commence une lecture à haute voix. Le titre du texte « Scénar » les intrigue tout comme le dernier mot, « Cali ». S’agit-il du nom de l’auteur ? De sa ville de résidence ou de celle où il a écrit ce script ? Est-ce Cali en Colombie ? Ou l’abréviation de Californie ? Quant au titre du projet de film « Velorex », il renvoie au nom d’un bizarre tricycle à moteur plus que rudimentaire fabriqué en Tchécoslovaquie dans les années 50 et 60 avec un habitacle rustique, mais décapotable et un petit moteur de deux roues. Cette lecture va se poursuivre en divers lieux dont la salle informatique du départ non sans moult commentaires des jumeaux et de quelques autres usagers des lieux…

On ne peut pas vraiment parler de « roman » au sens classique du terme à propos de l’ouvrage de Philippe Pratx, mais plutôt d’une narration un peu narcissique, l’auteur se plaçant finalement comme personnage principal nous gratifiant de nombre de commentaires sur un peu tout et n’importe quoi, et de digressions diverses et variées qui ralentissent le rythme d’une histoire qui n’en est pas vraiment une. Il s’agirait plutôt de la mise en abyme du scénario d’un film style road-movie à travers l’Europe. Dommage qu’il ne s’y passe pas grand-chose en dehors de la promenade estivale de deux amoureux, Alena et Olivier, qui roulent dans leur antiquité encore plus laide qu’une Trabant, campent, pique-niquent, visitent quelques villes dont Venise. De simples touristes dont la seule originalité reste leur véhicule. Faiblesse de l’intrigue, manque de consistance des personnages, style décousu, explicatif et complaisant. Certains pourront vite sentir l’ennui monter. Pourtant, quelques développements sur le communisme, idéal rêvé mais jamais atteint, sur la condition humaine, ou sur le rôle du narrateur peuvent parfois raviver l’intérêt. Dommage que l’auteur se soit en plus lancé dans un essai aussi raté qu'inutile d’écriture inclusive et n’ait développé ni sur la révolte des gilets jaunes ni sur la crise sanitaire, toutes deux à peine évoquées sur la fin. On se demande d’ailleurs pourquoi celle-ci est si dramatique.

3/5

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01/08/2022

Waterloo, chroniques d'une bataille légendaire (Bernard Cornwell)

Waterloo.jpgLa bataille de Waterloo se déroula du 16 au 18 juin 1815, en Belgique, à vingt kilomètres au sud de Bruxelles, dans l’actuelle province du Brabant wallon. Elle opposa l’armée française dite « Armée du Nord », dirigée par l’empereur Napoléon Ier, à l’armée des Alliés, menée par le duc de Wellington et composée de Britanniques, d’Allemands (contingents du Hanovre, du Brunswick et du Nassau) et de Néerlandais (unités belges et hollandaises), rejointe par l’armée prussienne commandée par le maréchal Blücher. Elle s’est achevée par la défaite décisive de l’armée française. Cette bataille fut la dernière à laquelle prit part personnellement Napoléon, qui venait de reprendre le pouvoir en France trois mois plus tôt. Elle marqua ainsi la fin de la période dite des « Cent-Jours ». Napoléon dut en effet abdiquer quatre jours plus tard à son retour à Paris, le 22 juin, face au manque de soutien général avant de finir, déporté sur l’île de Sainte-Hélène.

« Waterloo, chroniques d’une bataille légendaire » est un essai historique très bien documenté et assez agréable à lire en dépit de la difficulté particulière d’une description de bataille presque impossible à réaliser. Napoléon tenta un ultime coup de bluff, étant déjà en infériorité numérique face aux deux armées ennemies. Il accumula les occasions ratées et les erreurs de commandement. La responsabilité de Ney et de Grouchy dans cette défaite est parfaitement établie. Même le ciel s’en mêla en déclenchant des trombes d’eau qui génèrent artilleurs et cavaliers. Cette bataille fut une terrible boucherie où des dizaines de milliers d’hommes moururent pour rien. L’empereur espérait pouvoir battre dans un premier temps les Anglais pour ne faire qu’une bouchée des Prussiens dans un second, ce qui ne se produisit pas. Il envoya sa cavalerie contre des carrés de fantassins bien retranchés contre lesquels elle ne pouvait pas grand-chose et finalement sa garde impériale dans un dernier assaut désespéré. Eut-il, par miracle, remporté la victoire que cela n’aurait rien changé à son destin, les armées russes et autrichiennes étant aussi en marche contre nous. Dans cet ouvrage objectif, le lecteur apprendra énormément de choses sur cet épisode tragique de l’histoire de France, comme le fait que beaucoup de femmes et d’enfants de soldats pouvaient suivre l’armée, ou que Victor Hugo raconta pas mal de choses fausses sur cette bataille ou encore que les Prussiens voulurent se venger en faisant sauter le pont d’Iéna à Paris et que celui-ci ne fut sauvé que par l’obstination d’une sentinelle britannique qui refusa de quitter son poste ! De nombreuses cartes et une importante bibliographie complètent ce livre assez technique mais agrémenté par beaucoup de témoignages de soldats.

4/5

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29/07/2022

Un monde de menteurs (Patrick Jaulent & Jacky Cassou)

Un monde de menteurs.jpgCassie et Kévin, deux jeunes cyber-journalistes, mènent une enquête approfondie sur la crise sanitaire dite du « Covid 19 » pour le compte de Douglas, leur rédacteur en chef. Ils tentent de démontrer que de nombreux gouvernements sans parler de la quasi-totalité des médias mainstream nous ont menti tandis que les réseaux sociaux étaient inondés de fake news plus ou moins farfelues. On nous a menti sur les origines des virus H1N1, VIH/Sida et SARScov 2. On nous a même menti sur le nom du Covid 19 ! On nous a menti sur les confinements, les masques, les gestes barrières et les « vaccins ». On nous a menti sur leur efficacité, sur leurs effets secondaires indésirables. On nous a menti sur la réinitialisation du monde, sur ce « grand reset » qui sous-tendait tout l’ensemble.

« Un monde de menteurs » est un essai très sérieux, sourcé, alignant des documents indiscutables avec nombreuses photos et références qui, pour ne pas être rébarbatif, met en scène deux enquêteurs, les fait dialoguer, ce qui rend la lecture aussi agréable que passionnante. Le lecteur peu averti ira de découverte en découverte, d’étonnement en stupéfaction jusqu’à une très adroite fin ouverte : « Et vous lecteurs, qu’en pensez-vous ? » Après un tel exposé, une telle accumulation de faits accablants pour le pouvoir, il semble évident que la réponse s’impose d’elle-même. Un ouvrage essentiel pour conforter ceux qui ont des doutes sur cette affaire ou pour ouvrir les yeux de ceux qui se sont contentés des mensonges du discours officiel !

4,5/5

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24/07/2022

Le moine noir (Anton Tchekhov)

Le-Moine-noir_1797.jpegKovrine est invité à se refaire une santé à la campagne dans la propriété de son ami Semionytch, grand amateur de jardins et de botanique. Il tombe amoureux de sa fille Tania tout en étant le jouet d’hallucinations inquiétantes. Un étrange moine noir lui apparaît de temps à autre… Siline dispose d’un joli domaine rural, mais cela ne suffit pas à son bonheur. Bien qu’elle lui ait donné deux beaux enfants, sa femme ne l’aime pas. Il confie sa détresse à un ami… Une femme enceinte annonce à son mari qu’elle sait qu’elle va mourir dès qu’elle aura accouché. Comment est-ce possible ?… Un enfant découvre le goût et la saveur des huitres… Un vieil homme accompagné de sa fille doit apporter au barine le loyer de tout son village, ce qui représente une grosse somme dont il a la sottise de se vanter. En chemin, il est attaqué par des brigands… Un arpenteur se fait conduire par un paysan. Mais comme ce dernier semble l’entrainer ailleurs qu’à la destination prévue, il se méfie et lui raconte qu’il est armé. Le paysan s’enfuit illico à toutes jambes, abandonnant l’arpenteur au fond d’un bois… Un vieux soldat veut tout régenter dans son village. Ses concitoyens, qui n’en peuvent plus, tentent de se débarrasser de lui… Dans un train, un contrôleur se met à faire du zèle. En pleine nuit, il réveille en sursaut un voyageur qui le prend très mal…

« Le moine noir » est un recueil comprenant une trentaine de nouvelles du grand écrivain russe. On y trouve toutes sortes de registres, le fantastique, le naturalisme social, le psychologique et le sentimental sous les formes d’historiettes de la vie quotidienne, de compte-rendus de séances de conseils municipaux ou de procès sans grande importance, de deux contes de Noël et d’une pièce de théâtre en deux actes. Tchekhov met en scène aussi bien moujiks ou petits fonctionnaires que nobles ou propriétaires terriens. Lire ces nouvelles finement ciselées nous plonge dans le monde d’avant la révolution de 1917, un monde un peu nostalgique, un brin désenchanté et déjà mûr pour le grand basculement. Des histoires toutes simples, quasiment des historiettes, même pas des faits divers. Juste une galerie de personnages plus ou moins hauts en couleurs, pourvus de quelques qualités, mais surtout de beaucoup de défauts tel ce maire de village du fond de la Sibérie qui voit un dignitaire iranien transiter par chez lui et qui n’a de cesse de le harceler pour obtenir une décoration exotique vu que c’est un maniaque de ce genre de hochet. Les chutes ne sont pas spectaculaires, mais seulement abruptes, ce qui crée néanmoins la surprise. Agréables à lire même à notre époque, ces nouvelles toujours amusantes et bien observées ne sont quand même pas du niveau des pièces de théâtre de ce grand auteur.

3,5/5

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21/07/2022

Un potager sur mon balcon (Philippe Asseray)

Un potager sur mon balcon.jpgUn jardin sur un balcon ou une terrasse ne remplacera jamais vraiment un véritable potager de pleine terre même s’il mesure une surface de 50 m2. Il est donc illusoire de rêver nourrir une famille avec les récoltes produites dans quelques bacs et pots, même de belles dimensions. Mais, il reste quand même le plaisir de voir pousser toutes sortes de légumes et d’herbes médicinales ou aromatiques, fraiches et bio, et de déguster quelques tomates cerises à l’apéritif, des courgettes ou des bettes en gratin et des fraises au dessert, le tout produit sans véritable jardin.

« Un potager sur mon balcon » est un guide très bien fait pour aider le néophyte à se lancer dans cette culture assez particulière. L’auteur commence par toutes sortes de recommandations sur la faisabilité de la chose. (Poids des jardinières, de la terre, respect des règles de co-propriété, problème de l’eau, etc.) Il étudie chaque plante qu’il propose de cultiver de cette manière. Le lecteur découvrira que l’on peut faire pousser plus de plantes qu’il ne s’imagine à condition de tenir compte de tous les facteurs « limitants » (exposition, vent, contenants, arrosages plus fréquents, etc.) Cet ouvrage de qualité comportant de nombreuses photos et illustration de techniques de semis ou plantation diverses est plutôt à conseiller aux jardiniers débutants.

4/5

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18/07/2022

La vérité sur la famille impériale russe (Vladimir M. Roudnieff)

La vérité sur la famille impériale russe.jpgLe 15 mars 1917 voit l’abdication du tsar Nicolas II. Le prince Lvoff tente alors de former un gouvernement provisoire. Le 16 juillet 1918, sans aucun jugement, le soviet local condamne à mort la famille impériale. Il en résulte un carnage abominable dans la cave de la maison d’Ekaterinbourg où ils sont détenus. Le tsar, son épouse, ses enfants, ses proches et tout son entourage sont assassinés par les bolcheviks du lieu. Les cadavres sont couverts de chaux vive et jetés dans un puits. En a immédiatement suivi un flot de calomnies sur les victimes du drame, déversé par les médias de l’époque. Exactement comme en 1793 après la décapitation de Louis XVI et de Marie-Antoinette. Que n’a-t-on pas raconté sur la tsarine qui complotait contre sa patrie, sur Nicolas II, faible et influençable, et sur leur « âme damnée » Raspoutine, fou de Dieu, corrompu, corrupteur et pornocrate ?

Substitut du procureur général de la région, l’auteur de ce compte-rendu d’enquête succinct, mais très minutieux, a reçu comme mission officielle d’établir la vérité en s’appuyant sur de nombreux documents et témoignages sérieux et non sur des affabulations que notre époque désigne sous l’affreux néologisme de « fake news ». Quelles influences plus ou moins occultes ont pu s’exercer sur le fragile empereur et donc jouer sur sa ligne politique ? L’impératrice, d’origine allemande, était-elle toujours germanophile au point de vouloir la victoire du Reich dans la Première guerre mondiale ? Quel fut le rôle exact de Raspoutine ? Et celui de Badmaïeff, docteur en médecine tibétaine qui aurait fait perdre toute volonté au tsar à l’aide de drogues diverses et qui aurait entretenu le mal du souffreteux tsarévitch ? Sans oublier les rôles d’autres personnages moins connus comme Protopopoff, Sturmer, Vocikoff ou le prince Andronikoff. À sa grande stupéfaction, l’auteur, au départ peu favorable et même hostile à la famille impériale, découvre que pratiquement toutes les accusations sont sans fondement. Un seul exemple : il a beau chercher dans tous les palais impériaux, il ne retrouve pas la fameuse ligne de téléphone directe qui était censée relier la tsarine et le kaiser ! Datant de 1920, cette intéressante réhabilitation de l’honneur et de la mémoire des victimes impériales russes a servi de base de travail à de nombreux historiens honnêtes et peut encore faire référence aujourd’hui.

4/5

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14/07/2022

Les défricheurs d'éternité (Claude Michelet)

Les défricheurs d'éternité.jpegAu milieu du IXè siècle, le jeune Jean Siorac, fils d’apothicaire, commence sa vie professionnelle comme jardinier à l’abbaye de Solignac dans le Limousin. Devenu scribe et enlumineur, il finit par quitter le monastère pour aller exercer différents métiers avant d’y revenir définitivement pour y prendre l’habit, la tonsure et le nom de frère Théodéric. Bientôt, son supérieur le nomme père abbé de Saint Romain, monastère complètement abandonné depuis de nombreuses années. Il a ordre de choisir douze frères pour l’accompagner dans cette difficile mission. Après cinq jours de marche, les treize moines découvrent un domaine en état d’immense désolation. Tous les bâtiments sont en ruine, les terrains arides ou marécageux, les manants et les serfs misérables et vivants dans une terreur incroyable. Pourtant, guerres et invasions sont terminées. La paix est revenue. Mais le sorcier Lacrapelle, qui les tient sous sa coupe, ne veut pas entendre parler d’une remise en état du monastère. Très vite, il déclenche un incendie qui ravage maisons et cultures…

« Les défricheurs d’éternité » est roman historique qui dépeint très fidèlement le travail de pionniers de ces moines qui, juste munis d’une serpette, de quelques outils rudimentaires et d’un immense courage, défrichèrent des centaines d’hectares, assainirent des marais, bâtirent cloitres, monastères et églises et apportèrent soutien et relative prospérité à toute une population. Ils durent lutter contre les éléments, les épidémies, souffrir du froid et de la faim, travailler tout autant que manants et serfs et voir leur œuvre détruite par les incendies, les guerres et les pillages des Vikings. Une leçon de foi et de courage pour nous autres qui vivons dans le confort, l’hédonisme et la facilité. Livre passionnant dans la mesure où l’historique est bien plus important que la fiction. Le style est fluide et agréable. Le lecteur a l’impression de partager la vie difficile de la petite communauté agricole qui lutte pour sa survie au fil des années et surtout quand, 32 ans plus tard, alors qu’elle arrive à un certain équilibre, tout s’effondre et il faut recommencer presque à zéro. Il apprendra beaucoup de choses sur la vie quotidienne à la campagne avant l’an mil, sur les cultures, sur le culte des reliques qui peut se révéler plus rémunérateur que toutes les autres activités. À conseiller aux amateurs d’Histoire.

4,5/5

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11/07/2022

Le soir du vent fou (Michel Jeury)

Le soir du vent fou.jpg1954. Vincent Lerouge, 20 ans, vient assurer un court remplacement dans l’école de Mondonat, petit bourg du Périgord profond. Il pense ne devoir y séjourner qu’une quinzaine de jours. Céline, la titulaire, atteinte d’une cirrhose, espère toujours revenir reprendre en main sa classe unique. Mais son état de santé ne s’améliorant pas, elle prolonge de plus en plus son arrêt de maladie, bloquant ainsi Vincent dans un village dont il découvre peu à peu les habitants assez particuliers et surtout le terrible drame qui l’a marqué. Vingt années auparavant, la maison du maire a été totalement détruite par un incendie. Un homme y a été retrouvé carbonisé à l’intérieur. Il aurait provoqué le sinistre en renversant par mégarde, alors qu’il avait trop bu, une lanterne sourde dans la paille de la grange. Certaines remarques et certaines attitudes des habitants de Mondonat mettent la puce à l’oreille de Vincent et lui donnent à penser que cette affaire ne serait pas arrivée par accident, mais plutôt de manière volontaire et donc criminelle. Encore lui faudra-t-il mener l’enquête et découvrir le pot aux roses…

« Le soir du vent fou » est un roman de divertissement à la limite de trois genres, terroir, policier et sentimental. L’instituteur remplaçant est hésitant entre trois prétendantes, Roseline, sa logeuse, Marianne, sa blonde collègue ambitieuse du village voisin et Marie, la fille de la victime, un peu plus âgée que lui, mais portrait vivant de sa propre mère. Le terroir tient surtout par le décor de ce Périgord rural qu’on imagine du côté d'Issigeac ou de Villeréal, vu que les noms sont fictifs. La vie de ce village perdu, le quotidien de l’instituteur de classe unique avec en point d’orgue le certificat d’études, véritable cérémonie et épreuve d’initiation à l’époque, sont particulièrement bien rendus. L’auteur, né à Razac d'Eymet, fit partie un temps de la profession. Il savait donc de quoi il parlait. Moins intéressante reste l’intrigue vaguement policière qui sous-tend toute cette histoire. Jeury n’étant pas Agatha Christie, n’a pas su ménager suffisamment le suspens. Dès le début, on devine la fin et même le nom du coupable. Dommage !

3/5

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08/07/2022

La misère et la mort (A.J. Cronin)

La misère et la gloire.jpgLe jeune médecin Laurence Carroll exerce son art dans un sanatorium suisse qui reçoit de jeunes Anglais souffrant de tuberculose, désireux de se refaire une santé grâce au bon air des alpages. Il est épaulé par Hulda Müller une solidaire infirmière-chef dans la soixantaine. Le poste qu’il occupe est une aubaine pour lui qui a surtout connu des environnements ingrats comme les bateaux de la Navy ou les dispensaires crasseux du pays de Galles minier. Il fréquente une belle et peu farouche suédoise Lotte, ancienne hôtesse de l’air qui travaille à Zurich. Un jour, il doit aller réceptionner une Anglaise dénommée Cathy qui accompagne son fils que l’on croit atteint de tuberculose alors qu’il souffre en fait d’une leucémie. Laurence a eu une courte liaison avec Cathy qui a été brusquement interrompue par son départ comme médecin de bord. Cathy s’est alors mariée avec un de leurs amis, garçon peu porté sur la chose qui est décédé précocement. Ces retrouvailles avec leur allure de guet-apens risquent d’être surprenantes…

« La misère et la gloire » est un roman sentimental publié en 1970. De son style élégant et très vivant, A.J. Cronin aborde le thème de l’amour entre attachement purement physique et relation plus sentimentale, (éros et agape). Lotte incarnant la première facette et Cathy la seconde. Le personnage principal est un homme relativement médiocre, veule et un peu lâche. Il est très tenté de fuir ses responsabilités. Mais comme nous sommes dans une littérature positive, morale et pleine de bons sentiments, il se rachète en toute fin d’histoire. Tout comme son équivalent français Gilbert Cesbron, A.J. Cronin fut un grand auteur chrétien qui savait aborder des sujets difficiles comme ici l’hédonisme et l’amour libre. Nous sommes dans les années 68/70. La révolution sexuelle est là. Cronin en entrevoit déjà les limites. Ce livre se lit avec grande facilité tout en donnant à réfléchir. L’histoire en elle-même ne brillant pas par son originalité, on ne classera quand même pas ce titre parmi les meilleurs de cet auteur.

3/5

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04/07/2022

Lumière du Moyen-Âge (Régine Pernoud)

Lumiere-du-Moyen-Age.jpegLe Moyen-Âge fut-il une période sombre, barbare et misérable de l’Histoire ou quelque chose d’autre et de nettement moins ténébreux ? L’historienne Régine Pernoud est revenue aux sources, s’en est tenue aux textes authentiques sans s’arrêter aux interprétations et aux approximations de certains de ses confrères plus soucieux d’idéologie que de vérité historique. Les « privilèges » de la société médiévale ne sont pas tout à fait ce qu’on imagine. Beaucoup pour ne pas dire presque tout le monde en bénéficie d’une manière ou d’une autre. La société n’est pas divisée en trois classes (noblesse, clergé, tiers-état), mais en beaucoup plus. Elle est en constante évolution et non pas figée comme aux XVIIè ou au XVIIIè. Tout repose sur la famille et non sur l’individu (paterfamilias) comme dans l’antiquité. La royauté elle-même se fonde sur une famille et une lignée, préférée, car la plus vaillante, la plus courageuse et la plus valeureuse. La famille coutumière formait des pionniers et des hommes d’affaires et la famille de droit romain des fonctionnaires et des militaires. Le droit coutumier, adapté au monde agricole, avait remplacé le droit romain plus favorable au monde urbain. La révolution française puis le code Napoléon firent rebasculer de l’un dans l’autre. Ainsi, le « manant », (celui qui reste, qui maintient l’exploitation agricole) devint le « citoyen » (l’habitant de la cité). Le principe médiéval fondamental était basé sur la fidélité et la protection et non sur l’argent, le salariat et l’état central qui décide de tout. Au Moyen-Âge, tout dépendait des familles, des clans et à tous les niveaux. De vassal à suzerain, d’échelon en échelon, on arrivait ainsi jusqu’au monarque qui ne disposait que d’un pouvoir limité, car lui-même dépendait de ses féodaux.

« Lumière du Moyen-Âge » est un essai historique de première importance dans la mesure où il apporte un éclairage nouveau sur un chapitre injustement décrié de notre histoire. Le lecteur apprendra quantité de choses sur la société médiévale. Ainsi, quand on parle du serf « attaché » à la terre, on s’imagine une sorte d’esclave misérable, alors que la réalité est un brin différente. C’est un paysan à qui un seigneur a alloué une terre à cultiver en échange d’une part de la récolte. L’important, c’est que cette terre ne peut pas lui être reprise et même pas à sa famille s’il meurt. Une sorte d’assurance familiale contre le chômage. De même, on a raconté que les rues des villes n’étaient que des cloaques où les pauvres pataugeaient dans les excréments alors que les riches tenaient le haut du pavé (parties surélevées au-dessus d’une rigole centrale). Image fausse. Dans la plupart des grandes villes, les rues étaient pavées et dotées d’égouts très semblables aux nôtres. On a dit aussi que les gens mouraient de faim, car ils ne trouvaient à manger que des « herbes et des racines ». Au Moyen-Âge, on appelait « herbes » tous les légumes dont on mangeait la partie hors sol (salades, choux, bettes, etc.) et « racines » tous ceux dont on mangeait la partie souterraine, (raves, navets, betteraves, carottes). Les gens mangeaient des légumes et des fruits (ils avaient déjà accès aux oranges, citrons, figues, abricots et amandes venus d’Orient), mais aussi beaucoup de viandes de toutes sortes. On a dit aussi que les gens travaillaient de 9 heures par jour (en hiver) à plus de 15 heures (en été), donc comme des forçats, sans préciser que grâce aux nombreuses fêtes religieuses et patronales, ils disposaient de 80 jours totalement fériés plus 70 jours de chômage partiel soit environ trois mois de vacances par an. Cet ouvrage majeur représente un très beau travail de réhabilitation tout à fait passionnant et mené avec style et brio. Un livre essentiel pour en finir avec certaines falsifications.

4,5/5

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