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09/11/2022

Dépossession (Liliane Held-Khawam)

Dépossession.jpgComment l’hyperpuissance d’une petite élite financière arrive-t-elle à mettre États et citoyens à genoux ? Par quel tour de passe-passe le montant global de la dette mondiale qui s’élevait à 87 000 milliards de dollars en l’an 2000 a-t-il pu passer à 230 000 milliards de dollars en 2018 (triple du PIB mondial) et ne cesser d’enfler de manière exponentielle ? Autant dire qu’elle sera impossible à rembourser à court, moyen ou long terme. Mais ne nous réjouissons pas trop vite. Un jour ou l’autre, il faudra payer. Les Etats seront réduits peu à peu à un statut d’entreprises, tous les services publics seront privatisés, tout comme les biens immobiliers nationaux, les œuvres d’art ou les infrastructures (ports, aéroports, autoroutes, ponts, etc.). Quant aux citoyens, ils ne seront plus propriétaires de rien, n’auront sans doute plus d’emploi et devront être heureux de leur statut d’assistés (revenu universel) pour ne pas dire de serfs. En effet, plus les états s’affaiblissent, moins les droits et les libertés des citoyens sont défendus. Avec la complicité des politiques, les banques font toujours mutualiser, c’est-à-dire payer par le contribuable, leurs pertes tout en privatisant leurs gains. Ce qui a été flagrant lors de la crise dite des « subprimes » de 2008.

« Dépossession » est un essai de grande qualité, sourcé, documenté, illustré de nombreux schémas et graphiques, tout en restant facile d’accès et agréable à lire. C’est un peu le « Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur le pouvoir toxique de Big Money », ou « L’économie capitaliste de prédation pour les Nuls. » Un homme averti doit s’intéresser à l’économie car celle-ci détermine son avenir. « La main qui prête est toujours au-dessus de la main qui reçoit », dit un adage célèbre. Et « il est tout aussi dangereux d’être gouverné par l’argent organisé que par le crime organisé », ajoutait Roosevelt. Mais quand les deux se donnent la main, on est très mal barré. Le mal remonte à loin avec la création de la Banque d’Angleterre, puis avec celle de la Banque de France par Napoléon qui en donna la gestion à une poignée de banquiers privés. Plus tard, la réserve fédérale américaine procédera de la même manière. On va de découvertes déplaisantes en indignations horrifiantes dans ce livre, comme la fin de l’étalon-or (1971) qui garantissait la parité du dollar, l’obligation pour les états d’emprunter à des banques privées et au taux du marché, donc la perte du privilège de battre monnaie avec le résultat qu’on sait, une explosion de la dette (20 trillions de dollars rien que pour les Etats-Unis) et avec une bulle spéculative de 1 500 000 milliards de dollars de produits dérivés alors que le PIB mondial ne s’élève qu’à 73 500 milliards de dollars. Le tout entre les mains de Black Rock, Vanguard, Fidelity et State Street, gestionnaires d’une énorme partie des actifs de la planète, et tous américains. Ouvrage à lire absolument avant qu’il ne soit trop tard…

4,5/5

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06/11/2022

Le hold-up planétaire (Roberto Di Cosmo & Dominique Nora)

Le hold-up planétaire.jpgBill Gates est-il une sorte de nouveau Big Brother qui chercherait à avoir le contrôle total sur toute forme de transmission et de contrôle de l’information, à avoir la main mise sur l’ensemble des transactions bancaires, sur les médias et même sur tous les pans les plus secrets de nos vies privées ?

On est bien obligé de reconnaître que sa société Microsoft se retrouve en situation de quasi-monopole pour les systèmes d’exploitation. Son système Windows équipe 85% des micro-ordinateurs de la planète. Cette position de force ne représente-t-elle pas un véritable danger pour la liberté et la démocratie dans la mesure où elle peut contrôler la quasi-totalité de la chaine de l’information et de la communication ? Dès 1993, le département américain de la justice s’en étant inquiété avait ouvert une procédure anti trust à l’encontre de Microsoft. Mais la montagne n'avait accouché que d’une souris. À peine un rappel à la loi, assorti d’une promesse de ne pas recommencer !

En fait, le but de cette multinationale américaine n’a jamais été de produire de bons logiciels, mais de faire le maximum de bénéfices et de régner sur tous les marchés dans lequel il entre et éliminant la concurrence par tous les moyens…

« Le coup d’état planétaire » est un essai sur les dérives d’une société devenue incontournable alors qu’elle n’aurait jamais du l'être. Un succès phénoménal basé sur le mensonge, la tricherie et des méthodes de gangsters. Deux exemples pour illustrer le propos : le fameux MSDOS, dérivé du DOS et point de départ de l’aventure n’est même pas sorti du cerveau génial de Gates, mais fut simplement racheté à son inventeur. Windows est bourré de failles, d’ouvertures et de… « fenêtres » permettant de laisser passer les virus, trojans et autres malwares. Faiblesse voulue qui permet de vendre des antivirus et d’organiser une obsolescence programmée avec toutes les versions se succédant très vite dans le temps. Présenté sous la forme d’une longue interview avec Di Cosmo dans le rôle du spécialiste et Nora dans celui de la journaliste un brin candide, cet ouvrage reste très intéressant bien qu’un peu daté (2006, tout va tellement vite dans ce domaine) surtout pour bien comprendre la genèse de cet empire de l’information, la naissance et le développement un brin malsain d’un des monstres de Big Tech. Un espoir cependant : les logiciels « libres » (Linux et autres)…

4/5

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03/11/2022

Maléfices (Maxime Chattam)

Maléfices.jpgUn employé des services de protection de l’environnement est retrouvé mort dans une clairière de l’Oregon. Il s’agit de Fleitscher Salhindro, frère de Larry, le gros flic ami de Joshua Brolin lequel se repose dans son chalet posé devant un lac situé en pleine nature à une demi-heure de Portand. Lors de l’autopsie du cadavre de Fleitscher, le médecin légiste lui découvre sur le cou une sorte de grosseur occasionnée peut-être par une morsure de serpent ou d’insecte. Les analyses montrent qu’elle fut occasionnée par du venin d’araignée, mais dans une concentration tout à fait anormale. Bizarrement, on constate également neuf morsures d’araignée dans le secteur en une seule semaine. Puis l’appel téléphonique d’un jeune homme amène Joshua Brolin et Annabel, venue de New-York pour le seconder, à découvrir le cadavre d’une femme enrobée dans un cocon constitué de fil de toile d’araignée accroché à un arbre, non loin d’une cascade, dans un endroit perdu de la forêt…

« Maléfices », dernier tome de la « Trilogie du mal » est un thriller qui peut se lire indépendamment des deux autres. Maxime Chattam a su y renouveler son inspiration autant du côté du profil du psychopathe (« la Chose ») que du motus operandi qui repose sur les mygales, les veuves noires et autres arachnides peu sympathiques et sources de phobie pour bien des gens. L’intrigue est alambiquée à souhait. Le lecteur se retrouve baladé de fausses pistes en cul de sac, ce qui est un des ressorts et des plaisirs du genre si tout cela est mené de main de maitre, c’est-à-dire avec rythme et humour, ce qui est loin d’être le cas. L’ensemble est un peu poussif, lambin, et donne même l’impression de tirer à la ligne. Sur les 640 pages de ce pavé, une bonne centaine aurait pu être élaguée. Trop de descriptions sans grand intérêt, trop de détails scientifiques sur les techniques de médecine légale, d’analyses diverses, de biologie animale ou de psychiatrie criminelle. Nul doute que l’auteur s’est grandement documenté pour cette étrange histoire. Il s’est basé sur des faits réels comme la production de soie d’araignée grâce au lait de vache ou comme les effets de la tétrodotoxine sur les humains. L’ennui, c’est que tous ces éléments accumulés donnent malgré tout une impression d’invraisemblance, d’improbabilité et même d’irréalité. Une histoire capillotractée ? Pourquoi pas ? Pour moi, quand même le meilleur des trois opus.

3,5/5

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29/10/2022

La conjuration des imbéciles (John K. Toole)

La conjuration des imbéciles.jpgIl habite la Nouvelle-Orléans. Il a 30 ans. Il vit encore chez sa mère. Il est hypocondriaque, plutôt obèse et a des choix vestimentaires assez discutables. Son nom : Ignatius Reilly. Il joue du luth et de la trompette, remplit des cahiers d’écolier d’élucubrations qu’il présente comme un manifeste contre le monde moderne et a le don d’attirer sur sa tête quantité de problèmes en raison d’une attitude bizarre, souvent arrogante voire agressive. Sa brave femme de mère, lassée de ses frasques et de sa paresse, le pousse à aller chercher du travail. Ignatius est d’abord embauché comme simple employé de bureau dans une petite boite de confection de pantalons en train de péricliter doucement. Il se fait vite remarquer en organisant à sa manière une mutinerie assez ridicule avec les ouvriers noirs de l’atelier. Immédiatement viré avec pertes et fracas, il retrouve du boulot comme vendeur ambulant de hot-dogs où il ne réussit guère mieux…

« La conjuration des imbéciles » est un roman qui se veut humoristique, picaresque et distrayant. Beaucoup de situations sont cocasses et amusantes, mais le trait est plutôt outré et les personnages caricaturaux. Cette histoire improbable relève de la farce, de la satire, de sarcasme, de l’ironie grinçante et sans grande finesse. On est assez loin de l’humour anglo-saxon des Lodge, Sharpe ou Wodehouse. Ignatius est plus odieux qu’attachant et les personnages secondaires ne valent guère mieux. La mère est une ivrogne qui ne pense qu’à son intérêt. Levy, propriétaire de l’usine de pantalons, n’est qu’un égoïste incapable, Miss Trixie et Gonzalès deux abrutis sans consistance, le balayeur Jone, un noir aigri et râleur, Mancuso, un flic crétin et Myrna Minkoff, une étudiante hippy, féministe radicale et pionnière de la révolution sexuelle. Tous plus bêtes, sales et méchants les uns que les autres. Il faut dire que ce roman, rejeté par les éditeurs et cause du suicide de son auteur, fut écrit vers 1968, époque d’effervescence révolutionnaire s’il en fut. À l'époque, tout pouvait être sujet à remise en question. Et sous la plume de Toole, tout est passé à la moulinette, mœurs, politique (Ah ! Les communisses…), religion, sexualité, racisme, ségrégation et consommation. Agréable à lire (beaucoup de dialogues en langue « verte »), mais sans plus. Commence déjà à dater un peu.

3/5

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26/10/2022

In tenebris (Maxime Chattam)

In tenebris.jpg12 avril 1997. Un Boeing 747 de la Continental s’embrase en plein ciel et explose quelque part au-dessus du Colorado.

Janvier 2002 à Brooklyn. Annabel O' Donnel, détective au 78e precinct de Brooklyn est de retour chez elle. Elle vient juste de quitter son service quand son équipier, Jack Thayer, lui demande de revenir d’urgence. Une jeune femme vient d’être découverte marchant dans Prospect Park, nue, droguée et en état de choc. Son crâne sanguinolent montre qu’elle vient d’être scalpée à vif… Les médecins constatent de nombreuses ecchymoses et lésions sur tout son corps sans parler de traces de viol. Le tortionnaire neutralisé rapidement collectionnait les portraits de ses nombreuses victimes. L’ancien profileur Joshua Brolin, devenu détective privé, vient proposer ses services à Annabel car lui-même travaille sur une affaire de disparition de jeune femme qui pourrait être tombée dans les griffes du monstre au domicile duquel les enquêteurs ne trouvent que deux crânes de femmes suppliciées croupissants dans une bassine d’eau alors que 67 portraits de possibles victimes sont affichés sur un mur. Une enquête compliquée s’annonce pour Annabel et Josh !

« In tenebris » est le second volet de la Trilogie du mal. C’est un thriller peut-être encore plus glauque et angoissant que le précédent opus. Chattam a voulu quitter les rivages trop fréquentés du genre en abandonnant le stéréotype du psychopathe sadique accumulant tortures et meurtres dans son sillage au profit de tout un groupe de monstres satanistes, une sorte de secte insaisissable mais responsable cette fois de plusieurs dizaines de crimes d’un sadisme encore plus accentué si cela est possible. On en arrive même à une certaine forme de paroxysme sur laquelle on jettera un voile pudique à la fois parce que c’est un des tabous absolus de nos sociétés modernes (quoi que…) et pour ne pas déflorer une intrigue si monstrueuse, si sanguinolente qu’il faut bien conseiller aux âmes sensibles de s’abstenir. Certaines descriptions lèvent le cœur pour ne pas dire qu’elles sont à vomir. Le lecteur comprend très bien que l’auteur ait voulu en rajouter dans l’horreur et l’ignominie. L’ennui, c’est que ce trop-plein de sang, de monstruosité et de cruauté gratuite fait basculer cette histoire dans le grand guignol et dans une invraisemblance encore plus importante que celle du premier tome et finit même un peu par lasser. D’autant plus que le style reste très quelconque et que la narration manque toujours autant de rythme. Quel nouveau cercle de l’enfer, Chattam devra-t-il nous faire franchir pour maintenir notre intérêt dans le prochain ?

3/5

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23/10/2022

L'âme du mal (Maxime Chattam)

L'âme du mal.jpgEn 1980, près de Miami, un petit garçon de 4 ans disparaît au rayon des jouets d’un supermarché. Il ne sera jamais retrouvé… De nos jours, à Portland (Oregon), Juliette Lafayette, étudiante en 4ᵉ année de psycho, rentre chez elle après avoir passé la soirée chez son amie Camélia. Mais au moment de monter dans sa voiture, elle s’aperçoit qu’un pneu est crevé. Un inconnu lui propose de l’aider et même de la raccompagner chez elle dans son pick-up. Juliette refuse, préférant continuer à pied. L’homme lui applique un tampon de chloroforme sur le visage et la kidnappe… Le jeune inspecteur Joshua Brolin et son assistant bedonnant Salhindro se retrouvent chargés d’une affaire difficile. Le corps d’une jeune femme a été retrouvée dans l’eau avec six sangsues dans les voies aériennes. Auparavant, deux autres avaient été retrouvées dans la rivière avec une marque à l’acide sur le front et les deux avant-bras sectionnés. Ainsi un même dangereux psychopathe, que les flics surnomment déjà « Le Bourreau de Portland », serait responsable de ces trois horribles crimes.

« L’âme du mal » est un thriller bien glauque et bien sanglant qui fait partie de la trilogie du Mal. On y retrouve tous les ingrédients habituels du genre, une accumulation de cadavres, des tortures et des mutilations bien barbares, un tueur en série malade mental sataniste et un pauvre flic qui patauge dans une enquête laborieuse. Avec toutefois quelques ingrédients supplémentaires qui font peut-être la différence, qu’il ne faut pas décrire pour ne pas déflorer une intrigue qui navigue parfois aux limites de la vraisemblance. Le style est fluide et la narration pleine de dialogues et de rebondissements, ce qui donne de la vie à l’ensemble et presque l'impression d'un « page-turner ». Seul bémol, l’auteur a beaucoup étudié les méthodes de la police scientifique en général et des profileurs en particulier. Résultat, il truffe son texte d’un tas de considérations techniques, chimiques ou autres qui ralentissent le rythme sans apporter grand-chose au lecteur lambda si ce n’est parfois une pénible impression de remplissage. De plus, la fin quasi ouverte incite le lecteur à se précipiter pour lire la suite, procédé commercial connu, mais toujours agaçant. Au total, un bon ouvrage de divertissement, sans plus. À déconseiller aux âmes sensibles, cela va sans dire…

3,5/5

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19/10/2022

La nuit des temps (René Barjavel)

La nuit des temps.jpgDans la base française du pôle sud, plusieurs savants procèdent à des sondages en profondeur. Ils font des constatations assez étranges entre 900 et 1000 mètres sous la glace. Ils enregistrent même un signal sonore qui fonctionnerait depuis la bagatelle de 900 000 ans. Ils rentrent à Paris pour faire connaître leur découverte. Bientôt tous les journaux du pays titrent : « La plus grande découverte de tous les temps ! », « Une civilisation congelée » ou « L'UNESCO va faire fondre le pôle sud. » Peu après, une énorme mission internationale se met à creuser un puits dans la glace à l'endroit concerné. À plus de 900 mètres de profondeurs, les mineurs découvrent un premier oiseau pris dans la glace et tout au fond du puits, toutes sortes de ruines et divers animaux pétrifiés. Mais dès qu’arrive un peu de chaleur, tout se met à fondre et à disparaître. Mais comme le signal continue à émettre, ils continuent à creuser toujours plus profond. Ils finissent par atteindre une roche extrêmement compacte, puis une masse de sable et enfin une grosse plaque en or massif. Ils finissent par dégager une sphère de 27 mètres de diamètre soit la hauteur d'un immeuble de dix étages à l’intérieur de laquelle ils feront une découverte stupéfiante…

« La nuit des temps » est un des meilleurs romans de science-fiction de René Barjavel. En se référant aux histoires légendaires de l’Atlantide, du continent de Mu et autres, il nous entraine à la découverte de Gondawa, une brillante civilisation qui aurait fini par disparaître dans les profondeurs de la terre sans laisser de traces suite à un conflit titanesque avec leurs ennemis. Bien évidemment, cette intrigue fort bien menée, relève de la parabole ou du conte philosophique. L’auteur veut nous faire partager son horreur de la guerre et les risques de fin de notre propre civilisation en cas de conflit nucléaire généralisé. Ce ne serait pas la première fois que l’humanité aurait accumulé tant d’armes qu’elle aurait été en mesure d’éradiquer toute vie sur terre. Mais nos prédécesseurs en folie destructrice auraient placé dans un œuf d’or deux « germes » cryogénisés capables de faire refleurir la vie une fois la tourmente apaisée. Mais ils n’avaient pas anticipé le basculement de l’axe terrestre et la congélation du pôle sud. Publié en 1968, cet ouvrage majeur de la SF, est malheureusement encore d’actualité aujourd’hui. Le lecteur ne peut qu’approuver tout ce que Barjavel avance sur la nécessité du pacifisme, avec un petit bémol quand même sur l’espoir que le salut ne puisse venir que de la jeunesse…

4,5/5

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16/10/2022

Les imposteurs du bio (Christophe Brusset)

Les-imposteurs-du-bio_7705.jpgLes produits bio ou supposés tel, souvent vendus avec des marges abusives, sont-ils tous vraiment bons pour la santé des consommateurs ou pour notre planète ? C’est d’autant moins certain que nous en importons un bon tiers de pays lointains (Chine, Turquie, Egypte, Afrique noire, Asie et Amérique du Sud) n’appliquant pas nos normes de culture et où le laxisme écologique et la corruption endémique règnent en maîtres. De plus, le bio n’est pas forcément synonyme de naturel. Par exemple, le sulfate de cuivre, largement utilisé en bio, est en réalité une substance pseudo-naturelle, un pesticide toxique et polluant, tout comme l’huile de neem, dangereuse pour les abeilles, les mouches, certains insectes et poissons. Autrefois relégués dans les rayons de compléments alimentaires, les produits bios disposent maintenant de vastes linéaires dans tous les super et hypermarchés, car les industriels de l’agro-alimentaire ayant flairé le bon filon se sont lancé à fond dans une filière qui est en constante progression et leur permet de s’octroyer des marges doubles de celles qu’ils pratiquent sur les produits non bio.

« Les imposteurs du bio » est un essai assez documenté se proposant de dénoncer la plupart des dérives d’une filière que d’aucuns imaginent vertueuse et bienfaisante. On y apprend pas mal de chose sur le sujet, par exemple que les organismes de certification sont des organismes privés pour la plupart, que les vérifications sont plutôt insuffisantes et parfois même pratiquées hors saison quand il n’y a rien à contrôler dans les champs ! Que les logos apposés sur les emballages sont forts nombreux, souvent fantaisistes et même auto-décernés pour mieux berner le consommateur. L’auteur en a relevé jusqu’à 12 sur un seul paquet de café ! On en est malheureusement ainsi arrivé à du bio de deux sortes, de qualité médiocre à quasi-nulle dans la grande distribution et acceptable dans les boutiques spécialisées plus ou moins militantes comme Biocoop ou la Vie Claire. Du bio pour prolo et du bio pour bobo en quelque sorte. Livre aussi coruscant que « Vous êtes fous pour avaler ça ! », mais qui reste un peu trop dans les généralités. Le lecteur aurait aimé plus de faits concrets pour illustrer et étayer le propos. À lire pour perdre quelques illusions…

3,5/5

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13/10/2022

La terre des promesses (Merice Briffa)

La terre des promesses.jpgAoût 1844, dans les Cornouailles, pays minier de bord de mer, Meggan Collins, 12 ans, fille de mineur, aperçoit sur la lande un lièvre blanc, vision qu’elle interprète aussitôt comme un mauvais présage. En suivant l’étrange animal, elle découvre sa sœur aînée Caroline, nue en pleine action avec Rodney Tremayne, le fils du riche propriétaire des mines. L’ennui, c’est que sa sœur devait épouser Tom Roberts, un autre mineur, et que le père de Rodney ne voulait pas entendre parler de semblable mésalliance… De son côté, Meggan qui dispose d’une voix magnifique, devait être dispensée du travail à la mine en devenant demoiselle de compagnie de Jenny Tremayne, sœur de Rodney. Mais la malédiction du lapin blanc opère très vite. Les amours de Caroline et Trevor s’achèvent par le suicide de celle-ci quand elle apprend un terrible secret de famille et par la disparition volontaire de Rodney qui ne veut plus jamais revoir son père. Après ce double drame, la famille Collins décide de partir tenter sa chance à l’autre extrémité de la terre, en Australie, à nouveau dans une mine de cuivre, à Burra dans la partie méridionale du pays. Cette terre de toutes les promesses leur apportera-t-elle un avenir meilleur ?

« La terre des promesses » est un roman sentimental comme on en écrivait au XIXᵉ siècle avec son lot d’amours contrariés, d’enfants bâtards, d’unions improbables, de préjugés de classe, de bergères n’épousant pas de jolis princes, de femmes trompant leurs maris, de charmants prétendants couchant avec la sœur de la promise, pimenté par un viol pour faire bonne mesure. On reste dans le registre du roman de gare, niveau « Guy des Cars » moins quelque chose. Le lecteur aurait pu s’attendre à en apprendre un peu sur la vie des mineurs en Cornouailles ou en Australie, sur la colonisation de ces nouveaux territoires, la création de villes nouvelles dans le bush, la ruée vers l’or australien ou la dépossession des autochtones. Il restera sur sa faim. Il y a un public pour ce genre de littérature. Désolé de ne pas en faire partie…

3/5

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09/10/2022

Colorado saga (James A. Michener)

Colorado saga.jpgDu magma en fusion des premières pages de l’ouvrage, le lecteur passe aux ancêtres des chevaux montant au Nord pour franchir le détroit de Béring beaucoup plus large à l’époque, puis aux bisons qui suivent l’itinéraire inverse avant d’en arriver à l’homme dont nul ne sait quand il s’installa au Colorado. Quelques tribus indiennes ayant sans doute suivi le même itinéraire commencèrent donc à s’installer dans l’Ouest. Parmi lesquelles, « Notre Peuple », celle de Castor Eclopé qui vit enfin son destin changer quand enfin elle disposa des premiers chevaux volés à une tribu voisine. Puis ce fut l’arrivée des premiers trappeurs européens avec Pasquinel, le Français qui avait une femme indienne et quelques enfants métis dans la prairie et une femme blanche en ville. Il constitue une fine équipe avec un grand Ecossais aussi roux que sérieux dénommé McKeag. Mais un jour, les castors trop chassés commencèrent à disparaître. C’est alors que le lecteur assiste à la longue, lente et pénible progression vers l’Ouest du couple improbable formé par Elly l'orpheline et Levi, le Mémmonite mis au ban de sa communauté pour n’avoir pas su se comporter correctement avec une « allumeuse »… Bientôt, la fièvre de l’or s’empare des lieux à cause de deux balles de ce métal fondues par un Peau Rouge innocent. Mais très vite, elle retombe, laissant la place aux immenses exploitations d’élevage de taureaux. Le lecteur suit une équipe de cowboys ramenant du Texas sur plus de 3000 km de pistes hostiles un immense troupeau de bovins. L’élevage amena la culture, d’abord sur des parcelles irriguées puis sur d’immenses plaines sèches, avec des résultats mitigés. Quelques belles récoltes et des saisons catastrophiques par manque d’eau ou tempêtes de vent (le fameux « dust bowl ») qui ruinèrent les paysans qui s’y risquèrent…

« Colorado saga » est une immense fresque historique aussi vivante que passionnante s’étalant sur plusieurs siècles et millénaires et sur près de mille pages. Un pavé qui est très loin d’être indigeste tant les évènements, les rebondissements et les personnages sont nombreux. Michener a fait œuvre d’historien de vulgarisation. Il nous raconte toute l’histoire d’un État américain et même de pratiquement tout l’Ouest, mais de manière vivante et non académique. Il se sert de personnages emblématiques, hauts en couleurs et bien pétris d’humanité pour nous faire comprendre les différentes vagues d’immigration, les difficultés de la cohabitation avec les allogènes, ou les problèmes de gestion des ressources naturelles qui finissent par se poser. Celui de l’eau en particulier qui est traité à la fin reste particulièrement prégnant aujourd’hui. Donc rien de lassant ni de rébarbatif, la partie romancée permettant de maintenir l’intérêt selon les bonnes vieilles méthodes de notre cher Alexandre Dumas. Le lecteur apprendra mille choses passionnantes sur cette « conquête de l’ouest » qui se fit souvent dans le sang, la sueur et les larmes avec de courageux trappeurs et agriculteurs, mais aussi avec de fieffées crapules comme l’escroc comédien qui dépossédait les fermiers en se servant de son épouse dans l’arnaque du mari berné ou avec de gros abrutis inconscients qui chassaient le bison, le chien de prairie, l’aigle blanc ou l’ours juste pour faire des cartons ou pour avoir un trophée empaillé sur un mur. Les questions indiennes puis mexicaines sont traitées avec honnêteté, même si Michener considère que certaines colonisations comme l’australienne furent pires que l’américaine qui fut plus brouillonne et moins systématique dans l’éradication. Un génocide, quelle que soit la manière dont il fut pratiqué, restera toujours un génocide dans les siècles des siècles.

4,5/5

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